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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL - 19ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 15 août 2016
 

FESTIBLUES 2016 FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL – 19ème EDITION
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
Du 11 au 14 aout 2016

http://www.festiblues.com

Onze éditions déjà que nous couvrons le FestiBlues International de Montréal avec Zicazic, autant dire que quand nous débarquons chaque année dans le Parc Ahuntsic il est difficile de passer inaperçu, au point que l’on se demande même si les écureuils ne sentent pas notre présence tant ils se montrent pressés de venir nous saluer … Les retrouvailles sont comme toujours chaleureuses et si l’on accueille chaque année de nouvelles têtes, les anciens sont pour la plupart fidèles au poste et à pied d’œuvre pour les quatre jours de montage qui verront la scène se développer et grandir au fil des heures. Ici, tout est grand, presque démesuré, alors on se rend bien compte des trésors d’ingéniosité déployés par les équipes techniques et leurs fidèles cabochons pour que tout soit prêt le jeudi en fin d’après-midi …


Avant l’évènement …


Arrivés quelques jours en avance pour se remettre du décalage et s’acclimater à la chaleur ambiante, nous profiterons cette année de nos jours « off » pour assister au montage bien entendu, mais aussi pour découvrir deux animations sœurs qui se déroulent dans la vieille ville : « Montréal en Histoires » pour la partie diurne et « Cité Mémoire » pour la partie nocturne … Travail de longue haleine, les deux projets sont réunis sur une seule et même application à télécharger sur votre smartphone ou sur votre tablette et c’est ledit instrument à la main que vous partirez arpenter la vieille ville non pas à la recherche de Pokémons mais bel et bien à la découverte des différents points d’intérêt, souvent méconnus, d’une fière métropole qui fêtera ses 375 ans en 2017.
« Montréal en Histoires » vous proposera ainsi de partir à la recherche de bornes interactives mais aussi de spots en réalité augmentée au travers de différents circuits de 30, 60 et 90 minutes durant lesquels on marche de rue en rue tout en allant de découverte en découverte. La Place Jacques Cartier, La Presse ou encore le Collège de Montréal sont autant d’endroits que l’on entrevoit au travers de photos d’époques adaptées et plus on avance dans la vieille ville, plus on se prend à découvrir différents endroits restés souvent méconnus que même les guides touristiques omettent de faire visiter à leurs clients. Que l’on suive les parcours thématiques proposés ou que l’on se perde en ville, la découverte et la bonne surprise sont toujours au coin de la rue grâce à une application gratuite et particulièrement bien préparée ! Il vaut mieux cependant s’assurer de la pleine charge de son mobile avant de partir, l’animation soutenue par un wifi gratuit sur tout son parcours, se montrant quelque peu gourmande si on choisit la version longue de la visite …

A la nuit tombée, on peut encore découvrir différentes choses au même endroit puisque « Cité Mémoire » illumine les murs de la ville d’une petite vingtaine de tableaux dans lesquels l’histoire se conjugue autant avec gravité et sérieux qu’avec une pointe d’humour et de second degré. En arrivant sur un endroit disposant d’une animation, vous êtes automatiquement remarqué par un détecteur de présence et il ne vous reste plus qu’à lancer, directement de votre mobile, l’animation qui dure de quelques minutes à un petit quart d’heure. Le quai des enfants trouvés, les bâtisseurs de ville, l'incendie du Parlement de Montréal, la Babylone du Nord, le train des enfants juifs, le premier bourreau, les funérailles de Joe Beef, de Marie-Josèphe à Jackie Robinson, la révolte des castors, Maurice Richard déménage, le Ouimetoscope ou encore Suzanne sont autant de bonnes occasions de se régaler de pans entiers de l’histoire de la ville au travers de sujets qui traitent de l’extermination des animaux à fourrure, de l’homosexualité, de la misère, des maisons closes, de la déportation et de tant d’autre choses encore, graves ou plus légères.

