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CAHORS BLUES FESTIVAL 2016 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 18 juillet 2016
 

Cahors Blues Festival 2016 CAHORS BLUES FESTIVAL
ESPACE BESSIERES – CAHORS (46)
Du 12 au 16 juillet 2016

http://www.cahorsbluesfestival.com  

C’est sous un ciel un peu tristounet que le Cahors Blues Festival démarre cette année mais si le soleil n’a pas choisi d’être de la partie, il n’en reste pas moins que la température est plus que correcte et que la pluie a choisi de rester à l’intérieur des nuages. Bien lui en a pris car il y aura du monde dès la première heure aujourd’hui dans le Village du Blues et à l’espace Gérard Tertre où notre amie et collègue Sylvie Bosc expose ses clichés rapportés du Mississippi et où l’on diffuse le film d’Etienne Mortini ! C’est donc parti et même bien parti pour cinq jours de festival …
   
Mardi 12 juillet 2016 :

C’est un tout nouvel exercice qui s’ouvre à nous cette année puisque un jury professionnel va être appelé à choisir parmi cinq candidats celui ou ceux qui iront se produire dans leur salle ou leur festival l’année prochaine … On y trouve donc des représentants du réseau All That Jazz, du Frederikshavn Blues Festival au Danemark, du Eutin BluesFest en Allemagne, du Sierre Blues Festival en Suisse, du Festival de Trois Rivières au Québec, du Billy Bob’s Disney Village, de l’European Blues Cruise, de France Blues et bien évidemment du Cahors Blues Festival qui est représenté par Michael ‘‘Hawkeye’’ Herman, président du jury !

Parmi les cinq groupes en démonstration dans ce Mississippi Blues Trail Challenge, on reconnaîtra le duo helvétique The Two, Kathy Boyé & DTG, Thomas Schoeffler Jr, Jake Calypso & Archie Lee Hooker et enfin le trio Black Cat Bones, chacun étant invité à proposer une trentaine de minutes de musique parmi laquelle il y a une figure imposée, les formations devant interpréter deux titres dans un format « Delta Blues », une consigne qui ne sera pas forcément respectée d’ailleurs … On ne détaillera pas la prestation des uns et des autres ici mais il est à signaler que chacun aura fait son « marché » et que cette première édition du Challenge aura permis à différents groupes de trouver des dates en dehors de leurs terres pour commencer à conquérir l’Europe et même l’Amérique !

Le temps d’un apéritif entre amis et nous nous retrouverons déjà devant la grande scène du Cahors Festival pour y découvrir les deux têtes d’affiche du soir, à commencer par l’excellentissime Shakura S’Aida, marraine du festival pour la deuxième année consécutive. Au programme, un bon blues plein de charisme et d’entrain que la belle Américaine qui réside au Canada nous distillera dans un mélange de classe et de provocation, Shakura n’hésitant jamais à s’imposer sur le devant de la scène pour faire passer au public son amour de la musique en général et sa grande passion pour le blues. Véritable entertainer portée par un groupe on ne peut plus carré, cette grande dame du blues nous aura ce soir permis de vibrer à l’unisson de son aura grâce à son talent et à sa générosité. Merci !

Le temps de changer le plateau et voilà déjà Vintage Trouble qui s’y colle … Que dire du show des Californiens qui n’ait déjà été dit ? Dynamique, explosif, dans la lignée de la soul et du rhythm’n’blues de James Brown mais avec une énergie dans le genre de Motörhead pour qui ils ont assuré la première partie d’une tournée … Du grand art donc, mais avec malheureusement une attitude de trous du cul qui pousse leur entourage à les prendre pour des stars et à se comporter comme des gougnafiers qui n’ont aucune décence et pas une simple once de politesse ! On retiendra dons un incroyable talent et une énergie folle, un charisme incroyable, le tout malheureusement un peu entaché par un entourage comme souvent pas à la hauteur. Etre une star, c’est aussi savoir s’entourer des bonnes personnes et dans ce cas précis, c’est raté ! Dommage car il y avait matière à se régaler ce soir !
(NDLR : cette réaction épidermique n’engage bien évidemment que moi seul et ne change en rien la très grande qualité de la prestation du groupe Vintage Trouble et son extrême gentillesse, tout comme celle de son management américain qui a été d’une totale exemplarité et qui a même spontanément accepté que le groupe accueille une invitée en fin de set, ce qui n’est jamais simple ! Je regrette juste qu’un des techniciens qui accompagne le groupe ne soit pas capable de maitriser son stress et ses émotions et qu’il se comporte de la manière évoquée un peu plus haut. Nous sommes tout comme lui des professionnels qui donnons notre temps et notre passion à la musique et à ce titre, nous méritons je pense le même respect. Ceci se devait d’être souligné et si j’ai pu blesser le groupe ou ses proches, je leur prie de bien vouloir m’en excuser. Pour mise au point définitive – Fred Delforge / Zicazic)

