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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 03 octobre 2016
ACYL
http://www.acyl.fr/
Acyl est un groupe de metal ethnique venu d'Algérie qui
propose un mélange de cultures et de sonorités
arabo-berbères avec celles du rock. Les instruments
traditionnels tels que les bendirs, guellal, oud ou mandole rencontrent
les guitares et la musique metal. Une particularité qui fait
d'eux un groupe à part avec une énergie et une
inspiration remarquables. Acyl en Arabe veut dire "Authentique". Comme
Abder et Michael que nous avons rencontrés. A noter qu'ils
seront en concert au Divan du Monde le 22 novembre 2016 avec Ihsahn.
Messieurs, bonjour. Pouvez-vous
vous présenter et présenter Acyl à nos
lecteurs ?
Abder : Bonjour. Nous sommes le groupe Acyl et nous faisons du metal
ethnique comme nous aimons l'appeler. C'est un mélange de
musique traditionnelle algérienne, donc de nos origines,
avec la musique metal que nous écoutons et avec laquelle
nous avons grandi. Je suis Abder, et je suis à la guitare,
et voici Michael à la batterie.
Pourquoi ce nom Acyl ?
Quel est sa signification ?
Michael : Acyl, en arabe authentique, cela veut dire authentique. Donc
cela va très bien avec le style de musique que nous voulons
véhiculer. Authentique.
Comment s'est
formé le groupe, comment vous êtes-vous
rencontrés ?
Abder : Nous existons sous ce nom depuis 2006, et c'est l'extension
d'un groupe qui vient d'Algérie et qui s'appelait Mass dont
les instigateurs étaient Amin et Reda. Ils ont
décidé de venir en France pour continuer et
développer le projet. Et c'est là que le groupe a
été renommé Acyl. Et petit
à petit le groupe s'est agrandi. On se connait tous en fait
à la base, et c'est une bande de potes qui, petit
à petit, à décider de former un groupe
qui donc devenu Acyl.
On va parler de votre
nouvel album, « Aftermath » ?
Déjà pourquoi en anglais, c'est plus facile pour
s'exporter ?
Michael : C'est vrai, c'est un langage plus universel. L'anglais est
une langue qui est employée quasiment partout dans le monde.
Nos textes et nos écrits sont mieux compris par la
population plutôt que si nous avions pratiqué en
Français. Pour parler d'« Aftermath »,
il faut d'abord parler des thèmes qui sont
abordés dans cet album pour en arriver justement
à ce titre. En fait chaque morceau va parler d'un personnage
important de l'histoire de l'Algérie. Depuis
l'antiquité jusqu'aux années 60,
jusqu'à l'indépendance de l'Algérie.
Et à travers de personnages qui appartiennent à
cette histoire, on a essayé de faire passer des messages de
respect, d'humanité. En fait nous en tant qu’Acyl,
nous sommes un peu la conséquence de ces personnages et de
ce qu'ils ont vécu. Sans eux, peut-être que nous,
nous ne serions pas.
On vous
décrit, musicalement, comme un groupe de métal
ethnique et expérimental. C'est pour l'utilisation
d'instruments différents, ou l'apport de
sonorités différentes ?
Abder : Notre musique est quand même spontanée,
mais il y a une certaine recherche d'éléments et
d'instruments qui n'ont, à priori, rien à faire
ensemble, mais qu'on essaye d'intégrer. Il y a beaucoup de
tests et d'essais que l'on fait et qui sont ou pas fructueux. C'est
peut-être pour cela le côté «
expérimental ». C'est créer des sons ou
des choses qui n'ont pas été fait avant.
« Aftermath
» est-il un concept album ?
Abder : On a évolué également de ce
côté-là. Il y a deux façons
de voir le côté « concept ».
Sur « Algebra » (NDLR : 1er album du groupe) par
exemple, ce sont des thématiques liées entre
elles. Que ce soit musicalement et au niveau des paroles. Et
forcément, l'écoute doit se faire dans l'ordre.
Ensuite il y a le « concept » en terme
d'idées comme c'est le cas sur « Aftermath
» où l'on retrouve neuf personnages avec en fond
l'histoire de l'Algérie, mais en terme de titres et
d'écoute il n'y a pas forcément d'ordre. Et puis
dans la structure des compositions, on a cherché un son plus
direct et plus taillé pour la scène.
Ça allait
être ma prochaine question, vous avez composé en
pensant à la scène, au live ?
Abder : On a une particularité, c’est que l'on
joue tous les instruments sur scène et sur le premier album,
on n'avait pas pensé du tout à la
scène, et il y a des passages et des morceaux qui sont
injouables, à moins d'avoir trois paires de bras ou
cinquante musiciens sur scène (Rires). Donc on a
dû adapter à la scène. Tandis que pour
« Aftermath », on a travaillé
différemment. On joue toujours de tous les instruments mais
les morceaux ont été pensé et
composé pour pouvoir être
interprétés sur scène. Il y a aura des
arrangements différents, mais on retrouvera la
même structure musicale.
