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THE COOKERS au NEW MORNING (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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lundi, 02 mai 2016
THE
COOKERS
LE NEW MORNING
– PARIS (75)
Le 22 mars 2016
http://www.thecookersmusic.com/
Remerciements à l'équipe du New Morning
Pour nous concocter de bons petits plats, il faut à
l'évidence de bons cuistots qui savent allier les saveurs
pour que la sauce prenne. The Cookers, septet d'exception, porte donc
son nom comme s'il était investi d'une mission. Riche avec
un mélange d'élégance classique et
d'exploration, le groupe peut évoquer le passé de
par son nom mais il sonne, au minimum, très tendance. Et
c'est bien sûr un passage obligé par le New
Morning pour ce « All-stars » de hard-boppers.
De l'expérience ? Les Cookers en ont à revendre :
le groupe a 250 ans d'expérience cumulée dans le
monde du jazz et ses membres ont participé à plus
de mille enregistrements. Billy Harper (sax ténor), Cecil
McBee (basse), George Cables (piano), Donald Harrison (sax alto), Eddie
Henderson (trompette) et Billy Hart (batterie), chacun meneur de groupe
en son temps, ont débarqué dans l'exaltante
période des années 60.
A chaque concert, on peut aisément sentir les
décennies de pratique que ces vétérans
ont partagé dans des formations comme celles de Max Roach,
Dizzy Gillespie, Lee Morgan, Herbie Hancock, Miles Davis, Sonny
Rollins, Charles Lloyd, Art Blakey et tant d' autres. Leur nom de
baptême rend hommage à un disque de 1965 du
trompettiste dynamite Freddie Hubbard (« Night of the Cookers
»). Réunis depuis 2007 par l’arrangeur
David Weiss, lui-même trompettiste et véritable
patron du groupe, ces maîtres du swing, du bop et de l'impro
débridée forment une décoiffante
machine infernale.
David Weiss a exhumé quelques perles oubliées de
la discographie de ses collègues mais aussi des plus grands
avec lesquels ils ont collaboré. Le dernier membre
arrivé dans le groupe, Donald Harrison, issu de la jeune
génération, partage cette même passion
et cette même intensité avec passion, mais en
tournée actuellement, il était absent du New
Morning. Les compositions couvrent près de quarante ans
d'histoires communes ou parallèles. Billy Harper signe un
« Believe It's For True » à la scansion
renversante en ouverture et plus loin un « Quest »
soufflé en chœur tandis que Cecil McBee et George
Cables font descendre la tension par les ballades «
Temptation(s) » à l'atmosphère
épurée et la sensuelle « Ebony
Moonbeans » aux reflets latins.
Les mêmes se fendent d'un « Tight Squeeze
» intriguant, et du plus conventionnel « But He
Knows », laissant au batteur Billy Hart le soin de conclure
par l'une des harmonies dont il a le secret (« Naaj
»). Comme un passage obligé, l'ensemble rend
hommage à Wayne Shorter en reprenant
l'emblématique « Free For All » - assez
bizarrement il faut l'avouer - et qui pourrait être la devise
de ces mousquetaires de l'ère ternaire. A retenir aussi la
superbe réécriture de la chanson de Billy Hart,
« Sir Galahad », quintessence du Hard-Bop
(difficile de faire mieux).
Fruit de cette expérience collective s'est
épanoui un savoir-faire unique, grâce auquel ce
groupe a gagné sa réputation mondiale : une
approche profondément mélancolique
couplée à une sophistication harmonique. Une
parfaite combinaison d'élégance, de swing
revigorant et de bonne humeur contagieuse qui fait, de plus, des
Cookers, et même s'ils révèrent les
grandes figures tutélaires du passé, un groupe
incontournable produisant une musique moderne et
rafraîchissante, et qui ne se contente pas d'aligner des
thèmes pour un public de nostalgiques. Les Cookers
démontrent donc la pertinence de leur répertoire
sur la scène jazz contemporaine.
Un mot ... juste un mot : exceptionnel, fut ce concert !
Fred Hamelin –
avril 2016
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