Mercredi 13 juillet :

La journée qui promettait d’être belle démarre pourtant par une grosse averse à l’heure où l’on ouvre le Village du Blues … Un bon point pour l’exposition photo de Sylvie et le film d’Etienne qui connaissent du même coup une affluence record qui amène par la même occasion divers commentaires très positifs sur la qualité du travail réalisé ! C’est pour le moins encourageant et nombre de personnes montrent au passage leur intérêt pour le Mississippi et soulignent leur désir de s’y rendre un jour …

Le soleil revient bientôt et on accueille cet après-midi un exercice un peu particulier puisque ce sont les élèves de la master class du Cahors Blues Festival qui viennent nous montrer ce que trois grands artistes leur ont appris en seulement deux jours et demi de travail. Aux commandes de cet évènement pédagogique et convivial, on trouvait Kathy Boyé pour le chant mais aussi Mister Tchang et Michael ‘‘Hawkeye’’ Herman pour la guitare et ce sont un peu moins de trente élèves de tous âges et de tous horizons qui ont profité des conseils éclairés de ces grands professionnels pleins d’expérience. Un moment inoubliable pour tous si l’on en croit leurs sourires !

La restitution sera ainsi l’occasion d’entendre les premiers pas sur scène de guitaristes parfois très jeunes mais toujours très motivés et de remarquer le très grand travail vocal mené par Kathy qui a conduit chanteurs et chanteuses à nous offrir quelques standards du blues et du gospel d’une façon admirable. Quand on voit en prime que la place a fait le plein et qu’on peine à faire trois pas sous le grand velum qui protège l’assistance du soleil (et parfois de la pluie), on se dit que le pari de l’organisation est gagné et que le Cahors Blues Festival est en train de prendre une nouvelle envergure 35 ans après sa création !

A la suite de la master class, ce sont ceux qui l’ont animée qui nous offriront leur spectacle avec pour commencer Michael ‘‘Hawkeye’’ Herman qui nous proposera un voyage au cœur des musiques américaines, bientôt rejoint par Mister Tchang, le pianiste Daniel Stec et Kathy Boyé pour une fin d’après-midi pleine de joie de vivre mais aussi d’émotion qu’il ne fallait surtout pas manquer ! Le public, toujours aussi dense en cette veille de jour férié, n’en finira plus d’applaudir et d’ovationner mais aussi de participer en chantant, en tapant dans ses mains et en montrant son plaisir d’être là. On n’avait pas vu ça depuis bien longtemps dans le Village du Blues !

Les animations dans la ville de Cahors le 13 juillet ne sont pas compatibles avec des concerts à Bessières et c’est donc ce soir le Blues dans la Ville qui sera mis à l’honneur avec une douzaine de restaurants qui accueillent des concerts un peu partout le long du Boulevard, fermé à la circulation pour l’occasion, mais aussi près du Marché … Deux options se présentent lors de ces soirées, soit on fait le grand tour des bars, soit on se pose et on mange quelque part. Nous jetterons pour notre part notre dévolu sur le Coin des Halles où devaient se produire Only Cigar Box qui, suite à un souci matériel, a finalement cédé sa place à une énorme soirée réunissant Kathy Boyé et ses musiciens, Shakura S’Aida et ses musiciens et enfin Michael ‘‘Hawkeye’’ Herman qui viendra se greffer aux groupes pour quelques titres, tout comme quelques invités qui passaient par là au bon moment …

