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FRED CHAPELLIER pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
lundi, 20 juin 2016
 

FRED CHAPELLIER

http://www.fredchapellier.net/

Interview réalisée le 11 juin 2016 à Availles-en-Chatellerault (86)

La master Class de Fred sur le festival "Blues Availles" a été l'occasion d'en savoir un peu plus sur son dernier album, sur ses projets futurs et sur une rumeur qui a affolé un peu tout le petit monde d'internet ...

Salut Fred, commençons par des nouvelles de ta santé puisqu'il y a eu un gros buzz sur Facebook à ce sujet, tout va bien ? Pas de soucis ?
Salut Alain, non aucun problème, plusieurs petites choses qui effectivement sont tombées en même temps mais sans aucune gravité, et maintenant c'est réglé et je suis reparti comme en 14, TOUT-VA-BIEN !!

Super ! Parlons donc un peu de ce nouvel album ... « It Never Comes Easy » cela veut dire qu'à 50 ans tu as fait une sorte de bilan et que tout n'a pas toujours été aussi facile que ça ?
Oui c'est exactement ça. Je me rends compte qu'aujourd'hui je suis partagé entre le fait d'être plutôt fier de là où j'en suis arrivé, et celui de regarder dans le rétroviseur et de me dire que ça n'a justement pas toujours été facile, et que cela continue parfois d'ailleurs à ne pas être facile. Il faut toujours se battre car de toute façon on n'a rien sans rien ! C'est un vrai bilan que l'on retrouve d'ailleurs dans les textes tout le long de l'album.

On va venir sur les textes justement, déchiffrés à l'oreille avec mon pauvre Anglais de collège (rires...), un peu plus tard, mais tout d'abord pourquoi avoir choisi Steve Forward pour le son ? Tu voulais donner une couleur particulière à l'album ?
Oui je voulais effectivement une couleur particulière, mais je connaissais aussi bien entendu son travail avec tous les géants, Ray Charles et compagnie. Je voulais vraiment travailler avec un Anglais, et il se trouve que de son côté il avait très envie de bosser sur l'un de mes CD. Du coup c'est lui qui m'a envoyé un mot en me disant "Salut Fred, j'ai vu que tu envisageais d'enregistrer un nouvel album, je serais vraiment super content de le faire !", et du coup tu penses bien que je ne suis pas allé chercher plus loin puisque je voulais déjà bosser avec lui. Donc on s'est rencontrés à Paris et on a de suite vu que l'on voulait aller dans la même direction, et c'est une affaire qui a roulée toute seule, il n'y a eu aucune embûche.

J'avais eu l'occasion de t'en parler lors d'un petit échange de messages, pour moi la pièce maîtresse est le sublime « A Silent Room » qui est une tuerie totale ! Un titre qui parle forcément à toutes les personnes qui ont perdu un proche. Tu peux m'en dire un peu plus sur ce morceau ?
Cela concerne ce qui arrive absolument à tout le monde, en l'occurrence je parle de la perte de mon père et je voulais vraiment une chanson profonde par rapport à lui. J'ai composé intégralement la musique mais pour le texte je ne voulais pas forcément l'écrire moi-même. J'ai donc donné quelques pistes à Steve (Forward) et Charlie (Fabert) qui m'ont proposé de le faire, et qui m'ont mis tout cela en forme. C'est donc un morceau qui rend hommage à mon père, mais dans lequel les gens peuvent se reconnaître et qui plait énormément. C'est le titre dont on me parle absolument tout le temps, et dont je suis très fier.

Dans le même registre, en écoutant « I Have To Go » on se dit que ça sent le vécu du musicien qui doit faire la route pour gagner sa croute, aux dépens de sa vie de famille. Tu penses que c'est forcément le prix à payer ?
Oui c'est tout à fait ça, même si en fait j'ai la chance d'avoir une épouse vraiment compréhensive. Dès que l'on s'est rencontré, elle savait que j'étais musicien et que j'étais amené à faire ça, mais elle m'a toujours soutenu et je sais que je suis très chanceux. Mais je vois tant de musiciens autour de moi qui sont sur la route, et dont le couple éclate parce qu'ils ne sont jamais là, que ce titre est finalement un coup de chapeau aux femmes de musiciens qui, comme la mienne, tiennent le coup. Parce que ce n'est pas simple tous les jours de rentrer du boulot, de se retrouver toute seule, avec les enfants et tout ce qu’il peut y avoir autour ... Nous on y a trouvé un vrai équilibre mais je sais que ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde.

