SARAH LENKA QUINTET à JAZZ A ST-GERMAIN DES PRES
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Ecrit par Fred Hamelin |
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mardi, 21 juin 2016
SARAH
LENKA QUINTET
FESTIVAL JAZZ A
ST-GERMAIN DES PRES
SCENE JAZZ AU FEMININ
– PLACE ST-GERMAIN-DES-PRES – PARIS (75)
Le 22 mai 2016
https://www.facebook.com/sarah.lenka/
Remerciements à l'équipe du Festival Jazz
à St-Germain-des-Prés
Après deux disques de jazz salués par la critique
(« Am I Blue » en 2008 et « Hush
» en 2012) et remarqués du public, la jeune
chanteuse Sarah Lenka, désignée dès
2007 meilleure artiste vocale de l’année par la
Sacem, a décidé de se consacrer au
répertoire de Bessie Smith avec un nouvel opus, «
I Don't Dress Fine », qu'elle présente sur la
scène Jazz au Féminin du festival Jazz
à St-Germain-des-Prés 2016 et qui ne sortira
qu'en octobre. Une avant-première assez agréable
mais malheureusement sous une pluie battante ...

Loin de vouloir coller à son modèle, elle aborde
le répertoire de la diva à sa façon,
dans un registre folk-blues qui permet d'en redécouvrir la
profondeur et le pouvoir d'émotion. De son timbre
éraillé, de son grain de voix troublant et de sa
sensibilité féline, Sarah Lenka restitue sans
fard des chansons qui n'ont pas vieilli tant ce qu'elles nous disent de
la condition humaine, de l'amour et du désir reste
intemporel et continue de nous parler. Sur scène, elle
parvient à les faire siennes, loin de toute affectation,
entre fragilité intime et force de caractère.

Changeant de registre par rapport à ses albums
passés et entourée d'une équipe
renouvelée, Sarah Lenka ravive l'esprit endiablé
de Bessie Smith, comme elle sait aussi en extraire la
mélancolie passagère et l'ironie
amère. Autour de la contrebasse de Manuel
Marchés, avec les guitares croisées de Fabien
Mornet et Taofik Farah, qui usent aussi du banjo et du dobro pour
donner à ce répertoire une couleur americana dans
une veine folk-pop, elle sait aussi revenir aux racines du blues comme
du jazz canaille des origines, lorsque la trompette de Malo
Mazurié et ses sourdines viennent caresser sa voix.

Totalement réarrangées par le groupe, les
chansons de la grande Bessie trouvent d'ailleurs une
résonance originale. Sarah Lenka passe de ballades
légères et délicates (« Take
It Right Back »), ou groovy (« Do Your Duty
»), ou au pur blues charnel (« Miss Celie's Blues
»). Sa large palette vocale nous plonge avec
sincérité et intensité dans cette
complainte blues et minimaliste de standards avec un bien
étrange timbre, nasal dans le médium, que l'on
s'étonne d'entendre suave dans le grave et fluté
dans l'aigu, et qui rappelle forcément Billie Holiday.

Lenka affirme une authentique personnalité. Musicale mais
pas seulement. Elle raconte ainsi sur scène et entre chaque
morceaux, l’histoire de Bessie : on ne saurait transmettre
autant sa passion, de sentiments, de joies et de peines, de drames, de
tendresse et d'éclats, sans être avant ce que l'on
est et sans les vivre, tout simplement avant d’être
une chanteuse. C'est se donner pleinement et sans fard. A voir et
à écouter donc !
Fred Hamelin –
juin 2016
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