Une soirée pleine de bonnes vibrations donc, avec du blues mais aussi du rock, le tout dans un endroit des plus sympas avec un patron avenant et plein d’humour et une équipe de serveurs pleine de gentillesse et d’amabilité et avec en prime une formule spéciale à un prix raisonnable et d’une qualité exceptionnelle … Pas étonnant dès lors que la foule des grands soir s’y soit pressée pour découvrir des choses magnifiques dans un décor champêtre roots où les bottes de pailles s’entassent autour des artistes et servent à l’occasion de banquette au public. Le public de Cahors vit cette année un début de festival exceptionnel et on compte bien que la suite soit tirée de la même veine ! L’affiche de cette cuvée 2016 va de toute façon dans ce sens …

Jeudi 14 juillet 2016 :

La journée promet d’être merveilleuse puisque sur les coups de midi, nous retrouvons Jacques Morgantini, cheville ouvrière de l’Histoire du Blues en France et dans le Monde, qui se promène discrètement dans le Village du Blues. Quelques accolades et quelques premiers échanges et c’est finalement à ses côtés et à ceux de Jean-Marie Monestier que nous déjeunerons avant de prendre place dans la Limousine du festival pilotée par notre ami Gérard Faber pour nous rendre auprès du Marker de la Mississippi Blues Trail sur lequel leurs deux noms figurent ! Un grand moment d’histoire partagé avec de grands hommes sans qui la saveur du blues dans l’hexagone ne serait pas tout à fait la même …

On retrouve bientôt Bessières où nous attend Delgres, un groupe qui puise ses origines entre le blues de la Nouvelle Orleans et celui de la Guadeloupe qui lui a au passage offert son nom, emprunté à une figure de la lutte contre l’esclavage. Formation atypique qui a su remplacer la basse par le tuba sousaphone, Delgres nous offre un blues sans concession qui papillonne parfois du côté de la langue Créole, un point commun à ses deux terres d’origine. Le très nombreux public du Cahors Blues Festival semble instantanément conquis et c’est un véritable succès que connaissent les trois artistes qui nous proposent à l’heure du thé un moment empreint de chaleur et de convivialité que l’on regretterait très sincèrement d’avoir manqué !     
                
Second à se produire sur la scène du Village, Selwyn Birchwood va lui aussi nous emplir de bonheur grâce à un jeu fin, précis, et fortement empreint de groove ! Il y aura bien quelques intégristes pour se plaindre de la teneur blues du projet, peut-être trop soul ou funky à leur goût, mais comment contester la légitimité du gagnant de l’International Blues Challenge en 2013, signé qui plus est chez Alligator Records ? On prendra donc la musique des Américains comme elle nous est offerte, avec beaucoup de classe et surtout beaucoup de talent, et on fera comme le public qui inonde littéralement la place devant la scène en dansant, criant et invectivant un artiste qui aura même beaucoup de mal à s’arrêter quand l’heure de le faire sera venue … Un sacré personnage !

Le temps de se rassasier et nous voilà déjà devant la grande scène où nous attendent JC Brooks & The Uptown Sound, un groupe de Chicago qui s’inscrit dans le revival soul actuel et qui ne manque pas une occasion de faire groover et vibrer un public de plus en plus nombreux à le suivre. Revendiquant des influences aussi diverses que Booker T., Living Colour, Bad Brains et David Bowie, les Américains jouent à fond la carte de la fusion et de la mixité, quitte à déplaire à certains parfois. Sur scène, ça déménage et JC Brooks ne manque pas de faire des gimmicks devant une assistance conquise qui peut pratiquement le toucher grâce à l’avancée de scène qui permet aux groupes d’aller au plus près du public. La  nuit qui tombe tranquillement ouvre le bal d’un light show au top et c’est un véritable régal auditif mais aussi visuel qui s’offrira finalement à tous grâce à une scène de toute beauté. Un grand bravo à la technique !     

Ils sont nombreux à être venus pour toucher la légende Taj Mahal du doigt et c’est assis au milieu de ses nombreuses guitares que l’artiste entre en scène. Ce grand musicien natif de Harlem mais originaire des Caraïbes s’adresse à l’assistance par quelques mots de Français et commence son show en nous faisant voyager un peu partout où son blues le mène, le teintant tantôt de jazz, de folk, de racines africaines ou encore de sonorités caribéennes. Assis confortablement en première classe, le public profite des services de la compagnie Air Taj Mahal pour le grand tour du monde qui lui est proposé et c’est littéralement séduit que chacun pourra noter un détail, une intonation, la petite note ou au contraire le silence qui fait que chaque morceau flirte avec une absolue perfection. On est ce soir dans une configuration des plus luxueuses au Cahors Blues Festival et le nombreux public ne boude pas son plaisir d’avoir droit à une telle programmation !