Plusieurs titres semblent s'adresser à des personnes un peu plus ciblées, « You Only Know My Name » ou encore « Never Be Fooled Again » par exemple. Tu peux en dire un peu plus sur le fond de ces textes qui paraissent aborder des périodes un peu plus précises de ta vie ?
Oui, sur « You Only Know My Name » par exemple je me moque un peu de tout ce qu'il peut se passer sur Facebook et compagnie ... Je suis au taquet avec 5000 amis, j'en ai 500 en attente, j'en ai 3000 de plus qui me suivent, et certaines personnes m'envoient des messages comme si on avait gardé les cochons ensemble du genre "Fred tu me mettras 2 invitations" ... sans même demander si par hasard c'est possible, et ça juste  parce qu'on est "amis" sur Facebook ... Donc pour moi c'est "Ok tu penses que tu me connais mais en fait tu connais uniquement mon nom".

On retrouve un titre instrumental, « In The Lap of the Gods », pour refermer l'album. Cela fait partie de ta "signature" un instru sur chaque album ?
Oui, c'est effectivement un peu une signature, j'adore finir par un instru comme cela, un peu planant ... Je ne regarde pas QUE vers le Blues, je ne me mets pas de barrière, et en particulier sur cet album où je suis allé là où j'en avais envie. Je ne me suis jamais dit qu'il fallait que ça sonne blues, ou funk, ou autre, j'ai composé des chansons et c'est simplement moi, ce que je suis, après que l'on aime ou que l'on n'aime pas, que l'on considère que c'est blues ou pas blues, je n'ai aucun souci avec ça. J'ai composé plus de titres, on a gardé ces douze là dont je suis fier et qui me ressemblent. J'aime autant le rock que le funk, le blues ou la soul, et l'on y retrouve un peu toutes mes influences musicales.

Du coup pour les chansons qui ne sont pas sur l'album, il y aura des inédits sur scène ? Ou bien tu vas les garder pour un autre CD ?
Non je pense que ce sont des morceaux qui vont passer aux oubliettes, car avec le recul je me suis aperçu que j'avais bien fait de ne pas les mettre alors je ne pense pas qu'ils ressortent un jour.

Parlons un peu matos ... Il semble que tu sois devenu accro à la Les Paul, sans d'ailleurs pour autant délaisser la Télécaster ou la Kaël, elle est branchée directement dans l'ampli (quel modèle ?) ou bien qu'utilises tu comme effets ? Cela dépend de ce que tu joues ? Explique-nous un peu tout cela ...
Alors pour cet album, que ce soit avec la Les Paul, la Télé, la Kaël ou même la Strat' que j'ai aujourd'hui pour la master class, j'ai tout fait en branchant directement dans l'ampli ! J'utilise le crunch de l'ampli qui est un nouveau modèle, le Fender Pro Tube, et qui fonctionne vraiment bien. Je retrouve mon grain, le son que j'aime bien et on a tout enregistré comme cela. On a juste mis une pointe de delay pour donner de l'ampleur dans des morceaux comme « Silent Room » ou « Laps of The Gods », mais c'est tout. Plus ça va et plus je simplifie le matériel, et là en enregistrant en son clair dans un petit Fender, si tu as les doigts ça marche super bien ! Alors bien entendu il faut pousser un peu l'ampli, il faut jouer fort, mais je joue de plus en plus comme cela.

Est ce que tu vas renouveler le concours qui avait permis à Damien Chopart et un autre musicien de jouer « Gary's Gone » avec toi sur scène avec l'un des titre de cet album ?
Ah c'est une bonne question ... C'est un super souvenir, c'était vraiment super sympa et ça a plu à tout le monde, et bien entendu à tous ceux qui ont participé et qui ont tous eu leur vidéo ... Mais j'avoue que je n'y ai pas songé pour cette fois-ci, mais pourquoi pas ... Je vais y réfléchir !

Ou peut-on se procurer tes tablatures ?
J'ai quelques tablatures qui ont réalisées par des gens de Guitarist Magazine, et donc très bien faites, et du coup je me demande si effectivement je ne vais pas un de ces jours faire un song-book.

Revenons un peu sur ton parcours, tout le monde s'accorde à dire que Dutronc a boosté ta carrière, mais je m'intéresse aussi à ce qu'il y a eu avant. Tu as collaboré avec beaucoup d'artistes, et j'ai vu par exemple que tu avais joué pendant un moment avec Nina Van Horn, ce qui d'ailleurs je crois t'a permis de rencontrer Neal Black, et donc quel souvenir gardes-tu de Nina qui est l'une des personnes incontournables du blues en France ?
Oui tout à fait, on s'était rencontrés une fois avec Nina lorsqu'ils avaient ré-ouvert le Club Drouot pour une toute petite période, on avait tapé le bœuf ensemble et elle était en panne de guitariste à ce moment-là. Donc j'ai dit Ok pour faire des concerts avec elle, et en même temps elle a demandé à Neal qui produisait son album de m'avoir sur quelques titres, et c'est donc grâce à Nina que l'on s'est rencontré avec Neal. Quand je suis arrivé en studio, Nina m'a fait écouter les morceaux, on a enregistré et ça s'est de suite super bien passé avec Neal et depuis on ne s'est plus quittés. Et suite à la sortie de l'album j'ai donc tourné avec Nina pendant je pense environ un an et demi, et j'en garde vraiment un excellent souvenir. Après je ne pouvais pas non plus rester plus longtemps car j'avais déjà mon propre truc mais je n'en garde que de bons moments.

