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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL - 19ème EDITION
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 15 août 2016
FESTIBLUES 2016
FESTIBLUES
INTERNATIONAL DE MONTREAL – 19ème EDITION
PARC AHUNTSIC –
MONTREAL (QUEBEC)
Du 11 au 14 aout 2016
http://www.festiblues.com
Onze éditions déjà que nous couvrons
le FestiBlues International de Montréal avec Zicazic, autant
dire que quand nous débarquons chaque année dans
le Parc Ahuntsic il est difficile de passer inaperçu, au
point que l’on se demande même si les
écureuils ne sentent pas notre présence tant ils
se montrent pressés de venir nous saluer … Les
retrouvailles sont comme toujours chaleureuses et si l’on
accueille chaque année de nouvelles têtes, les
anciens sont pour la plupart fidèles au poste et
à pied d’œuvre pour les quatre jours de
montage qui verront la scène se développer et
grandir au fil des heures. Ici, tout est grand, presque
démesuré, alors on se rend bien compte des
trésors d’ingéniosité
déployés par les équipes techniques et
leurs fidèles cabochons pour que tout soit prêt le
jeudi en fin d’après-midi …

Avant l’évènement …
Arrivés quelques jours en avance pour se remettre du
décalage et s’acclimater à la chaleur
ambiante, nous profiterons cette année de nos jours
« off » pour assister au montage bien entendu, mais
aussi pour découvrir deux animations sœurs qui se
déroulent dans la vieille ville : «
Montréal en Histoires » pour la partie diurne et
« Cité Mémoire » pour la
partie nocturne … Travail de longue haleine, les deux
projets sont réunis sur une seule et même
application à télécharger sur votre
smartphone ou sur votre tablette et c’est ledit instrument
à la main que vous partirez arpenter la vieille ville non
pas à la recherche de Pokémons mais bel et bien
à la découverte des différents points
d’intérêt, souvent méconnus,
d’une fière métropole qui
fêtera ses 375 ans en 2017.
«
Montréal en Histoires » vous proposera ainsi de
partir à la recherche de bornes interactives mais aussi de
spots en réalité augmentée au travers
de différents circuits de 30, 60 et 90 minutes durant
lesquels on marche de rue en rue tout en allant de
découverte en découverte. La Place Jacques
Cartier, La Presse ou encore le Collège de
Montréal sont autant d’endroits que l’on
entrevoit au travers de photos d’époques
adaptées et plus on avance dans la vieille ville, plus on se
prend à découvrir différents endroits
restés souvent méconnus que même les
guides touristiques omettent de faire visiter à leurs
clients. Que l’on suive les parcours thématiques
proposés ou que l’on se perde en ville, la
découverte et la bonne surprise sont toujours au coin de la
rue grâce à une application gratuite et
particulièrement bien préparée ! Il
vaut mieux cependant s’assurer de la pleine charge de son
mobile avant de partir, l’animation soutenue par un wifi
gratuit sur tout son parcours, se montrant quelque peu gourmande si on
choisit la version longue de la visite …

A la nuit tombée, on peut encore découvrir
différentes choses au même endroit puisque
« Cité Mémoire » illumine les
murs de la ville d’une petite vingtaine de tableaux dans
lesquels l’histoire se conjugue autant avec
gravité et sérieux qu’avec une pointe
d’humour et de second degré. En arrivant sur un
endroit disposant d’une animation, vous êtes
automatiquement remarqué par un détecteur de
présence et il ne vous reste plus qu’à
lancer, directement de votre mobile, l’animation qui dure de
quelques minutes à un petit quart d’heure. Le quai
des enfants trouvés, les bâtisseurs de ville,
l'incendie du Parlement de Montréal, la Babylone du Nord, le
train des enfants juifs, le premier bourreau, les
funérailles de Joe Beef, de Marie-Josèphe
à Jackie Robinson, la révolte des castors,
Maurice Richard déménage, le Ouimetoscope ou
encore Suzanne sont autant de bonnes occasions de se régaler
de pans entiers de l’histoire de la ville au travers de
sujets qui traitent de l’extermination des animaux
à fourrure, de l’homosexualité, de la
misère, des maisons closes, de la déportation et
de tant d’autre choses encore, graves ou plus
légères.

