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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 15 février 2016
ASYLUM
PYRE
http://www.asylumpyre.com/
Une belle rencontre avec la chanteuse Chaos Heidi du groupe Asylum Pyre
qui nous présente le troisième album du groupe,
« Spirited Away ». Après deux albums
où l'écologie était le
maître mot, voilà maintenant qu'ils explorent
l'esprit humain. Une évolution dans les textes, mais
également dans leur musique …
Heidi Bonjour
Bonjour
On parle tout de suite de
« Spirited Away », le dernier album
d’Asylum Pyre, pourquoi ce titre ?
C'est en fait le titre en Anglais du film « Le Voyage de
Chihiro » de Hayao Miyazaki. C'est un titre que l'on a choisi
il y a déjà longtemps, dès la sortie
de l'album précédent. Dans une discussion avec
Johann (guitariste du groupe) on parlait justement de ces films, et
lorsqu'on a parlé de « Spirited Away »,
on a eu le déclic en même temps, et on s'est dit
que c'était le titre parfait. Et de là on a
trouvé une certaine cohérence des morceaux autour
de cette thématique de l'esprit humain, des
pensées, des tourments. Voilà pourquoi ce
« Spirited Away ».
Dans vos albums
précédents vous étiez dans des
thèmes plutôt tournés vers
l'écologie, cette fois c'est l'exploration de l'esprit
humain, pourquoi ce choix ?
On avait sur les deux premiers albums des thématiques autour
de l'écologie et je pense qu'on avait un peu fait le tour de
la question. On risquait de se répéter si on
restait dans ce même domaine. Et on avait d'autres choses
à dire, à développer. Johann, qui
écrit les textes, avait déjà quelques
idées sur cette thématique de l'esprit humain. On
a un peu creusé, discuté, et on s'est dit que
cela ferait un sujet d'album plutôt intéressant.
Difficile de
réellement mettre un nom sur votre style … Metal
symphonique, heavy mélodique, mais pas que ... ?
Ah merci !!! Effectivement. On a nous même un peu de mal
à se classer ou se positionner
précisément. Nous, on aime bien l'appellation
metal mélodique. En fait c'est pas hyper précis,
par contre elle n'est pas réductrice. Ça nous
permet de ne pas être dans une classe qui ne convient pas.
Par exemple on n'a pas du tout l'impression de faire du metal
symphonique, et encore moins du metal à chanteuse (Rires).
Alors c'est vrai qu'on a des racines dans le heavy, mais on en a aussi
dans le progressif. En fait c'est tellement plus vaste que
ça. On ne peut pas réduire notre style
à simplement un ou deux termes. C'est pour ça
qu'on aime bien metal mélodique. C'est ce qui est le moins
faux si tu veux. Sachant que les étiquettes c'est jamais
simple.
Pourtant en France on
aime bien ça.
C'est surtout pour le côté marketing en fait. Et
c'est compréhensible car pour vendre un produit il y a
besoin de le désigner.
Cet album semble
être scénarisé pour être
joué entier en live non ?
Tiens c'est intéressant cette remarque car cela n'a pas
été réfléchi dans cette
optique. Et c'est pas spécialement le projet de le jouer
entier dans l'ordre sur scène. Mais c'est un ressenti
intéressant.
Je l'ai ressenti comme
ça, car les morceaux s'enchaînent sans coupure,
avec des sons entre les titres.
C'est parce qu'on a essayé de trouver la meilleure
cohérence possible dans l'enchaînement des titres
pour avoir un album assez fluide, sans rupture violente pour l'auditeur.
Sur ce nouvel album, on
retrouve vos mélodies accrocheuses et pas mal de changements
de rythmes parfois calmes et puis des tempos puissants et dynamiques,
finalement c'est votre marque de fabrique ?