Concernant Jacques Dutronc, on a tous pris un pied incroyable lors de son anniversaire à te voir avec Imelda May. Cela restera un grand moment pour toi également cette rencontre avec cette chanteuse extrêmement charismatique ? Et comment est ce que c'était vu de l'intérieur ?
Ah tu penses bien que pour moi cela a été le moment de la soirée avec ceux passés avec Jacques sur la scène, parce que jouer avec lui c'est quand même un gros kiff ! Mais jouer « You Really Got Me », un titre très rock, avec Imelda, c'était un vrai bonheur. En plus c'est une fille qui est adorable, et quand elle s'est mise à chanter tous les autres artistes présent sont restés scotchés comme ça, c'était un grand moment.

Tu es en pleine masterclass sur le Festival Blues d'Availles au moment de cette interview, on sait que c'est important pour toi de transmettre et partager ce savoir, et du coup est ce qu'il pourrait y avoir par exemple une édition un jour de DVD pédagogiques façon Fred Chapellier, un peu dans le style de ce qu'a pu faire Jean-Pierre Danel avec ses "Guitar Connection", et pas forcément sur tes propres titres d'ailleurs …?
Alors j'avoue que j'ai quelques projets qui vont un peu dans ce sens, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment ...

Et j'ai cru comprendre que tu avais l'envie d'un projet un peu plus musclé ? Tu peux nous en dire un peu plus ? Et puis en même temps, c'est quoi cette histoire de Final Tour en 2017 qui a paniqué un peu tout le monde, et qui d'ailleurs se fera en partenariat avec Zicazic et France Blues ?
(Rires...) Alors malheureusement c'est tombé au moment où les gens ont pensé que j'étais gravement malade, et ça a contribué au fait que tout le monde a pensé que j'étais arrivé au bout ! (rires...) Pour le projet un peu plus musclé évoqué dans le Fernando Rock Show, là non plus je ne peux pas en dire énormément sur le sujet qui est encore un peu confidentiel, mais disons qu'il s'agit d'un projet d'écriture avec un groupe européen sur quelque chose de très rock. Quant au Final Tour, c'est un peu aussi pour toutes ces raisons là, j'ai envie de faire autre chose, même si je suis ultra fier de ce dernier album que l'on va faire tourner jusqu'à la fin de l'année. Et comme j'ai des projets pour 2018 et que je pense que je suis aussi un peu arrivé au bout de ce que je peux faire sous mon nom, pas musicalement mais au niveau de ma carrière personnelle, c'est quelque chose de tout à fait sérieux. Ce ne sont pas des adieux à la scène, mais j'ai plutôt envie par exemple de jouer du blues en accompagnant un chanteur et non plus en portant tout sur mes épaules de A à Z.

Pour terminer, et en dehors de Charlie bien entendu, quel est ou quels sont les guitaristes français de la nouvelle génération qui te semblent parfaitement outillés pour faire vivre le blues hexagonal ?
Alors le problème c'est que comme je tourne tout le temps, je les vois très peu ... Donc c'est un peu compliqué pour répondre à ça ... Il y a le petit Lucas Peaquin qui a assurément un très bel avenir, mais même si j'entends des noms circuler comme Sophie Malbec, je ne peux pas vraiment te dire car je ne l'ai jamais vue. Là par exemple, je ne vois rien de ce qui se passe sur la scène cet après-midi ... Mais si je peux rajouter quelque chose, c'est que pour moi, à l'heure actuelle, le meilleur guitariste de blues en France c'est Nico Duportal. C'est un blues très roots, très "old school", que j'adore !

Merci Fred pour ces instants passés ensemble, je voulais dans cet interview me pencher un peu plus sur les textes de cet album magnifique qu'on ne le fait habituellement, et donc à très bientôt sur d'autres scènes.
Avec plaisir, merci à toi, et pour les textes je pense que le titre éponyme de l'album, « It Never Comes Easy », est très intéressant car il s'agit vraiment de ma vie, arrivé à 50 ans, avec le regard en arrière et pour lequel j'ai demandé à Neal (Black) qui me connaît par cœur de retranscrire un peu toutes ces années.

Propos recueillis par Alain Hiot