Prévoyez là aussi de bonnes chaussures et un peu
de temps car la beauté des images, la
réalité des mouvements, l’intelligence
du scenario et la force des commentaires font que l’on reste
un peu plus longtemps sur place pour mieux se laisser
imprégner de ces moments uniques et trop souvent
méconnus. 300 à 330 jours par an d’un
spectacle pharaonique que l’on visite à son propre
rythme et que le monde entier peut envier à la
Métropole québécoise, cela
méritait bien que l’on s’y attarde un
long moment !

Jeudi 11 aout 2016
Les derniers préparatifs filent bon train et à
l’heure dite, le 19ème FestiBlues International de
Montréal prend son envol sous un soleil de plomb qui
s’annonce profitable pour les ventes de boissons
fraîches !
La foule tarde un peu à arriver, comme toujours, mais la fin
de
soirée promet d’être intense puisque ce
soir
Jean-Pierre Ferland délaisse pour un temps une retraite dont
il
jouit depuis une dizaine d’années et vient en
ville pour
nous jouer le meilleur de ses chansons … Un
évènement rare qui attirera du monde,
c’est certain
!

C’est Life on Land qui va donc déposer les
premières notes de cette nouvelle édition et
c’est
entre pop folk et rock indie que les quatre jeunes
Montréalais
vont tenter de séduire une assistance pas
forcément venue
pour les voir se produire mais plutôt là pour se
garantir
une bonne place pour la fin de soirée. Une guitare et un
banjo,
un Weissenborn joué à l’occasion, des
pièces
originales mais aussi une reprise ingénieuse de «
St James
Infirmary », si Life on Land propose sa musique sur un ton
souvent empreint de mélancolie, le groupe
n’hésite
pas non plus de temps en temps à proposer un folk un peu
plus
festif voire même à aller faire un tour vers un
répertoire teinté d’influences
celtiques pour
tenter de dérider une assistance qui écoute, un
peu
amorphe et assommée par la chaleur, et qui applaudit
vigoureusement à chaque fin de morceau ! Une belle
découverte pour un lancement d’édition
réussi …
Découvert en 2014 sur la même scène du
FestiBlues,
Oliver Charles revient cette année pour y
présenter en
avant-première les chansons qui figureront sur son premier
album
annoncé pour l’automne. Biberonné au
folk et
à la chanson, le chanteur et guitariste qui ne rechigne pas
à se mettre à l’occasion au piano nous
embarque
dans le grand tour de sa musique et le fait plutôt bien en
servant des mélodies immédiates qui plaisent aux
filles
sans déplaire aux garçons. Le public qui affiche
en
moyenne deux générations de plus que
l’artiste
n’en perd pourtant pas une miette et salue comme il se doit
la
prestation d’un groupe qui fait preuve de beaucoup de
solidité et de maturité, emmené
qu’il est
par un leader au charisme impressionnant. Beaucoup de nouveaux titres,
dont un en Français pour attirer l’attention du
chaland,
une manière très ingénieuse de
communiquer avec
l’assistance et même de la faire participer,
à
n’en point douter Oliver Charles est un des grands artistes
québécois de demain
!

Ils sont originaires de Beauport, un des arrondissements de la ville de
Québec, mais on jurerait qu’ils
débarquent
fraichement de Londres tant leur son est inclassable et leur musique
empreinte d’originalité, sorte de croisement des
Beatles
et de Frank Zappa pour un résultat qui ressemble
à
s’y méprendre à un groupe de pop-folk
psychédélique rapporté par accident
des sixties.
Déjantés, délurés,
déstructurés, les morceaux proposés
par The
Seasons sortent très largement des sentiers battus et si
l’on marche au moins à trois encablures du blues,
il
n’en reste pas moins que le groupe qui a connu le
succès
dans toute l’Amérique du Nord mais aussi en Europe
avec
son premier album vient de confirmer au printemps dernier avec son
successeur qu’il effeuille allègrement ce soir.
Quelque
peu surpris, le public majoritairement venu pour Jean-Pierre Ferland
finit quand même par se joindre aux plus jeunes venus
spécialement pour ces cinq garçons dans le vent
et
applaudit comme il se doit une prestation posée en
équilibre entre la pop vintage et le rock de demain. Il
fallait
oser !

