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LIVE ON MARS? à MANTES LA JOLIE (78)
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 07 mars 2016
LIVE
ON MARS?
CAC GEORGES BRASSENS
– MANTES LA JOLIE (78)
Le 5 mars 2016
https://www.facebook.com/events/1741897216031662/
http://www.cacgeorgesbrassens.com/
Ils ne sont pas nombreux ceux qui se montrent capables
d’organiser de grands événements en
très peu de temps, et surtout ils ne sont pas nombreux
à avoir le talent nécessaire pour
réunir une cinquantaine de musiciens sur scène
gratuitement et pour la bonne cause … Alors oui,
j’en vois bien quelques-uns qui me diront que Goldman le fait
chaque année pour les Restos du Cœur, mais dans ce
cas précis, ce ne sont ni les vieilles gloires de la
variété française, ni les
néo-people, ni surtout pas des enfoirés qui ont
répondu présent mais bel et bien des musiciens de
talent, venus pour la plupart du Mantois. Le seul point commun avec
Goldman ce soir, ce sera sans doute le fait que l’instigateur
de la soirée a tenu la guitare dans Tai Phong le temps
d’une tournée au Japon … Et
c’est déjà quelque chose !
Le principe est simple, rendre hommage à David Bowie, le
génie, le trublion, celui qui a choqué par ses
attitudes et sa manière d’être, celui
qui a inventé le post punk avant même que le punk
ne prenne véritablement son envol …
L’art est par contre beaucoup plus compliqué
puisque répéter des titres qui appartiennent
à l’histoire du rock en aussi peu de temps et
surtout chacun de son côté puisque la plupart des
musiciens réunis ce soir n’avaient, bizarrerie de
l’histoire, jamais joué ensemble, ce
n’était pas donné à tout le
monde ! Une répétition sommaire le vendredi soir,
un dernier line check le samedi … Les ultimes calages,
l’installation de l’écran
géant, la mise en place de l’animation
vidéo qui accompagnera le public durant toute la
soirée, deux ou trois titres que l’on fait tourner
un peu pour voir si ça tient la route et surtout pour le fun
avec tout le monde déjà qui applaudit alors que
ce ne sont que des balances … Le buffet dressé
dans les sous-sols du CAC Georges Brassens, dernier îlot de
détente et de convivialité avant le grand bain !
Elle a fière allure cette soirée qui affiche
complet depuis la veille, et sans le soutien de la presse locale en
plus, trop occupée à regarder The Voice le samedi
soir à la télé …
On a déjà un peu mordu sur le timing quand les
lumières s’éteignent et que David
Pujadas nous annonce au travers de la rediffusion de son JT de 20
heures du 11 janvier dernier que le Grand David Bowie est
décédé la veille. Tous les journaux du
monde suivent de concert en une immense revue de presse et saluent la
mémoire de l’artiste avant que l’on
décide de rembobiner la bande et que l’on remonte
en un rapide flashback vers le tout début d’une
carrière marathon qui aura marqué non seulement
une époque mais aussi et surtout un genre musical tout
entier. Les premiers morceaux se font entendre, dans un
mélange de talent, de mémoire et bien
évidemment d’émotion …
Loin des soirées hommages montées à la
va-vite ou chacun y va de sa chanson, c’est un
véritable show concept qui nous sera proposé, une
sorte de biopic avec non seulement un respect de la chronologie mais
avec également des explications qui nous sont
distillées par une paire de speakers de luxe, Nina Despres
et Gérard Colavecchio, qui quitteront eux aussi de temps
à autre leur fauteuil pour s’en aller participer
à un morceau … On remontera ainsi le temps et
l’histoire de Bowie en montant en marche dans le train au
début des seventies avec l’album « Hunky
Dory » et son mémorable « Changes
» pour finalement voyager jusqu’au bout de la route
avec « Blackstar », épitaphe
posée à quelques jours de la fin de la vie de
l’icône.
