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EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2016 à TORRITA DI SIENNA (IT)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 10 avril 2016
EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2016
EUROPEAN
BLUES CHALLENGE
PALAZZETTO DELLO SPORT
– TORRITA DI SIENA (ITALIE)
Du 7 au 9 avril 2016
http://www.europeanbluesunion.com
http://www.torritablues.com
Retrouvez toutes les
photos de Jean-Michel Rock'n Blues sur http://rocknbluesnbike.free.fr
Se rendre à Torrita di Siena, c’est un peu le
parcours du combattant avec au programme de petits aéroports
de province, des vols qui fluctuent, des hébergements qui
s’éparpillent dans la campagne toscane, des
navettes à prévoir pour se rendre dans les
endroits stratégiques et toute une multitude de petits et
gros détails à gérer avant
d’y arriver mais le jeu en vaut la chandelle car il y fait
beau, la région est agréable et c’est
un village qui, comme chaque année pendant son
festival, s’est mis aux couleurs du blues pendant un long
week-end … Pas étonnant que dès le
jeudi on y croise tous les amis de la communauté blues
européenne et plus largement mondiale !
Jeudi 7 avril 2016 :
Le temps de trouver ses repères et nous voilà
déjà dans la salle polyvalente qui va accueillir
le challenge par lui-même, mais à tout seigneur
tout honneur, c’est avec un grand gala
dédié au blues italien que l’on
commence cette 6ème Edition. Au programme, une grosse
dizaine de formations transalpines de qualité
agrémentées d’un diner gastronomique
pour ceux qui le souhaitent, un grand moment de convivialité
où l’on croisera nombre d’amateurs du
cru mais aussi des visiteurs venus de plus loin spécialement
pour découvrir ou redécouvrir la crème
de la crème des artistes nationaux.
Autour d’un house band emmené par Nick Becattinni
qui lancera la soirée par deux premiers morceaux, on
accueillera ainsi quelques pointures comme Luca Giordano qui nous
gratifiera d’un long et superbe dialogue guitare / voix ou
encore Gennaro Porcelli qui terminera son passage par un hommage
à Johnny Winter qu’il considère comme
son père spirituel. On remarquera forcément
l’excellent Marco Pandolfi que l’on retrouvera en
sideman un peu plus loin dans la soirée avec son harmonica
et le non moins épatant Mike Sponza qui nous
délivrera ce soir un extrait de son tout nouvel album dans
lequel il travaille autour des grandes expressions latines.
Animée et présentée par Carlo
Massarini, bien connu du public italien pour ses activités
télévisées, la soirée
atteindra son apogée avec le passage de
l’époustouflant harmoniciste et chanteur Fabrizio
Poggi, le Monsieur Blues italien qui non content d’avoir une
belle et longue carrière dans son pays d’origine a
également une réputation qui
aujourd’hui le précède de
l’autre côté de l’Atlantique.
Un très grand moment de musique que Maurizio Gnola aura du
mal à faire oublier, quand bien même il se mettra
en mode guitar hero pour nous donner le meilleur de lui-même
et de sa virtuosité.
On monte encore un peu dans les tours avec
l’arrivée d’Angelo Leadbelly Rossi et
son blues bien structuré mais aussi et surtout avec Linda
Valori & Maurizio Pugno, la première nous
étourdissant de sa voix de grande blueswoman tandis que le
second se donne sans compter avec sa guitare d’une rare
ingéniosité ! On continuera la soirée
avec le chantre du blues national, Mario Insenga, qui nous
déclamera son art dans sa langue maternelle ou plus
simplement à sa façon, partant à la
demande dans le rock avec un réel talent, avant de terminer
avec le guitariste Tolo Marton venu replier cette première
journée.
On
n’oubliera pas non plus qu’en début de
spectacle, ce sont les jeunes des écoles de la
région qui ont été
récompensés pour leur participation au concours
de dessin Blues Child dans lequel on leur demandait de regarder le
blues avec leurs yeux d’enfants et on se souviendra
également qu’après les
déclarations des représentants du blues local et
national et des émissaires de l’European Blues
Union et de la Blues Foundation, c’est autour d’une
jam sur le traditionnel « Sweet Home Chicago » que
tout le monde se donnera congé en attendant le lendemain et
le début des prestations internationales !
Vendredi 8 avril 2016 :
Le temps de laisser Veronica Sbergia, présentatrice de la
soirée, lancer le grand bal des onze groupes
appelés à se produire ce soir et on commence
directement avec les Polonais de Blues Junkers qui vont nous
proposer un set pointu et bien construit emmené par une
chanteuse efficace et généreuse dont la voix
n’est pas sans faire penser à Janis Joplin, ce qui
est plutôt bon signe et qui place la soirée
à un très haut niveau
d’entrée de jeu.