Nos amis québécois nous le présentent
comme un
artiste mythique, chanteur au long cours parti à la retraite
avant qu’il ne soit trop tard et
régulièrement
revenu vers le feu des projecteurs, que ce soit pour la radio
où
il a animé une émission hebdomadaire, pour la
télévision et l’émission
« La Voix
» (The Voice en Français) où il a
été
coach ou encore pour rejoindre sur scène son amie
Céline
Dion qui ne manque jamais de l’inviter dans les grandes
occasions
… A l’heure où l’on parle de
plus en plus
d’un nouvel album pour ce grand séducteur devant
l’éternel, il sort ce soir de sa
tanière et vient
auréoler ce 19ème FestiBlues de sa
présence, et
quand bien même il est au blues ce que la poutine est
à la
gastronomie, c’est un très grand honneur pour
l’organisation de compter un tel personnage dans sa
programmation
puisqu’il ne répond plus que très
rarement à
de telles invitations ! Le parc s’est garni pour
l’occasion
d’un nombreux public et personne ne doute que la fin de
soirée sera chaude, même si les fans de
l’artiste ne
sont plus pour la plupart d’entre eux de la
première
jeunesse. C’est aussi ça la magie de FestiBlues,
savoir
s’adresser à toutes les
générations et
à tous les publics !

De chansons tendres et romantiques en chansons plus
rythmées,
Jean-Pierre Ferland nous sort le grand jeu et quand bien même
il
joue par moment les divas en demandant un peu moins de piano, un peu
plus de voix ou je ne sais quoi encore, il réussit sans le
moindre mal à prendre le public dans ses bras et
à
l’emmener exactement où il le veut, plaisantant
sur la
date, sur sa supposée laideur à la naissance ou
encore
sur son premier joint offert par un de ses musiciens, interrompant les
morceaux au bout de trois strophes pour nous en présenter la
genèse ou simplement l’émailler
d’une
anecdote souvent croustillante … En face de lui, le public
reprend ses mots et chante à l’unisson
d’un artiste
qu’il apprécie à sa manière
mais aussi de
ses deux choristes, gourmandement et sans retenue … Du
«
Petit Roi » à « Quand on aime on a
toujours 20 ans
» ou à « Envoye à maison
» en passant
par ses plus grands succès, le Parc Ahuntsic
résonnera ce
soir des classiques de la chanson québécoise
pendant 90
minutes d’une communion entre un chansonnier et son public !

La journée a été longue et chaude et
on
délaissera ce soir les concerts dans les bars de la
Promenade
Fleury pour garder un peu d’énergie pour les trois
jours
qui viennent et qui promettent d’être intenses avec
une
programmation à la fois plus blues et plus jeune
…
Vendredi 12 aout 2016
Si l’on a perdu une dizaine de degrés depuis hier
soir et
que la journée a connu quelques grosses averses,
c’est le
cœur léger et confiants en la
météo que
l’on rejoint un Parc Ahuntsic dans lequel les
dernières
balances viennent de terminer à l’heure
où
l’on ouvre les portes … Ambiance bon enfant donc
aujourd’hui, avec un public plus jeune mais tout aussi
chaleureux
que celui d’hier, et si l’on hésite ce
soir à
s’asseoir à même la pelouse, ceux qui
sont venus
avec leurs chaises ne manqueront pas de passer une bonne
soirée
avec une fois encore quatre groupes à l’affiche et
de la
restauration de toute part !

Enfant du rockabilly, Matt Rock a grandi en écoutant les
titres
d’Elvis Presley mais s’est aussi laissé
tenter par
le son des Stray Cats. Passé par les jams du fameux Smoke
Meat
Pete alors qu’il n’était
qu’adolescent, le
chanteur et guitariste se fera une réputation jusque bien
plus
loin que son fief musical de l’Ile Perrot et c’est
en
ajoutant un peu de blues à sa musique qu’il
deviendra un
habitué du circuit blues québécois. La
voix rauque
et convaincante, la guitare affûtée, Matt Rock et
son band
au look de vieux briscards texans nous offrent en trio quelques belles
pépites, attaquant d’entrée de jeu avec
un superbe
« Before You Accuse Me » avant de poursuivre avec
un titre
de son idole, « Heartbreak Hotel », et de partir
tête
baissée dans un show beaucoup trop court au gout du public,
encore très maigre mais particulièrement
motivé
par la grosse baffe blues/rockab qui vient de lui être
assénée. Voilà un début de
soirée
pied au plancher qui ne va pas laisser de chance à ceux qui
vont
suivre, ce soir il faudra être bon pour survivre ! Et ce
n’est pas la petite averse qui vient de passer par
là qui
suffira à nous perturber …

