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DJELIMADY TOUNKOURA au STUDIO DE L’ERMITAGE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 07 juin 2016
 

DJELIMADY TOUNKOURA
STUDIO DE L’ERMITAGE – PARIS (75)
Le 11 mai 2016

http://maliactu.net/mali-djeli-blues-de-djelimady-tounkara-fascinante-demonstration-dune-atypique-virtuosite/

Remerciements à Jean Hervé Michel de Nueva Onda Productions

Les guitar heroes ne sont pas tous occidentaux, loin de là, et bienheureusement d' ailleurs. Le Malien Djelimady Tounkoura est certainement l'un des plus grands maîtres de la six cordes du continent africain. Ancien leader du Rail Band de Bamako dans les années 70 (il y est entré en 1966), il œuvre désormais sous son propre nom. Joueur également de kora, compositeur, arrangeur et chanteur, il nous offrait dernièrement un live d'anthologie au Studio de l'Ermitage, présentant ainsi son dernier opus « Djeli Blues », entièrement instrumental, le tout savamment orchestré, tantôt dépouillé et tantôt riche en surprises.

Djelimady est accompagné de ses complices d' hier et d'aujourd'hui pour ce que tout amateur, curieux et passionné, reconnaît comme une célébration guitaristique pour le contenu, et un indispensable pour sa présence sur scène tant il se fait rare depuis quelques années. Le « Monsieur », à presque 70 ans, est au sommet de son art. On aura aucun mal à le croire tant ce concert fut de la haute voltige. Voici la source et le nectar de cet art des griots maliens pour l'origine et un prestigieux musicien mélodiste, virtuose avant tout et toujours en recherche de perfection. On comprend d'autant mieux qu'il fut l'école vivante des Salif Keita, Mory Kante et tant d'autres encore.

Né à Kita d'une famille de griots, Tounkoura s'est forgé un style inimitable dont se sont inspirées plusieurs générations de guitaristes. Et puisqu'il a très jeune pratiqué les instruments traditionnels avant de découvrir son instrument de prédilection, il s'est inspiré de cette tradition, l'a modernisée et adapté à la guitare le jeu de la Kora et du Ngoni, instruments qui accompagnent depuis des siècles les grandes épopées mandingues. Il a écouté la radio et s'est imprégné des musiques afro-américaines comme le jazz et le blues, des sons arabo-andalous, cubains, congolais et de l'afrobeat nigerian, pour les intégrer à ses compositions.

Son touché, son phrasé, son sens aigu de la note exacte, le swing discret et efficace, aiguisent l'élégance fluide de ses solos (écoutez « Dianamango » ou « Mansa »). Compositeur subtil, il entame une carrière solo dès 2001, enregistre « Sigui » pour le label Bleu/Indigo (récompensé par un BBC Music Awards), puis « Solon Kono » pour Marabi Lusafrica en 2004. Il participe aussi à des projets européens (avec Peter Gabriel) et entame depuis des tournées mondiales avec sa formation, le jazzman Bill Frisell et bien sûr le Rail Band de Bamako.

Dans un Studio de l' Ermitage, comble à craquer , Djelimady Tounkoura et son band se sont attachés à faire amplement participer le public, y compris des invités prestigieux qui s' étaient déplacés pour l'occasion, soit dit en passant le chanteur, claviériste et chef d' orchestre malien Cheikh Tidiane Seck qui, vite, s' installera aux percussions et calebasse, mais aussi l' immense blues man américain, Taj Mahal (qu'on ne présente plus) qui avec bonhommie et un plaisir non dissimulé, s' est essayé à une improvisation blues en français, au côté de Tounkoura.

Nouvelle confirmation de l'étonnante richesse musicale du Mali : Djelimady Tounkoura nous offre une musique tour à tour enlevée, mélancolique, toujours raffinée, méditative et ludique. Il ouvre de vastes horizons et fait partie de ces artistes qui créent insidieusement un pont entre cultures tout comme leur chemin en nous et que nous suivrons ... Pourquoi au juste ? Difficile à expliquer ... L'un des grands mystères de l'expression artistique, de la rencontre des sensibilités, des esprits et des âmes, qui a des milliers et milliers de kilomètres, a lieu où pas. Et cette magie réchauffe idéalement en ces mois d'hiver tardifs.

Fred Hamelin – juin 2016