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CAHORS BLUES FESTIVAL 2016
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 18 juillet 2016
Cahors Blues Festival 2016
CAHORS BLUES
FESTIVAL
ESPACE BESSIERES – CAHORS (46)
Du 12 au 16 juillet 2016
http://www.cahorsbluesfestival.com
C’est sous un ciel un peu tristounet que le Cahors Blues
Festival démarre cette année mais si le soleil
n’a pas choisi d’être de la partie, il
n’en reste pas moins que la température est plus
que correcte et que la pluie a choisi de rester à
l’intérieur des nuages. Bien lui en a pris car il
y aura du monde dès la première heure
aujourd’hui dans le Village du Blues et à
l’espace Gérard Tertre où notre amie et
collègue Sylvie Bosc expose ses clichés
rapportés du Mississippi et où l’on
diffuse le film d’Etienne Mortini ! C’est donc
parti et même bien parti pour cinq jours de festival
…
Mardi 12 juillet 2016 :
C’est un tout nouvel exercice qui s’ouvre
à nous cette année puisque un jury professionnel
va être appelé à choisir parmi cinq
candidats celui ou ceux qui iront se produire dans leur salle ou leur
festival l’année prochaine … On y
trouve donc des représentants du réseau All That
Jazz, du Frederikshavn Blues Festival au Danemark, du Eutin BluesFest
en Allemagne, du Sierre Blues Festival en Suisse, du Festival de Trois
Rivières au Québec, du Billy Bob’s
Disney Village, de l’European Blues Cruise, de France Blues
et bien évidemment du Cahors Blues Festival qui est
représenté par Michael
‘‘Hawkeye’’ Herman,
président du jury !

Parmi les cinq groupes en démonstration dans ce Mississippi
Blues Trail Challenge, on reconnaîtra le duo
helvétique The Two, Kathy Boyé & DTG,
Thomas Schoeffler Jr, Jake Calypso & Archie Lee Hooker et enfin
le trio Black Cat Bones, chacun étant invité
à proposer une trentaine de minutes de musique parmi
laquelle il y a une figure imposée, les formations devant
interpréter deux titres dans un format « Delta
Blues », une consigne qui ne sera pas forcément
respectée d’ailleurs … On ne
détaillera pas la prestation des uns et des autres ici mais
il est à signaler que chacun aura fait son «
marché » et que cette première
édition du Challenge aura permis à
différents groupes de trouver des dates en dehors de leurs
terres pour commencer à conquérir
l’Europe et même l’Amérique !

Le temps d’un apéritif entre amis et nous nous
retrouverons déjà devant la grande
scène du Cahors Festival pour y découvrir les
deux têtes d’affiche du soir, à
commencer par l’excellentissime Shakura S’Aida,
marraine du festival pour la deuxième année
consécutive. Au programme, un bon blues plein de charisme et
d’entrain que la belle Américaine qui
réside au Canada nous distillera dans un mélange
de classe et de provocation, Shakura n’hésitant
jamais à s’imposer sur le devant de la
scène pour faire passer au public son amour de la musique en
général et sa grande passion pour le blues.
Véritable entertainer portée par un groupe on ne
peut plus carré, cette grande dame du blues nous aura ce
soir permis de vibrer à l’unisson de son aura
grâce à son talent et à sa
générosité. Merci !