Prévoyez là aussi de bonnes chaussures et un peu de temps car la beauté des images, la réalité des mouvements, l’intelligence du scenario et la force des commentaires font que l’on reste un peu plus longtemps sur place pour mieux se laisser imprégner de ces moments uniques et trop souvent méconnus. 300 à 330 jours par an d’un spectacle pharaonique que l’on visite à son propre rythme et que le monde entier peut envier à la Métropole québécoise, cela méritait bien que l’on s’y attarde un long moment !


Jeudi 11 aout 2016

                
Les derniers préparatifs filent bon train et à l’heure dite, le 19ème FestiBlues International de Montréal prend son envol sous un soleil de plomb qui s’annonce profitable pour les ventes de boissons fraîches ! La foule tarde un peu à arriver, comme toujours, mais la fin de soirée promet d’être intense puisque ce soir Jean-Pierre Ferland délaisse pour un temps une retraite dont il jouit depuis une dizaine d’années et vient en ville pour nous jouer le meilleur de ses chansons … Un évènement rare qui attirera du monde, c’est certain !

C’est Life on Land qui va donc déposer les premières notes de cette nouvelle édition et c’est entre pop folk et rock indie que les quatre jeunes Montréalais vont tenter de séduire une assistance pas forcément venue pour les voir se produire mais plutôt là pour se garantir une bonne place pour la fin de soirée. Une guitare et un banjo, un Weissenborn joué à l’occasion, des pièces originales mais aussi une reprise ingénieuse de « St James Infirmary », si Life on Land propose sa musique sur un ton souvent empreint de mélancolie, le groupe n’hésite pas non plus de temps en temps à proposer un folk un peu plus festif voire même à aller faire un tour vers un répertoire teinté d’influences celtiques pour tenter de dérider une assistance qui écoute, un peu amorphe et assommée par la chaleur, et qui applaudit vigoureusement à chaque fin de morceau ! Une belle découverte pour un lancement d’édition réussi …    
  
Découvert en 2014 sur la même scène du FestiBlues, Oliver Charles revient cette année pour y présenter en avant-première les chansons qui figureront sur son premier album annoncé pour l’automne. Biberonné au folk et à la chanson, le chanteur et guitariste qui ne rechigne pas à se mettre à l’occasion au piano nous embarque dans le grand tour de sa musique et le fait plutôt bien en servant des mélodies immédiates qui plaisent aux filles sans déplaire aux garçons. Le public qui affiche en moyenne deux générations de plus que l’artiste n’en perd pourtant pas une miette et salue comme il se doit la prestation d’un groupe qui fait preuve de beaucoup de solidité et de maturité, emmené qu’il est par un leader au charisme impressionnant. Beaucoup de nouveaux titres, dont un en Français pour attirer l’attention du chaland, une manière très ingénieuse de communiquer avec l’assistance et même de la faire participer, à n’en point douter Oliver Charles est un des grands artistes québécois de demain !    

Ils sont originaires de Beauport, un des arrondissements de la ville de Québec, mais on jurerait qu’ils débarquent fraichement de Londres tant leur son est inclassable et leur musique empreinte d’originalité, sorte de croisement des Beatles et de Frank Zappa pour un résultat qui ressemble à s’y méprendre à un groupe de pop-folk psychédélique rapporté par accident des sixties. Déjantés, délurés, déstructurés, les morceaux proposés par The Seasons sortent très largement des sentiers battus et si l’on marche au moins à trois encablures du blues, il n’en reste pas moins que le groupe qui a connu le succès dans toute l’Amérique du Nord mais aussi en Europe avec son premier album vient de confirmer au printemps dernier avec son successeur qu’il effeuille allègrement ce soir. Quelque peu surpris, le public majoritairement venu pour Jean-Pierre Ferland finit quand même par se joindre aux plus jeunes venus spécialement pour ces cinq garçons dans le vent et applaudit comme il se doit une prestation posée en équilibre entre la pop vintage et le rock de demain. Il fallait oser !    

