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WATERMELON SLIM au TENNESSEE-PARIS (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
jeudi, 27 octobre 2016
 

WATERMELON SLIM
LE TENNESSEE-PARIS – PARIS (75)
Le 25 octobre 2016

http://www.watermelonslim.com
http://www.tennessee.paris

Evènement exceptionnel ce soir dans ce tout nouveau lieu blues de la capitale qu’est le Tennessee Paris puisque la petite crypte intimiste au sous-sol accueille une cinquantaine de personnes venues assister à un moment rare avec la présence sur scène de l’inénarrable Watermelon Slim ! Une session de rattrapage donc pour les Parisiens qui l’ont manqué en fin de semaine dernière au Sunset, et surtout une occasion de retrouver le bluesman francophile dans une atmosphère chaleureuse et propice au dialogue. D’ailleurs les spectateurs ne se sont pas trompés puisque l’on retrouve ce soir dans la salle quelques amateurs plus qu’avertis venus retrouver ou simplement découvrir un artiste atypique et bourré de talent. Le temps de saluer tout le monde et d’échanger quelques mots de la scène et la salle et il sera bientôt temps de commencer à distiller quelques notes …
 
Watermelon Slim se présente lui-même comme un musicien amateur et avoue sans fausse modestie être arrivé à se produire sur scène pratiquement par hasard, lui qui par le passé a été soldat au Viêt-Nam, conducteur de poids lourds, cultivateur de pastèques, peintre, vendeur de bois de chauffage ou encore prédicateur … Un lourd passé chargé d’anecdotes que celui qui est aujourd’hui installé à Clarksdale, Mississippi, va nous raconter à l’aide de son résonateur qu’il joue posé sur une table, à la manière d’un lap steel et en s’aidant tour à tour pour ses glissandos d’une douille de 26, souvenir de ses lointaines aventures routières, on encore d’un tube de verre voire même d’une pince Leatherman dont il se plait à nous montrer au passage les multiples accessoires. Quelques harmonicas hors d’âge et une voix façonnée à grand renfort de tabac et d’alcool, mais avec modération, et voilà une raison valable de partir en bonne compagnie sur une « Highway 61 » qu’il chante mieux que quiconque et qu’il aime plus que tout.

Difficile de ne pas être sous le charme de ce personnage qui fait l’effort de parler notre langue et même de faire quelques traductions au milieu de ses chansons, de ce grand bonhomme dégingandé qui n’en finit plus de crier son amour de l’être humain en général et des femmes en particulier, des femmes à qui il dédie certaines de ses chansons avec un petit regard malicieux. Watermelon Slim, c’est l’archétype même du blues avec ses joies et ses peines, ses plaisirs et ses souffrances, mais aussi et surtout avec cette attitude positive qui veut que tout finisse un jour par s’arranger. Alors qu’il chante la route, les trains, l’amour ou même la mort, c’est dans une sorte de communion qu’il nous emmène, faisant ce soir du Tennessee Paris une sorte de juke joint, l’annexe naturelle du fameux Red’s de Clarksdale, en plus cosy et avec une station de Vélib’ à la place du barbecue du lieu original mais avec la même âme, le même esprit blues.

On en prendra carrément deux sets pour l’occasion, et même si le bonhomme doit se lever à l’aube demain pour s’en aller par la route vers Toulouse, il n’hésite pas à donner et à donner encore, se fendant finalement d’un « Roll Over Beethoven » pour rendre hommage à Chuck Berry qui vient d’avoir 90 ans et qui prépare un nouvel album et ne renonçant pas à nous faire un dernier titre au Diddley Bow en venant s’asseoir au milieu de la salle face à une assistance qui ne fait pas qu’écouter sa musique mais qui la vit pleinement, tout comme l’artiste d’ailleurs. Minuit approche à grand pas et Watermelon Slim, visiblement très ému et l’œil un peu humide, salue copieusement le public, son public, posant même un genou à terre en signe de respect. On peine à se quitter et même si l’on sait qu’on le reverra très vite, du côté du Danemark dans une dizaine de jours mais aussi chez lui en janvier prochain, c’est toujours un déchirement de devoir se séparer d’un tel personnage.    

Voilà encore une belle soirée qui s’est déroulée dans une salle qui gagne à être connue, un lieu où les styles se mélangent habilement les uns aux autres et où l’on accueille aussi bien les jeunes formations régionales que les grands bluesmen du Sud des Etats Unis … Un coup d’œil sur le programme s’impose puisque l’on y remarque déjà quelques rendez-vous incontournables comme cette Thanksgiving Party à la sauce Cajun animée par Sarah Savoy qui sera présente à la scène bien entendu, mais aussi à la cuisine puisqu’elle préparera un immense jambalaya pour une quarantaine de convives le 23 novembre au soir. Une bonne occasion de se prendre une bonne dose de couleur locale venue de Louisiane tout en soutenant la musique live ! Sans public, un lieu n’existe pas et il est bon de s’en souvenir chaque jour …

Fred Delforge – octobre 2016