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LARRY GARNER & NEAL BLACK au NEW MORNING (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
jeudi, 07 juillet 2016
 

LARRY GARNER & NEAL BLACK
LE NEW MORNING – PARIS (75)
Le 14 juin 2016

http://www.larrygarnerbluesman.com/
http://www.nealblack.net/

Remerciements à Jean-Hervé Michel de Nueva Onda Productions

Mais quelle association et quel plaisir de voir ces deux géants jouer ensemble ! A ma droite, le Louisianais Larry Garner, nourri au gospel, qui un temps écume les bars et les salles de concert de La Nouvelle Orléans et de Bâton Rouge avant d'être repéré par les grosses cylindrées du genre (et remarqué par B.B King entres autres) et enregistre ses premiers albums sous un label jazz avant d'être marqué aux fers de la musique du diable.

A ma gauche, le Texan Neal Black et sa voix incontournable à la Tom Waits, rauque et enrouée, qui donne tout son sens à des lyrics incisifs et poétiques et un univers sombre, ironique et désabusé qui suite assurément le blues. A cela, il faut lui reconnaître un jeu de guitare respirant le Sud brûlant, avec quelques réminiscences d'un blues de Chicago, et qui transpire parfois un quelque chose échappé du hard seventies, notamment dans l'attaque furieuse qui peuvent avoir parfois ses soli et/ou ses instrumentaux, grâce à une guitare nerveuse et toujours sur le qui-vive.

C'est de cette collaboration qu'est issu l'album « Guilty Saints », paru chez Dixiefrog, que les deux compères présentent au New Morning pour un show plein de surprises et d'invités, notamment nos nationaux Bako Mikaelian à l'harmonica et Fred Chapellier à la guitare. Neal et Larry ont composé tous les deux dix des douze titres de l'opus et ils alternent (ou se partagent) les vocaux et les parties de guitare de façon équilibrée. Ce n'est donc pas vraiment le travail d'un artiste en invitant un autre, mais réellement une œuvre à quatre mains à tous niveaux. Ce qui donne véritablement une impression de complicité, joyeuse sur la forme. Le résultat final ressemble à une fusion cohérente entre blues traditionnel et Americana, colorée par les deux expériences musicales des artistes et leur capacité à souvent dépasser le cadre convenu du genre.

Le maître mot ici est le feeling, la bonne note au bon moment et au bon endroit. Même si leur style se veut éclectique, il est toujours caractérisé par un son à la fois tonique et velouté et des compositions élégantes, racées, mordantes, certaines avec un brin de délicieuse nonchalance (« A Friend Like You »). Les ambiances y sont variées, comme l' illustre le passage inattendu entre le bien nommé « Saints of New Orleans » aux riffs dansants et aux guitares suintantes, ou le plus calme et presque country « Chances », parfait pour traverser l'Interstate 10 entre Houston et La Fayette. Sans avoir à peiner d'un souffle de distorsion … Outre les compositions originales, deux reprises sont assez intéressantes : « Do Not Stand At My Grave And Weep », qui n'est autre que l'arrangement musical d'un poème de Mary Fry et « Neighbour, Neighbour », vieux standard du rock popularisé par Doctor Feelgood à la fin des années 80.

De fait, c'est en live que ce blues là sait prendre toute son envergure et la présence sans failles des deux invités (Mikaelian et Chapellier) pour les accompagner, donnera un peu plus de relief et de musicalité à l’ensemble du concert. On pouvait s'attendre à une très bonne prestation et on n’est guère déçu, bien au contraire. Et bien souvent on frôle même une immaculée excellence.

Il n'est pas question ici d'une réunion ou la majorité des pièces n'est qu'un support pour des soli démonstratifs grevant irrémédiablement la cohésion. Aucun des musiciens n'a un ego encombrant, poussant et écrasant par son jeu, sa voix ou son volume sonore la section rythmique comme ses collègues. Tous restent au service de l'harmonique en une redoutable et efficace complicité.

Volée d'étoiles donc, et de compliments pour un duo qu’on ne cessera de recommander chaudement à tout amateur de blues rock qui se respecte.

Fred Hamelin – juillet 2016