On poursuit avec un Français, Max Sugar Blanck, artiste
révélation qui se produit en one man band et que
l’équipe de FestiBlues a
déniché lors du
Tremplin Blues-sur-Seine. Avec sa grande silhouette un peu
dégingandée et son look de gentil bad boy un peu
dandy,
le Strasbourgeois d’origine devenu un hobo des temps modernes
pour se poser à Toulouse puis désormais
à Paris
nous distille la guitare à la main et l’harmonica
à
la bouche un florilège de ses plus belles chansons, des
chansons
intelligentes dans lesquelles il évoque les
démons que le
ronge, ses vices mais aussi ceux des autres, les dépressions
qui
guettent chacun d’entre nous ou même la maladie
d’Alzheimer … En véritable shouter, cet
amoureux du
blues, du Mississippi et des gens qui ont construit cette musique dans
le Delta partage avec l’assistance ce qu’il a de
meilleur
en lui, l’âme d’un vagabond qui a les
pieds biens sur
terre, la philosophie d’un gosse un peu bohème qui
essaie
de croquer la vie à pleine et la voix chaude et
assurée
d’un artiste qui ne se prend pas au sérieux mais
qui donne
à chaque instant tout ce qu’il possède.
Tenir la
scène seul pendant près d’une heure
dans un tel
endroit n’est pas chose donnée à tout
le monde mais
comme disait le poète : « il est libre Max,
y’en a
même qui disent qu’ils l’ont vu voler
»
…

Ambiance plus rock, plus alternative et plus
psychédélique avec Philippe Brach, la
révélation de l’année au
dernier Gala de
l’ADISQ qui débarque au FestiBlues pour nous
présenter les titres de son deuxième album,
«
Portraits de famine » … Avec pour seul mot
d’ordre
la démesure et pour seule consigne la folie, le chanteur et
son
band de dingues s’étonnent un peu de se retrouver
à
l’affiche d’un festival apparenté au
blues et ne se
privent pas de s’en amuser en improvisant quelques hommages
à BB King ou même au blues dans son ensemble. Il
faut dire
qu’il a belle allure le quintet avec son leader en kimono
rouge,
en chaussettes et avec un masque de cyclope sur le visage pour lancer
le show … Quelques samples, parfois drôles,
quelques
chansons qui déménagent un peu plus que les
autres et qui
séduisent la gent féminine massée du
côté des gens qui assistent au spectacle debout,
des
hymnes que les fans reprennent à tue-tête, rien ne
manque,
pas même la démesure et surtout pas
l’autodérision. Imprévisible, jamais
avare
d’un bon mot et généreux dans sa
manière de
jouer, Philippe Brach fera plus que le job ce soir dans un Parc
Ahuntsic qui ne souffre plus de la pluie et qui voit
désormais
le public arriver, un peu tard certes, mais mieux vaut tard que jamais
!

Enfant d’Ahuntsic-Cartierville, transfuge de Karkwa avec qui
il a
commis quatre albums et connu un véritable
succès,
Louis-Jean Cormier a réalisé les premiers albums
de
divers artistes québécois parmi lesquels Lisa
LeBlanc,
avant d’accepter le rôle de coach pour une unique
saison
dans l’émission « La Voix » et
de remporter
divers prix avec son premier album personnel, « Le
treizième étage », dont le
Félix de
l'Auteur-Compositeur, de l’Album Rock et du Choix de la
Critique.
Véritable star adulée au Québec,
musicien en phase
de révélation en France, l’artiste du
cru revient
un an après son premier passage au FestiBlues pour y
enfoncer un
peu plus le clou qu’il avait déjà bien
engagé en 2015. Autant dire que la foule qui se presse
devant la
scène n’a d’yeux que pour lui et que
personne ne va
perdre la moindre miette de ce que Louis-Jean Cormier va nous donner ce
soir ! Il faut reconnaitre que le magnétisme qu’il
produit
auprès du public rock est tel que l’on ne met plus
un pied
devant les barrières qui le séparent de
l’assistance …