Le temps de changer le plateau et voilà
déjà Vintage Trouble qui s’y colle
… Que dire du show des Californiens qui n’ait
déjà été dit ? Dynamique,
explosif, dans la lignée de la soul et du
rhythm’n’blues de James Brown mais avec une
énergie dans le genre de Motörhead pour qui ils ont
assuré la première partie d’une
tournée … Du grand art donc, mais avec
malheureusement une attitude de trous du cul qui pousse leur entourage
à les prendre pour des stars et à se comporter
comme des gougnafiers qui n’ont aucune décence et
pas une simple once de politesse ! On retiendra dons un incroyable
talent et une énergie folle, un charisme incroyable, le tout
malheureusement un peu entaché par un entourage comme
souvent pas à la hauteur. Etre une star, c’est
aussi savoir s’entourer des bonnes personnes et dans ce cas
précis, c’est raté ! Dommage car il y
avait matière à se régaler ce soir !
(NDLR : cette
réaction épidermique n’engage bien
évidemment que moi seul et ne change en rien la
très grande qualité de la prestation du groupe
Vintage Trouble et son extrême gentillesse, tout comme celle
de son management américain qui a été
d’une totale exemplarité et qui a même
spontanément accepté que le groupe accueille une
invitée en fin de set, ce qui n’est jamais simple
! Je regrette juste qu’un des techniciens qui accompagne le
groupe ne soit pas capable de maitriser son stress et ses
émotions et qu’il se comporte de la
manière évoquée un peu plus haut. Nous
sommes tout comme lui des professionnels qui donnons notre temps et
notre passion à la musique et à ce titre, nous
méritons je pense le même respect. Ceci se devait
d’être souligné et si j’ai pu
blesser le groupe ou ses proches, je leur prie de bien vouloir
m’en excuser. Pour mise au point définitive
– Fred Delforge / Zicazic)

Mercredi 13 juillet :
La journée qui promettait d’être belle
démarre pourtant par une grosse averse à
l’heure où l’on ouvre le Village du
Blues … Un bon point pour l’exposition photo de
Sylvie et le film d’Etienne qui connaissent du même
coup une affluence record qui amène par la même
occasion divers commentaires très positifs sur la
qualité du travail réalisé !
C’est pour le moins encourageant et nombre de personnes
montrent au passage leur intérêt pour le
Mississippi et soulignent leur désir de s’y rendre
un jour …

Le soleil revient bientôt et on accueille cet
après-midi un exercice un peu particulier puisque ce sont
les élèves de la master class du Cahors Blues
Festival qui viennent nous montrer ce que trois grands artistes leur
ont appris en seulement deux jours et demi de travail. Aux commandes de
cet évènement pédagogique et
convivial, on trouvait Kathy Boyé pour le chant mais aussi
Mister Tchang et Michael
‘‘Hawkeye’’ Herman pour la
guitare et ce sont un peu moins de trente élèves
de tous âges et de tous horizons qui ont profité
des conseils éclairés de ces grands
professionnels pleins d’expérience. Un moment
inoubliable pour tous si l’on en croit leurs sourires !

La restitution sera ainsi l’occasion d’entendre les
premiers pas sur scène de guitaristes parfois
très jeunes mais toujours très motivés
et de remarquer le très grand travail vocal mené
par Kathy qui a conduit chanteurs et chanteuses à nous
offrir quelques standards du blues et du gospel d’une
façon admirable. Quand on voit en prime que la place a fait
le plein et qu’on peine à faire trois pas sous le
grand velum qui protège l’assistance du soleil (et
parfois de la pluie), on se dit que le pari de l’organisation
est gagné et que le Cahors Blues Festival est en train de
prendre une nouvelle envergure 35 ans après sa
création !

A la suite de la master class, ce sont ceux qui l’ont
animée qui nous offriront leur spectacle avec pour commencer
Michael ‘‘Hawkeye’’ Herman qui
nous proposera un voyage au cœur des musiques
américaines, bientôt rejoint par Mister Tchang, le
pianiste Daniel Stec et Kathy Boyé pour une fin
d’après-midi pleine de joie de vivre mais aussi
d’émotion qu’il ne fallait surtout pas
manquer ! Le public, toujours aussi dense en cette veille de jour
férié, n’en finira plus
d’applaudir et d’ovationner mais aussi de
participer en chantant, en tapant dans ses mains et en montrant son
plaisir d’être là. On n’avait
pas vu ça depuis bien longtemps dans le Village du Blues !

