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SÓLSTAFIR au DIVAN DU MONDE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mercredi, 15 juin 2016
 

SÓLSTAFIR
LE DIVAN DU MONDE – PARIS (75)
Le 15 mai 2016

http://www.solstafir.net/

Remerciements à Tangui de Garmonbozia Prod.

Enfin un peu de renouveau et de fraîcheur dans le métal. Des déserts secs et gelés du nord islandais a surgi comme un blizzard cinglant Sólstafir, l'une des formations des plus originales de ces dernières décennies. Du rock qui vient de la terre, des mers, du vent et des volcans ... Et c'est presque trop beau et délicieusement inclassable. Et parce que l'élément le plus remarquable dans les compositions de Sólstafir est évidemment le parti pris de plus en plus mélodique du groupe, lui permettant ainsi de valoriser encore plus ses énervements, mais aussi d'explorer une facette épique avec plus de nuances et un spectre sonore encore élargi.

Bien avant d'être la figure de proue du metal païen islandais, Sólstafir faisait du black metal, cru et croustillant mais de facture classique. Cette évolution bénéfique donc a fait du groupe qu'il soit reconnu de ses pairs. Alors avec ces ambiances mystiques, ces voix sous forme de lamentations plaintives enrichies par des chants clairs, un son brut et parfois agressif, des parties acoustiques voire empruntées au classique, des structures fluides mais solides, les Islandais composent de véritables hymnes avec ce quelque chose d'immersif et prenant qui ne laisse à aucun moment indifférent.

Tout d' abord, Sólstafir a sorti quatre œuvres conceptuelles, riches, alambiquées et complexes aux forts relents progressifs, stoner et post-rock, et c'est la toute dernière, « Ótta », qui sera jouée en son intégralité sur un premier set au Divan du Monde, avec pour l'occasion un accompagnement au piano et quatuor à cordes. Mettez-vous au calme et fermez les yeux, laissez-vous envoûter par ces notes de piano, cette langue si particulière aux consonances rocailleuses, ces slides de guitares qui surprennent, cette batterie tantôt discrète et qui s' emballe soudainement, ces chœurs tripants sous forme de pleurs, et cette ambiance qui prend qui prend encore plus son intensité, notamment avec la voix de Aðalbjörn « Addi » Tryggvason.

« Lágnætti » est une composition très solennelle et envoûtante au clavier et violon avec quelques traits de guitares et dont le rythme emmené par Gudmundur « Oli » Palmason qui cogne comme un sourd sur sa batterie, vogue sur des riffs metalliques qui sonnent étrangement. Belle entrée en matière ... Et puis arrive « Ótta », le chef d'œuvre, et l'on entendrait presque pleuvoir les premières lueurs de l'aube sur ce banjo. « Ótta », c'est la fin de la nuit, pas encore le parfait jour non plus : quelqu'instant qui se met en place lentement et dans le lointain. Une pièce maîtresse ... « Dagmál », a par contre un rythme trépidant, presque industriel, et la voix se fait lasse et énervée. Le titre est terriblement simple au regard des deux premiers, mais terriblement efficace grâce à la rythmique basse de Svavar « Svabbi » Austmann. S'enchaineront ensuite les morceaux du concept album dans leur ordre originel oblige, ponctués par leur réécritures en y incluant la section cordes, et par les longues mélopées des guitares planantes de Sæþór Maríus « Pjúddi » Sæþórsson, notamment sur « Náttmál » et « Miðaftann ».

Le deuxième set, après un court interlude cinématographique, s'articulera grâce aux morceaux phares des Islandais, principalement issus en fait de l'excellent opus « Svartir Sandar », sorti en 2011. La force de Sólstafir réside indéniablement dans sa maîtrise incroyable du rythme et des mélodies planantes, à l'instar du titre « Fjará » d'inspiration floydienne. Ode à l'imaginaire ... On découvre ainsi un concert dans lequel les influences semblent plutôt rares tant la personnalité du groupe est éclatante et riche. Inspirés dans les compositions metalliques comme dans les passages plus post-rock, les musiciens n'hésitent pas à mélanger les deux genres, sans superposer des couches et alourdir leurs titres. Les structures de leur morceaux sont loin d'être linéaires : elles progressent en crescendo qui parfois retombent en passage calme, parfois explosent en accélération puissante.

Tout est clair, intelligent et fluide, et vous envoie flotter au loin, par-delà les aurores boréales ...

Fred Hamelin – juin 2016