On reste donc dans un esprit jeune et dynamique et on
démarre
justement avec « Le treizième étage
» que
l’enfant du pays nous offre sur un plateau, repris en
chœur
par un Parc Ahuntsic qui exulte dès le premier morceau.
Ça plaisante, ça rigole mais ça joue
juste et
précis et on ne s’ennuie pas une seule seconde,
emmené dans le trip que Louis-Jean Cormier nous propose sans
en
avoir l’air, un voyage à travers des chansons qui
hésitent parfois un peu entre le folk et le rock, qui se
tissent
régulièrement d’alternatif et qui
plaisent
finalement aux gens parce qu’elles leur parlent vrai et
qu’elles les regardent droit dans les yeux. Charismatique et
décidé, Cormier nous sort le grand jeu,
présente
ses musiciens avec un trait d’humour pour chacun et reprend
la
route exactement comme il l’avait commencée,
navigant
à vue au travers de ses deux albums en s’assurant
que
personne ne reste sur le bord du chemin, par lassitude ou par
passivité, s’arrangeant toujours pour que la foule
participe, saute, crie ou simplement applaudisse … En 90
minutes
d’un spectacle équilibré et sans temps
mort,
Louis-Jean Cormier aura réussi à convaincre de
nouveaux
fans tout en comblant les plus anciens. Pari gagné pour le
FestiBlues qui s’en sort avec les honneurs malgré
un temps
pour le moins mitigé !

Samedi 13 aout 2016
La température est encore tombée d’un
cran et après une journée entière sous
la pluie on s’apprête à commencer la
troisième soirée de ce FestiBlues avec Crawdaddy
v 2.1 qui essuie une grosse averse dès le début
de sa prestation partagée entre blues et rock. Parti
à la relecture de quelques grands standards du blues et du
rock mais aussi de titres plus méconnus, le quartet
s’appuie sur un guitariste puissant et sur un chanteur qui
à l’occasion chausse le saxophone pour apporter
d’autres couleurs aux morceaux. Au bout de la route, le band
nous délivrera un show qui s’appuie sur le
passé mais qui s’ouvre en grand sur le futur avec
des arrangements très modernes et un son très
actuel. La pluie qui redouble d’intensité pendant
le concert déjà très bref ne nous
permettra pas d’aller trop longtemps à la chasse
aux images, dommage car vu du coin de la scène, le Crawdaddy
v 2.1 se démène et son chanteur joue la carte du
charisme pour la poignée de fans qui est restée
au contact ! Ça s’appelle être courageux
…

C’est au tour de la nouvelle fiancée de la
scène blues folk française de venir se produire
sur la belle scène du FestiBlues et si la pluie
n’en finit plus de nous tomber dessus, on fait contre fortune
bon cœur et on écoute le duo de Gaelle Buswel et
Michaal Benjelloun nous servir ses compositions et même nous
en dévoiler de nouvelles qu’ils partiront
enregistrer à Austin à partir de demain matin
à l’aube. Troisième album en vue donc
pour cette artiste toujours très positive qui affiche plus
de cinq centaines de concerts au compteur et qui se produit devant
cinquante personnes avec la même folie qu’elle le
faisait à Cahors le mois dernier devant quelques milliers de
spectateurs. L’assistance reprend ses refrains et succombe
sans la moindre retenue au charme de la blonde chanteuse et guitariste
qui n’en finit plus de se faire plaisir à donner
de l’amour à un public qui le mérite
vraiment et qui applaudit à tout rompre, même avec
un parapluie à la main ! Bête de scène
brillante et talentueuse accompagnée d’un
guitariste en tous points monstrueux de charisme et de technique,
Gaelle Buswel aura réussi à mettre le feu jusque
dans le cœur de l’équipe technique
massée sur le coin de la scène pour ne pas
manquer une seule note de la fin de son spectacle. On en aurait bien
pris un peu plus !

