|
|
|
|
|
DEVON ALLMAN à GUYANCOURT (78)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Delforge |
|
|
dimanche, 27 mars 2016
JESUS
VOLT – DEVON ALLMAN
LA BATTERIE –
GUYANCOURT (78)
Le 25 mars 2016
http://jesusvolt.com/
http://www.devonallmanband.com/
http://www.labatteriedeguyancourt.fr/
Retrouvez toutes les
photos d'Alain Hiot sur http://alain-hiot.com/category/live-2016/
Occupée par les militaires jusqu’en 1932 puis
devenue usine pour la marque Hispano Suiza jusqu’en 1990, la
Batterie de Bouviers s’est transformée en
pôle culturel en 2006 et accueille depuis une petite dizaine
d’années diverses activités parmi
lesquelles une école de musique, des studios de
répétitions, un espace d’enregistrement
live et bien évidemment une salle de spectacles de 700
places qui a vu passer nombre de grands noms des musiques
contemporaines, tous styles confondus. Utilisée comme
résidence par des artistes qui y préparent une
tournée ou plus simplement comme salle de concert
où se sont croisées des
références comme Eric Sardinas, Johnny Winter ou
encore CharlElie, La Batterie accueillait ce soir une soirée
des plus intéressantes puisque se succédaient sur
sa scène les excellents Jesus Volt et le non moins brillant
Devon Allman, petit dernier d’une longue lignée de
grands musiciens où son père, Greg Allman, figure
en bonne place …
Fraîchement arrivé dans les bacs avec son tout
nouvel effort éponyme, Jesus Volt vient ce soir faire les
présentations et pour ceux qui comme moi n’ont pas
encore eu l’occasion de découvrir
l’album, c’est une belle et bonne surprise qui nous
attend. Si 2016 est l’année de la
majorité pour les Parisiens, ils n’ont pas attendu
l’âge légal pour prendre leur autonomie
et ont été émancipés depuis
belle lurette grâce à quelques albums devenus
cultes, le premier d’entre eux sorti en 2000 ayant
définitivement posé les bases du groupe avant que
celui-ci ne commence à surprendre son monde dès
le turbulent mais ô combien réussi «
Electro Button Funky Coxxx » paru en 2003. Depuis, Jesus Volt
étonne et séduit à chaque fois son
monde en mettant tout ce qui lui passe par la tête dans sa
musique, de la soul au blues en passant par l’electro et le
rock, mais le fait avec tellement de classe que ça
fonctionne à chaque fois !
Réunis autour de leurs titres les plus récents,
Lord Tracy au chant et aux harmos, Jaques aux guitares, Julien
à la basse et Olivier à la batterie vont faire ce
qu’il faut pour peser dans la balance devant une assistance
qui, il faut bien le reconnaitre, est venue autant pour eux que pour le
descendant de la famille Allman avec qui le groupe entretient de bonnes
relations pour l’avoir copieusement
côtoyé lors de la tournée conjointe
avec Royal Southern Brotherhood. Un frontman très en voix,
plein de charisme et affichant clairement son plaisir
d’être sur scène, un guitariste
d’une rare virtuosité et une rythmique impeccable
dans sa régularité et dans sa tenue de route,
c’est en mettant les petits plats dans les grands que Jesus
Volt nous a sorti ce soir ses classiques en devenir comme «
Bullseye » mais aussi les plus anciens comme cet excellent
« Vaya Con Dildo » qui a littéralement
retourné la salle. Un bon gros rappel pour finir de replier
le set et voilà un concert qui restera dans la
mémoire d’un public visiblement tombé
sous le charme, du moins pour ceux qui ne
l’étaient pas déjà avant.
On l’avait apprécié avec le Royal
Southern Brotherhood où il était
particulièrement bien entouré, c’est
cette fois avec son propre groupe que l’on retrouve Devon
Allman et il faut bien reconnaitre que si Bobby Schneck Jr à
la guitare, Steve Duerst à la basse et Anthony Nanney
à la batterie n’ont pas encore l’aura
d’un Cyril Neville, d’un Charlie Wooton,
d’un Yonrico Scott, d’un Mike Zito ou
d’un Bart Walker, ils ne sont pas en reste pour ce qui est de
mettre du groove dans leur blues et de la passion dans leur rock. Et
quand bien même le quartet ne s’est
autorisé aujourd’hui qu’un rapide line
check de quelques minutes, il distille avant même la fin du
premier morceau un son d’une qualité en tous
points exceptionnelle ! Vous y ajoutez des lights bien
pensées et l’affaire est d’ores et
déjà dans le sac … Quand on pense
qu’après une heure de balances, il y a encore des
groupes qui ne proposent qu’une bouillie sonore brouillonne
et indigeste, ça laisse songeur sur la qualité de
l’artiste et de l’endroit qui l’accueille
!
Si Devon Allman carbure à la taurine pendant le concert,
cela ne le transforme pas en guitar hero diarrhéique et
c’est en pesant tranquillement ses notes que le musicien
parvient à nous dévoiler des morceaux non
seulement très fins mais aussi plein de saveur,
interprétant bien entendu ses propres titres mais
n’hésitant pas à l’occasion
à aller titiller le répertoire des autres avec
entre autres une relecture intéressante du « No
Woman No Cry » de Bob Marley et une autre du classique des
Spinners et de la Motown, « I’ll Be Around
», que nombre d’artistes avaient repris avant lui.
Un passage par le Royal Southern Brotherhood avec le superbe
« Left My Heart In Memphis » avec quelques belles
démonstrations de classe à la clef et
c’est une assistance comblée mais
particulièrement calme qui réclamera un rappel
que Devon lui accordera sans problème … En
véritable jukebox du rock, le guitariste nous balancera donc
un medley regroupant « Sweet Home Alabama »,
« Smells Like Teen Spirit », « Jessica
» et une version ultra raccourcie mais prenante de
« Stairway To Heaven ».
Encore un dernier détour par le « One Way Out
» d’Elmore James revu et corrigé
à la sauce Red Bull et c’est vers les loges puis
vers le bar que tout le monde se rassemblera pour échanger
quelques bières et quelques selfies autour de deux groupes
visiblement conquis pas l’endroit et comblés par
leur soirée … La Batterie a réussi son
pari en programmant un plateau à la fois riche et ambitieux
et elle ne s’est pas trompée puisque outre le
public local, pas mal d’habitués des salles
parisiennes avaient fait l’effort de trainer leurs jeans
jusqu’à Guyancourt pour y écouter du
blues et du rock. Signe qu’à trente minutes de
voiture depuis la Porte Maillot, on pourrait peut-être avoir
à terme un vrai lieu de grande qualité artistique
et technique dédié au genre …
Fred Delforge
– mars 2016
|
|
|
|