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THE DELANO ORCHESTRA à LA MAROQUINERIE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
vendredi, 18 mars 2016
 

THE DELANO ORCHESTRA
LA MAROQUINERIE – PARIS (75)
Le 3 mars 2016

http://www.kristinmcclement.com/
https://myspace.com/thedelanoorchestra
http://kutufolk.com/

Grands remerciements à Alexandre de Kütü Folk et à La Maroquinerie

Créé en 2006 par un collectif d'artistes (réunissant The Delano Orchestra, Leopold Skin, Pastry Case et St Augustine), le label clermontois Kütü Folk fêtait ses dix ans ce soir-là à la Maroquinerie. Ce label se différencie par une esthétique commune et des liens forts noués entre les différents acteurs avec des concerts réalisés ensemble. L'une des valeurs choisies est de laisser une liberté totale aux artistes, des compositions à la création de la pochette. Le nom a été choisi pour donner l'idée d'un label « cousu main », Kütü évoquant « la couture et ses connotations naïves », folk faisant référence à la « sincérité de chansons très personnelles, à (leur) sensibilité aux paysages d’Auvergne, plus qu'à un style musical ».

Rare artiste étrangère en licence avec Kütü, Kristin McClement ouvrait pour un public malheureusement très parsemé, accompagnée par son comparse et batteur Thomas Heather qui officie aussi aux chœurs et à la trompette. Nouvelle venue sur la scène de Brighton, elle sort juste en mars un premier album (« The Wild Grips ») attendu et encensé par la communauté folk britannique. La jeune Anglaise puise son imaginaire dans des curiosités variées pour mieux déployer un univers sensible façonné doucement au gré des humeurs. L'atypisme et la richesse de textes ou prédomine l'émotion affirment un réel talent de songwriting. A retenir, trois morceaux qui se détachent réellement des autres : « Giant No Good » pour son intensité dramatiquement progressive, « Planks » pour son rythme flamenco et « Drink Waltz », mouvement lent déconstruit par une batterie mouvante.

Prenant la suite sur la scène de la Maroquinerie, The Delano Orchestra livrera une œuvre sincère et intimiste mélangeant indie-pop 90’s, musique classique et post rock, variant les ambiances par un jeu intelligent. Le but indéniable est d'évacuer la noria d'influences qu'on a bien pu accrocher au moindre des refrains, de Cocorosie et Sparklehorse à John Cale, touchant par son côté atmosphérique aux Islandais de Sigur Ros. Sûrement l'air des montagnes ... Difficile de croire donc qu'on a affaire à des français, originaire d'ailleurs de Clermont-Ferrand.

La très bonne nouvelle est que ce groupe fait dans le sens, le son et le réalisme. Le tout créé par une formation rock classique (guitare, basse, batterie), complétée par un violoncelliste de talent et un très bon trompettiste qui fait aussi vibrer une palette électronique à peine perceptible. L'émotion majestueuse des chansons enfle en effet comme un torrent sonique, dans un scénario fréquent d'ouverture impressionniste, tout en nuances, qui évolue en pulsion implacable et sur laquelle vient se greffer un chant désincarné à la fois timide et obstiné.

Tout est ici aérien, intime et à géométrie variable, le mélodique jouant avec la gamme, et les arrangements avec nos nerfs. Une mention spéciale pour le morceau « Outro », totalement instrumental, qui gagne en intensité au fur et à mesure, qui vous prends aux tripes et vous transmet une énergie similaire aux plus beaux morceaux de Jón Þór Birgisson et Sparklehorse. The Delano Orchestra nous embarque dans de longs monologues mélodiques animés d'une beauté en demi-teinte, sans aspérités et sans grincements, malgré parfois des dissonances voulues qui se fondent dans l'ambiance. Mais sous cette joie discrète, mystérieuse et presque insaisissable, coule une plénitude qui ne parvient pas à s'affirmer totalement, comme si le bonheur était transpercé inévitablement d'un malaise.

De l'orchestration subtile aux ritournelles mélancoliques imparables, tout respire ici la réussite, et on passe en compagnie de ces jeunes Clermontois un très agréable moment, hors normes, comme on en passe avec peu d'artistes …

Fred Hamelin – mars 2016