Martin Goyette fait maintenant son entrée sur la
scène Loto Québec et c’est une
énorme averse qui s’abat sur nous,
détrempant tout sur son passage et envahissant
jusqu’à la scène qui est dangereusement
inondée … Quelques morceaux pleins
d’énergie, fidèles à la
réputation de ce chanteur harmoniciste, bluesman
né qui se laisse parfois attirer par la soul ou encore le
funk, et il faudra se résoudre à interrompre le
concert un moment tant l’eau est présente sur les
planches, gênant pratiquement autant le groupe
qu’un public qui a vraiment du mérite de rester
là dans de telles conditions. Après une dizaine
de minutes de pause, Martin Goyette nous reviendra plus
déterminé que jamais avec une puissance
incroyable dans sa voix de shouter et un son d’harmonica qui
n’est pas sans rappeler les meilleurs artistes du
Mississippi. Quelques cadeaux à un public qui ne
démérite pas au travers de plusieurs titres que
le candidat de « La Voix » mettra sur son prochain
album et voilà un concert qui aura certes
été mouvementé mais qui aura tenu
toutes ses promesses, même les plus folles ! Pour
l’avoir découvert en France il y a près
de 15 ans alors qu’il remplaçait Bob Walsh au pied
levé en compagnie de Guy Bélanger, on constate
que Martin Goyette a pris une réelle envergure et
qu’il est devenu le grand artiste que l’on voyait
déjà en lui à
l’époque, et ce n’est pas cette
énorme version de « Nobody Knows You When
You’re Down And Out » servie en fin de set qui
pourra nous démentir …

Déjà passée sur a scène du
FestiBlues il y a quelques années, Ariane Moffatt
n’est plus une découverte pour personne puisque de
mémoire, Zicazic avait été le premier
media français à parler d’elle lors de
la sortie dans l’hexagone de son premier effort, ce qui nous
avait valu à l’époque quelques
remerciements appuyés. Devenue une star internationale,
incontournable de la scène chanson et pop francophone, celle
qui est aujourd’hui coach à « La Voix
» a désormais cinq albums à son actif
et c’est en vedette qu’elle revient dans un Parc
Ahuntsic détrempé et quelque peu tristounet tant
les spectateurs y sont disséminés, ne laissant
apparaitre qu’un long cortège de parapluies et de
ponchos … Un parc qui ne boudera pourtant pas son plaisir de
revoir cette boule d’énergie et de
sensibilité qu’est Ariane
Moffatt

La pluie a cessé pour un moment et c’est au son de
« 22h22 », du titre d’un de ses albums,
que la Québécoise va lancer son show, chaudement
emmitouflée dans une doudoune pas forcément
très esthétique pour la scène mais
sans nul doute très appropriée à la
température ce soir. A la tête de quelques
palettes de tubes, Ariane Moffatt n’aura pas grand mal
à faire danser son public, coincée
derrière son clavier, une guitare au tour du cou ou au
contraire arpentant la scène et laissant le soin
à son band de faire le travail, un band où
l’on retrouve un key-bassiste, un batteur et une
claviériste-machiniste. On en passe par des titres
incontournables comme « Je veux tout » ou
« Poussière d’ange » mais
aussi par des morceaux empreints d’electro, la chanteuse
s’offrant même un petit hommage à Bowie
en nous plaçant des bribes de « Let’s
Dance » sur un de ses morceaux ou reprenant dans une version
très futuriste le « In The Air Tonight »
de Phil Collins … Définitivement partie
après une dernière averse, la pluie ne reviendra
plus jusqu’à la fin d’un concert
à la fois intimiste et couronné de
succès, un de ces shows complètement à
la marge du blues, mais c’est aussi ça
l’intérêt de ces grosses
scènes à vocation populaire !