Y a-t-il une
continuité avec vos albums précédents
? Ou bien est-ce une nouvelle étape dans votre
développement ?
Michael : Il y a forcément une continuité car on
reste dans nos thèmes de prédilection, c'est
à dire ce mélange entre musique traditionnelle et
metal. Mais avec l'expérience, on a gagné en
maturité et également dans la manière
de mélanger ces instruments et ces sonorités.
Auparavant, nous étions plus musique traditionnelle et
ensuite on enchaînait avec un morceau de metal, tandis que
là, on arrive à bien mélanger les deux
dans une seule composition par exemple.
Abder : Et puis il y a une continuité car quand Acyl a
été créé, il y avait une
idée de faire cinq albums qui se suivent. Bon, les choses
ont évolué avec le temps, mais il reste toujours
cet aspect réfléchi qui fait que l'on
prévoit toujours ce que l'on va faire après,
à la suite de l'album actuel.
On sent que vos racines
sont très importantes, que ce soient au niveau des textes ou
même musicalement, c'est une manière de
s'affirmer, de se détacher du contexte actuel ?
Abder : Effectivement, le contexte actuel est assez particulier. On
voit tout ça d'un œil très triste et
cela nous rappelle de mauvais souvenirs car nous aussi nous avons
souffert de ces mêmes types
d'évènements en Algérie, et on a
vécu une décennie noire. Mais nous, ce qui nous
intéresse avant tout, c'est apporter un regard positif sur
notre culture et pouvoir l'exporter en l'intégrant
à la musique metal pour combattre notre ennemi commun qu'est
l'ignorance. Mais si tu détruis l'ignorance tout le monde
rentre en sympathie et tout le monde avance dans la bonne direction.
On parlait, dans une
interview précédente avec Myrath, de la mouvance
metal en Tunisie ou plus largement dans les pays du Maghreb. En
Algérie, y a-t-il beaucoup de groupes et de fans de ce type
de musique ?
Abder : En Algérie, il y a un courant metal underground
depuis les années 90. Acyl en est originaire. Et ce courant
a été paradoxalement bien accueilli. A
l'époque il n'y a pas eu d'animosité, ni de refus
de ce mouvement. Contrairement à aujourd'hui bizarrement,
où il n'y a plus d'islamisme ou de radicalisation, mais il y
a une tranche de la population qui considère que c'est de la
musique satanique. Aujourd'hui, en Algérie, si tu
écoutes du metal et que tu es un bon musulman, on te traite
de sataniste, c'est un peu dur à encaisser. Donc du coup,
cela crée un effet de réaction de la jeunesse qui
n'est pas forcément très positif. Notre message
par rapport à ça, c'est d'être patient,
de prendre les coups mais de les rendre de manière positive
en continuant à développer l'underground et
encore une fois de combattre l'ignorance.
On sent les influences de
tout le folklore et les musiques algériennes, mais aussi un
peu de musique classique, quelles sont vos
références musicales ?
Michael : Beaucoup de musiques. On écoute de tout, mais bien
entendu principalement du metal. On dit souvent qu'on est
influencés par Meshuggah, Never More ou Tool, mais on est
assez éclectiques. Du heavy, la scène scandinave,
du stoner, des guitares heroes, vraiment de tout.
Vous pouvez
décrire Acyl en deux ou trois mots ?
Abder : En cinq mots, Au, then, ti, ci, ti !!! (Rires)
Michael : Plus sérieusement, authentique,
algéro-berbère, traditionnel. Et metal bien
sûr.
Vous devez faire la promo
de cet album, vous dites quoi ?
Abder : On a beaucoup bossé pour apporter cette
authenticité. On a parcouru l'Algérie pour
trouver et enregistrer des musiciens dans leur contexte pour justement
conserver cette authenticité et capter cette vibration.
C'est vraiment représentatif de ce que l'on fait de mieux.
Et Frédéric Gervais du Studio Henosis qui a
mixé cet album a su retranscrire exactement ce qu'on
voulait, et donc le son continue à nous bluffer
malgré toutes les écoutes.
Michael : Sans oublier le mastering de Frédéric
Nordström du Studio Fredman.
Dernière
question: Quel est le dernier album que vous avez
écouté, à l'exception du votre ?
Abder : Pour moi c'est l'album d'Oracle. Un album vraiment fantastique.
Une prog très recherchée et très
fraîche, avec des chansons en Français. Un
très bel album vraiment.
Michael : Et pour moi, les Doors.
Merci à vous
Merci beaucoup Zicazic !!
Propos recueillis par
Yann Charles
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