Les animations dans la ville de Cahors le 13 juillet ne sont pas
compatibles avec des concerts à Bessières et
c’est donc ce soir le Blues dans la Ville qui sera mis
à l’honneur avec une douzaine de restaurants qui
accueillent des concerts un peu partout le long du Boulevard,
fermé à la circulation pour l’occasion,
mais aussi près du Marché … Deux
options se présentent lors de ces soirées, soit
on fait le grand tour des bars, soit on se pose et on mange quelque
part. Nous jetterons pour notre part notre dévolu sur le
Coin des Halles où devaient se produire Only Cigar Box qui,
suite à un souci matériel, a finalement
cédé sa place à une énorme
soirée réunissant Kathy Boyé et ses
musiciens, Shakura S’Aida et ses musiciens et enfin Michael
‘‘Hawkeye’’ Herman qui viendra
se greffer aux groupes pour quelques titres, tout comme quelques
invités qui passaient par là au bon moment
…

Une soirée pleine de bonnes vibrations donc, avec du blues
mais aussi du rock, le tout dans un endroit des plus sympas avec un
patron avenant et plein d’humour et une équipe de
serveurs pleine de gentillesse et d’amabilité et
avec en prime une formule spéciale à un prix
raisonnable et d’une qualité exceptionnelle
… Pas étonnant dès lors que la foule
des grands soir s’y soit pressée pour
découvrir des choses magnifiques dans un décor
champêtre roots où les bottes de pailles
s’entassent autour des artistes et servent à
l’occasion de banquette au public. Le public de Cahors vit
cette année un début de festival exceptionnel et
on compte bien que la suite soit tirée de la même
veine ! L’affiche de cette cuvée 2016 va de toute
façon dans ce sens …

Jeudi 14 juillet 2016 :
La journée promet d’être merveilleuse
puisque sur les coups de midi, nous retrouvons Jacques Morgantini,
cheville ouvrière de l’Histoire du Blues en France
et dans le Monde, qui se promène discrètement
dans le Village du Blues. Quelques accolades et quelques premiers
échanges et c’est finalement à ses
côtés et à ceux de Jean-Marie Monestier
que nous déjeunerons avant de prendre place dans la
Limousine du festival pilotée par notre ami
Gérard Faber pour nous rendre auprès du Marker de
la Mississippi Blues Trail sur lequel leurs deux noms figurent ! Un
grand moment d’histoire partagé avec de grands
hommes sans qui la saveur du blues dans l’hexagone ne serait
pas tout à fait la même …

On retrouve bientôt Bessières où nous
attend Delgres, un groupe qui puise ses origines entre le blues de la
Nouvelle Orleans et celui de la Guadeloupe qui lui a au passage offert
son nom, emprunté à une figure de la lutte contre
l’esclavage. Formation atypique qui a su remplacer la basse
par le tuba sousaphone, Delgres nous offre un blues sans concession qui
papillonne parfois du côté de la langue
Créole, un point commun à ses deux terres
d’origine. Le très nombreux public du Cahors Blues
Festival semble instantanément conquis et c’est un
véritable succès que connaissent les trois
artistes qui nous proposent à l’heure du
thé un moment empreint de chaleur et de
convivialité que l’on regretterait très
sincèrement d’avoir manqué
!
Second à se produire sur la scène du Village,
Selwyn Birchwood va lui aussi nous emplir de bonheur grâce
à un jeu fin, précis, et fortement empreint de
groove ! Il y aura bien quelques intégristes pour se
plaindre de la teneur blues du projet, peut-être trop soul ou
funky à leur goût, mais comment contester la
légitimité du gagnant de
l’International Blues Challenge en 2013, signé qui
plus est chez Alligator Records ? On prendra donc la musique des
Américains comme elle nous est offerte, avec beaucoup de
classe et surtout beaucoup de talent, et on fera comme le public qui
inonde littéralement la place devant la scène en
dansant, criant et invectivant un artiste qui aura même
beaucoup de mal à s’arrêter quand
l’heure de le faire sera venue … Un
sacré personnage !

