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Ecrit par Alexx Schroll |
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samedi, 15 octobre 2016
MARILLION
http://www.marillion.com
Marillion, le groupe de néo-prog britannique, revient avec
son 18ème album, intitulé « F***
Everyone And Run (F E A R) ». Toujours aussi populaire, et
toujours attendu, il était difficile pour Zicazic de ne pas
aller rencontrer l'un des membres fondateurs, Steve Rothery qui nous
parle de l'album et du groupe.
Parlons tout d’abord
du titre du nouvel album « F.E.A.R » (Fuck Everyone
and Run), il est assez rentre-dedans et explicite, pourrais-tu nous
l’expliquer ?
Le titre vient d’une partie de la chanson « New
Kings ». Nous ne l’avons pas choisi pour choquer,
c’est la manifestation du désespoir
généré par l’attitude des
grandes entreprises qui exploitent les gens dans leur propre
intérêt, mais sans aucune peur des
conséquences ; ceux qui ne pensent qu’à
faire de l’argent alors que des millions sont au
chômage… Cette attitude
égoïste augmente justement leurs chances de faire
du bénéfice. Au niveau des paroles, on peut dire
que c’est un album engagé, c’est Steve
Hogarth (chanteur de Marillion) qui en a écrit les paroles.
« New Kings » ainsi que le titre
d’ouverture « Eldorado » parlent
d’un chamboulement auquel notre monde sera
confronté, qui inclut la crise financière, les
conditions des migrants, etc. On ne veut pas prêcher, mais
juste montrer du doigt quels sont ces problèmes, la folie
émanant de cette situation. Selon moi, ces deux titres sont
assez sombres.
Dans ce nouvel album, il
y a trois grandes parties, de quoi parlent-elles ?
« New Kings » parle des nouveaux riches, notamment
ceux qui se sont enrichis en Russie avec le pétrole, et le
fossé que ceci a créé entre les
très riches et les très pauvres :
j’imagine que certaines de ces personnes n’ont
aucune morale … « Eldorado » a
été écrit par Steve au sujet de la
guerre en Irak : avant cela, il était très fier
d’être Anglais, mais plus depuis la guerre.
« Leavers » parle des tournées, pas
seulement du point de vue des musiciens, mais aussi de celui des
roadies et des techniciens qui nous entourent lorsque nous partons en
tournée, il n’est pas toujours facile de quitter
sa famille pour partir aussi longtemps … Je pense que vivre
en tournée est un mélange entre être un
artiste de cirque et un gitan, il y a quelque part un prix à
payer pour être loin de sa famille et de ses proches.
C’est aussi une explication de la vie en tournée.
Elle a ses avantages et ses inconvénients, tout
dépend des circonstances. Par exemple, on a
tourné en Amérique du Sud il y a quelques
années et c’était formidable, jouer en
dehors de son continent d’origine est toujours
très intéressant pour nous.
A ce propos, quelles sont
selon toi les différences entre les publics du monde entier ?
En Amérique du Nord, la réaction du public
dépend de l’endroit : aux USA, le public est
génial quoi que parfois un peu
réservé, en Amérique du Sud nous avons
été chaleureusement accueillis, surtout au Chili
et en Argentine : nous avions eu un public de 4000 personnes
à Santiago et dès la première note,
ils sont devenus dingues. Là bas en fait, les radios jouent
certains de nos morceaux assez souvent c’est pourquoi nous y
sommes appréciés. En Europe, c’est un
peu différent car nous y sommes plus souvent, et notre album
a eu une excellente réception, nous avons joué
« New Kings » cet été dans
plusieurs villes européennes et à Barcelone, nous
avons eu droit à une standing ovation pendant plusieurs
minutes. En général, nous avons un public
fidèle et attentif. J’ai toutefois
remarqué des différences : en Amérique
du Sud, les gens qui viennent nous voir en concert sont assez
jeunes tandis qu’en Europe, on remarque que des personnes de
tous âges se déplacent.
Oh, alors les fans de la
première heure viennent aussi en famille ?
Oui, parfois les fans viennent avec leurs enfants, ce qui est rassurant
pour nous ! Les jeunes fans découvrent le groupe sur
internet, et leurs parents c’était à la
radio, les temps changent.
Quelle est la relation de
Marillion avec les nouvelles technologies ?
On les utilise autant que possible pour promouvoir le groupe.
On a eu une compile téléchargeable, on a
lancé un crowdfunding, on peut voir la plupart de nos
vidéo sur Youtube … tout cela est bien
sûr très important de nos jours. On ne
s’inquiète pas trop pour le
téléchargement illégal car on se dit
que ceux qui veulent soutenir le groupe achèteront nos
albums, ou viendront nous voir en concert …
Quelle chanson de «
F.E.A.R « est la meilleure en live ?
On a juste joué « New Kings » pour
l’instant. Mais j’imagine que mes
préférées sur scène seront
« New Kings », « Eldorado » and
« White Papers ».
Sur cet album, il y a pas
mal de titres à consonance pessimiste, dirais-tu que
c’est un album très sombre ?
Oui c’est un album pessimiste, même la fin
l’est. Un autre album, « Brave »,
était peut-être encore plus noir, mais il se
terminait sur une touche optimiste. On a écrit
l’album en quelques mois, on met toutes nos idées
en commun et après on pose le ciment pour la
création des chansons. C’est un long processus, et
les paroles sont développées avec la musique,
c’est seulement lorsqu’on le termine et
qu’on se retourne qu’on voit ce qu’on a
construit, on n’avait pas spécialement
prévu qu’il soit aussi pessimiste.
L’album
précédent, « Sounds that
can’t be made », a été
difficile à terminer, était-ce aussi le cas pour
« F.E.A .R » ?
Il a été bien plus facile à finaliser.
Pendant l’élaboration de « Sounds that
can’t be made », on s’était
disputés et on avait failli splitter. On a mis neuf mois
pour écrire et finaliser « F.E.A.R »,
c’était une période très
dense, on a aussi tourné en Europe, de ce fait on
n’a pas vraiment vu le temps passer à vrai dire.
Comme pas mal de groupes,
vous avez peu de dates en France, comment expliquerais-tu cela ?
J’aimerais tourner plus en France, surtout dans le Sud car on
est toujours très bien accueillis, mais j’imagine
que tout dépend de la disponibilité des endroits,
des personnes qui veulent nous booker, etc. On a
déjà joué à
l’Elysée Montmartre plusieurs fois,
j’adore Paris qui est une de mes villes
préférées et je vais souvent dans le
Sud de la France pour les vacances avec ma famille, je suis
probablement allé davantage en France pour les vacances que
pour les concerts ! (rires) Mais ceci étant, j’ai
fait un concert solo un jour à Paris et ça
n’a pas été évident car
entre nos deux pays, la loi est très compliquée,
il y pas mal de taxes et de papiers à remplir pour les
musiciens, il n’y avait rien de facile, peut-être
est-ce la raison pour laquelle il y a moins de concerts que dans
d’autres pays européens ?
Pour terminer, y a t-il
des musiciens des années 2010 que tu apprécies ?
J’adore Bon Iver, et également Sufjan Stevens,
surtout son dernier album « Carrie and Lowell », un
songwriter incroyable. J’ai vu aussi le dernier concert de
David Gilmour, c’était génial
et il représente toujours l’une de mes
influences majeures.
Merci à toi
Steve !
Avec grand plaisir.
Propos recueillis par
Alexx Schroll – Photo Jenna R
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