Ben oui !!! Et puis c'est tant mieux et c'est même
très bien. On nous en avait parlé sur l'album
d'avant et même sur le premier et on aurait dit que
c'était même perçu comme un
défaut. Genre "vous ne savez pas ce que vous faites". Et
donc les gens commencent à comprendre au bout de trois
albums qu'on fait exprès en fait (Rires). C'est
effectivement un élément identitaire fort de ce
qu'on fait et de qui on est. Donc ces rythmes, ces ruptures sont
parfaitement voulues et sont pensées comme
maîtrisées.
Ta voix est encore plus
présente peut être que sur l'album
précédent, ou bien est ce ton style qui a
évolué pour donner cette impression ?
C'est marrant car on me dit plein de choses sur ma voix. Alors il y a
plusieurs explications à ça. La
première est que j'ai été
associée au processus d'écriture de l'album
dès le départ, ce qui n'était pas le
cas sur l'album précédent où je ne
suis arrivée que vers la fin, un peu avant l'enregistrement.
Ensuite on a un album avec des thématiques
différentes, très
théâtrales, tantôt sombres,
tantôt plus lumineuses avec beaucoup d'émotions et
quelque chose assez chargé à retranscrire, et
donc il a fallu que j'aille chercher dans ma voix toutes les ressources
nécessaires pour correspondre le plus justement possibles
à toutes ces atmosphères. Et
dernièrement, en trois ans j'ai aussi
évolué en tant que personne, que chanteuse, et
j'ai travaillé ma voix car je ne voudrais pas chanter tout
le temps de la même manière. Donc beaucoup de
travail.
Vous dites que
« Spirited Away » sonne comme un parfait
mélange entre le metal américain et le metal
européen … Quelles sont les
différences entre eux ?
(Johann le guitariste
nous a rejoints à ce moment-là)
Salut à vous. C'est une question de sons tout ça.
En fait il y a beaucoup de productions européennes qui sont
relativement aseptisées avec des sons très
compressés et des guitares un peu standardisées
tandis que sur les productions américaines le son est plus
organique. Mais bien sûr toute
généralité a ses limites, et on
pourrait débattre longtemps là-dessus.
Après dans l'approche des compos, on est plus dans les
influences européennes mais des sonorités avec
des influences américaines.
Avec « Spirited Away
», vous franchissez une nouvelle étape dans la vie
du groupe, une nouvelle orientation ?
H : On a surtout continué à avancer et
sûrement affirmer des choses oui. On continue à
poser des choses pour l'avenir, ça c'est sûr.
Après dans quelle mesure et où cela va-t-il nous
emmener, il est trop tôt pour le dire. Mais c'est
sûr qu'on a affirmé quelque chose de plus avec cet
album.
J : Après ce n’est pas à nous de le
dire. Nous on a voulu prendre un nouveau risque, incorporer de nouveaux
éléments. Après on espère
toujours que cela va plaire.
C'est l'album de la
maturité ?
J : Maturité ça veut dire vieux ? (Rires)
H : Dans la mesure où tu n'es pas le premier à
l'évoquer et si c'est le ressenti que les gens ont en
l'écoutant, cela fait extrêmement plaisir. Car
cela veut dire que l'on a abouti beaucoup plus que ce que l'on a pu
faire avant, et c'est tant mieux. Après le
côté négatif de l'album de la
maturité, cela peut aussi évoquer le fait que
l'on soit arrivé à une espèce de
sommet et qu'après ça, on ne puisse pas faire
mieux, et là c'est plus embêtant.
Pourquoi pas l'album de
l'expérience alors ?
H : Ça oui, incontestablement. On a profité de
l'expérience tirée des deux albums
précédents. Mais j'espère qu'on peut
encore faire beaucoup mieux et aller encore plus loin.
J : Certainement. Car aujourd'hui le line up a pas mal
bougé, il n’est pas encore totalement
stabilisé, donc il y aura forcément des
changements et d'autres choses à venir c'est sûr.
Vous avez cette fois fait
un clip pour la chanson « Only Your Soul »,
pourquoi ce choix de faire un clip ?