On continue en grande pompe avec les Bulgares de Bluestream et leur
guitariste virtuose qui nous emmène dans un registre
où blues et blues rock font bon ménage. Le show
est bien géré et nous prête
à penser que la soirée sera relativement
homogène sur le plan purement artistique ! Un bon
présage qui laisse entendre que le niveau est
désormais très équilibré
sur le vieux continent. Dommage que la salle soit loin à
cette heure d’afficher complet, même si le public
arrive lentement, mais surement !
Place maintenant aux Anglais de Red Butler qui ne vont pas
hésiter à venir poser un bâton de
dynamite dans une salle qui peine à se réveiller
mais qui, sous les coups de boutoir de la chanteuse va finir par sortir
de sa léthargie chronique et faire mine de se
réveiller un peu. Il est temps car on atteint
déjà le premier quart d’une
soirée qui ne manque pas d’arguments mais qui
peine un peu à démarrer, la faute au bar
peut-être qui, placé en dehors de
l’enceinte, monopolise encore un peu l’assistance.
On remarquera avec un certain amusement la passe d’armes
entre le guitariste et le bassiste lors d’un solo
à quatre mains qui fait toujours son effet sur
l’assistance …
On traine un peu sur la transition et on accueille le Tanal Padar Blues
Band venu d’Estonie pour nous servir un cocktail
préparé à base de soul, de blues et de
rhythm’n’blues. C’est frais et dansant,
porté par un orgue Hammond qui peine un peu à
faire oublier les crachouillements d’un jack
défaillant qui perturbe un peu un set qui
s’inscrit à sa manière dans la
lignée de ce qui se faisait jadis chez Stax ou chez Chess.
On ne s’ennuie pas un seul instant et c’est bien ce
qui compte le plus pour un public heureux de se prendre en cours de
route une relecture plutôt réussie de «
Stormy Monday ».
Encore une transition un peu longue et on en arrive aux
Français de Gas Blues Band qui nous offrent ce
qu’ils ont de mieux en magasin,
c’est-à-dire un bon blues qui
déménage et qui laisse toute leur place aux douze
mesures. Un instrumental bien lourd pour lancer les choses et trois
morceaux de bravoure pour enfoncer le clou, on regrettera quand
même que la voix de Gas ne soit pas assez mise en valeur par
un micro un peu faiblard qui ne lui offre pas sa véritable
envergure. Heureusement que pour leur part les guitares sont non
seulement très en verve mais aussi à un volume
fort à propos, que ce soit dans les passages en force ou
encore dans les parties plus tempérées. Au final,
la prestation des Frenchys sera plutôt bien accueillie
!
On part vers la Slovaquie où nous attentent Juraj Schweigert
& The Groove Time pour un set porté par un harmonica
plein de détails mais aussi par une guitare et une
contrebasse qui n’ont pas à rougir de donner
parfois un petit côté jazzy et slave à
une musique qui ne manque pas de cachet. Beaucoup de
musicalité donc, même si on marche parfois un peu
un pied dans la marge du blues, ce qui n’est pas
forcément désagréable soit dit en
passant, surtout quand c’est proposé par un groupe
qui connait ses classiques et qui n’hésite pas
à nous les envoyer en cours de route. Une belle prestation
Configuration étonnante pour les Danois du Christian
Bundgaard Trio puisque le groupe se partage entre un vrai piano droit,
un tuba et une batterie pour une prestation pour le moins
enlevée et marquée en cours de route par une
très belle relecture de St James Infirmary. Un petit
côté bastringue mais en plus luxueux et une
véritable énergie apportée par un
titre gorgé de boogie woogie finiront de nous faire
apprécier une vingtaine de minutes installées en
dehors des voies trop fréquentées d’un
blues qui a besoin de ça pour se
régénérer. Créer la
surprise est parfois un avantage et les Danois qui l’ont
compris ne se privent pas de le faire !
En route pour la Hongrie avec Mojo Workings qui étonne un
peu avec un blues primitif où la guitare est
rehaussée par une contrebasse, un harmonica et un diddley
bow joué à la manière d’un
lap steel. Pas mal de belles couleurs qui viennent confirmer tout le
potentiel d’une formation capable de briller naturellement,
sans avoir besoin d’artifices pour enjoliver les choses, et
un final plus conventionnel dans un style très acoustique
viendront plaider en la faveur d’un groupe qui tente
l’originalité avec une certaine
réussite, quitte à se donner des cachets plus
folks par moment !