Nos amis québécois nous le présentent comme un artiste mythique, chanteur au long cours parti à la retraite avant qu’il ne soit trop tard et régulièrement revenu vers le feu des projecteurs, que ce soit pour la radio où il a animé une émission hebdomadaire, pour la télévision et l’émission « La Voix » (The Voice en Français) où il a été coach ou encore pour rejoindre sur scène son amie Céline Dion qui ne manque jamais de l’inviter dans les grandes occasions … A l’heure où l’on parle de plus en plus d’un nouvel album pour ce grand séducteur devant l’éternel, il sort ce soir de sa tanière et vient auréoler ce 19ème FestiBlues de sa présence, et quand bien même il est au blues ce que la poutine est à la gastronomie, c’est un très grand honneur pour l’organisation de compter un tel personnage dans sa programmation puisqu’il ne répond plus que très rarement à de telles invitations ! Le parc s’est garni pour l’occasion d’un nombreux public et personne ne doute que la fin de soirée sera chaude, même si les fans de l’artiste ne sont plus pour la plupart d’entre eux de la première jeunesse. C’est aussi ça la magie de FestiBlues, savoir s’adresser à toutes les générations et à tous les publics ! 

De chansons tendres et romantiques en chansons plus rythmées, Jean-Pierre Ferland nous sort le grand jeu et quand bien même il joue par moment les divas en demandant un peu moins de piano, un peu plus de voix ou je ne sais quoi encore, il réussit sans le moindre mal à prendre le public dans ses bras et à l’emmener exactement où il le veut, plaisantant sur la date, sur sa supposée laideur à la naissance ou encore sur son premier joint offert par un de ses musiciens, interrompant les morceaux au bout de trois strophes pour nous en présenter la genèse ou simplement l’émailler d’une anecdote souvent croustillante … En face de lui, le public reprend ses mots et chante à l’unisson d’un artiste qu’il apprécie à sa manière mais aussi de ses deux choristes, gourmandement et sans retenue … Du « Petit Roi » à « Quand on aime on a toujours 20 ans » ou à « Envoye à maison » en passant par ses plus grands succès, le Parc Ahuntsic résonnera ce soir des classiques de la chanson québécoise pendant 90 minutes d’une communion entre un chansonnier et son public !

La journée a été longue et chaude et on délaissera ce soir les concerts dans les bars de la Promenade Fleury pour garder un peu d’énergie pour les trois jours qui viennent et qui promettent d’être intenses avec une programmation à la fois plus blues et plus jeune …

Vendredi 12 aout 2016

Si l’on a perdu une dizaine de degrés depuis hier soir et que la journée a connu quelques grosses averses, c’est le cœur léger et confiants en la météo que l’on rejoint un Parc Ahuntsic dans lequel les dernières balances viennent de terminer à l’heure où l’on ouvre les portes … Ambiance bon enfant donc aujourd’hui, avec un public plus jeune mais tout aussi chaleureux que celui d’hier, et si l’on hésite ce soir à s’asseoir à même la pelouse, ceux qui sont venus avec leurs chaises ne manqueront pas de passer une bonne soirée avec une fois encore quatre groupes à l’affiche et de la restauration de toute part !    

Enfant du rockabilly, Matt Rock a grandi en écoutant les titres d’Elvis Presley mais s’est aussi laissé tenter par le son des Stray Cats. Passé par les jams du fameux Smoke Meat Pete alors qu’il n’était qu’adolescent, le chanteur et guitariste se fera une réputation jusque bien plus loin que son fief musical de l’Ile Perrot et c’est en ajoutant un peu de blues à sa musique qu’il deviendra un habitué du circuit blues québécois. La voix rauque et convaincante, la guitare affûtée, Matt Rock et son band au look de vieux briscards texans nous offrent en trio quelques belles pépites, attaquant d’entrée de jeu avec un superbe « Before You Accuse Me » avant de poursuivre avec un titre de son idole, « Heartbreak Hotel », et de partir tête baissée dans un show beaucoup trop court au gout du public, encore très maigre mais particulièrement motivé par la grosse baffe blues/rockab qui vient de lui être assénée. Voilà un début de soirée pied au plancher qui ne va pas laisser de chance à ceux qui vont suivre, ce soir il faudra être bon pour survivre ! Et ce n’est pas la petite averse qui vient de passer par là qui suffira à nous perturber … 
 
