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LISA SIMONE à L'OLYMPIA (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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jeudi, 19 mai 2016
LISA
SIMONE
L’OLYMPIA
– PARIS (75)
Le 14 avril 2016
http://lisasimonemusic.com/
Remerciements à Celine Lugué de In Vivo Agency
A l'évidence Lisa est la fille de ... C'est assez
réducteur et pour transformer deux lettres d'un
prénom en identité singulière, il aura
fallu faire ses armes, attendre la reconnaissance, temporiser,
éprouver les années et patienter mille vies. Mais
même si cette reconnaissance est parvenue sur le tard, elle
est désormais bien ancrée. Trente ans auparavant,
Nina Simone faisait ses adieux au public, une toute dernière
fois à L'Olympia. Et du haut du balcon, sa fille Lisa
l'acclamait en rêvant de se produire à son tour
dans la mythique salle. Avril 2016, juste quelques jours
après la sortie de son second album, « My World
», elle y laisse son empreinte.
Lisa Simone est accompagnée sur scène d'un trio
de musiciens issus d'horizons différents qui l'entourent
depuis ses débuts, soit Hervé Samb (son directeur
musical, d'ailleurs) aux guitares, le New Yorkais Reggie Washington
à la basse et contrebasse et le Guadeloupéen
Sonny Troupé derrière la batterie. A
ceux-là, s'ajoutent un étonnant percussionniste
brésilien et une section de cuivres et de choristes. Lisa
enflamme les planches par son sourire, sa joie de vivre et une
communion parfaite avec son public. Sagesse, sensibilité et
puissance s'expriment pleinement grâce à une voix
chaude, veloutée, douce et enveloppante et c'est
à chaque titre un enchantement.
L'univers musical de l'artiste est riche puisqu'il intègre
allègrement du slow blues, du jazz vocal, de la soul suave
et navigue parfois à contre-courant, offrant des
parenthèses sonores tantôt africaines et
tantôt latines. Et Lisa nous embarque pour un voyage
chaleureux et plaisant avec un souci de la mise en scène
certain, sûrement influencée par une
expérience riche passée sur les planches de
Broadway, mais aussi grâce au processus d'arrangement et
d'orchestration d'Hervé Samb, qui à l'instar d'
autres protagonistes de sa génération, positionne
l'Afrique contemporaine dans l'actualité, donnant le change
à la création européenne actuelle,
loin des clichés habituels sur la musique traditionnelle. Il
développe ainsi un langage inédit
puisé dans les différentes cultures qui
l'habitent. C'est une rencontre qui prend tout son sens dans la
lignée des Simone et un travail fabuleux à tel
point que chaque instrument trouve naturellement sa place, se fond et
se complète dans une toile sophistiquée.
En véritable étoile donc, qui brille avec
constance et détermination (son deuxième et
prédestiné prénom est
Céleste) et conquiert l' audience dès les
premiers couplets, Lisa Simone chante avec
sincérité et une maturité rare dans l'
interprétation de l'exercice jazzistique, les compositions
de ses deux albums (« All is Well » et «
My World ») dont les excellents titres « Let It All
Go », « Finally Free » et « I
Pray » ; reprend avec beaucoup d'émotion
« Autumn Leaves », la version anglaise du
poème de Prévert (« Les Feuilles Mortes
»), une assez déconcertante « Suzanne
» d' après Leonard Cohen, sans oublier sa
mère avec une version épurée de
« Ain't Got No I Got Life ».
En bref la musique est superbe, passant sans cesse de la complainte
soul mélancolique à un blues
débridé, tout en visitant ce que le mariage d'un
jazz moderne maîtrisé et d'un blues de
qualité peut faire de mieux. On sort ébahi,
enchanté, charmé devant tant de sourires et
secoué à l'écoute d'un grand concert.
Lisa Simone est désormais une artiste sur laquelle il va
falloir compter, fascinante par ses orchestrations subtiles, par ses
envolées envoûtantes et une voix dansante qui va
et vient dans ce flot de musique : un vrai régal qu'elle
même alimente et transmet avec malice à son
auditoire. A voir absolument !
Fred Hamelin –
mai 2016
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