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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 05 février 2016
ARTWEG
http://artwegofficial.com/
Artweg est un groupe francilien de metal classé hardcore,
mais atypique car on retrouve pas mal de styles qui vont du metal
d'accord, mais en passant par le hip hop, le
rock’n’roll et pas mal de d'autres surprises. Le
dernier et très bon album « Drunk N High
» nous a donné l'envie d'en savoir plus sur eux.
Une rencontre avec Akonit, un des deux chanteurs du groupe.
Pouvez-vous vous
présenter pour nos lecteurs ?
Je suis Akonit un des chanteurs de Artweg. Je chante avec Mugen et je
joue avec tout le reste de la bande de fous furieux d'Artweg.
Parlez-nous de Artweg,
déjà pourquoi ce nom, et depuis quand existe le
groupe ?
En fait ce nom c'est une coïncidence. Il fallait qu'on trouve
un nom et on était boosté par Absolut qui
était notre parrain à l'époque et qui
nous avait mis sur une date au canal 93. On n’avait que 3
compos et pas de nom, et un jour on était chez mon ancien
bassiste, et notre batteur a fini dans une gare perdue parce qu'il
était bourré et il m'envoie un texto par hasard
et ça ressemblait à quelque chose comme "hart
weg" ou un truc comme ça. Donc je lui
réponds "c'est un nom de groupe ?", il me dit non, et je lui
ai dit ben maintenant si. Il n'y a pas de signification
particulière, phonétiquement ça nous
plaisait bien et il nous fallait un nom de groupe. Et voilà
en fait c'est venu comme ça.
On va parler de votre
album « Drunk N High », pourquoi ce titre ?
Difficile de vous classer musicalement, punk, hardcore, metal fusion,
vous vous situez où ?
On est un peu tout ça en même temps. Un peu hip
hop, on a des parties un peu funk aussi, enfin musicalement. On a tous
des points communs dans la musique mais y a certains trucs que moi
j'écoute, que Doudou écoute, que Mugen
écoute, que Crusty va écouter. On a toutes ces
influences là, on les mélange et ça
donne du Artweg. On arrive à gérer de mieux en
mieux en fait notre style. Alors après on peut l'appeler
comme on veut, on nous dit qu'on est un groupe de hardcore mais on ne
fait pas que du hardcore tu vois. Comme on s'appelle Artweg on s'est
dit "ok ils font du hardcore". Mais bon, personnellement ça
ne me plait pas. On fait de la musique, on fait du gros son.
Après on est relativement bourrin mais on fait un peu de
tout.
Tout au long de l'album
il y a un échange entre les deux chanteurs, en Anglais et en
Français, pourquoi ce choix ? Deux chanteurs, c'est pas
courant dans ce style de musique, et pourquoi ne pas avoir fait des
chansons uniquement en Français ou en Anglais, ce qui n'est
pas courant non plus pour les groupes français ?
Bon alors déjà on est deux chanteurs parce que
quand j'ai rencontré Mugen il a tout de suite voulu chanter
avec moi alors qu'on ne se connaissait pas et le courant est super bien
passé. Après pourquoi le Français et
l'Anglais, parce que moi je suis mauvais en Anglais
déjà, donc je m'en sors mieux en
Français. En fait on est un groupe français donc
on aime bien aussi faire comprendre au public français nos
façons de voir le monde, ce qu'on
dénonce. Et puis il y a trop de groupes
français qui préfèrent chanter en
Anglais parce qu'au niveau du son ils pensent que ça passe
mieux. Mais je pense que si tu le travailles bien ça peut le
faire. En France on a créé un super flow hip hop,
tu vois avec par exemple les NTM, et je pense que si tu arrives bien
à gérer à placer tes phrases,
à ne pas faire ça n'importe comment, je trouve
que ça sonne bien. C'est ce que j'essaie de faire. En plus,
Mugen est beaucoup plus à l'aise en Anglais, donc
voilà. Mais sur cet album il n'y a qu'une chanson qui est
tout en Anglais. Tout le reste est un mélange de
Français et d'Anglais. On a travaillé comme
ça depuis le début et ça nous convient
bien.
C'est une sorte de
signature du groupe ?
C'est ça. On n'est pas les premiers à le faire
non plus. Il y a beaucoup de groupes avant nous qui l'ont fait aussi.
On ne veut pas être "cliché" mais bon, on a envie
de garder cette indépendance là aussi, avoir le
choix.