On poursuit avec un Français, Max Sugar Blanck, artiste révélation qui se produit en one man band et que l’équipe de FestiBlues a déniché lors du Tremplin Blues-sur-Seine. Avec sa grande silhouette un peu dégingandée et son look de gentil bad boy un peu dandy, le Strasbourgeois d’origine devenu un hobo des temps modernes pour se poser à Toulouse puis désormais à Paris nous distille la guitare à la main et l’harmonica à la bouche un florilège de ses plus belles chansons, des chansons intelligentes dans lesquelles il évoque les démons que le ronge, ses vices mais aussi ceux des autres, les dépressions qui guettent chacun d’entre nous ou même la maladie d’Alzheimer … En véritable shouter, cet amoureux du blues, du Mississippi et des gens qui ont construit cette musique dans le Delta partage avec l’assistance ce qu’il a de meilleur en lui, l’âme d’un vagabond qui a les pieds biens sur terre, la philosophie d’un gosse un peu bohème qui essaie de croquer la vie à pleine et la voix chaude et assurée d’un artiste qui ne se prend pas au sérieux mais qui donne à chaque instant tout ce qu’il possède. Tenir la scène seul pendant près d’une heure dans un tel endroit n’est pas chose donnée à tout le monde mais comme disait le poète : « il est libre Max, y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler » …          

Ambiance plus rock, plus alternative et plus psychédélique avec Philippe Brach, la révélation de l’année au dernier Gala de l’ADISQ qui débarque au FestiBlues pour nous présenter les titres de son deuxième album, « Portraits de famine » … Avec pour seul mot d’ordre la démesure et pour seule consigne la folie, le chanteur et son band de dingues s’étonnent un peu de se retrouver à l’affiche d’un festival apparenté au blues et ne se privent pas de s’en amuser en improvisant quelques hommages à BB King ou même au blues dans son ensemble. Il faut dire qu’il a belle allure le quintet avec son leader en kimono rouge, en chaussettes et avec un masque de cyclope sur le visage pour lancer le show … Quelques samples, parfois drôles, quelques chansons qui déménagent un peu plus que les autres et qui séduisent la gent féminine massée du côté des gens qui assistent au spectacle debout, des hymnes que les fans reprennent à tue-tête, rien ne manque, pas même la démesure et surtout pas l’autodérision. Imprévisible, jamais avare d’un bon mot et généreux dans sa manière de jouer, Philippe Brach fera plus que le job ce soir dans un Parc Ahuntsic qui ne souffre plus de la pluie et qui voit désormais le public arriver, un peu tard certes, mais mieux vaut tard que jamais !  

Enfant d’Ahuntsic-Cartierville, transfuge de Karkwa avec qui il a commis quatre albums et connu un véritable succès, Louis-Jean Cormier a réalisé les premiers albums de divers artistes québécois parmi lesquels Lisa LeBlanc, avant d’accepter le rôle de coach pour une unique saison dans l’émission « La Voix » et de remporter divers prix avec son premier album personnel, « Le treizième étage », dont le Félix de l'Auteur-Compositeur, de l’Album Rock et du Choix de la Critique. Véritable star adulée au Québec, musicien en phase de révélation en France, l’artiste du cru revient un an après son premier passage au FestiBlues pour y enfoncer un peu plus le clou qu’il avait déjà bien engagé en 2015. Autant dire que la foule qui se presse devant la scène n’a d’yeux que pour lui et que personne ne va perdre la moindre miette de ce que Louis-Jean Cormier va nous donner ce soir ! Il faut reconnaitre que le magnétisme qu’il produit auprès du public rock est tel que l’on ne met plus un pied devant les barrières qui le séparent de l’assistance …