H : Je pense qu'aujourd'hui l'album seul ne se suffit pas à
lui-même. On est dans une société
d'images et donc c'est très important le visuel qu'un groupe
véhicule. Et on n’avait pas fait de clip
jusqu'ici, on avait une chaîne YouTube quasiment vide et je
pense que c'est important qu'on soit présent sur ce
terrain-là. Et comme l'univers d’Asylum Pyre est
très imagé parce qu'on raconte des histoires,
c'était assez facile de trouver un scénario qui
ait vraiment quelque chose à dire. Ça se
complète plutôt bien et ça apporte un
plus à notre musique.
J : Je ne suis pas un fan des clips, mais désormais c'est un
passage quasi obligé, donc on s'est dit tant qu'à
le faire autant qu'on fasse quelque chose qui ressemble à
notre musique, avec une histoire et des belles images qui
artistiquement nous correspondent bien.
Vous êtes
passés par l'étape de la contribution (Ulule)
pour pouvoir faire ce clip, quelles expériences en avait
vous tirées ?
H : En fait on l'a lancé en se disant "pourvu qu'on ne se
trompe pas et qu'il y ait des gens qui nous suivent", et au final on a
été très agréablement
surpris car ça a suivi très rapidement et on a
même dépassé notre objectif.
Ça nous a confirmé qu'il y avait qu'il y avait
des personnes qui étaient là et prêtes
à nous soutenir, y compris financièrement, donc
cela fait vraiment plaisir. Et surtout ça met en confiance.
Et puis ça nous a vraiment bien aidé, car seuls
avec un budget réduit, on n'aurait jamais pu faire le clip
qu'on a fait, avec la qualité que l'on voulait.
Vous attachez toujours
beaucoup d'importance à l'artwork de vos pochettes, pour
« Spirited Away », il a été
réalisé par Mythrid Art et semble beaucoup plus
épuré que pour « Fifty Years Later
», votre précédent album ?
H : On a voulu une pochette qui soit totalement en accord avec le
contenu de l'album. Et je pense que c'est réussi car
là aussi, tu n'es pas le premier à nous en
parler.
Vous avez une nouvelle
fois travaillé avec Didier Chesneau pour cet album, on ne
change pas une équipe qui gagne ?
H : (Rires) C'est ça. Avec le temps il y a des liens
d'amitiés qui se sont créés. On est
revenu chez lui de bon cœur car ça
c'était très bien passé sur l'album
d'avant. On a eu le sentiment qu'il nous a apporté quelque
chose. Donc on a voulu aller encore un peu plus loin et on a voulu
l'impliquer encore plus. Et il a été plus loin
dans les conseils au niveau de la production artistique. Et quand on
lui a demandé s’il voulait jouer sur l'album pour
les guitares, il a été partant avec plaisir. Il a
participé aux arrangements, il a fait tous les soli. Il a
vraiment pris une place plus importante que sur l'album
précédent.
Le travail en studio a
été très important, au niveau des
ambiances et des sonorités, vous pensez pouvoir retrouver
cela sur scène ?
H : Alors on travaille dans ce sens pour essayer d'avoir le meilleur
rendu possible sur scène. Sachant que parfois, vouloir
obligatoirement reproduire la totalité de l'album, dans ses
moindres détails, n'est pas forcément la recette
gagnante pour la scène.
J : Il faut qu'on arrive à trouver le bon
équilibre entre le côté live et le fait
que les gens viennent voir Asylum Pyre avec nos ambiances et notre
univers musical. Tout en évitant d'être
aseptisé ou reproduire l'album dans ces moindres samples ou
sons.
Tu peux
définir Asylum Pyre en deux ou trois mots ?
J : Puissant, moderne, mélodique.
Dernière
question : Quel est le dernier album que tu as
écouté, à part le vôtre ?
H : Melted Space, « The Great Lie ». Je crois bien
que c'est celui-là.
Merci à vous
pour cette interview.
H : Merci beaucoup.
J : Merci.
Propos recueillis par
Yann Charles
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