On quitte Ariane Moffatt pendant son rappel pour s’en aller
rejoindre Max Sugar Blanck au bar Le Über sur la Promenade
Fleury et on y retrouve Gaelle Buswel et Michaal Benjelloun venus
soutenir leur compatriote qui se démène comme un
beau diable tandis que les écrans de
l’établissement retransmettent les
épreuves de Beach Volley des Jeux Olympiques de Rio
… Difficile concurrence que celles des fesses qui se remuent
sur le sable chaud quand on se produit seul avec sa guitare dans un
coin de salle sans vraiment de lumière et devant un public
qui ne vient pas à un concert mais plutôt
descendre quelques verres en subissant un peu ce qui se passe dans la
salle. Avec beaucoup d’humour, Max s’efforcera de
ramener tout le monde à sa musique et si ce n’est
pas toujours chose évidente, au moins le jeune homme
aura-t-il joué le jeu jusqu’au bout
!

Dimanche 14 aout 2016
Il était écrit que l’on ne se
quitterait pas sous la pluie et après une journée
fraiche et maussade, c’est un Parc Ahuntsic tout
ensoleillé qui nous ouvre les bras en grand pour ce qui sera
l’ultime soirée de ce 19ème FestiBlues
International de Montréal. On Commence avec D-Track, un trio
invité à nous proposer du Slam en Blues qui joue
le jeu puisque l’un des deux MC porte un T-Shirt à
l’effigie de B.B. King … Des platines et des
machines, des titres qui tirent plus vers le hip-hop que vers le blues,
c’est une entame de soirée un peu borderline que
nous proposent les trois gars de Gatineau mais la mayonnaise prend
rapidement et le public venu ce soir pour écouter du blues
s’en accommode plutôt bien. De l’humour,
parfois noir, avec des chansons qui parlent aussi bien de la mort que
de Bridget Jones, une belle énergie et un slam à
part entière avec en prime l’accent
québécois qui séduit à coup
sûr et une invitée spéciale
arrivée de Paris sur un titre … il n’en
fallait pas beaucoup plus pour que D-Track remporte la partie et que le
groupe réussisse à faire chanter le public !

Dernière des trois formations françaises
à se produire au FestiBlues cette année, le Gas
Blues Band est sans doute ce que nous aurons eu de plus purement blues
durant cette 19ème édition et si le quartet
connait quelques petits problèmes d’ampli au
démarrage, il rattrape très vite le train en
marche et nous allume le feu avec son bon gros blues de Chicago qui en
jette. Une paire de guitaristes des plus complémentaire, une
section rythmique digne de la haute couture et la belle voix bien
chaude et gravillonneuse de Gas taillée sur mesure pour
faire passer chacun des morceaux pour un standard du blues, ceux qui
attendaient un vent venu de la Windy City ne sont pas venus pour rien
puisqu’il souffle, et fort en plus ! Pour cette formation
parmi les plus capées de l’hexagone,
l’enjeu est double ce soir puisque non contente de devoir
convaincre le public du Parc Ahuntsic, elle devra aussi se faire
remarquer par les différents acteurs du blues
québécois pour espérer revenir au plus
vite alimenter les programmations de tout ce que le pays compte de
grands festivals. Et il faut bien avouer que Gas et son band ne
ménagent pas leurs ardeurs pour en arriver à 45
minutes d’un show qui aura séduit tout le monde
non seulement par sa solidité mais aussi par son feeling !
Les amateurs de guitares débordantes de génie en
ont eu pour leur compte
…

L’heure est à la fête et au
blues’n’roll circus puisque c’est
désormais un habitué du FestiBlues qui monte sur
les planches, le grand Jim Zeller, chanteur et harmoniciste
entré dans la légende du blues
québécois pour avoir croisé le fer
avec les plus grands, de B.B. King à Robert Charlebois en
passant par Bob Dylan, excusez du peu ! Avec ses blues qui sentent le
rock et ses rocks qui goûtent le blues, Jim Zeller est un de
ces artistes qui ne se posent jamais de question et qui montent leurs
prestations jusqu’à la démesure pour
mieux les faire exploser et en inonder tout un public qui en redemande
depuis des décennies. Entouré d’une
équipe de choc faire de routiers au long cours de la
scène internationale, le showman n’aura ce soir
encore qu’à dérouler ses standards pour
littéralement retourner un Parc Ahuntsic qui ne demandait
pas mieux que ce show bourré d’énergie
et de savoir-faire, un de ces spectacles où l’on
prend son souffle au début histoire
d’être certain de tenir
jusqu’à la fin. Des compositions et des relectures
dans des versions très personnelles, c’est avec un
sacré sens de la scène que Jim Zeller construit
ses spectacles, en y mettant en plus une pointe de folie et beaucoup de
cœur ! Pas étonnant qu’il soit un des
musiciens les plus demandés tant au niveau national
qu’international puisque l’on pourra le croiser en
France à l’automne prochain … Amis
Français, ne le ratez surtout pas
!