On reste donc dans un esprit jeune et dynamique et on démarre justement avec « Le treizième étage » que l’enfant du pays nous offre sur un plateau, repris en chœur par un Parc Ahuntsic qui exulte dès le premier morceau. Ça plaisante, ça rigole mais ça joue juste et précis et on ne s’ennuie pas une seule seconde, emmené dans le trip que Louis-Jean Cormier nous propose sans en avoir l’air, un voyage à travers des chansons qui hésitent parfois un peu entre le folk et le rock, qui se tissent régulièrement d’alternatif et qui plaisent finalement aux gens parce qu’elles leur parlent vrai et qu’elles les regardent droit dans les yeux. Charismatique et décidé, Cormier nous sort le grand jeu, présente ses musiciens avec un trait d’humour pour chacun et reprend la route exactement comme il l’avait commencée, navigant à vue au travers de ses deux albums en s’assurant que personne ne reste sur le bord du chemin, par lassitude ou par passivité, s’arrangeant toujours pour que la foule participe, saute, crie ou simplement applaudisse … En 90 minutes d’un spectacle équilibré et sans temps mort, Louis-Jean Cormier aura réussi à convaincre de nouveaux fans tout en comblant les plus anciens. Pari gagné pour le FestiBlues qui s’en sort avec les honneurs malgré un temps pour le moins mitigé !   


Samedi 13 aout 2016

La température est encore tombée d’un cran et après une journée entière sous la pluie on s’apprête à commencer la troisième soirée de ce FestiBlues avec Crawdaddy v 2.1 qui essuie une grosse averse dès le début de sa prestation partagée entre blues et rock. Parti à la relecture de quelques grands standards du blues et du rock mais aussi de titres plus méconnus, le quartet s’appuie sur un guitariste puissant et sur un chanteur qui à l’occasion chausse le saxophone pour apporter d’autres couleurs aux morceaux. Au bout de la route, le band nous délivrera un show qui s’appuie sur le passé mais qui s’ouvre en grand sur le futur avec des arrangements très modernes et un son très actuel. La pluie qui redouble d’intensité pendant le concert déjà très bref ne nous permettra pas d’aller trop longtemps à la chasse aux images, dommage car vu du coin de la scène, le Crawdaddy v 2.1 se démène et son chanteur joue la carte du charisme pour la poignée de fans qui est restée au contact ! Ça s’appelle être courageux …    

C’est au tour de la nouvelle fiancée de la scène blues folk française de venir se produire sur la belle scène du FestiBlues et si la pluie n’en finit plus de nous tomber dessus, on fait contre fortune bon cœur et on écoute le duo de Gaelle Buswel et Michaal Benjelloun nous servir ses compositions et même nous en dévoiler de nouvelles qu’ils partiront enregistrer à Austin à partir de demain matin à l’aube. Troisième album en vue donc pour cette artiste toujours très positive qui affiche plus de cinq centaines de concerts au compteur et qui se produit devant cinquante personnes avec la même folie qu’elle le faisait à Cahors le mois dernier devant quelques milliers de spectateurs. L’assistance reprend ses refrains et succombe sans la moindre retenue au charme de la blonde chanteuse et guitariste qui n’en finit plus de se faire plaisir à donner de l’amour à un public qui le mérite vraiment et qui applaudit à tout rompre, même avec un parapluie à la main ! Bête de scène brillante et talentueuse accompagnée d’un guitariste en tous points monstrueux de charisme et de technique, Gaelle Buswel aura réussi à mettre le feu jusque dans le cœur de l’équipe technique massée sur le coin de la scène pour ne pas manquer une seule note de la fin de son spectacle. On en aurait bien pris un peu plus !    