Le temps de se rassasier et nous voilà
déjà devant la grande scène
où nous attendent JC Brooks & The Uptown Sound, un
groupe de Chicago qui s’inscrit dans le revival soul actuel
et qui ne manque pas une occasion de faire groover et vibrer un public
de plus en plus nombreux à le suivre. Revendiquant des
influences aussi diverses que Booker T., Living Colour, Bad Brains et
David Bowie, les Américains jouent à fond la
carte de la fusion et de la mixité, quitte à
déplaire à certains parfois. Sur
scène, ça déménage et JC
Brooks ne manque pas de faire des gimmicks devant une assistance
conquise qui peut pratiquement le toucher grâce à
l’avancée de scène qui permet aux
groupes d’aller au plus près du public.
La nuit qui tombe tranquillement ouvre le bal d’un
light show au top et c’est un véritable
régal auditif mais aussi visuel qui s’offrira
finalement à tous grâce à une
scène de toute beauté. Un grand bravo
à la technique
!

Ils sont nombreux à être venus pour toucher la
légende Taj Mahal du doigt et c’est assis au
milieu de ses nombreuses guitares que l’artiste entre en
scène. Ce grand musicien natif de Harlem mais originaire des
Caraïbes s’adresse à
l’assistance par quelques mots de Français et
commence son show en nous faisant voyager un peu partout où
son blues le mène, le teintant tantôt de jazz, de
folk, de racines africaines ou encore de sonorités
caribéennes. Assis confortablement en première
classe, le public profite des services de la compagnie Air Taj Mahal
pour le grand tour du monde qui lui est proposé et
c’est littéralement séduit que chacun
pourra noter un détail, une intonation, la petite note ou au
contraire le silence qui fait que chaque morceau flirte avec une
absolue perfection. On est ce soir dans une configuration des plus
luxueuses au Cahors Blues Festival et le nombreux public ne boude pas
son plaisir d’avoir droit à une telle
programmation !

C’est en apprenant que Nice a été
victime d’un odieux attentat et en découvrant que
le nombre des victimes ne cesse de grimper que nous quitterons
finalement l’Espace Bessières après des
concerts qui laisseront dans la tête comme un
arrière-gout de revenez-y … Puisse la musique
l’emporter un jour sur la folie des hommes !

Vendredi 15 juillet 2016
:
La France se réveille avec la gueule de bois mais comme on
dit … Show Must Go On ! Alors on se retrouve en
début d’après-midi à
l’auditorium non loin de l’Espace
Bessières pour y assister à quelque chose
d’exceptionnel, une conférence animée
par le grand Jacques Morgantini venu nous raconter sa rencontre avec le
blues, ses démarches pour faire venir dans notre pays les
premiers bluesmen américains et pour les enregistrer afin
d’être certain que la mémoire de ces
immenses musiciens reste permanente. Ponctuée
d’anecdotes croustillantes et de bons mots, la
présentation de l’œuvre de ce
Père du Blues en France se retrouve également
dans le double DVD réalisé par Jacques Gasser que
la salle, plus que copieusement garnie, s’arrachera
littéralement à la fin de la
conférence !

On se plaint souvent qu’en France le Blues soit à
la marge … Il suffisait aujourd’hui encore de
regarder la fréquentation du Cahors Blues Festival pour
comprendre que les choses s’inversent et que le gros millier
de spectateurs venu acclamer les Travellin' Brothers
n’était pas là par hasard ! Bravant la
psychose qui s’installe en France, ils sont venus faire la
fête avec un groupe basque, vainqueur de l’European
Blues Challenge en 2015 et finaliste à
l’International Blues Challenge la même
année, un groupe qui attaque traditionnellement en
acoustique, à l’image des groupes de rue de
Louisiane, et qui monte ensuite en intensité
jusqu’à une explosion finale. Festifs, les
Espagnols le sont et leur frontman n’hésite jamais
à se laisser emporter, arpentant la foule, serrant des
mains, embrassant des inconnus tandis que sur scène, ses
Frères mettent le feu. Un hommage aux victimes de Nice, un
long voyage le long du Mississippi … Cet
après-midi, il y avait un peu de New Orleans à
Cahors !

