Ecrit par Fred Delforge |
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jeudi, 25 février 2016
Punk islands
(Rue Stendhal –
2016)
Durée
44’31 – 10 Titres
http://www.mtorochamou.com
Natif de Mayotte, M’Toro Chamou est revenu dans
l’Océan Indien après seize
années passées en Métropole, mais
c’est à la Réunion que
l’auteur-compositeur à la fois chanteur et
guitariste a pris désormais ses quartiers et c’est
également sur l’Ile Bourbon qu’il a
enregistré ce nouvel album solo, son cinquième
… Avec un nom riche de significations puisque
M’Toro évoque les esclaves qui ont fui leurs
conditions et que Chamou signifie « le marron » ou
« le nègre », l’artiste
affirme fièrement son engagement et ce n’est pas
pour rien qu’il a été
régulièrement récompensé
là-bas mais aussi ici, criant une fois encore son mal
être avec « Punk Islands », un effort
dont le titre en appelle au « no future » des punks
tout en l’adaptant à la colonisation et
à ses dérives. Dénoncer le climat
d’ignorance et de semi-servilité qui en
découle, prôner
l’auto-détermination et la prise de conscience
nécessaire pour que les peuples s’acceptent et
s’assument, c’est tout cela que M’Toro
Chamou met en avant dans la dizaine de titres qu’il nous
présente en compagnie de Miguy Petrel aux chœurs,
Jim Servan aux basses et Didier Dijoux aux percussions mais aussi de
quelques invités comme Pascal Mangloo et Daniel Riesser aux
guitares ou encore Odilon aux percussions, des titres à la
fois forts et dansants parmi lesquels on retiendra forcément
« Revolution », « Uvoimoja »,
« Radio Tranganika », « Tsa Rora
» ou encore « Kawassi Vanu ». Une pointe
de world, une autre de pop, de folk, de rock ou encore de blues, il
n’y a pas besoin de secouer bien longtemps pour que le
mélange se fasse de façon homogène,
soutenu par des guitares pleines de sensualité et par des
voix qui collent parfaitement au paysage … En fermant les
yeux, on sent comme une odeur de vanille et de canne, mais on entend
également les soupirs de ceux qui ont longtemps
donné pour ne récupérer à
l’arrivée que des miettes. Plus qu’un
album, « Punk Islands » est un cri, un poing
dressé, et c’est sans doute ce qui le rend encore
plus intéressant !
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