MOJO BRUNO & MANNISH BOYS
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Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 28 décembre 2016
Bois
d’ébène blues
(A Sweet Home Production
– 2016)
Durée
62’36 – 13 Titres
http://mannish.boys.free.fr
En une dizaine d’albums et nombre de concerts
donnés sur les plus grands festivals de France et
d’Europe mais aussi en première partie
d’artistes comme Albert King, Eddie King, Amos Garret, Lil Ed
& The Imperials, Calvin Russel ou encore Jimmy Johnson, Mojo
Bruno et ses Mannish Boys ont réussi à faire le
tour de tous les blues, ceux qui trouvent leurs origines dans le Sud du
Mississippi mais aussi ceux qui viennent de la Caraïbe dont le
frontman est originaire, et par extension de l’Afrique
d’où sont partis les esclaves qui ont
peuplé ces territoires, ce fameux « Bois
d’Ebène » qui a donné son nom
à ce nouvel album. Entre jazz, biguine et blues, le chanteur
et multi-instrumentiste Mojo Bruno et ses complices, Tcharly Guillou
à la basse, Luc Benoffi à la batterie et
Christian Seminor aux percussions nous offrent une heure toute
entière d’une musique dans laquelle le
métissage n’est pas un mot en l’air, une
musique qui porte en elle les alluvions déposés
par le Big Muddy mais aussi les cendres de la Soufrière, les
souffrances liées à la culture du coton et
à celle de la canne à sucre …
Après une adaptation du « One Kind Favor
» de Blind Lemon Jefferson, ce n’est pas moins
d’une douzaine de pièces originales que le groupe
nous présente, des titres où le Créole
rattrape parfois l’Anglais et où le groove prend
parfois le pas sur les douze mesures au sens premier du terme pour
donner naissance à des pépites multicolores
où les percussions sont pleines de sensualité et
où la basse slappée est une pure merveille.
Soutenus par la voix d’Aïcha Ouro Agouda sur trois
titres et par les claviers de Frédéric Teysseyre
sur trois de plus, Mojo Bruno & Mannish Boys
s’appliquent à laisser le bon temps rouler en nous
proposant quelques sucreries pleines de saveur comme « Kryol
Mama Blues », « Underground Railroad »,
« How Many Morning » et autres « Like
Honey », en ne s’imposant jamais une quelconque
limite mais en faisant au contraire tout ce qui est en leur pouvoir
pour que les compositions sonnent vrai, avec toute la
sincérité, toute la chaleur et toute la
délicatesse que cela suppose. Un pied dans la marge de ce
que certains puristes attendent du blues, les Toulousains nous offrent
leur propre approche d’un genre auquel ils apportent une
originalité fort bienvenue. Il faut oser ce genre de choses,
surtout quand elles sont aussi bien maitrisées
!
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