Martin Goyette fait maintenant son entrée sur la scène Loto Québec et c’est une énorme averse qui s’abat sur nous, détrempant tout sur son passage et envahissant jusqu’à la scène qui est dangereusement inondée … Quelques morceaux pleins d’énergie, fidèles à la réputation de ce chanteur harmoniciste, bluesman né qui se laisse parfois attirer par la soul ou encore le funk, et il faudra se résoudre à interrompre le concert un moment tant l’eau est présente sur les planches, gênant pratiquement autant le groupe qu’un public qui a vraiment du mérite de rester là dans de telles conditions. Après une dizaine de minutes de pause, Martin Goyette nous reviendra plus déterminé que jamais avec une puissance incroyable dans sa voix de shouter et un son d’harmonica qui n’est pas sans rappeler les meilleurs artistes du Mississippi. Quelques cadeaux à un public qui ne démérite pas au travers de plusieurs titres que le candidat de « La Voix » mettra sur son prochain album et voilà un concert qui aura certes été mouvementé mais qui aura tenu toutes ses promesses, même les plus folles ! Pour l’avoir découvert en France il y a près de 15 ans alors qu’il remplaçait Bob Walsh au pied levé en compagnie de Guy Bélanger, on constate que Martin Goyette a pris une réelle envergure et qu’il est devenu le grand artiste que l’on voyait déjà en lui à l’époque, et ce n’est pas cette énorme version de « Nobody Knows You When You’re Down And Out » servie en fin de set qui pourra nous démentir … 

Déjà passée sur a scène du FestiBlues il y a quelques années, Ariane Moffatt n’est plus une découverte pour personne puisque de mémoire, Zicazic avait été le premier media français à parler d’elle lors de la sortie dans l’hexagone de son premier effort, ce qui nous avait valu à l’époque quelques remerciements appuyés. Devenue une star internationale, incontournable de la scène chanson et pop francophone, celle qui est aujourd’hui coach à « La Voix » a désormais cinq albums à son actif et c’est en vedette qu’elle revient dans un Parc Ahuntsic détrempé et quelque peu tristounet tant les spectateurs y sont disséminés, ne laissant apparaitre qu’un long cortège de parapluies et de ponchos … Un parc qui ne boudera pourtant pas son plaisir de revoir cette boule d’énergie et de sensibilité qu’est Ariane Moffatt    

La pluie a cessé pour un moment et c’est au son de « 22h22 », du titre d’un de ses albums, que la Québécoise va lancer son show, chaudement emmitouflée dans une doudoune pas forcément très esthétique pour la scène mais sans nul doute très appropriée à la température ce soir. A la tête de quelques palettes de tubes, Ariane Moffatt n’aura pas grand mal à faire danser son public, coincée derrière son clavier, une guitare au tour du cou ou au contraire arpentant la scène et laissant le soin à son band de faire le travail, un band où l’on retrouve un key-bassiste, un batteur et une claviériste-machiniste. On en passe par des titres incontournables comme « Je veux tout » ou « Poussière d’ange » mais aussi par des morceaux empreints d’electro, la chanteuse s’offrant même un petit hommage à Bowie en nous plaçant des bribes de « Let’s Dance » sur un de ses morceaux ou reprenant dans une version très futuriste le « In The Air Tonight » de Phil Collins … Définitivement partie après une dernière averse, la pluie ne reviendra plus jusqu’à la fin d’un concert à la fois intimiste et couronné de succès, un de ces shows complètement à la marge du blues, mais c’est aussi ça l’intérêt de ces grosses scènes à vocation populaire !  

On quitte Ariane Moffatt pendant son rappel pour s’en aller rejoindre Max Sugar Blanck au bar Le Über sur la Promenade Fleury et on y retrouve Gaelle Buswel et Michaal Benjelloun venus soutenir leur compatriote qui se démène comme un beau diable tandis que les écrans de l’établissement retransmettent les épreuves de Beach Volley des Jeux Olympiques de Rio … Difficile concurrence que celles des fesses qui se remuent sur le sable chaud quand on se produit seul avec sa guitare dans un coin de salle sans vraiment de lumière et devant un public qui ne vient pas à un concert mais plutôt descendre quelques verres en subissant un peu ce qui se passe dans la salle. Avec beaucoup d’humour, Max s’efforcera de ramener tout le monde à sa musique et si ce n’est pas toujours chose évidente, au moins le jeune homme aura-t-il joué le jeu jusqu’au bout !      


