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HAKEN au DIVAN DU MONDE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 05 juillet 2016
 

HAKEN
LE DIVAN DU MONDE – PARIS (75)
Le 29 mai 2016

http://www.hakenmusic.com/

Remerciements à Lucie Sabatier de Gérard Drouot Productions

En seulement quatre albums, les britanniques de Haken frôlent déjà les hautes sphères du rock progressif et y insufflent un vent nouveau : du metal très estampillé eighties, à tendance orchestrale parfois (fans de Dream Theater, réjouissez-vous) mais avec fusion jazz, world Music ou même electronica par moments. Il est peut-être tentant d'accoler une étiquette metal au Prog de ce groupe, ce n'est pas vraiment faux, mais les passages metal, même s'ils cognent très fort, ne sont jamais assommants cars souvent courts, et s' intègrent facilement à un ensemble très réfléchi. La démarche progressive est bien réelle, les compositions sortent bien des sentiers battus du rock / blues sans jamais franchement s'orienter vers le jazz et surtout je ne vois pas de visée commerciale, même dans les morceaux les plus courts. Haken privilégie alors plus l'esthétique musicale que l'émotion et c'est un parti pris auquel on adhère facilement.

Ce qui frappe d'emblée, c'est la voix envolée de Ross Jennings qui vaut bien celle d'un certain Neal Morse. Elle donne une certaine couleur, donc une personnalité propre à ce groupe, sans pathos mais sans froideur non plus. Elle interprète autant qu'elle chante mais sans se montrer poussive. Beaucoup de parties chantées donc, parfois a capella, mais les instruments ne sont pas négligés pour autant. Toutefois les soli sont anecdotiques même si on sent l'exceptionnelle cohésion du groupe. Les cinq autres musiciens sont d'un excellent niveau mais aucun instrument n'est vraiment mis en avant. On peut bien sûr jouer au « ça ressemble à ça » et y retrouver des influences bien évidentes (Asia par exemple), mais franchement ce groupe a du génie et c'est pour ça qu'il sort du lot.

C'est donc au Divan du Monde qu'ils présentent leur Affinity Tour du nom du quatrième album, un opus qui est à ce jour le plus abouti. Le concert sera délicieusement alambiqué avec des titres complexes aux changements incessants d'ambiances et de rythmes, certains déstabilisants peut-être parce que trop riches et intelligemment complexes. Des morceaux surtout longs car à part les rares morceaux formatés radio comme l'excellent « Initiate » (qui fait penser à du Muse mais se veut plus planant, avec un refrain aux bien belles vocalises), la moyenne des titres est de dix minutes avec la palme pour « The Architect » et « Cristallized » en rappel qui frôlent la petite vingtaine de minutes.

« 1985 » est assez surprenant avec ses claviers omniprésents façon Wakeman, en contraste avec des riffs modernes et agressifs à la Meshuggah joués tour à tour par les guitaristes Henshall et Griffiths, qui s'en donnent à cœur joie. La prestation du nouveau bassiste, Conner Green, arrivé en 2014, y est aussi remarquable, comme d'ailleurs sur « The Architect », offrant au milieu du morceau un petit solo de basse tout en finesse et délicatesse. « The Endless Knot » est dans la mouvance electro et malheureusement le public aura peut-être du mal à adhérer. Haken sait absolument tout faire et nous le prouve encore et encore en nous offrant avec « Pareidolia », un voyage prog rock d'une douceur absolue teinté de mélancolie, et très inspiré d'un Steve Hackett.

Ce groupe est capable de pondre des merveilles d'inventivité avec ce métal racé et original qui lui est propre, accessible sur la forme tout en demandant un peu d' investissement pour que le fond soit appréhendé. Haken signe de plus depuis 2013 sur le label Insideout Records (aux côtés des Transatlantic, Riverside, Hackett justement ou Leprous), prouvant sa capacité à côtoyer les plus grands. Du miel pour les oreilles y compris celles d'un néophyte, alors appréciez tant qu’il est encore temps leur passage dans de petites salles, car pressentez que cela ne va pas durer, le groupe étant amené à évoluer dans de plus hautes sphères. On lui souhaitera donc le succès qu'il mérite amplement !

Fred Hamelin – juillet 2016