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RENDEZ-VOUS DE L'ERDRE 2016 à NANTES (44) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 29 août 2016
 

RDV ERDRE 2016 LES RENDEZ-VOUS DE L’ERDRE
NANTES (44)
Du 26 au 28 aout 2016

http://www.rendezvouserdre.com  

Retrouver les RDV de l’Erdre est toujours un plaisir particulier car on sait que c’est l’assurance d’un beau temps, de retrouvailles chaleureuses, d’huitres et de Muscadet partagés au bord de l’eau et de bonne musique distillée sur toutes les scènes en général et sur la Scène Blues en particulier, tant et si bien qu’elle en devient chaque année la plus fréquentée d’un festival qui fête cette année ses 30 ans. Le plan Vigipirate n’y changera rien, ils seront toujours aussi nombreux une fois encore à s’entasser pour entendre de la bonne musique, et si le programme est quelque peu particulier cette fois, il nous garantit comme toujours un spectacle de grande qualité !

Vendredi 26 aout :

C’est un évènement exceptionnel qui nous est proposé aujourd’hui puisque en collaboration avec France Blues, les RDV de l’Erdre accueillent le 3ème Challenge Blues Français, celui-là même qui désignera le nom des candidats français à l’International Blues Challenge à Memphis et à l’European Blues Challenge à Horsens, au Danemark. Six formations en lice pour trois prix, c’est une option qui ne laisse personne indifférent, quand bien même les choix son difficiles puisque chacun de ces groupes est professionnel et jouit déjà d’un certain statut sur la scène blues nationale et internationale.

Kathy Boyé et son DTG Gang seront donc appelés à démarrer la soirée et c’est avec brio et classe que le sextet nous sert un superbe blues qui en surprendrait quelques-uns tant il est équilibré. Confinée dans la catégorie Gospel par trop de personnes qui n’ont pas fait l’effort de vraiment écouter son autre répertoire, Kathy confirmera ce soir qu’elle est une véritable blueswoman capable de nous envoyer des choses subtiles et racées. Et ce n’est pas cette formidable cover d’AC/DC revisitée à la sauce blues en début de set qui viendra nous en prouver le contraire. Un groupe efficace derrière elle et un Mister Tchang survitaminé à ses côtés … La chanteuse, harmoniciste à ses heures, aura fait bien plus que de la figuration aujourd’hui et c’est un spectacle non seulement dense mais aussi intense qu’elle aura offert à une assistance qui en prime aura apprécié le côté visuel du sextet ! Et toujours cette voix chaude et immédiatement identifiable qui nous fait vibrer, quel que soit le registre dans lequel elle se produit …

On continue avec Red Beans & Pepper Sauce, formation Biterroise aujourd’hui réputée qui a déjà à son actif quelques beaux tremplins mais aussi quelques belles tournées. Emmené par une chanteuse à la voix aussi affriolante que le look, le groupe ne s’en laisse pas conter et nous présente la version la plus rock d’un blues plein de saveur et de sensibilité. Adepte des compositions, superbes au demeurant, Red Beans & Pepper Sauce souffrira ce soir d’un problème insoluble de claviers qui contraindra le groupe à se produire en quartet, au grand dam de ceux qui restaient sur scène puisque toute la teneur du spectacle s’en retrouvera modifiée. Sans pour autant démériter, Red Beans & Pepper Sauce nous montrera le côté le plus professionnel de son art et même si on était assez loin de ce qu’il offre habituellement, on aura quand même apprécié la chaleur d’un combo qui a du talent et de l’assurance. Dommage car la motivation était là et que le son n’était pas mauvais du tout !

En attendant un nouveau clavier, on permute l’ordre de passage et c’est Vicious Steel qui s’y colle. Duo remanié cette année, le groupe nous emmène dans le roots et nous fait quelques belles surprises en nous proposant un show moins visuel que ce qu’il offre habituellement mais en nous dévoilant une musicalité particulièrement intéressante. Il reste quand même le traditionnel crâne de chèvre sur le micro, n’est pas Vicious Steel qui veut, mais plus que ce gimmick, c’est la musique des deux complices qui marquera les esprits, un blues décomplexé et riche qui sait se faire remarquer avec des compositions pleines de saveur et même à l’occasion des paroles en Français. L’assistance, qui les avait découverts l’an dernier au même endroit lors des RDV de l’Erdre, acclamera comme il se doit ce duo tranché au plus proche de l’os et du même coup bien juteux !