On attendait tous avec impatience le grand final avec Bob Walsh, grand
bluesman québécois devant
l’éternel, mais malheureusement de graves
problèmes de santé l’ont conduit
jusqu’à l’hôpital
où il est encore alité ce soir, contraint
d’être remplacé au pied levé
par deux autres grands artistes, Sylvie Desgroseillers et Martin
Goyette qui n’en est pas au son premier remplacement
puisqu’il avait déjà
suppléé à l’absence de Bob
Walsh en France en novembre 2003, et déjà en
compagnie de Guy Bélanger ! Si l’on connait donc
l’aptitude des deux invités du soir à
faire le job plus que convenablement, on ne manquera toutefois pas de
souhaiter un prompt rétablissement à Bob Walsh,
un artiste que nous avons eu l’honneur, le
privilège et le plaisir de côtoyer à
plusieurs reprises de ce côté-ci de
l’Atlantique mais aussi du notre où sa musique est
à chaque fois très
appréciée. On pense très fort
à toi Bob !
On ne présente plus Guy Bélanger, qui depuis plus
de 40 ans écume les scènes seul mais aussi aux
côtés de Bob Walsh justement, et qui
fréquenta au sein du Delta Blues Band les Big Mama Thornton,
James Cotton, Dutch Mason, Koko Taylor et autres Muddy Waters
… Invité d’honneur de Céline
Dion sur sa dernière tournée
québécoise, cet enfant terrible lance ce soir la
soirée avec un superbe « Before You Accuse Me
» et enfonce très vite le clou en passant de
compositions en reprises avec une réelle
ingéniosité, revisitant au passage Maceo Parker
à l’harmonica, ce qui n’est pas
forcément chose évidente pour tout le monde.
Soutenu à merveille par le pianiste et chef
d’orchestre Jean-Fernand Girard à qui il
cèdera bientôt la place pour un hommage
à leur mentor, Guy Bélanger lancera la
soirée de la plus belle des manières : la sienne
!

Un superbe et grand tour de piano plus tard, c’est
à Sylvie Desgroseillers de venir nous faire son show sur
quelques titres empreints de soul et de
rhythm’n’blues qu’elle ponctue de sa voix
riche et chaleureuse, nous délivrant au passage un splendide
« Lonely Night In Georgia » à vous
retourner le cœur et un non moins époustouflant
« Hold On I’m Coming »
emprunté à Sam & Dave … Ce
sera ensuite à Martin Goyette de venir faire
résonner sa grosse voix dans un parc qui exulte et qui
s’amuse des facéties des deux harmonicistes qui se
cherchent, se trouvent et se répondent à
merveille. Deux générations de musiciens sur la
même scène pour un hommage à Bob Walsh,
c’est un plaisir qui ne se refuse pas et ceux qui
étaient présents l’ont
forcément apprécié ! Il faut dire que
les orchestrations parfaites et les arrangements de cuivres qui
habillaient le tout ont très largement contribué
à la qualité de cette ultime soirée de
ce qui restera dans les mémoires comme le dernier FestiBlues
…

Nous avions coutume depuis onze ans de nous quitter sur des
remerciements appuyés et de prendre rendez-vous pour
l’année suivante … Les choses ont fait
que nous devrons nous contenter de remerciements cette
année, des remerciements aux cinq doux-dingues qui ont fait
que ce grand évènement
périphérique a duré pendant dix-neuf
éditions et nous a permis de faire la connaissance de
nombreux artistes d’abord ! Et puis des remerciements
à tous ceux que nous avons croisé tout au long de
ces multiples visites, des techniciens jusqu’aux
bénévoles, des équipes
professionnelles jusqu’aux cabochons, tous ces gens qui sont
pour la plupart devenus des amis … Si on était
fous et qu’on osait, on pourrait peut-être se dire
… à l’année prochaine
?
Fred Delforge
– aout 2016

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