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THE DIXIE STOMPERS JAZZ BAND à GUYANCOURT (78) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
dimanche, 18 décembre 2016
 

THE DIXIE STOMPERS JAZZ BAND
LA BATTERIE – GUYANCOURT (78)
Le 5 novembre 2016


http://www.labatteriedeguyancourt.fr/
http://petitjournalsaintmichel.fr/

Remerciements à Carine Adam de La Batterie, Pôle Musique de Guyancourt

En ouverture de Robyn Bennett Bang Bang et de son swing ravageur, il était bienvenu d'inviter les Dixie Stompers pour nous rappeler que bien en amont, le jazz, hybride du blues et du ragtime, est né principalement à la Nouvelle Orléans à la fin du 19ème siècle avant d'émigrer vers Chicago.

Le New Orleans Jazz est à la base une musique qui se joue dans les rues des quartiers prolétaires créoles et noirs. On retrouve comme instruments classiquement la trompette, trombone, clarinette, tuba ou basse, washboard ou percussions, parfois très prononcées comme dans les Brass Bands, et pour finir parfois un banjo ou une guitare. Les cuivres sont très présents dans ce type de formation et le saxophone commence à se développer dans ces groupes puisqu'il n'était pas accepté dans les orchestres symphoniques car ce n'était pas un instrument noble. Quand le Jazz New Orleans va entrer dans les cabarets, les instruments vont se sédentariser avec l’ajout du piano et de la batterie, inventée pour le jazz.

L'une des caractéristiques de ce courant est le style « tailgate », consistant pour le trombone à accompagner le jeu de la trompette et de la clarinette par un contrepoint rythmique, ponctué d'effets de « glissandi ». Kid Ory, Bix Beiderbecke ou Sidney Bechet en sont les plus célèbres représentants et notre sextet francilien des Dixie Stompers se veut le légataire de ce précieux héritage. Formé à l'initiative du clarinettiste Jean-Pierre Desbois en 1970, le groupe original a connu bien des recompositions pour atteindre l'excellence. Desbois s'entoure désormais de musiciens émérites et passionnés : Jacques Pillafort à la trompette, Yves Autret au trombone, Jean François Huet au piano, Patrick Clément au banjo, Pascal Desbois à la batterie et Fabrizio Pampalone à la contrebasse, qui conduit aussi l'orchestre et y va de ses historiettes.

Leur mission première est, au travers d’un répertoire retravaillé allant du début du 19ème siècle aux années folles, de redonner vie aux morceaux parfois méconnus du jazz New Orleans, tout en réhabilitant des auteurs qui ont souvent sombré dans l'oubli malgré la richesse de leurs arrangements musicaux. Des artistes comme King Oliver par exemple, qui sortit le jeune Louis Armstrong de maison de correction et le poussa à intégrer son orchestre comme deuxième trompette. Quelle riche idée ! D'autres comme le cornettiste Papa Celestin tout droit arrivé de son bayou, Warren « Baby » Doods, premier grand batteur de jazz (le musicien qui intégra pour la première fois des cloches au-dessus des caisses), les orchestres Red Hot Peppers ou Tuxedo Jazz Band, le plâtrier Johnny Saint Cyr qui le soir faisait résonner son banjo, ou encore Buddy Bolden considéré comme le premier trompettiste improvisateur et le clarinettiste Jimmy Noone qui intégra pleinement le blues à ses morceaux.

La fermeture de Storyville, quartier « chaud » de La Nouvelle-Orléans, en novembre 1917, provoque le chômage de nombreux musiciens qui rejoignent les grandes vedettes déjà installées à Chicago : le pianiste Jelly Roll Morton, le clarinettiste Sidney Bechet qui se produit pour la première fois en Europe en 1919 avec le Southern Syncopated Orchestra. C'est une nouvelle époque du jazz qui évoluera vers le BeBop.

C'est ainsi que, tout au long du concert, Pampalone introduit l’interprétation de chaque morceau en racontant son auteur et des anecdotes à son propos, parfois truculentes. Une vraie leçon d'histoire ! La salle, attentive, manifeste son enthousiasme en battant la mesure du pied ou de la tête, applaudissements des meilleurs chorus, cris d’approbation sur les morceaux les plus enlevés ... Le public est également réceptif aux facéties gestuelles, verbales et musicales des uns et des autres et aux invitations à accompagner la musique en frappant des mains. Jouant de façon ludique des thèmes directement accessibles, les Dixie Stompers insistent explicitement sur « la bonne humeur » et partagent avec les spectateurs leur enthousiasme et leur sa vivacité avec un plaisir non dissimulé. Et c'est volontairement jouissif !

Le groupe se produit essentiellement en Ile de France, dans des clubs de jazz comme le Café Laurent, l'Arbucci ou le Petit Journal Saint-Michel (lieu où ils sont en quasi-résidence), cave d’une capacité d’environ 80 places, qui n'est pas sans rappeler par son ambiance le Saint-Germain des Prés des années cinquante. Alors si l'envie vous gagne, n'hésitez pas à rencontrer les Dixie Stompers et à vous étonner comme tant d'autres de leur interprétation d'exception ...

Fred Hamelin – décembre 2016