Bobby & Sue ont maintenant le charge de se produire et d’étrenner le tout nouveau clavier, livré à pied et en express sur la scène. Anciens participants des RDV de l’Erdre, les Bretons ont eux aussi leurs fans dans le public et c’est avec toujours autant de classe et de subtilité qu’ils viennent les charmer avec leurs compositions bourrées de détails et de subtilité. A la guitare, au banjo ou au piano, Brendan alias Bobby habille avec une affection toute particulière la voix raffinée juste ce qu’il faut de sa collègue Violaine, alias Sue, qui pour sa part se charge avec talent de donner encore plus de charme à un duo où musicalité et esthétique vont de pair. Avec un show qui évolue au fil des ans et qui gagne non seulement en qualité mais aussi en sensibilité, Bobby & Sue est une formation qui dure dans le temps et qui n’en finit plus de suivre avec régularité et méthode un chemin qu’elle s’est elle-même tracé.

On retourne au format groupe avec Gaelle Buswel qui vient nous régaler en quartet. On coupera court au débat qui sous-entend que le groupe serait plus folk et pop que blues et on entrera directement dans le vif du sujet avec une musique qui pour sa part ne cherche plus son nom et qui compte plus sur son efficacité que sur toute autre chose pour convaincre. Personne ce soir n’ira compter si les mesures sont offertes par paquets de douze, et c’est parfait comme ça, on se contentera d’apprécier le charisme et le talent d’un groupe porté admirablement par une section rythmique de haut vol et piloté avec des doubles commandes par un Michaal Benjelloun non pas en mode guitar hero mais au contraire discret et positif et par une Gaelle Buswel incomparable de séduction avec ses chansons recherchées et son sourire toujours rayonnant, qu’il pleuve ou que ce soit la canicule. Tout juste rentré du Québec et du Texas, le binôme Gaelle/Michaal n’aura pas tardé à se remettre du décalage horaire !

En voilà d’autres qui ont fait du chemin ces dernières années, et s’ils ont tombé leur look de fermiers pour s’assagir et devenir un groupe aux couleurs plus classiques, leur musique n’a pas dérivé d’un pouce et les Cotton Belly’s, eux aussi transfuge du Tremplin des RDV de l’Erdre, vont retrouver un public à qui ils manquaient cruellement, il n’y a qu’à entendre la foule pour le comprendre. Aujourd’hui quartet, Cotton Belly’s part lui aussi vers le côté le plus roots du blues, celui du Sud des USA mais pas seulement puisque le groupe y associe des harmonies vocales tout simplement hallucinantes et qu’il y met au moins autant de talent que de feeling. Les petits canards pas si vilains que ça à l’époque sont devenus de superbes cygnes et c’est une prestation de très belle qualité que nous aura offert le groupe francilien ce soir !

Départager tant de talents n’est pas chose aisée et les huit membres du jury auront la tache cruelle de choisir non pas les vainqueurs mais bel et bien les élus. Il n’y a pas de perdant ce soir car même si certains repartiront les mains vides, c’est une partie représentative de la communauté blues qui a pu juger de leur talent et l’apprécier ! C’est dans un mouchoir de poche que les votes de chacun auront permis de désigner Gaelle Buswel pour représenter la France à Horsens (Danemark) lors du 7ème European Blues Challenge en avril 2017. Memphis accueillera pour sa part en janvier 2017 deux formations pour le 33ème European Blues Challenge, Vicious Steel dans la catégorie solo/duo et Cotton Belly’s dans la catégorie groupes. Salués par des trophées spécialement créés par l’artiste Sophie Rochette, les heureux élus auront l’occasion de se faire connaitre un peu mieux du gratin de la profession blues mondiale lors de leurs grands rendez-vous de 2017 ! Un grand bravo à tous les candidats, chanceux ou moins chanceux …

Samedi 27 aout :

Après une matinée passée à reprendre des forces et à refaire le monde avec les amis, on passe maintenant en mode Tremplin des RDV de l’Erdre et on retrouve sur les coups de 16 heures la première formation du concours, Jakez & The Jacks, un groupe nantais qui connait son sujet et qui se montre au moins aussi à son aise dans le Chicago blues que dans le blues du Mississippi. Le soleil cogne dur et les corps se liquéfient mais le quartet s’en sort avec bien plus que les honneurs, assénant un blues de luxe à une assistance qui apprécie la dualité des guitares mais aussi les parties d’harmonica bien pensées sur une cinquantaine de minutes de concert durant laquelle on traversera de belles reprises, dont un hommage à B.B. King avec une relecture de « Everybody Wants To Know Why I Sing The Blues » dans une version proche de celles du « Live In Africa » de 1974, mais sans les cuivres. A l’arrivée, c’est une première prestation qui aura confirmé à tous ceux qui connaissaient déjà le groupe que son talent est immense et qui aura convaincu ceux qui le découvraient de la même chose !

