DR. DAVID EVANS au TENNESSEE-PARIS (75)
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Ecrit par Fred Delforge |
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vendredi, 23 septembre 2016
DR.
DAVID EVANS
LE TENNESSEE-PARIS
– PARIS (75)
Le 21 septembre 2016
https://www.facebook.com/davidevansblues
http://www.tennessee.paris/
C’est un évènement pour le moins
exceptionnel qui se produit en ce dernier soir de
l’été 2016 puisque le Dr. David Evans,
fameux ethno-musicologiste, écrivain, musicien et professeur
à l’Université de Memphis
fait une escale à Paris le temps d’un concert dans
un tout nouveau lieu dédié au blues, le
Tennessee-Paris, un endroit appelé à
n’en point douter à devenir le nouveau juke joint
de la capitale dans ce qu’il est convenu d’appeler
la Quartier de la Monnaie ! Le métro et le RER à
portée de la main, un parking public à une
centaine de mètres et même une station de
Vélib’ juste devant
l’établissement … il faudra
trouver une bonne excuse pour ne pas y aller !
Le bar est accueillant, les choix de bières et de cocktails
nombreux et les happy hours généreuses, mais ce
qui attire aussi très rapidement l’attention,
c’est cette petite crypte intimiste au sous sol où
est dressée une estrade sur laquelle on peut faire tenir
quelques musiciens, un peu comme dans un mouchoir de poche. Un fauteuil
et quelques tabourets pour la grosse cinquantaine de personnes qui
peuvent prendre place ou simplement passer et jeter un œil
… Le décor est posé, le
Tennessee-Paris annonce la couleur d’entrée de jeu
et joue la carte de la convivialité, sans pousser
à la consommation ni harceler le client … Ici, on
arrive et on repart quand on veut, on consomme quand on en a envie et
c’est un peu aussi ce qui fait le charme de
l’endroit !
Au milieu de ce tableau accueillant qui rappelle un peu les clubs les
plus « authentiques » de Beale Street comme le
Blues Hall, notre Maitre de Cérémonie du jour
s’installe, guitare sur les cuisses, micro et kazoo
à portée de la bouche, et va venir nous servir
non pas un mais bel et bien deux sets durant lesquels il revisitera
nombre de grandes œuvres du blues et du folk blues, un
domaine qu’il connait sur le bout des doigts puisque il y a
consacré sa carrière mais aussi parce
qu’il a écrit un livre qui est la
référence en la matière, le
très fameux « Big Road Blues », une
bible tellement indispensable que l’on ne
s’explique pas que personne n’ait jamais
pensé à la traduire dans notre langue. Ajoutez y
quelques albums qui sont eux aussi des références
et un travail de production qui a permis de
révéler entre autres des artistes tels que R.L.
Burnside et Jessie Mae Hemphill et vous comprenez que sans David Evans,
le blues n’aurait sans doute pas la même saveur
aujourd’hui.
Etonnamment peu disert entre les morceaux, le Doc s’attachera
plutôt ce soir à laisser parler sa guitare et
à égrener ses blues, prenant un soin tout
particulier à placer sa voix de la plus belle des
manières mais aussi à réaccorder son
instrument avant même que l’on puisse entrevoir la
moindre ébauche de dissonance. Revisitant avec la
même aisance les standards de Ma Rainey, de Memphis Minnie,
de Sonny Boy Williamson, de Robert Johnson et de tant
d’autres encore, c’est avec une aisance naturelle
et un talent fou que ce grand nom des musiques noires
américaines nous entrainera dans des trésors de
picking mais aussi dans des délices de slide, invitant
même au passage deux harmonicistes présents dans
la salle, Gilles Gabisson et Alain Lignereux, à venir
partager quelques morceaux avec lui devant un assistance conquise par
ces instants de communion !
Le temps de jeter quelques pièces dans le chapeau et on se
retrouve dans la rue pour saluer les amis mais aussi
l’artiste. Le timing a bien été
pensé et il est encore largement temps d’attraper
un bus ou un métro pour les Parisiens, de reprendre la
voiture pour ceux qui viennent de plus loin et de rentrer chez soi
à ce que l’on peut encore considérer
comme une heure décente, sans les oreilles qui bourdonnent
mais avec en mémoire un superbe concert dans un endroit qui
ne l’est pas moins ! Avec trois concerts au moins par
semaine, le Tennessee-Paris est un endroit où l’on
reviendra très vite, c’est certain !
Fred Delforge
– septembre 2016
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