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DEWOLFF au POP UP DU LABEL (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 25 avril 2016
 

DEWOLFF
LE POP UP DU LABEL – PARIS (75)
Le 11 avril 2016

http://www.dewolff.nu/

Remerciements à Elisa Blanchet, Base Productions

Un trio hollandais qui propose de manière assez festive de vous embarquer dans sa machine à remonter le temps psychédélique vers les années 1967/72, c'est assez tentant pour que notre curiosité nous amène dans l'un de leurs (très) nombreux concerts. DeWolff, un nom qui sonne comme une baffe musicale et un combo d'un autre temps par trois jeunes gens, pourtant bien de leur époque, qui entreprennent de redonner vie au son vintage laissé par leurs aînés, les Cream, Hawkwind, 13th Floor Elevators et consorts.

Parce que sur leurs albums comme sur leurs concerts (ici au Pop Up du label, petite salle parisienne côté Bastille), on retrouve tout ce qui fit le charme d'une certaine esthétique psyché, matinée de sueur proto-hardeuse, d'un blues virant vers les substances psychotropes, d'une transe un peu plus cuir que flower power. Et dire qu'à la sortie du premier opus, le plus âgé des trois musiciens à réussir ce régressif tour de force venait à peine d'atteindre sa majorité ! Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années. C'est certainement vrai pour les rejetons de la famille Von Poel (Pablo aux guitares et Luca derrière les fûts) et leur pote Robin Piso, stratège de l'orgue Hammond (un touché à la John Lord sur un bon Farfisa d'origine). Ces petits prodiges sont capables de balancer le plus blues-rock des morceaux, de vous hérisser les poils grâce à de gros riffs plein de fuzz à faire pâlir de jalousie un Blue Cheer de 1968, le tout mené par un guitariste à donner aux Yardbirds des idées de reformation et avec, enfin, le concours d'une qualité de songwriting bien au-devant de leurs jeunes années.

Parce qu'il y a un côté étonnamment prometteur chez ces quasi (illustres) inconnus chez nous, on ouvrira grand nos oreilles : un « Black Cat Woman » boogie rock d'ouverture, tout en clavier saloon et très stonien période « Exile on Main Street » ; un fuzz rock bien trouvé et entraînant (« Sugar Moon ») ; un blues ou l'ombre d'un Morrison sous acide veille au grain (« Desert Night ») ; une belle grosse ballade hard-rock bien tripante (« What's The Measure Of The Man ») et ses longues mais nécessaires treize minutes ; les épiques « Easy Money » et « Stand Up Tall » (du Deep Purple, sans aucun doute permis, avec une touche country-rock à la façon d'un Quicksilver Messenger Service pour l'un et une pincée de Southern façon Allman pour le second) ; ou un swamp blues bien graisseux comme final sympathique (« Don't You Go Up The Sky », single tiré de leur dernier album).

Il y a moult ébahissements qui saisiront le curieux et qui tiennent la distance, preuve que ces chansons, au-delà de la poudre aux yeux d'une production bourrée d'effets rétro, ont une vraie résistance à l'usure du temps et aux écoutes répétées.

DeWolff ne sont pas des stars, leur style n'étant pas autant commercialement porteur que ça, et ne le deviendront-ils d' ailleurs jamais. Mauvaise époque. Mais ils le méritent et offrent avec maintenant cinq albums, une palette exhaustive du tout rock'n'roll des années Freak Power : des Marshall qui crachent autant de décibels, des riffs aussi mordants que ceux arrachés par leurs pairs, une énergie fracassante jugulée, et parfois des improvisations intempestives brillamment apprivoisées. Tout pour plaire donc !

Fred Hamelin – avril 2016