Le suivant à se produire est déjà un habitué des plateaux, et pas n’importe lesquels puisque Olivier Gotti avait fini son parcours américain en demi-finale de l’International Blues Challenge à Memphis en 2013, non sans avoir enregistré quelques titres en bonne compagnie chez Sun Studio. Un album dans tous les bons bacs et une attitude toujours aussi simple, positive et amicale, c’est le Weissenborn sur les genoux que le Provencal vient nous jouer son blues mâtiné de glissandos hawaiiens, un blues soutenu par la voix si belle et si bien posée d’un artiste que l’on reconnait immédiatement grâce à cette tessiture hors du commun. Mélange d’improvisations et d’arrangements subtils, Olivier Gotti est un artiste né et ce n’est pas le fait de casser une corde qui le démontera puisqu’il s’affairera à la changer tout seul tout en jouant avec les autres cordes et en interprétant quelques strophes a-capella. Un son unique en son genre pour un blues pas toujours très conventionnel, un mental de gagnant et un talent incommensurable … C’est une fois de plus du très grand Olivier Gotti qu’il nous a été offert en cette fin d’après-midi.

Troisième artiste à se produire dans le cadre du tremplin ce samedi, Tony Martin Trio est là encore une formation nantaise qui a la chance de se produire sur ses terres devant une assistance nombreuse et motivée. Tony Martin, c’est avant tout un as de la voltige, un de ces guitaristes qui connaissent parfaitement leur manche et qui en font exactement ce qu’ils veulent, reprenant les standards avec un savoir énorme et même une petite touche de personnalité. Retenu par -M- lors d’un concours de guitaristes, Tony Martin s’est retrouvé aux côtés du musicien sur la scène du Zénith mais n’en n’a pas pour autant attrapé la grosse tête, nous jouant ce soir avec un mélange d’humilité et de classe des titres des Meters, de Jimi Hendrix, et j’en passe. Une petite heure de magie pour tous ceux qui aiment la guitare donc, mais pas seulement puisqu’à côté de Tony, la section rythmique ne se contente pas de faire de la figuration ! A en juger par la qualité de ses trois premiers candidats, le Tremplin des RDV de l’Erdre est devenu le concours de référence national avec à la clef de nombreux prix à gagner …

On s’accorde le temps de dîner et on retrouve juste après un tandem de choc composé de Neal Black qui démarre le show en solo avec quatre titres avant d’être rejoint par Larry Garner … Quand un gars du Texas rencontre un voisin de Louisiane, que peuvent t’ils vraiment avoir à se raconter si ce n’est des histoires de blues ? Riches d’un album commun paru chez Dixiefrog, les deux complices vont nous emmener dans une œuvre à quatre mains mais surtout à deux cœurs, des cœurs énormes qui donnent avec une générosité sans limite et qui parviennent à séduire une foule incommensurable qui dépasse très largement le cadre de la Scène Blues puisque l’on observe le concert depuis le Pont Saint Mihiel distant de quelques centaines de mètres ! Quelques milliers ? Une dizaine ? Difficile d’estimer combien ils sont à apprécier le show de Neal et Larry, mais toujours est-il qu’ils l’apprécient à sa juste valeur et c’est bien là le principal !

On en prendrait bien jusqu’au bout de la nuit de ce blues juteux et plein d’un mélange de fougue et de subtilité, mais les scènes nantaises sont nombreuses pendant les RDV de l’Erdre et il faut bien à un moment ou à un autre faire redescendre la pression et laisser les corps reprendre des forces, surtout qu’il reste encore une journée de festival à vivre pour les techniciens et les bénévoles … On boira donc la musique de Neal Black et Larry Garner jusqu’à la dernière goute, profitant même d’un rappel fort bienvenu, et après un dernier échange avec les artistes et les amis présents derrière la scène, c’est vers un peu de sommeil que l’on se dirigera, non sans passer devant la superbe Scène Nautique où les concerts sont malheureusement terminés !  Ce festival nantais a cela d’original que la musique est partout dans la ville et que jamais on ne s’y ennuie … Et ça fait maintenant 30 ans que ça dure ! 


Dimanche 28 aout :

C’est traditionnellement par le Brunch Blues au Canotier que commence cette dernière journée de festival sur la Scène Blues, et cette année encore nous ne dérogerons pas à la tradition, même si le jury aura à cœur d’aller déguster quelques huitres au bord de l’Erdre avant d’aller retrouver Ibérique Blues Connection qui se produit devant un parterre bondé comme jamais, le tramway à l’arrêt aidant à ce que le public s’installe et prenne ses aises pour profiter d’un concert aussi vif qu’original.