On traverse ainsi et en bonne compagnie les monuments que sont
« The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from
Mars », « Aladdin Sane », « Pin
Ups », « Diamond Dogs », «
Young Americans », « Station to Station
», la trilogie berlinoise avec « Low »,
« "Heroes" » et « Lodger »,
« Scary Monsters (and Super Creeps) » et bien
entendu « Let's Dance » qui, après la
période RCA, ouvrira l'ère EMI ... Le message est
passé et pour les quatre titres issus de «
Let’s Dance », dont « China Girl
» mais aussi « Under Pressure », le
public se pressera à l’avant de la salle pour se
lancer dans quelques pas de danse frénétiques,
c’est aussi ça l’effet Bowie
… En fond de scène défilent les images
de « Furyo » mais aussi de la collaboration avec
Queen et Freddy Mercury et la température monte encore de
quelques degrés au CAC ! Les musiciens se
succèdent, se croisent, se complètent et donnent
le meilleur d’eux-mêmes dans un mélange
de bonne humeur et de sincérité. Dans la salle,
c’est la fête aussi et tout le monde
apprécie, sans la moindre exception. Une contorsionniste
vient faire une démonstration, histoire de se souvenir
qu’outre le jazz, le rock, les guitares et le saxophone,
Bowie avait aussi une passion pour les arts gestuels en
général et pour le mime en particulier
…
Nous ne sommes qu’en 1983 mais la soirée touche
déjà à sa fin … On remonte
donc en accéléré la douzaine
d’albums qui ont suivi jusqu’à ce
dernier, « Blackstar », et on pose les instruments
pour laisser à l’artiste le mot de la fin avec le
clip de « Lazarus », prenant au possible avec les
images d’un Bowie décharné et
alité signant là son testament musical avant
d’aller finir son histoire dans une armoire qui, tel un
cercueil se referme sur lui … L’émotion
est palpable et tous les musiciens, remontés sur
scène pour le final, observent ce génie
à l’agonie qui semble les remercier l’un
après l’autre avec ce semblant de regard
qu’on lui a reconstruit avec deux boutons cousus sur les
bandelettes qui cachent le haut de son visage ! A cet instant
précis, David Bowie est là, dans la salle, et
ceux qui l’aimaient vraiment le sentent,
l’entendent, le touchent presque …
Un dernier titre tous ensemble, pour ne pas céder
à la tristesse, et Gilles Le Moyn, initiateur, coordinateur,
chef d’orchestre, réalisateur et âme de
la soirée égrènera un à un
la liste des participants pendant que derrière lui, les
batteurs s’en donnent à cœur joie en
tapant comme des forcenés sur leurs tambours et cymbales
… Comment ne pas tous les nommer ces participants ?
L’histoire se souviendra donc que ce soir, sur
scène, il y avait David Aziz, Damien Beaufils, Greg
Bernouze, David Baudot, Susan Brown, Gilles Chevallier, Erik Clor,
Gérard Colavecchio, Frédéric Convert,
Dominique Coste, Céline Despinoy, Nina Despres,
Frédéric Dufour, Thierry Dutru, Jacques Feille,
Maxime Gault, Bernard Granier, Bruno Guillard, Sophie Guillard, Damien
Gregoire, Maxime Jaslier, Norman Jerrod, Vincent Kreyder, Anthony La
Rosa, Gilles Le Moyn, Gwendal Le Toullec, Stéphane Lebreton,
Anna Lekieffre, Hervé Leonardon, Christian Leroy,
Jérôme Letreneuf, Hos Lumberjack, Franck
Mafioletti, Maneo, Stéphanie Marolle, Florent Mancuso,
Dorian Perottin, Maria Popkiewicz, Céline Quadra, Claude
Ranty, Damien Robert, Stéphanie Rozo, Claude Thil, David
Tollemer, François-Joël Tollemer et James Turnbull.
La technique était assurée par Miguel Goncalves,
Didier Gilbart, Carine Komraus et Pascal Pasteur tandis que
Véronique Le Moyn, Sidonie Sarlet-Martin et
Jérôme Lecrosnier veillaient dans
l’ombre à ce que tout se passe bien devant et
derrière la scène !
Ce qui n’était que le projet d’un soir
imaginé par un seul homme face à sa tristesse
d’avoir perdu un modèle, un mentor, est finalement
devenu un spectacle, un vrai de vrai, avec tout ce qu’il faut
dedans et autour … Le spectacle de
l’année à Mantes la Jolie et dans ses
environs, c’est d’ores et
déjà certain ! Alors de là
à se dire qu’une version de ce projet
resserrée autour d’une dizaine de personnes
pourrait certainement partir faire un grand tour dans tout
l’hexagone et plus loin encore car il y a là la
matière et le talent pour un show à Londres,
à Broadway et plus généralement
partout ou Bowie avait des amis et des fans et où on se
demande encore et toujours s’il y a de la vie sur Mars
… La barre est haute, mais Gilles n’est pas homme
à se laisser effrayer par les obstacles dès lors
qu’une idée lui trotte dans l’esprit !
Alors ?
Fred Delforge
– mars 2016
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