C’est en apprenant que Nice a été victime d’un odieux attentat et en découvrant que le nombre des victimes ne cesse de grimper que nous quitterons finalement l’Espace Bessières après des concerts qui laisseront dans la tête comme un arrière-gout de revenez-y … Puisse la musique l’emporter un jour sur la folie des hommes !

Vendredi 15 juillet 2016 :

La France se réveille avec la gueule de bois mais comme on dit … Show Must Go On ! Alors on se retrouve en début d’après-midi à l’auditorium non loin de l’Espace Bessières pour y assister à quelque chose d’exceptionnel, une conférence animée par le grand Jacques Morgantini venu nous raconter sa rencontre avec le blues, ses démarches pour faire venir dans notre pays les premiers bluesmen américains et pour les enregistrer afin d’être certain que la mémoire de ces immenses musiciens reste permanente. Ponctuée d’anecdotes croustillantes et de bons mots, la présentation de l’œuvre de ce Père du Blues en France se retrouve également dans le double DVD réalisé par Jacques Gasser que la salle, plus que copieusement garnie, s’arrachera littéralement à la fin de la conférence !

On se plaint souvent qu’en France le Blues soit à la marge … Il suffisait aujourd’hui encore de regarder la fréquentation du Cahors Blues Festival pour comprendre que les choses s’inversent et que le gros millier de spectateurs venu acclamer les Travellin' Brothers n’était pas là par hasard ! Bravant la psychose qui s’installe en France, ils sont venus faire la fête avec un groupe basque, vainqueur de l’European Blues Challenge en 2015 et finaliste à l’International Blues Challenge la même année, un groupe qui attaque traditionnellement en acoustique, à l’image des groupes de rue de Louisiane, et qui monte ensuite en intensité jusqu’à une explosion finale. Festifs, les Espagnols le sont et leur frontman n’hésite jamais à se laisser emporter, arpentant la foule, serrant des mains, embrassant des inconnus tandis que sur scène, ses Frères mettent le feu. Un hommage aux victimes de Nice, un long voyage le long du Mississippi … Cet après-midi, il y avait un peu de New Orleans à Cahors !

Le temps de se restaurer et de laisser les gens franchir la sécurité et nous serons très vite devant la belle et grande scène du festival qui accueille un duo d’une rare subtilité, celui formé par Eric Bibb et par Jean-Jacques Milteau … Accompagnés de Gilles Michel à la basse acoustique et de Larry Crockett à la batterie, les deux grands hommes nous entrainent dans une relecture commune mais aussi dans un hommage appuyé à l’œuvre de Leadbelly et le font avec tout le talent et toute la classe qu’on leur connait. L’esthète Eric Bibb installe une toile de fond délicate à force de guitares et de voix, l’historien Jean-Jacques Milteau y pose ses détails passionnants en ponctuant le tout de ses harmonicas et de ses anecdotes et c’est finalement un tableau peint avec le cœur et l’âme qui nait de leur association, un tableau où l’on n’hésite pas à laisser entrer une valse … mais toujours à la manière folk-blues qui était celle de Leadbelly ! Acclamés dans tout l’hexagone depuis un an, Eric Bibb et Jean-Jacques Milteau feront encore l’unanimité ce soir …

L’entracte sera ce soir l’occasion de rendre un hommage à différentes personnalités qui œuvrent en faveur du blues dans notre pays. A l’instar de la Blues Foundation à Memphis avec ses Keeping The Blues Alive Awards et de l’European Blues Union avec ses Blues Behind The Scenes Awards, la France se dote aujourd’hui et pour la première fois de récompenses blues qui saluent les acteurs de l’ombre, véritables chevilles ouvrières d’un genre qui, sans elles, n’aurait sans doute pas la même aura dans notre pays. On retiendra donc de la promotion 2016 que les trois premiers Lauréats France Blues sont Marc Loison, animateur de l’émission Sweet Home Chicago sur Radio 666 Caen, qui fêtera bientôt un tiers de siècle de radio et un premier millier d’émissions ; Blues Magazine représenté par Christian Le Morvan qui, soutenu à son origine par Luther Allison, fête cette année ses 20 ans et son 80ème numéro, toujours dans un format original mais désormais en couleur et vendu en kiosques ; et enfin Jacques Morgantini qui, du haut de ses 92 ans, continue à faire vivre le blues après avoir été le premier à le faire connaitre en France. On soulignera que le même Jacques Morgantini sera également honoré par le Prix du Cahors Blues Festival, remis lui aussi pour la première fois cette année, et recevra à ce titre un vinyle collector marqué de son nom sur lequel les huit têtes d’affiche de cette édition sont réunies !