Il faut ensuite faire les quelques mètres qui nous séparent de la scène pour aller rejoindre le Fred Cruveiller Blues Band qui ouvre le bal de cette ultime journée de concerts. Solide et bien rôdé, le trio ne s’en laisse pas conter et nous emmène dans un bon gros blues qui lorgne du côté de Chicago mais qui s’ouvre en grand sur d’autres styles, le band partant de l’ultra classique « Messin’ With The Kid » pour mieux nous emmener vers le « Trouble So Hard » de Moby revu et corrigé à sa propre sauce. Une rythmique au talent indiscutable, même si le bassiste qui joue assis dénote un peu, un frontman guitariste impeccable tant dans le jeu que dans le chant et enfin un choix de titres très judicieux laissant un peu de places à des compositions personnelles, il y avait matière à se régaler en ce début d’après-midi et les premiers arrivés sur le site n’ont pas eu à s’en plaindre.

On avait déjà eu la chance de les croiser lors de leur concert au FestiBlues International de Montréal en 2015, ce sont les Foolish King qui reviennent et qui s’y collent avec leur show plein de groove et de sensualité. Une corde récalcitrante n’y changera rien, c’est une prestation très équilibrée que nous servira le quintet bordelais et c’est sans le moindre essoufflement que le groupe parviendra à prendre le public par la main pour le faire bouger avec lui durant un concert où tout le monde sera tout sourire, visiblement ravi d’être là et de partager une tranche de bonheur avec une assistance qui répond à l’unisson. Soutenues par un clavier plein de finesse, les compositions de Foolish King ne manquent ni d’ardeur, ni d’audace, ni même de charme puisque c’est assise à côté de la batterie que Charlie, la chanteuse, fera redescendre la température avec un titre plein de délicatesse. Déjà séduisant il y a un an, le groupe a encore gagné en solidité et en envergure ces derniers mois et il le prouve sans le moindre mal !

On en arrive au Maggy & Da Funky G. Project, sextet qui nous dévoile une musique directement issue de la soul des années 70 et qui réchauffe le cœur d’une assistance qui commence à ressortir une petite laine, la canicule ayant laissé la place à un soleil plutôt radieux mais avec une quinzaine de degrés de moins que les jours précédents. Emmené par sa blonde chanteuse, soutenu par une trompette et par une rythmique pleine de paillettes, le groupe n’aura pas grand mal à faire voyager tout le monde du côté des souvenirs de Stevie Wonder, James Brown ou encore Isaac Hayes pour une cinquantaine de minutes d’un set qui glissera comme une lettre à la Poste. Difficile de résister à l’appel du groove du Da Funky G. Project tant il sent bon la sincérité et l’envie de bien faire, le tout avec un grand souci des détails et une présence scénique de tous les instants !

Le temps de passer par les délibérations et on reviendra bientôt pour les résultats, le jury ayant décidé cette année de récompenser les artistes suivants avec respectivement de la première à la troisième place Jakez & The Jacks, Fred Cruveiller Blues Band et Olivier Gotti. On retiendra également que Jakez & The Jacks, grand gagnant de cette édition, repartira avec les prix du Collectif des Radios Blues, de Soul Bag et du Montfort Blues Festival, que Fred Cruveiller raflera les Prix So Blues et Bain de Blues, qu’Olivier Gotti obtiendra le Prix All That Jazz, que Tony Martin Trio gagne le Prix RBK Records et enfin que Foolish King décroche le prix France Blues qui lui assurera une place en finale du 4ème challenge Blues Français en 2017 !

L’heure sera ensuite aux deux derniers concerts de la soirée avec pour commencer Kevin Doublé en duo avec Eric C. pour un grand moment de blues plein de subtilité de classe puis finalement Alexis Evans, gagnant du Tremplin 2015, qui nous en mettra une fois de plus plein les yeux et plein les oreilles avec son rhythm’n’blues explosif et communicatif ! Ainsi se referme donc la 30ème édition des RDV de l’Erdre et c’est non sans remercier et féliciter nos hôtes que nous reprendrons le train du soir pour Paris, la tête pleine de notes et de bons souvenirs … Ce festival est unique par son concept et sa chaleur humaine, c’est aussi pour ça que l’on aime y revenir chaque année ! Vivement la 31ème édition en 2017 …

Fred Delforge – aout 2016