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GRAND BLANC au FORUM DES HALLES (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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vendredi, 29 juillet 2016
GRAND
BLANC
UNEXPECTED FESTIVAL
FORUM DES HALLES
– PARIS (75)
Le 11 juin 2016
https://grandblanc.bandcamp.com/
Autre surprise de l'Unexpected Festival, le quatuor de Reims, Grand
Blanc, qui fit grande impression sous la Canopée des Halles
et qui s’avère être un groupe au
caractère effronté et frondeur sur qui la
scène française devra désormais
compter. De l'analogique et du digital, certes, mais qui navigue entre
le clair et l'obscur et rend Grand Blanc relativement
intéressant. Si ce ne sont les singles distillés
à discrétion sur deux ans, comme autant d'indices
à creuser pour remonter la filiation à des
figures tutélaires du rock, le groupe apparaissant comme un
fruit isolé, poussé seul au milieu de la
plantation. Avec son premier album, « Mémoires
Vives », Grand Blanc confirme l'idée qu'il n'est
pas seulement un phénomène mais s'assure un bel
avenir devant lui.
C'est dans l'obscurité de cette atmosphère
qu'avance Grand Blanc, et d'un morceau à l'autre il n'est
pas certain que la lumière soit, mais on prend
goût à tâtonner dans cette noirceur les
textures des idées qui y sont nées et y
grandissent. Des cascades de synthés, des voix
entremêlées, exploitent une
réalité brutale avec une
vérité qui en devient troublante. À
tel point que le chaos semble parfois prendre le pas sur le reste, mais
c'est avec un plaisir étrange que l'on plonge dans
l'abîme, les oreilles en avant, et tout ce qui suit n'est que
perdition volontaire. Aussi joyeux que Joy Division, Grand Blanc
s'inscrit dans le sillon de la coldwave en frayant
allègrement avec l'electro.
La plume est de qualité et subtile, mais
l'interprétation des mots peut s'avérer brutale.
La reste est simple : écriture hachée en
Français et beats minimalistes vissés sur
d'âpres riffs de guitare, alternant les voix de Camille
Delvecchio et Benoît David, pour se rapprocher
inévitablement d'un son postpunk, ou synthrock glacial pour
être plus juste. C'est quand même assez
barré et ça fait plaisir à entendre.
Grand Blanc évoque les nuits froides de Lorraine
(« Samedi la Nuit »), les voyous urbains
(« Petites Frappes »), l'ennui et le grand vide
(« Degré Zéro ») comme autant
de témoignages bruts de provinciaux
désabusés à l'avenir incertain.
Quelques mots d'amour (« L’Amour Fou »,
« Tendresse »), certes, mais fortement
désenchantés. « Bosphore »
est tout bonnement magnifique et certainement le mieux écrit
pour moi. Son final apocalyptique est une pièce
maîtresse qui résume, à lui seul,
l'esprit du groupe. C'est assurément sombre, mais leur
prestation scénique, tout en puissance est bien
carrée, est sacrément bien pensée,
malgré le peu de jeux de lumière de cette
scène, et qui font d' habitude partie
intégrante de leur show.
C'est un groupe décomplexé que nous voyons, tout
en assurance, et le public qui leur est acquis suit au taquet. Alors
n’hésitez pas, la prochaine fois et
près de chez vous, à assister à
l’une de leurs performances.
Fred Hamelin –
juillet 2016
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