On en arrive à Johnny Fontane And The Rivals, le
représentant helvétique qui joue pratiquement
à la maison puisque la Suisse a
affrété un bus pour l’occasion et que
ses représentants sont particulièrement
motivés. Du blues au rock, il n’y a
qu’un pas que le quartet franchit dans un sens mais aussi
dans l’autre avec, il faut le reconnaitre, une certaine
efficacité mais aussi et surtout un énorme
réalisme. Une guitare qui regarde par moments du
côté de Clapton et une belle cohésion
d’ensemble, voilà un candidat
réglé comme de l’horlogerie de
précision qui ne fera pas honte à son pays
d’origine, c’est certain ! On en aurait
même bien pris un peu plus en fait …
Pleine de charisme et de sensibilité Ida Bang vient de
Suède avec ses The Blue Tears pour une prestation bien
travaillée dans laquelle on passe du
rhythm’n’blues bien balancé à
un blues rock tendu comme on l’aime. Une paire de guitares
pour faire le job et voilà une prestation qui nous
emmène vers un groupe de qualité et qui sort de
l’ordinaire, quand bien même les Suédois
auront à cœur de nous offrir en cours de route un
blues bien balancé dans un style qui papillonne entre
Chicago et la West Coast. Une expérience qu’il ne
fallait pas manquer et qui nous emmènera sur son final vers
un clone de « La Grange » pas mal senti !
On termine cette première soirée avec Johnny B
Beast qui vient en solo représenter la Lettonie avec pour
seules armes sa voix, plutôt racée, sa cigar box
pleine de grain et son footstomping bien présent. Difficile
de succéder à toutes ces formations plus
étoffées, et pourtant le Letton nous entraine
dans un registre où l’on sent les relents tribaux
de l’Afrique et toute l’énergie
d’un blues nourri aux eaux boueuses du Mississippi. Le public
commence malheureusement à déserter la salle, pas
vraiment conscient de manquer un des moments les plus originaux et les
plus roots de la soirée avec une adaptation personnelle du
« Ace Of Spades » de Motörhead en
acoustique, mais avec un pendant trash … Le blues
n’est malheureusement pas une science précise mais
il faut faire avec !
L’heure est maintenant au repos et après un
premier débriefing, c’est vers
l’hôtel que nous nous rendrons très vite
… Demain sera un autre jour !
Samedi 9 avril 2016 :
Une journée passée entre
l’Assemblée Générale de
l’European Blues Union et le Blues Market qui rassemble les
professionnels de l’Europe entière
n’aura pas réussi à émousser
les ardeurs des fans et c’est dans la bonne humeur que
l’on se regroupe autour de la salle pour assister
à l’ultime soirée de cet EBC transalpin
avec une certaine pointe d’impatience de savoir quels seront
les groupes lauréats cette année.
On se retrouve ce soir en bonne compagnie puisque c’est Tiny
Legs Tim, le représentant belge qui est en charge de
l’ouverture du bal. Un bon blues bien sale et des
goulées d’harmonica envoyées par Seven
Troch parviendront une fois encore à faire monter la chaleur
dans une salle beaucoup trop clairsemée et visiblement peu
consciente du niveau de l’artiste qui démarre la
soirée. Les absents ont toujours tort et ceux de ce soir
auront manqué une prestation qui a monté en
volume au fur et à mesure des morceaux, distillée
par un groupe où la contrebasse ne manque pas
d’intérêt.
Un détour par la Finlande pour découvrir Lena
& The Slide Brothers qui nous dévoile un show
à la fois rock et tribal, une prestation enlevée
durant laquelle la bassiste et chanteuse ne manquera pas de jouer de
ses arguments musicaux pour réchauffer une assistance
visiblement conquise qui grimpe aux rideaux au gré des
slides que la guitare distille avec un brio tout particulier. Une belle
entrée en matière pour une seconde
soirée qui s’annonce chaude et sensuelle !
On part vers l’Autriche avec Ulrich Ellison & Tribe
et c’est avec une relecture très
travaillée de l’intro de « Under The
Rainbow » que le trio nous en met plein les yeux et plein les
oreilles. La suite est du même calibre avec un blues qui
lorgne parfois vers le rock progressif, mais toujours dans le bon sens
du terme. Une voix et une guitare qui ne se font pas prier pour
être séduisantes, une section rythmique qui envoie
le bois et un « Rollin’ And Tumblin’
» sorti pour la fine bouche en fin de set … Que
demander de mieux ?