Dimanche 14 aout 2016

Il était écrit que l’on ne se quitterait pas sous la pluie et après une journée fraiche et maussade, c’est un Parc Ahuntsic tout ensoleillé qui nous ouvre les bras en grand pour ce qui sera l’ultime soirée de ce 19ème FestiBlues International de Montréal. On Commence avec D-Track, un trio invité à nous proposer du Slam en Blues qui joue le jeu puisque l’un des deux MC porte un T-Shirt à l’effigie de B.B. King … Des platines et des machines, des titres qui tirent plus vers le hip-hop que vers le blues, c’est une entame de soirée un peu borderline que nous proposent les trois gars de Gatineau mais la mayonnaise prend rapidement et le public venu ce soir pour écouter du blues s’en accommode plutôt bien. De l’humour, parfois noir, avec des chansons qui parlent aussi bien de la mort que de Bridget Jones, une belle énergie et un slam à part entière avec en prime l’accent québécois qui séduit à coup sûr et une invitée spéciale arrivée de Paris sur un titre … il n’en fallait pas beaucoup plus pour que D-Track remporte la partie et que le groupe réussisse à faire chanter le public !

Dernière des trois formations françaises à se produire au FestiBlues cette année, le Gas Blues Band est sans doute ce que nous aurons eu de plus purement blues durant cette 19ème édition et si le quartet connait quelques petits problèmes d’ampli au démarrage, il rattrape très vite le train en marche et nous allume le feu avec son bon gros blues de Chicago qui en jette. Une paire de guitaristes des plus complémentaire, une section rythmique digne de la haute couture et la belle voix bien chaude et gravillonneuse de Gas taillée sur mesure pour faire passer chacun des morceaux pour un standard du blues, ceux qui attendaient un vent venu de la Windy City ne sont pas venus pour rien puisqu’il souffle, et fort en plus ! Pour cette formation parmi les plus capées de l’hexagone, l’enjeu est double ce soir puisque non contente de devoir convaincre le public du Parc Ahuntsic, elle devra aussi se faire remarquer par les différents acteurs du blues québécois pour espérer revenir au plus vite alimenter les programmations de tout ce que le pays compte de grands festivals. Et il faut bien avouer que Gas et son band ne ménagent pas leurs ardeurs pour en arriver à 45 minutes d’un show qui aura séduit tout le monde non seulement par sa solidité mais aussi par son feeling ! Les amateurs de guitares débordantes de génie en ont eu pour leur compte …      

L’heure est à la fête et au blues’n’roll circus puisque c’est désormais un habitué du FestiBlues qui monte sur les planches, le grand Jim Zeller, chanteur et harmoniciste entré dans la légende du blues québécois pour avoir croisé le fer avec les plus grands, de B.B. King à Robert Charlebois en passant par Bob Dylan, excusez du peu ! Avec ses blues qui sentent le rock et ses rocks qui goûtent le blues, Jim Zeller est un de ces artistes qui ne se posent jamais de question et qui montent leurs prestations jusqu’à la démesure pour mieux les faire exploser et en inonder tout un public qui en redemande depuis des décennies. Entouré d’une équipe de choc faire de routiers au long cours de la scène internationale, le showman n’aura ce soir encore qu’à dérouler ses standards pour littéralement retourner un Parc Ahuntsic qui ne demandait pas mieux que ce show bourré d’énergie et de savoir-faire, un de ces spectacles où l’on prend son souffle au début histoire d’être certain de tenir jusqu’à la fin. Des compositions et des relectures dans des versions très personnelles, c’est avec un sacré sens de la scène que Jim Zeller construit ses spectacles, en y mettant en plus une pointe de folie et beaucoup de cœur ! Pas étonnant qu’il soit un des musiciens les plus demandés tant au niveau national qu’international puisque l’on pourra le croiser en France à l’automne prochain … Amis Français, ne le ratez surtout pas !    