Le temps de se restaurer et de laisser les gens franchir la
sécurité et nous serons très vite
devant la belle et grande scène du festival qui accueille un
duo d’une rare subtilité, celui formé
par Eric Bibb et par Jean-Jacques Milteau …
Accompagnés de Gilles Michel à la basse
acoustique et de Larry Crockett à la batterie, les deux
grands hommes nous entrainent dans une relecture commune mais aussi
dans un hommage appuyé à
l’œuvre de Leadbelly et le font avec tout le talent
et toute la classe qu’on leur connait.
L’esthète Eric Bibb installe une toile de fond
délicate à force de guitares et de voix,
l’historien Jean-Jacques Milteau y pose ses
détails passionnants en ponctuant le tout de ses harmonicas
et de ses anecdotes et c’est finalement un tableau peint avec
le cœur et l’âme qui nait de leur
association, un tableau où l’on
n’hésite pas à laisser entrer une valse
… mais toujours à la manière
folk-blues qui était celle de Leadbelly !
Acclamés dans tout l’hexagone depuis un an, Eric
Bibb et Jean-Jacques Milteau feront encore
l’unanimité ce soir …

L’entracte sera ce soir l’occasion de rendre un
hommage à différentes personnalités
qui œuvrent en faveur du blues dans notre pays. A
l’instar de la Blues Foundation à Memphis avec ses
Keeping The Blues Alive Awards et de l’European Blues Union
avec ses Blues Behind The Scenes Awards, la France se dote
aujourd’hui et pour la première fois de
récompenses blues qui saluent les acteurs de
l’ombre, véritables chevilles ouvrières
d’un genre qui, sans elles, n’aurait sans doute pas
la même aura dans notre pays. On retiendra donc de la
promotion 2016 que les trois premiers Lauréats France Blues
sont Marc Loison, animateur de l’émission Sweet
Home Chicago sur Radio 666 Caen, qui fêtera bientôt
un tiers de siècle de radio et un premier millier
d’émissions ; Blues Magazine
représenté par Christian Le Morvan qui, soutenu
à son origine par Luther Allison, fête cette
année ses 20 ans et son 80ème numéro,
toujours dans un format original mais désormais en couleur
et vendu en kiosques ; et enfin Jacques Morgantini qui, du haut de ses
92 ans, continue à faire vivre le blues après
avoir été le premier à le faire
connaitre en France. On soulignera que le même Jacques
Morgantini sera également honoré par le Prix du
Cahors Blues Festival, remis lui aussi pour la première fois
cette année, et recevra à ce titre un vinyle
collector marqué de son nom sur lequel les huit
têtes d’affiche de cette édition sont
réunies !

On retournera finalement à la musique avec le dernier
concert de cette avant dernière soirée du
festival, une grosse baffe donnée par le colossal Sugaray
qui, après nous avoir demandé
d’observer un moment de silence en mémoire des
victimes de Nice, nous enverra un gros show plein
d’énergie et de puissance mais aussi de
délicatesse comme il sait si bien nous les proposer. Des
déluges de décibels aux passages bien plus fins,
Sugaray et son band nous transportent dans leur monde avec leur feeling
et leur groove, n’abandonnant jamais
l’idée de mettre du rock dans le blues mais aussi
de la soul dans le rock et nous proposant à la fin de la
route une prestation universelle qui passe par Chicago et par New
Orleans mais aussi par le Texas dont le chanteur est originaire. De
longues promenades sur l’avancée de
scène qui le conduit jusqu’à la foule,
quelques mots de Français lancés à bon
escient et surtout un groupe porté par l’autre
colosse de la bande, le guitariste Gino Matteo, mais aussi par le
Frenchy Cedric Le Goff aux claviers et enfin par une paire de cuivres,
il ne manquera rien à cette prestation enlevée et
débordante de saveur à laquelle chacun dans
l’’assistance aura adhéré
sans réserve !