Les textes sont
puissants, assez noirs, j'avais mis dans la question "avec
peut-être un peu d'espoir" sur le dernier morceau mais je
l'ai réécouté deux fois et en fait
non, il n'y a aucun espoir, d'où vient l'inspiration ? Il y
a du vécu dans certains titres ? Parce que « Drunk
N High », ce n'est pas possible qu'il n’y ait pas
de vécu dans ce titre !
Oui, ça doit être du vécu ;
ça c'est clair. En fait ce n'est que du vécu.
C'est ce qu'on voit tous les jours dans la
réalité, c'est ce qui nous dépasse
dans le monde actuel. On a un peu la rage contre ce monde, contre ces
humains qui ont créé ce monde. On n'est pas les
seuls, mais nous on a l'occasion de pouvoir le dénoncer. On
ne citera jamais de noms et on n'a pas de couleur politique. On ne se
mettra jamais du côté de quelqu'un. Et on ne va
surtout pas donner de l'importance aux connards non plus, ni pas citer
certains partis. Mais par contre on dénonce vraiment ce
qu'on voit, ce qui nous fout hors de nous, par ce que l'on vit tous les
jours. Il y en a beaucoup dans la musique qui ont la même
vision. Après, nous on le dit à notre
façon.
Oui c'est ça,
c'est ce que j'allais dire. On a l'impression que c'est plus les
groupes metal, genre Lofo, Mass ou Tagada Jones qui vont
dénoncer ça plus que les autres styles de musique
?
Oui. Avant il y avait le hip hop mais maintenant c'est de la soupe
malheureusement. Tu vois avant il y avait un vrai message dans le hip
hop. Nous, on vient d'Epinay sur Seine, on vient des
quartiers donc on a aussi cet instinct là de
dénoncer. C'est pour ça qu'on a un petit
côté un peu hip hop dans notre chant. C'est pour
ça qu'on chante en Français, parce qu'on a envie
que le message se propage. Et aussi en Anglais parce que les autres
groupes français qui ne chantent qu’en
français et qu'on kiffe carrément, comme tu le
disais, Tagada, Lofo, nous on voudrait que le message aille un plus
loin que la France. Et puis la couleur musicale fait que
Français-Anglais ça passe aussi.
Comment se passent les
compos ? Qui fait quoi ? Qui écrit ? Qui amène
les idées ? C'est en commun ?
On fait tout tous ensemble. Parfois on arrive avec une idée,
ça peut être n'importe qui le batteur, le
guitariste, moi bref n'importe qui. Pour cet album la grande
nouveauté c'est que même les textes, pas tous mais
presque la moitié, on a essayé de les faire
ensemble aussi, parce qu'on participait beaucoup à la
musique avec Mugen et je me suis dit que ce serait bien aussi qu'il y
ait tout le monde pour enrichir aussi les textes. Parce que parfois tu
ne te rends pas compte de tout. T'as pas toujours le recul pour juger
ce que tu as fait. Ça m'a semblé super important
donc je l'ai proposé. Bon ça a
été dur à mettre en place mais je
pense que pour le prochain album on va faire tous les textes ensemble
et toute la musique aussi. Jusqu'à présent on ne
le faisait pas. Sur le dernier album, on l'a fait à
moitié.
Lorsque vous composez
vous pensez live ? Il n'y a jamais un morceau que vous composez en vous
disant qu'il ne sera que pour l'album et qu'il ne montera jamais sur
scène ?
Le dernier morceau de l'album, on ne voulait pas le mettre sur
scène. « United for the Earth », c'est
vrai qu'il y un vrai message "un peu bad trip" mais c'est un peu ce qui
se passe à l'heure actuelle. Tu te dis qu'il y a toujours
l'espoir, mais tu te rends compte que tu ne pourras jamais changer le
monde non plus. Mais finalement ce morceau là, je pense
qu'on va le faire sur scène parce qu'il est pas mal.
« Evolution
» est un morceau instrumental, pourquoi avoir choisi de le
glisser dans un album à textes ?
En fait c'est l'introduction du morceau « Artweg »,
et donc ça fait un petit interlude dans l'album.
Après, tu as « Artweg » qui part direct.
Le morceau dénonce tout ce qu'on pense de la vie et on n'en
pense pas du bien tu vois, alors c'est pour ça qu'il y a ce
petit interlude qui commence très tranquillement, et
après tu prends une grosse patate dans la gueule. On ne va
pas le faire spécialement sur scène mais
ça fait genre un entracte. C'est bien il est en plein milieu
et c'est aussi l'occasion de présenter notre nouveau
bassiste qui se démerde très bien au tapping et
qui n'arrêtait pas de nous saouler avec son truc de merde
là ; "tata tata tata, tata tata tata". On s'est dit pourquoi
ne pas le mettre en intro de « Artweg » sur
l'album. On l'a mis et on est très content de «
Evolution ».
