NATHANIEL RATELIFF AND THE NIGHT SWEATS à LA CIGALE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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vendredi, 02 décembre 2016
NATHANIEL
RATELIFF AND THE NIGHT SWEATS
LA CIGALE –
PARIS (75)
Le 26 octobre 2016
http://www.nathanielrateliff.com/
Remerciements à Elise d'Uni-T Productions
Après plus de soixante ans de soul portés par des
géants comme Elvis, James Brown ou Marvin Gaye, il est
toujours difficile de se réinventer le style pour qu'il ne
tourne pas en boucle. C'est désormais chose faite avec ce
Nathaniel Rateliff, originaire du Missouri, issu de la scène
folk Americana de la fin des nineties aux côtés
des Bon Iver et autre Josh Ritter, et qui décida un beau
jour de former les Night Sweats et d'insuffler à ses textes
une consonance rétro soul à grand renfort de
cuivres, gospel et rutilants claviers façon orgue et moog.
Le compositeur-interprète autodidacte est vite
repéré par le mythique label
rhythm'n’blues de Memphis, Stax Records, qui, fier de
témoigner de l'authenticité de l'artiste,
l'aidera à sortir un album éponyme en juin 2015.
Rateliff, c'est surtout une voix d'une ampleur telle qu'elle lui permet
de s'exprimer dans différents registres, autant en country
blues qu'en rhythm'n'blues. Une voix très claire, et s'il y
avait quelques adjectifs pour la décrire, il se dirait
cathédrale tant elle porte et remplit l'espace. Autant que
celle d'un Van Morrison d'ailleurs, s'il fallait faire une comparaison.
Il a su de plus s'entourer de musiciens d'exception comme Luke Mossman,
figure de la scène de Denver qui l'épaule
à la guitare, l'excellent Mark Shusterman aux claviers,
Patrick Meese aux futs et également batteur des Kitty Crimes
et Machine Gun Blues, le très expressif bassiste Joseph Pope
III qui semble rentrer en transe sur chaque morceaux et une section
cuivre détonante avec Wesley Watkins et Andy Wild,
respectivement trompettiste et saxophoniste. Du beau monde pour un live
qui s'avérera explosif.
Nous avions déjà repéré
Nathaniel Rateliff l'année dernière, lors de son
premier passage en France, invité sur la programmation du
festival des Nuits de l'Alligator. Cette fois ci, c'est sur les
planches de la Cigale que la soul instinctive et primaire
teinté de country rock de cet
énergumène qui a surement du sang noir qui coule
dans ses veines et qui s'en revendique musicalement.
Ses chansons sentent son histoire personnelle, et le travail qu'il
fallait dur pour survivre (Rateliff a été
successivement routier, docker et jardinier), d'où ces
textes attachants dont les mots tiennent du vécu d'autant
plus que des chœurs rétros et des claquements de
mains endiablés y ajoutent une touche unique et
profondément émotionnelle, à la
manière du gospel.
Alors quand il chante avec ses tripes sur des rythmiques entrainantes
sans qu'elles soient redondantes et des arrangements de cuivres
somptueusement dosés, cela donne des morceaux comme
« I Need Never Get Old », « Trying So
Hard to Know » ou « Look It Here » qui
ont tout pour devenir des standards du genre. « S.O.B
» est une pure compo gospel, aux chœurs remplis de
joie de vivre, tandis que « Wasting Time » revient
un instant aux amours premières du chanteur, une ballade
country aux accents boisés qui se laisse aller au son de la
slide. Enfin « Shake » est un morceau à
l’ambiance moite et langoureuse, sorte de blues diablement
sexy qui a tout pour se célébrer sous les draps
avec une jolie inconnue.
Alors il n'est jamais trop tard pour découvrir ce barbu de
Rateliff et ces compositions flamboyantes, paradoxe musical
teinté de ses deux terres d'adoption : une country soul
née des pluies nourricières du Missouri et
grandie sous l'ardente aridité du Colorado.
Fred Hamelin –
novembre 2016
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