Difficile de quitter l’Espace Bessières sans
saluer une dernière fois les amis qui nous quittent pour
rentrer les uns vers le Danemark, les autres vers les Etats Unis ou
plus simplement vers Paris où les attendent
d’autres activités, d’autres festivals.
Pour l’heure, on ne se soucie plus trop d’une
planète qui marche sur la tête et on profite
encore un peu du moment de liesse qui nous a été
offert avant de replonger dans une réalité qui
nous apprend que nombre d’évènements
culturels en France viennent d’être
annulés mais aussi que la Turquie est en proie au chaos avec
des militaires qui tentent un coup d’état et un
président qui fait bombarder le parlement … Quel
monde laisserons nous finalement derrière nous ? Celui
d’une musique qui en appelle à la paix ou celui
des hommes qui ne parviennent plus vraiment à la conserver
?

Samedi 16 juillet 2016 :
C’est déjà l’ultime
journée de ce 35ème Cahors Blues Festival et il
règne dès la fin de la matinée comme
une atmosphère étrange de fin de fête
avec un mélange de bonne humeur et de spleen … On
salue ceux qui repartent un peu avant la fin, on se remémore
les bons moments en se disant que demain, tout le monde sera sur la
route, on se conforte dans l’idée que Cahors sans
Le Méphisto n’est plus vraiment Cahors,
même si le festival par lui-même a
été un des meilleurs depuis des années
… On regarde une dernière fois les photos de
Sylvie, le film d’Etienne, on prend un dernier
apéritif avec les Showtime Riders qui ont fait un travail
phénoménal et finalement, on se retrouve sous le
velum juste à temps pour le dernier concert sur la
scène du Village !

Sofaï a un tout nouvel album à présenter
et elle ne va pas se priver de le faire devant une assistance qui
apprécie autant son côté rock que son
côté blues. Toujours bien entourée, la
chanteuse et guitariste n’a pas besoin de se forcer pour
faire monter tout le monde dans son train et nous emmener à
la rencontre de ses propres morceaux mais aussi de quelques reprises de
grands classiques qu’elle se réapproprie
à la perfection. A ses côtés,
l’excellent Mar Todani fait des étincelles et
retrouve pour l’occasion son ancien équipier au
sein du groupe de Nina Van Horn, le formidable bassiste Marten Ingle.
Communiquant peu mais toujours de manière très
à propos, Sofaï joue la carte de
l’efficacité et de la
sobriété et nous envoie les unes à la
suite des autres de belles banderilles qui se plantent à
même le corps et qui n’en finissent plus de faire
plier le public dans son sens, finissant par un, puis deux et
finalement trois rappels avant de s’en aller
dédicacer quelques albums. Un peu moins nombreux que les
jours précédents, chaleur oblige, le public
n’aura absolument pas été moins
motivé !

Cette grande journée dédiée au blues
au féminin ne pouvait se continuer qu’avec Gaelle
Buswel, toujours aussi rayonnante de plaisir et de talent, et
c’est sur la grande scène que cela se passera,
devant une assistance qui arrive tranquillement après son
repas qui qui plie très vite sous le poids du folk-rock
subtilement bluesy de la blonde chanteuse et guitariste. Des morceaux
puisés dans ses deux précédents
albums, quelques inédits qui seront sur le prochain
qu’elle s’en ira bientôt enregistrer aux
USA, c’est un set équilibré et qui
monte progressivement en intensité que Gaelle nous offre, un
programme que son complice guitariste Michaal Benjelloun appuie avec
une élégance naturelle et en y mettant non
seulement l’art mais aussi la manière !