On retournera finalement à la musique avec le dernier concert de cette avant dernière soirée du festival, une grosse baffe donnée par le colossal Sugaray qui, après nous avoir demandé d’observer un moment de silence en mémoire des victimes de Nice, nous enverra un gros show plein d’énergie et de puissance mais aussi de délicatesse comme il sait si bien nous les proposer. Des déluges de décibels aux passages bien plus fins, Sugaray et son band nous transportent dans leur monde avec leur feeling et leur groove, n’abandonnant jamais l’idée de mettre du rock dans le blues mais aussi de la soul dans le rock et nous proposant à la fin de la route une prestation universelle qui passe par Chicago et par New Orleans mais aussi par le Texas dont le chanteur est originaire. De longues promenades sur l’avancée de scène qui le conduit jusqu’à la foule, quelques mots de Français lancés à bon escient et surtout un groupe porté par l’autre colosse de la bande, le guitariste Gino Matteo, mais aussi par le Frenchy Cedric Le Goff aux claviers et enfin par une paire de cuivres, il ne manquera rien à cette prestation enlevée et débordante de saveur à laquelle chacun dans l’’assistance aura adhéré sans réserve !

Difficile de quitter l’Espace Bessières sans saluer une dernière fois les amis qui nous quittent pour rentrer les uns vers le Danemark, les autres vers les Etats Unis ou plus simplement vers Paris où les attendent d’autres activités, d’autres festivals. Pour l’heure, on ne se soucie plus trop d’une planète qui marche sur la tête et on profite encore un peu du moment de liesse qui nous a été offert avant de replonger dans une réalité qui nous apprend que nombre d’évènements culturels en France viennent d’être annulés mais aussi que la Turquie est en proie au chaos avec des militaires qui tentent un coup d’état et un président qui fait bombarder le parlement … Quel monde laisserons nous finalement derrière nous ? Celui d’une musique qui en appelle à la paix ou celui des hommes qui ne parviennent plus vraiment à la conserver ?   

Samedi 16 juillet 2016 :

C’est déjà l’ultime journée de ce 35ème Cahors Blues Festival et il règne dès la fin de la matinée comme une atmosphère étrange de fin de fête avec un mélange de bonne humeur et de spleen … On salue ceux qui repartent un peu avant la fin, on se remémore les bons moments en se disant que demain, tout le monde sera sur la route, on se conforte dans l’idée que Cahors sans Le Méphisto n’est plus vraiment Cahors, même si le festival par lui-même a été un des meilleurs depuis des années … On regarde une dernière fois les photos de Sylvie, le film d’Etienne, on prend un dernier apéritif avec les Showtime Riders qui ont fait un travail phénoménal et finalement, on se retrouve sous le velum juste à temps pour le dernier concert sur la scène du Village !

Sofaï a un tout nouvel album à présenter et elle ne va pas se priver de le faire devant une assistance qui apprécie autant son côté rock que son côté blues. Toujours bien entourée, la chanteuse et guitariste n’a pas besoin de se forcer pour faire monter tout le monde dans son train et nous emmener à la rencontre de ses propres morceaux mais aussi de quelques reprises de grands classiques qu’elle se réapproprie à la perfection. A ses côtés, l’excellent Mar Todani fait des étincelles et retrouve pour l’occasion son ancien équipier au sein du groupe de Nina Van Horn, le formidable bassiste Marten Ingle. Communiquant peu mais toujours de manière très à propos, Sofaï joue la carte de l’efficacité et de la sobriété et nous envoie les unes à la suite des autres de belles banderilles qui se plantent à même le corps et qui n’en finissent plus de faire plier le public dans son sens, finissant par un, puis deux et finalement trois rappels avant de s’en aller dédicacer quelques albums. Un peu moins nombreux que les jours précédents, chaleur oblige, le public n’aura absolument pas été moins motivé !