On entre dans le vif du sujet avec Paul Ventury & The Junker
qui représentent l’Italie et qui viennent nous
servir un cocktail vintage à base de guitares acoustiques,
de contrebasse et de piano bastringue. On retourne au siècle
dernier, ce qui n’est pas forcément
désagréable, et on se projette dans un saloon de
l’ouest des Etats Unis où il ne manque que les
filles un peu dévêtues et les pistoleros pour que
le tableau soit parfait. On regrettera juste que le public local ne
soit pas venu encourager son groupe national !
On repart vers le Nord de l’Europe avec Eric « Slim
» Zahl And The South West Swingers qui
représentent la Norvège avec un style
très rock’n’roll pas
désagréable du tout, surtout qu’ils se
montrent également capables de choses plus posées
et plus délicates. Difficile de ne pas céder
à l’appel de ces Vikings adeptes d’un
blues puissant et racé qui se teinte intelligemment de
rhythm’n’blues à la demande et que
l’on verrait bien sur une des trois marches du
podium.
On s’offre une grande traversée du continent pour
rejoindre Wax & Boogie Rhythm Combo qui représentent
l’Espagne avec leur blues inspiré des
années 50 et plus. Une chanteuse puissante et charismatique,
un piano boogie, une contrebasse qui groove et un sax qui met le feu,
que demander de plus à une formation venue d’un
pays pour lequel le public et le jury s’enflamment chaque
année depuis maintenant trois ans ! Là encore on
tient indiscutablement un des grands groupes d’Europe.
On reste dans la péninsule ibérique avec Budda
Power Blues qui défend les couleurs du Portugal avec un set
plutôt apprécié par une assistance qui
partage avec autant de plaisir les parties calmes et les
débauches de son comme cette épatante relecture
de « Rollin’ And Tumblin’
» qui ne tardera pas à mettre toutes les
âmes bleues sur la même longueur d’ondes
! Pour une première participation du Portugal, elle est
plutôt concluante !
C’est maintenant à WellBad de
représenter l’Allemagne en nous
dévoilant un blues qui en appelle à
l’accordéon, à la contrebasse mais
aussi à une dualité de guitares
électriques et acoustiques et enfin à une voix
hallucinées qui ne s’en laisse pas conter.
C’est à la fois intéressant et
surprenant de trouver cette forme de blues dans un pays où
l’on est traditionnellement attaché aux valeurs
fondamentales ! On ne va pas se plaindre quand
même, surtout que c’est véritablement
bien fait !
On poursuit avec Phil Bee’s Freedom qui nous arrive des Pays
Bas pour nous offrir un set où la musique est
rythmée et enjouée ! Entre
rhythm’n’blues et blues rock, le groupe
néerlandais nous propose une prestation remuante en diable
dans laquelle l’orgue Hammond est un véritable
argument positif. La réponse du public conforte le groupe
dans ses choix et c’est vraiment très positif car
on assiste à un nivellement des forces par le haut qui
semble se propager dans toute l’Union Européenne.
On terminera avec Zamba qui arrive de Croatie pour une
prestation dynamique et plutôt
équilibrée avec une paire de guitares qui pousse
dans les watts et un clavier qui retient l’ensemble avec une
réelle intelligence, quand bien même on part taper
parfois dans un registre qui n’est pas sans faire penser
à Gary Moore … Autant dire que le public sera
tenu en haleine jusqu’à la fin de la
soirée et que la pression ne sera
retombée à aucun moment !
L’heure est au dépouillage des votes et en
attendant, ce sont trois personnalités qui se voient
récompensées par l’attribution
d’un Blues Behind The Scene Award qui récompense
leur engagement pour le blues en général et le
blues européen en particulier. L’histoire
retiendra donc qu’en 2016, ce sont Andrzej Matysik pour les
media, Miikka Porkka pour les promoteurs et Hannes Anrig pour la
production qui auront été honorés par
cette distinction internationale.
On en arrive à la remise des prix et de ce
sixième European Blues Challenge, on retiendra que ce sont
les Norvégiens Eric « Slim » Zahl And
The South West Swingers qui sont les grands gagnants de 2016, suivis de
près par les Néerlandais de Phil Bee’s
Freedom et enfin par les Allemands de WellBad. Après
l’annonce des résultats par le
président de l’European Blues Union, Tom Ruf, et
par la belle Veronica Sbergia qui a animé toute cette
édition, la place sera rendue au groupe gagnant pour un
court set final.
Voilà une édition qui se termine plutôt
bien et on remercie une fois encore nos hôtes qui auront si
bien su mettre en valeur la Toscane lors d’une manifestation
à la fois riche et colorée organisée
à l’italienne … On salue
l’Italie et on se donne rendez-vous en 2017 au Danemark,
à Horsens, pour un septième European Blues
Challenge qui s’annonce déjà
très prometteur !
Fred Delforge
– avril 2016
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