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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 03 juin 2016
ETHS
http://www.eths.net/
Beaucoup pensaient que ETHS, après le départ de
la charismatique chanteuse Candice Clot, c'était
terminé. Mais voilà après quelques
galères que le groupe tel un phénix renait de ses
cendres. Après un excellent concert au Hellfest l'an
dernier, l'un des groupes phare de la scène
française est de retour avec un très bel et
mystique album, « Ankaa ». L'occasion pour nous de
rencontrer Staif, guitariste, chanteur et à l'origine du
groupe, ainsi que Rachel Aspe qui succède à
Candice au chant.
Bonjour, pourriez-vous vous
présenter
pour nos lecteurs de Zicazic ?
Salut, moi c'est Staif, guitare et back vocal.
Salut, et moi Rachel, au chant.
Parlez-nous du groupe,
pourquoi ce nom pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore?
D'où venez-vous, comment le groupe s'est-il formé
?
S : Alors notre groupe existe depuis 1999, et notre
spécificité est d'être un groupe de
metal et d'avoir une fille qui crie. On est connu pour ça
(Rires). On nous a catalogués dans plein de styles, mais
nous on fait du metal au sens large du terme. On est autant
inspiré par le hardcore, le heavy ou le néo
metal. Pour la formation propre du groupe, cela remonte à
encore plus longtemps. On part d'un groupe de lycée. Quand
j'ai découvert Metallica, j'ai eu envie de faire pareil.
J'ai rencontré Greg qui était second guitariste
jusqu'à il n'y a pas longtemps et on a fait ce groupe. Et un
jour on a changé de chanteur, et il s'avère que
ma copine de l'époque connaissait bien Candice, et elle m'a
dit "elle crie un peu" et ça s'est fait comme
ça. On s'appelait "What's the Fuck". On a fait des
tremplins, des petits trucs comme ça. Et à un
moment, il a fallu faire le choix entre une vie normale ou la musique
et c'est à ce moment qu'on a décidé de
devenir ETHS.
On va parler de votre
album « Ankaa », déjà
pourquoi ce titre ?
S : Alors « Ankaa », c'est Alpha Phoenicis, c'est
l'étoile la plus brillante de la constellation du
Phénix. C'est un mot qui m'a plu, avec les trois A car
j'aime bien la symbolique du 3 et le A rappelle aussi la pyramide qui
est aussi omniprésente dans cet album à travers
les textes et dans l'artwork. Il y a une idée de renaissance
car beaucoup avaient prédit la mort du groupe, et
également une renaissance sur le plan personnel
où j'ai vécu pas mal de trucs très
durs, et ça va beaucoup mieux maintenant.
On sent
d'entrée d'album une atmosphère lourde,
oppressante même ? C'était le but
recherché que de nous plonger d'entrée dans ce
climat ?
S : Exactement. C'est pour ça que j'ai mis le hit
d'entrée, en mode teaser de film. Je voulais que
dès que tu mets le disque, on pose le décor et on
s'immerge en quelques secondes dans l'univers de l'album.
Comment
décririez-vous l'album musicalement, on reste toujours dans
le metal sombre et puissant ?
S : C'est une façon de le voir, mais ce n’est pas
forcément ça. Pour moi, cela reste de la musique.
Du metal tout simplement. C'est une volonté d'ouverture et
de mélanger pleins de choses en essayant quand
même de faire quelque chose d'esthétique et de
cohérent avant tout.
Beaucoup de
sonorités orientales, des touches electro, choses que vous
n'aviez pas avant … Ça fait partie des
évolutions de ETHS ?
S : Oui et non. Tout le monde dans le groupe, même au temps
de Candice, écoutait beaucoup d'electro, genre Prodigy ou
Chemicals Brothers. On a toujours beaucoup aimé l'electro,
et peut être qu'avant on n'avait pas osé. Quand on
a essayé peut être que cela n'a pas
été bien compris. Sur « III »
par exemple, on a fait une reprise de Madonna que nous on adore, mais
bon, qui n'a pas été très
appréciée. On a plein de choses comme
ça qu'on aime et cette fois, on voulait amener ces
influences. Moi j'aime beaucoup l'electro, mais aussi la world music.
Je suis un fan ultime de Dead Can Dance qui fait partie depuis toujours
de mes influences principales, ou alors Nine Inch Nails, surtout ce
côté electro très moderne qu'il peut y
avoir dans certains courants comme la trap music. Voilà,
j'aime ce côté noir et violent qu'ils peuvent
amener alors qu'ils viennent du hip hop et que je trouve qu'il se perd
dans le metal d'aujourd'hui.
Cet album va sûrement
en appeler d'autres, est-ce le premier chapitre d'une série
? Ou juste un concept album unique ?
S : Hum, on va voir. Qui vivra verra comme on dit. Je pense que
« Ankaa » était un accouchement dur,
long et compliqué. Donc on va d'abord le défendre
et voir où il va nous emmener. C'est sûr
qu’aujourd'hui, j'ai envie de faire autre chose avant de me
replonger dans un autre album de ETHS.
On peut le
considérer comme un concept album ?
S : Oui. Mais par contre le côté concept a
été inconscient. Il s'est imposé de
lui-même, au fur et à mesure de
l'arrivée des titres. Ce sont les morceaux les plus souples
et lumineux qui sont sortis en premier et les plus dark et les plus
malsains à la fin. Mais vraiment naturellement, vraiment
inconsciemment.
Les titres des morceaux
sont assez particuliers ? Pourquoi ce choix ?
