ALLEN STONE à LA MAROQUINERIE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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lundi, 16 mai 2016
ALLEN
STONE
LA MAROQUINERIE
– PARIS (75)
Le 12 avril 2016
http://www.allenstone.com/
Remerciements à Maël Angel de Live Nation
Un petit blanc blondinet aux allures de hippie qui pourtant se
labellise soul tout en prenant des faux airs de Stevie Wonder, c'est
assurément assez accrocheur pour que notre
curiosité nous fasse nous déplacer à
la Maroquinerie pour un show chaud bouillant des plus
étonnant.

Cet ancien fils de pasteur devenu performer soul sur-actif a
enchaîné en deux ans plus de 600 dates, traversant
les États-Unis de long en large. Son nouveau projet qu'il
présente aujourd'hui en live est
réalisé en collaboration avec le chanteur et
songwriter suédois Magnus Tingsek, et avec la participation
de producteurs tels que Benny Cassette (Kanye West) ou Malay (Franck
Ocean), réaffirmant la volonté du chanteur de
Seattle de produire une soul sans compromis, tout en transgressant les
codes de la pop.

On est ainsi constamment pris entres vieilles recettes, classiques
certes mais efficaces, et innovations telles illuminations heureuses.
Et c'est un fauve du funk ayant pris la relève de grands
qu'ont été les Sly Stone, Baby Huey ou Curtis
Mayfield, et qui par bonheur n'est pas près de s'assagir.
Donc un pied intégral, car personne à part les
grands maîtres de Family Stone de l'époque Larry
Graham et ceux cités ci-dessus, n'a encore fait mieux dans
la fusion rock/funk/rhythm'n'blues.

Entre héritage remodelé des années
James Brown, incursions rock'n'roll, ambiance
psychédélique et textes ultra chauds, suaves
façon Marvin Gaye, Allen Stone posait en 2010 avec un
premier album, l'une des pierres angulaires d'une nouvelle
génération soul prête à en
découdre. Six ans après, l'artiste n'a rien perdu
de son enthousiasme et de son inspiration, et sur scène il
explose d'un plaisir trop contenu : le combo est en état de
surexcitation (maîtrisée), avec des guitares et
claviers futés, des combinaisons basse/batterie efficaces et
des cuivres chaleureux toujours en embuscade. Pour que le tout aille
à l'essentiel, sans fioriture ou faux-semblant, et c'est du
grand art.

« Freezer Burn » est le premier titre qui donne le
ton à un set qui se voudra brillant, malin, et
irrésistible d'un bout à l'autre. Le format assez
court des morceaux (trois à quatre minutes en moyenne),
donne au live une énergie supplémentaire. On
assiste ainsi à une suite de petites vignettes inoubliables,
toutes dissociées mais participant du même feu
sacré. Le frémissant « Freedom
», le gospelisant duo de titres « Million / I Want
Some Free Love », le jouissif et croonant «
Celebrate Tonight », le jazzifiant « Contact High
» façon Benson, l'ultra mélancolique
« Unaware », ou le très
cuivré « Satisfaction » (rien
à voir d'ailleurs avec le Hit de Stevie Wonder) ; chaque
morceau pourrait être cité pour exemple. Chez
Allen Stone qui a aussi bien écouté la soul
sixties que les chants d'église gospel, la douceur lascive
ou la mélancolie s'acoquinent sans mal avec des breaks funky
à tomber par terre, et c'est tant mieux.

La Maroquinerie a tremblé ce soir-là avec cette
soul allant puiser aux racines profondes. Allen Stone
créé avec cette conviction sincère
qu'ont les grands une musique renouvelée, qui pourtant a
traversé bien des époques, agitée de
mouvements incessants et d'inspirations fulgurantes, mais il sait aussi
lui préserver son essence originelle et communiquer
à son public son effervescence et sa joie de vivre.
Fred Hamelin –
mai 2016
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