|
|
|
|
|
NINE BELOW ZERO à GUYANCOURT (78)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Hamelin |
|
|
mercredi, 11 mai 2016
NINE
BELLOW ZERO
LA BATTERIE –
GUYANCOURT (78)
Le 2 avril 2016
http://www.ninebelowzero.com/
http://www.labatteriedeguyancourt.fr/
Remerciements à Carine Adam, La Batterie Com.
Nine Bellow Zéro, figure incontournable du Pub-Rock
britannique, était en concert-réunion pour
fêter ses trente-cinq ans de carrière à
La Batterie de Guyancourt. Le groupe s'est formé
à l'aube de 1979 autour du guitariste et chanteur Dennis
Greaves, avec une section rythmique assurée par Gerry McAvoy
(en solo désormais et remplacé par le jeune Brian
Bethell à la basse) et Brendan O'Neill (transfuge du Rory
Gallagher Band). Ajoutons au tout Mark Feltham, dandy harmoniciste au
style unique …
En live, le groupe a toujours été un
brûlot et ne faillit toujours pas à la
règle malgré les années
passées. Greaves cisaille les rythmes saccadés
comme aux plus beaux jours, quant à Feltham, il est
éblouissant et impérial de rigueur. Il faut se
caler en imagination au bar avec une pinte de rousse et sentir la
condensation ruisseler sur les murs tandis que
s'égrènent les formidables « Mechanic
Man », « Never Too Late » (et son
anthologique solo de batterie) et « Tore Down »,
qui prennent ici des allures de classiques.
On pouvait craindre un concert mortifère ou, pire encore,
sentant la naphtaline. Mais il n'en est rien, et mieux, c'est jouissif
avec plus de deux heures, pied au plancher (le jeu sec de la guitare et
le chant pressé y sont certainement pour beaucoup), et
ça donne la patate comme rarement. On se croirait revenu
dans le Londres des années 60, dans un pub
enfumé, quand le rock n'était pas encore cette
grosse machine commerciale mais avant tout une affaire de
passionnés qui cherchaient avant tout à se faire
plaisir, à s'éclater, et le public suivait.
Imaginez une pure leçon de rock'n'roll ou la classe
émane de la simplicité, ou l'énergie
n’a d'égale que l'interprétation
impeccable, serrée, énervée, mais
pleinement mâture : la section rythmique emmenée
par Bethell et le vieux briscard O'Neill sonne comme un
modèle de rigueur et de minimalisme, certes, mais d'une
précision diabolique. Quant à Dennis Greaves,
c'est une école, à lui tout seul. Sa voix
chaleureuse est habitée comme celle du type
croisé un soir de virée au pub du coin.
C'est aussi un bavard, qui communique avec son public y allant
allègrement de son humour british. Feltham dans son costume
de vieux Mod joue un rôle quasi essentiel dans le groupe,
pour y insuffler le côté blues primaire mais
primordial. Il n'est pas sans rappeler le Magic Dick du J.Geils Band
tant sur l'allure et sa prestance que son aisance naturelle
à l'harmonica.
Pratiquement trente morceaux joués sur ce set, des
classiques à foison (« Straighten Her Up
», « I Can't Help Myself », «
Can I Get A Witness », « Third Degree »,
« Don't Point Your Finger », « Stop Your
Naggin' », etc.), mais aussi des reprises respectables comme
le « Got My Mojo Working », version d' Ann Cole, l'
impeccable « On The Road Again » des Canned Heat,
ou l'intemporel « You Really Got Me » des Kinks. En
fait, d'un son rock pur et dur (ils représentaient dans les
années 80 ce qui se faisait de mieux dans ce genre au
côté des Feelgood, Godfathers ou Inmates), ils
sont passés maturité oblige à un son
plus rhythm'n'blues et plus diversifié, le blues en fil
conducteur sur l'essentiel des compositions.
Quelle est l'alchimie qui fait que ces quatre-là sonnent
toujours avec autant de vérité, de
manière aussi incisive et directe et avec toujours autant de
matière ? Les effets thérapeutiques du houblon
peut-être ? C'est à l'évidence
grâce à de tels moments passés aux
cotés des Nine Bellow Zero qu'on comprend mieux le sens de
l'expression « Pub-Rock ». Après avoir
tapé du pied avec une métronomie non feinte et un
réel plaisir impossible à dissimuler, une bonne
pinte de bière s'impose pour finir en beauté !
Fred Hamelin –
mai 2016
|
|
|
|