S : Les civilisations anciennes me passionnent, les langues mortes
aussi. Là, on est dans le Latin, l'Egyptien ou le Grec. On
trouve aussi des civilisations indiennes … Mais on a
toujours été dans ce registre avec ETHS. Avec
Candice on avait déjà cette passion. Pour
« Ankaa » en fait, j'avais
déjà en tête les titres des chansons
avant même d'en avoir la musique ou le texte. Je me suis
appuyé sur les titres des morceaux pour écrire
les textes après.
En fait tu avais tout
l'album en tête quelque part ?
S : Oui, c'est vrai.
Ou peut-être
même le scénario, si on peut dire que cet album
est scénarisé ?
S : Oui, oui, je suis d'accord. J'ai toujours vu le
côté pictural de l'album et de la musique. C'est
flagrant.
Ça s'entend
sur les sonorités entre les morceaux …
S : Oui. C'était important de rester dans cette
même atmosphère et de permettre de lire ou de
découvrir autrement un même riff. Il ne sonnera
pas pareil selon la manière dont tu l'introduis.
On peut parler,
même si tu ne vas pas trop aimer, d'album de la
maturité ?
S : (Rires). Peut-être. C'est vrai que je commence
à être un peu plus vieux. Donc
forcément un peu plus d'expérience.
Maturité, oui pourquoi pas. On peut dire ça oui.
Lorsque vous avez
composé, vous avez pensé live ? Ou bien vous
savez que certains titres ne pourront pas être
joués sur scène ?
S : Oui, quand on pose un riff, on se voit le jouer sur une
scène. Mais il y a des morceaux qui vont être
compliqués à jouer live. Alors on va faire appel
aux samples mais malgré tout, pour la rentrée
à venir, dans le cadre du « Aanka Tour
», on va emmener un vrai concept. Quitte à
intégrer d'autres membres sur scène, pour
justement pouvoir reproduire en concert ces sonorités et ce
côté de l'album studio. Beaucoup de guests, et on
y pense très sérieusement. Aller
au-delà de juste nous quatre qui jouons cet album.
ETHS existe depuis 1999,
avec beaucoup de changement certes, mais vous avez un secret pour une
telle longévité ?
S : Ben tu sais, je suis taureau, donc je ne lâche rien
(Rires). Tant qu'on n'a pas eu ce qu'on veut, on reste là !
Le concert et
l'excellente prestation surtout au Hellfest l'an dernier ont-ils
été un nouveau départ pour ETHS, c'est
à dire un retour du groupe sur le devant de la
scène ?
S : Disons que cela a peut être prouvé, je mets
les guillemets bien sûr, que ETHS était encore
là. Enfin surtout qu'on était encore capable
d'intéresser les gens. Tu sais ce que c'est dans ce milieu,
quand Candice part, on dit que ETHS est mort. Et si en plus
plus personne ne vient te voir alors forcément on rentre
dans un cercle vicieux, mais qui peut aussi devenir vertueux comme cela
s'est passé au Hellfest où cela a
été une surprise pour tout le monde, y compris
pour nous !! Qu'il y ait autant de monde, c'était juste
incroyable. Et d'un coup les gens disent que ETHS avec Rachel
ça peut le faire et que du coup ça
intéresse toujours le public.
Justement, j'en viens aux
set lists, car il y a forcément des morceaux plus anciens
qui envoient grave avec Candice, et donc ce n’est
peut-être pas évident pour toi Rachel
d'intégrer tous les morceaux, ou plutôt de
t'approprier les morceaux ? Comment tu as
appréhendé ça ?
R : En fait tous ces morceaux me plaisaient quand j'écoutais
ETHS, donc j'ai beaucoup de plaisir à les jouer. Et puis ce
sont des chansons que les fans adorent donc il faut les chanter. Mais
c'est vrai que je me sens encore plus à l'aise avec l'album.
S : Après il y a des morceaux comme « Gravis
Venter » dans l'album « III » par
exemple, je ne me vois vraiment pas le faire avec Rachel tant ce
morceau est personnel à Candice. Ce ne serait pas possible,
pour moi, et pour le public non plus. Et on a bien conscience de
ça. Il y a des morceaux qui appartiennent à
Candice. Les textes sont tellement profonds et lui sont tellement
propres. Donc on ne peut pas les faire avec Rachel, et
elle-même ne se sent pas à l'aise dessus. Donc le
choix des set lists se fait plus sur ça. Mais bon
ça a été aussi l'occasion de ressortir
des vieilleries comme « Le Mâle » par
exemple, que les vieux fans aiment bien.
Y a-t-il un message
à travers vos albums ?
S : En fait, on n'est pas trop un groupe à messages. Mais
cette idée de renaissance comme on le disait plus
tôt est peut-être ce qui doit s'appliquer
à la race humaine aujourd'hui, à notre
civilisation qui est en plein déclin, qui
s'autodétruit. Où la religion devient synonyme de
meurtres, où le capital à tout prix
détruit tout. Mais paradoxalement et
parallèlement à ça, les gens s'ouvrent
de plus en plus et donc ce que j'espère, par ce disque et
les clés qui sont cachées dans les textes, c'est
emmener les gens à s'ouvrir encore plus, à se
poser les bonnes questions.
Est-ce que vous avez
pensé vous aussi avoir votre propre étoile ETHS,
puisqu'on peut désormais acheter son étoile ?
S : Non, on a déjà pensé à
aller sur une étoile mais pas à en acheter une
(Rires).
Dernière
question, quel est le dernier album que vous avez
écouté, à part le vôtre ?
S : Ça n'a rien à voir avec du metal. C'est
Anderson .Paak, l'album « Malibu », une
espèce de mélange entre soul, hip hop et electro.
Le gars a une super voix, c'est funky, c'est super bon, cool et frais.
Merci beaucoup
Merci à toi
Propos recueillis par
Yann Charles
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