Difficile de résister à l’appel
d’une formation resserrée autour d’un
tandem rythmique d’une rare efficacité avec Xavier
Zolli à la basse et Steve Belmonte à la batterie,
mais aussi d’un claviériste intérimaire
de haut vol puisque c’est ce soir Damien Cornélis
qui s’y colle, avec toute la subtilité
qu’on lui connait. Très à
l’aise sur cette superbe scène qui lui est
offerte, Gaelle Buswel que nous n’avons pas attendu la
semaine dernière pour en faire notre «
découverte » ou notre «
révélation » se donnera sans compter,
au point de faire chavirer le cœur du plus blasé
des spectateurs présent dans l’Espace
Bessières ce soir. Avec sa gentillesse et son joli sourire
mais aussi et surtout avec son talent, son professionnalisme et son
envie de bien faire, cette artiste qui a su se créer un
groupe solide et soudé n’attendra pas bien
longtemps avant d’obtenir la reconnaissance qu’elle
mérite !

Il faudra par contre attendre bien longtemps avant de pouvoir retrouver
The JB’s, le groupe des anciens musiciens de James Brown que
nous avions déjà eu l’occasion
d’écouter à Sierre il y a quelques
jours … En effet, arrivés tard et avec de
multiples soucis de logistique, les Américains
n’ont pas eu le temps de faire de soundcheck cet
après-midi et c’est donc avant de commencer leur
concert qu’ils s’exécutent devant une
assistance qui trouve un peu le temps long et qui commence à
réclamer ce pour quoi elle a payé. Autant dire
que le soufflé admirablement monté par Gaelle
Buswel commence à bien retomber quand les musiciens arrivent
sur scène pour enfin envoyer le show … Tout comme
en Suisse la semaine dernière, chacun des cuivres vient en
rang d’oignon nous faire quelques pouet-pouet techniquement
parfaits mais relativement dépourvus
d’âme dans le micro sur le premier morceau et au
moment où l’on attend
l’arrivée des chanteuses et en particulier celle
de Martha High, rien n’arrive, mais alors vraiment rien
… et ce pendant trois ou quatre titres instrumentaux qui se
ressemblent à s’y méprendre !

De guerre lasse, certains partent vers le bar, les photographes rangent
les boitiers, ceux qui rentrent vers Paris par le train de nuit
s’en vont vers la gare et globalement s’installe
dans l’assistance une déception somme toute
légitime … On finira bien par entendre les
chanteuses nous interpréter les plus grands
succès de James Brown, et souvent de belle
manière en plus, mais à nous faire patienter trop
longtemps, les JB’s auront fini par pomper le reste
d’énergie qui se trouvait dans un public qui
globalement est reparti déçu, voire en
colère, de cet ultime concert du Cahors Blues Festival. En
deux prestations sur l’espace d’un peu plus
d’une semaine, le groupe n’aura jamais vraiment
réussi à nous convaincre, à part bien
sur avec le génial bassiste Fred Thomas qui semble porter
à lui seul le projet tout entier à bout de bras !
N’est malheureusement pas James Brown qui veut …

L’heure est venue de prendre congé de nos amis,
non sans avoir pris le temps de saluer l’énorme
travail des bénévoles sans qui le Cahors Blues
Festival ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui !
Des bénévoles reconnus et estimés de
tous, que ce soit de la part de l’organisation que de celle
des festivaliers, des exposants, des professionnels, des artistes
… Vous faites un travail formidable, de la
sécurité jusqu’aux buvettes, des
transports jusqu’à l’accueil, de la
restauration jusqu’aux produits
dérivés, et avec le sourire en plus, et pour tout
ça, vous méritez tous d’être
associés au Keeping The Blues Alive Award que votre festival
a reçu en début d’année !
Bravo … et encore merci !
Fred Delforge
– juillet 2016

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