JIL IS LUCKY au FORUM DES HALLES (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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mercredi, 24 août 2016
JIL
IS LUCKY
UNEXPECTED FESTIVAL
FORUM DES HALLES
– PARIS (75)
Le 11 juin 2016
http://www.jilislucky.com/
La scène folk française a toujours eu de jolies
choses à proposer. Si le grand public n'a jamais vraiment su
se pencher sur la qualité des artistes hexagonaux, ces
derniers n'en ont pour autant toujours pas retourné leur
veste dans l'espoir qu'une reconnaissance plus facile à
obtenir pointe le bout de son nez. Jil Is Lucky faisait partie de cette
vague. Original par son approche, accrocheur par la nature de ses
compositions et libre de mouvements car sans aucune
véritable pression médiatique apparente, le
quatuor pouvait passer pour une sorte de croisement entre folk
à l'américaine et musique yiddish, une pointe de
pop en guise de cerise sur le gâteau. A la fois
traditionnelle et psychédélique, la musique de
Jil Is Lucky ose parler en douceur des différences de chaque
être.
Ce petit groupe français qui innove en mélangeant
électronique, violon et de bons riffs de guitare
saupoudrés de bons moments de batterie nous
étonne et nous ravit. « Manon », dernier
album paru (leur troisième) et construit de façon
conceptuelle est une riche idée basée sur
l'histoire d'une rencontre/séparation et les douleurs qui
s'en suivent. L'album est présenté dans son
intégralité sur ce live et sera
agrémenté de quelques titres issus des
précédents opus, dont « The Wanderer
» qui leur a apporté consécration il y
a bientôt six ans. Des influences multiples d'Herman
Dünne à Beirut, Bon Iver ou Devendra Banhart, mais
qui aurait frayées avec de l'electronica indé et
du rock franc et contemporain.
Petit bémol car le résultat de ce dernier album
est difficile à aborder par rapport aux
précédents, nettement plus réussis.
Mélodiquement d'abord, sans être catastrophique,
la sauce ne prend pas vraiment. Ce n'est pas vraiment mauvais, mais Jil
a prouvé depuis longtemps qu'il était capable de
trousser de beaux morceaux. C'est juste passe-partout et
très convenu. Et n'est pas Gainsbourg qui veux et les
paroles ne suivent pas, malgré quelques belles
idées (« Manon tapait l’écume
de ses nuits blanches, et moi, quelques traits sur ses hanches
»). L'art érotico-suggestif qui suintait de
« Melody Nelson » y est malheureusement bien
absent, ce qui laisse à « Manon » un
sérieux goût d'inachevé ou de
bâclé.
A partir de ces constats, difficile de s'attacher à cette
dernière galette, même sur un live qui, pourtant,
fut dynamique et nettement plus intéressant sur des titres
en Anglais, beaucoup plus ambitieux. Après tout, pourquoi
pas, mon avis n'étant que suggestif. Après
quelques années d'absence, on aurait
préféré cette guitare
électrique nerveuse qui joue au funambule, une
mélodie bien qu'électronique, simple en guise de
balancier, une batterie sourde en guise de vent et le tout maintenu en
parfait équilibre par un chant et des paroles
cohérentes plutôt qu'à un simple virage
electro-pop dans l'air du temps. Bref du Jil Is Lucky appellation
d'origine, comme ils savent pourtant si bien le faire ...
Fred Hamelin –
aout 2016
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