Le clip a
été fait sur « Drunk N High
», le nom de l'album c'est « Drunk N High
» et pourtant « Artweg » pourrait
représenter peut être plus l'album, non ?
Oui mais vu que ce morceau « Drunk N High » est
différent, qu'il y a plein de couleurs musicales dans ce
titre et vu qu'on nous classe souvent dans le hardcore et
qu’on n’aime pas ça, on fait voir
qu'avec ce morceau-là t'as du rock'n'roll, t'as du hardcore,
t'as du metal, t'as du hip hop, bref t'as un gros mélange de
ce qu'on aime. On ne se dit pas "ça va cartonner
en live", on ne calcule pas les choses. On les fait parce
qu'on trouve qu'il y a un bon groove et puis voilà. On ne se
pose pas de question, c'est tellement compliqué
déjà.
Les morceaux sont
très courts, hyper explosifs et intenses, c'est votre style ?
Oui, c'est intensif et il y a beaucoup de changement de rythmique
aussi, ce qui fait que tu ne t'aperçois pas du temps qui
passe. Tu as l'impression que les morceaux durent plus longtemps que ce
qu'il y a d'écrit sur le timing de la jaquette. Et vu qu'on
combine tous les styles, tu as l'impression que tu as changé
de morceau, et en fait non c'est toujours le même.
Sur scène,
ça doit être épuisant de jouer des
trucs comme ça ?
C'est sûr ! Après, c'est du travail, on fait quand
même huit heures de répétitions par
semaine.
Quelles sont vos
influences musicales, en général puisque
apparemment chacun a des influences différentes, quels
seraient les points communs entre tous ?
Les points communs c'est le punk, le hardcore, le metal.
Après on écoute tous un peu de tout, on
écoute de la funk, du rap, du classique, du jazz, vraiment
de tout et on s'éclate parce qu'on se fait tous
découvrir des sons et des artistes. Du coup chacun apporte
son truc et peut être qu’inconsciemment
ça nous aide à composer, à justement
être ouverts à tous les styles de musique. On est
friand de ça. On écoute du son constamment. Moi
je suis vraiment plus metal death et tout ça mais j'adore
pourtant le blues, je me tape des groupes de blues et je kiffe, je
trouve ça vraiment hardcore le blues en fait.
On peut dire,
même s'il y a eu un autre album juste avant, que «
Drunk N High » est vraiment le gros truc qui vous lance ?
On se préparait en fait à faire cet album. On a
de l'expérience maintenant. On est parti de rien, quasiment
personne ne savait jouer dans le groupe quand on a
débuté, on n'a pas commencé
à 6 ans comme la majorité des mecs qui
cartonnent. Pour cet album, on a beaucoup misé sur le son.
Parce qu'on nous l'a reproché sur l'ancien album.
Ça sonnait un peu trop rock'n'roll. Maintenant je pense
qu'on a vraiment passé un cap. En plus on a un bon contact
avec le public et donc on a envie d'enrichir encore plus le show.
Vous avez
déjà une bonne base quand on vous voit sur
scène ?
On a toujours une base "vénère" sur
scène quoi qu'il arrive. Justement on avait tout
misé là-dessus parce qu'au début on ne
savait pas jouer tu vois (rires). Donc toute notre énergie
vient de là.
On vous compare,
à des groupes comme Black Bomb A ou Smash it Combo (bien que
j'ai des réserves de ce
côté-là), ça vous flatte ou
ça vous agace si on vous compare avec d'autres groupes ou
rien à taper en fait ?
Franchement, je me sens extérieur à
ça. De plus c'est carrément pas les
mêmes sons. On nous compare parce qu'il y a deux chanteurs
à chaque fois peut être. Effectivement par rapport
à Black Bomb A on est deux chanteurs. Mais bon, j'aime bien
ce qu'ils font mais il n'y a rien de comparable je pense.
Deux ou trois mots pour
définir Artweg ?
Si je devais définir Artweg en deux ou trois mots, "on
lâche rien", voilà tout simplement.
Dernière
question : le dernier album que vous ayez écouté ?
X-Syndicate , il est très très bien, ils ont un
super son et franchement c'est un bon retour pour eux.
Merci pour cette interview
Merci à toi
Propos recueillis par
Yann Charles
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