On attendait tous avec impatience le grand final avec Bob Walsh, grand bluesman québécois devant l’éternel, mais malheureusement de graves problèmes de santé l’ont conduit jusqu’à l’hôpital où il est encore alité ce soir, contraint d’être remplacé au pied levé par deux autres grands artistes, Sylvie Desgroseillers et Martin Goyette qui n’en est pas au son premier remplacement puisqu’il avait déjà suppléé à l’absence de Bob Walsh en France en novembre 2003, et déjà en compagnie de Guy Bélanger ! Si l’on connait donc l’aptitude des deux invités du soir à faire le job plus que convenablement, on ne manquera toutefois pas de souhaiter un prompt rétablissement à Bob Walsh, un artiste que nous avons eu l’honneur, le privilège et le plaisir de côtoyer à plusieurs reprises de ce côté-ci de l’Atlantique mais aussi du notre où sa musique est à chaque fois très appréciée. On pense très fort à toi Bob !
   
On ne présente plus Guy Bélanger, qui depuis plus de 40 ans écume les scènes seul mais aussi aux côtés de Bob Walsh justement, et qui fréquenta au sein du Delta Blues Band les Big Mama Thornton, James Cotton, Dutch Mason, Koko Taylor et autres Muddy Waters … Invité d’honneur de Céline Dion sur sa dernière tournée québécoise, cet enfant terrible lance ce soir la soirée avec un superbe « Before You Accuse Me » et enfonce très vite le clou en passant de compositions en reprises avec une réelle ingéniosité, revisitant au passage Maceo Parker à l’harmonica, ce qui n’est pas forcément chose évidente pour tout le monde. Soutenu à merveille par le pianiste et chef d’orchestre Jean-Fernand Girard à qui il cèdera bientôt la place pour un hommage à leur mentor, Guy Bélanger lancera la soirée de la plus belle des manières : la sienne !     

Un superbe et grand tour de piano plus tard, c’est à Sylvie Desgroseillers de venir nous faire son show sur quelques titres empreints de soul et de rhythm’n’blues qu’elle ponctue de sa voix riche et chaleureuse, nous délivrant au passage un splendide « Lonely Night In Georgia » à vous retourner le cœur et un non moins époustouflant « Hold On I’m Coming » emprunté à Sam & Dave … Ce sera ensuite à Martin Goyette de venir faire résonner sa grosse voix dans un parc qui exulte et qui s’amuse des facéties des deux harmonicistes qui se cherchent, se trouvent et se répondent à merveille. Deux générations de musiciens sur la même scène pour un hommage à Bob Walsh, c’est un plaisir qui ne se refuse pas et ceux qui étaient présents l’ont forcément apprécié ! Il faut dire que les orchestrations parfaites et les arrangements de cuivres qui habillaient le tout ont très largement contribué à la qualité de cette ultime soirée de ce qui restera dans les mémoires comme le dernier FestiBlues …

Nous avions coutume depuis onze ans de nous quitter sur des remerciements appuyés et de prendre rendez-vous pour l’année suivante … Les choses ont fait que nous devrons nous contenter de remerciements cette année, des remerciements aux cinq doux-dingues qui ont fait que ce grand évènement périphérique a duré pendant dix-neuf éditions et nous a permis de faire la connaissance de nombreux artistes d’abord ! Et puis des remerciements à tous ceux que nous avons croisé tout au long de ces multiples visites, des techniciens jusqu’aux bénévoles, des équipes professionnelles jusqu’aux cabochons, tous ces gens qui sont pour la plupart devenus des amis … Si on était fous et qu’on osait, on pourrait peut-être se dire … à l’année prochaine ? 

Fred Delforge – aout 2016