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TEXAS IN PARIS à L'AUGUSTE THEATRE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 16 décembre 2016
 

TEXAS IN PARIS
20ème FESTIVAL DE L’IMAGINAIRE
L’AUGUSTE THEATRE – PARIS (75)
Le 14 décembre 2016

http://www.festivaldelimaginaire.com/
http://www.docarts.com/

Crédits Photos : François Guenet - Divergence Images
Remerciements : Pierre Bois, Alan Govenar, Akin Babatunde

C’est un tout petit théâtre qui nous accueille ce soir, mais c’est un grand évènement qui nous est promis puisque l’on y joue la deuxième et dernière représentation française du spectacle musical « Texas In Paris » d’Alan Govenar dans le cadre de l’édition 2016 du Festival de l’Imaginaire. Une centaine de spectateurs dans une salle qui affiche complet pour un programme qui a été créé par le York Theater à New York, dans le Off Broadway, et qui deux mois durant a été joué là-bas sous les applaudissements du public et les réactions enthousiastes de la presse, New York Times et Huffington Post en tête. Alors autant dire que quand l’occasion d’aller passer la soirée avec celui qui nous avait déjà enchantés avec son spectacle « Blind Lemon Blues » il y a une grosse dizaine d’années, celui-là même que nous retrouvions en janvier dernier à Memphis lorsqu’on lui remettait un Keeping The Blues Alive Award, il n’a pas fallu nous prier bien longtemps pour que nous répondions présent !

Inspiré d’une histoire réelle, « Texas In Paris » résume la rencontre de deux personnes que tout opposait au départ, deux personnes venues du Texas avec chacune leur couleur de peau, leur façon de chanter, leur propre inspiration … Deux personnes qui se sont retrouvées à Paris en 1989 sur la scène de la Maison des Cultures du Monde pour dix-sept représentations d’un concert de musiques traditionnelles du Texas sans même se connaitre, sans même avoir envie de se parler … Osceola Mays est Noire et a passé sa vie à être domestique dans les faubourgs de Dallas, John Burrus est un cowboy blanc qui ne jure que par les chevaux, les rodéos et la guitare. La première est heureuse d’être à Paris où elle se sent enfin considérée comme un être humain, le second s’ennuie de ses bêtes et de la nourriture américaine et semble quelque peu gêné de devoir partager ses conversations avec une personne à laquelle adresser la parole lui serait jamais venue à l’idée dans son Texas …

De fil en aiguille, les deux héros interprétés par Lilias White et Scott Wakefield vont commencer à échanger quelques mots, quelques impressions, puis vont bientôt se confier librement l’un à l’autre pour évoquer leur spleen et chasser à l’occasion leur blues du pays. Les Gospels d’Osceola vont au fil du temps devenir plus audacieux tandis que John se laissera aller à délaisser un peu la Country pour justement accompagner celle qui, petit à petit et sans même qu’il s’en rende compte, est en train de devenir une connaissance puis bientôt une confidente et enfin pratiquement une amie. Ponctué de chansons de cowboy et de spirituals, le spectacle mis en scène par Akin Babatunde ne souffre d’aucune longueur et offre même au spectateur de petits traits d’humour fort bienvenus, quelques taquineries et enfin et surtout une véritable leçon de vie dans laquelle l’auteur ne fait que traduire avec talent les sentiments à la fois simples et naturels de deux personnes qui n’avaient à l’origine en commun que leur religion.

Une chanteuse à la voix impressionnante et un guitariste plein de finesse, deux personnages qui ne forcent pas leur talent et qui proposent spontanément un mélange d’humour et de sensibilité habilement dosé, une histoire capable de réveiller les meilleurs sentiments qui sommeillent en chacun de nous et enfin un ton qui conjugue de fort belle manière la légèreté et l’humanisme, il est incontestable que ce « Texas In Paris » mériterait d’être joué bien plus longtemps dans notre pays où l’intolérance et la peur de l’autre gagnent du terrain chaque jour. Alan Govenar apporte une fois encore la preuve irréfutable que l’humain ne se regarde pas en s’appuyant sur des considérations de couleur et que de toute évidence, on ne peut envisager le Monde autrement qu’en Noir et Blanc … A bon entendeur !

Fred Delforge – décembre 2016