Cette grande journée dédiée au blues au féminin ne pouvait se continuer qu’avec Gaelle Buswel, toujours aussi rayonnante de plaisir et de talent, et c’est sur la grande scène que cela se passera, devant une assistance qui arrive tranquillement après son repas qui qui plie très vite sous le poids du folk-rock subtilement bluesy de la blonde chanteuse et guitariste. Des morceaux puisés dans ses deux précédents albums, quelques inédits qui seront sur le prochain qu’elle s’en ira bientôt enregistrer aux USA, c’est un set équilibré et qui monte progressivement en intensité que Gaelle nous offre, un programme que son complice guitariste Michaal Benjelloun appuie avec une élégance naturelle et en y mettant non seulement l’art mais aussi la manière !

Difficile de résister à l’appel d’une formation resserrée autour d’un tandem rythmique d’une rare efficacité avec Xavier Zolli à la basse et Steve Belmonte à la batterie, mais aussi d’un claviériste intérimaire de haut vol puisque c’est ce soir Damien Cornélis qui s’y colle, avec toute la subtilité qu’on lui connait. Très à l’aise sur cette superbe scène qui lui est offerte, Gaelle Buswel que nous n’avons pas attendu la semaine dernière pour en faire notre « découverte » ou notre « révélation » se donnera sans compter, au point de faire chavirer le cœur du plus blasé des spectateurs présent dans l’Espace Bessières ce soir. Avec sa gentillesse et son joli sourire mais aussi et surtout avec son talent, son professionnalisme et son envie de bien faire, cette artiste qui a su se créer un groupe solide et soudé n’attendra pas bien longtemps avant d’obtenir la reconnaissance qu’elle mérite !

Il faudra par contre attendre bien longtemps avant de pouvoir retrouver The JB’s, le groupe des anciens musiciens de James Brown que nous avions déjà eu l’occasion d’écouter à Sierre il y a quelques jours … En effet, arrivés tard et avec de multiples soucis de logistique, les Américains n’ont pas eu le temps de faire de soundcheck cet après-midi et c’est donc avant de commencer leur concert qu’ils s’exécutent devant une assistance qui trouve un peu le temps long et qui commence à réclamer ce pour quoi elle a payé. Autant dire que le soufflé admirablement monté par Gaelle Buswel commence à bien retomber quand les musiciens arrivent sur scène pour enfin envoyer le show … Tout comme en Suisse la semaine dernière, chacun des cuivres vient en rang d’oignon nous faire quelques pouet-pouet techniquement parfaits mais relativement dépourvus d’âme dans le micro sur le premier morceau et au moment où l’on attend l’arrivée des chanteuses et en particulier celle de Martha High, rien n’arrive, mais alors vraiment rien … et ce pendant trois ou quatre titres instrumentaux qui se ressemblent à s’y méprendre !

De guerre lasse, certains partent vers le bar, les photographes rangent les boitiers, ceux qui rentrent vers Paris par le train de nuit s’en vont vers la gare et globalement s’installe dans l’assistance une déception somme toute légitime … On finira bien par entendre les chanteuses nous interpréter les plus grands succès de James Brown, et souvent de belle manière en plus, mais à nous faire patienter trop longtemps, les JB’s auront fini par pomper le reste d’énergie qui se trouvait dans un public qui globalement est reparti déçu, voire en colère, de cet ultime concert du Cahors Blues Festival. En deux prestations sur l’espace d’un peu plus d’une semaine, le groupe n’aura jamais vraiment réussi à nous convaincre, à part bien sur avec le génial bassiste Fred Thomas qui semble porter à lui seul le projet tout entier à bout de bras ! N’est malheureusement pas James Brown qui veut …

L’heure est venue de prendre congé de nos amis, non sans avoir pris le temps de saluer l’énorme travail des bénévoles sans qui le Cahors Blues Festival ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui ! Des bénévoles reconnus et estimés de tous, que ce soit de la part de l’organisation que de celle des festivaliers, des exposants, des professionnels, des artistes … Vous faites un travail formidable, de la sécurité jusqu’aux buvettes, des transports jusqu’à l’accueil, de la restauration jusqu’aux produits dérivés, et avec le sourire en plus, et pour tout ça, vous méritez tous d’être associés au Keeping The Blues Alive Award que votre festival a reçu en début d’année ! Bravo … et encore merci !

Fred Delforge – juillet 2016