dimanche, 08 novembre 2015
FREDERIKSHAVN 2015
FREDERIKSHAVN
BLUES FESTIVAL
DET MUSISKE HUS
– FREDERIKSHAVN (DANEMARK)
Les 6 & 7
novembre 2015
http://www.bluesfestivalen.dk/
Vendredi 6 novembre :
C’est une dixième édition du
Frederikshaven Blues Festival qui s’annonce
d’entrée de jeu plutôt
réussie puisque dès le début des
concerts, on peine à faire un simple pas dans la salle ! Du
public à n’en plus finir, et c’est loin
de s’arrêter puisque devant le bâtiment,
il y a encore une queue interminable au moment où Peter
Astrup monte sur scène lancer le début de la
première soirée de ce cru 2015.
Il faut reconnaitre qu’il valait mieux être
à l’heure aujourd’hui puisque ce
n’est autre que Warren Haynes qui ouvre les
festivités ! ... Ca démarre très fort
sur la Chicago Main Stage avec un gros band qui nous propose un
mélange de blues, de rock et de world avec un show
superbement construit ! Violon, banjo et mandoline sont au menu d'un
concert qui ne manque ni de rythme, ni d'intérêt,
avec en prime des œillades à tout un tas de
standards et même jusque à des jingles et autres
classiques que le guitariste transfuge des Allman Brothers revisite
avec humour et ingéniosité ! Voilà ce
qu’on peut appeler un départ des plus
réussis …
On monte d’un étage vers la Mississippi Acoustic
Stage où un autre grand bonhomme nous attend puisque
c’est Ian Siegal qui est chargé d’y
jouer cette année les premières notes. La voix
assurée, le jeu racé et le charisme du bluesman
font mouche instantanément ... Un premier titre pour donner
le ton et c’est en demandant aux gens qui bavardent
bruyamment d’aller faire un tour dans le hall pour finir leur
conversation qu’il intervient avant de reprendre son set avec
beaucoup de conviction et de patience ... On en passera par un
« Come On In My Kitchen » assez original dans son
interprétation offerte par un artiste extraverti qui ne
manque jamais un bon mot ou une anecdote et on assistera à
un concert tout entier donné à
côté d’une chaise vide, le guest de Ian
Siegal étant retenu sur l’autre scène
où il a terminé son concert avec un peu de retard
…
Le temps de retrouver le rez-de-chaussée et on accueille
cette fois Lurrie Bell et le Copenhagen Blues Band qui
l’accompagne ce soir ... C’est une belle prestation
qui se déroule sous nos yeux avec entre autres un
« Messin' With The Kid » et un « Mojo
Working » bien envoyés ! Ça joue et
ça se fait chaud au cœur avec du bon Chicago Blues
croisé Danois et avec un groupe où Lurrie Bell
partage sans compter, offrant des solos à ses compagnons du
soir et prenant visiblement plaisir à être en leur
compagnie, au point même qu’il en arrive
à oublier qu’il doit finir la soirée en
partageant la scène avec une invitée, et non des
moindres ...
Diunna Greenleaf qui commençait à trouver le
temps long backstage arrive enfin et nous assène
d’entrée de jeu un superbe « Queen Bee
» tout en nuances ! Le groupe envoie toujours autant, mais
c'est autre chose qui se passe dans la salle grâce
à la prestance et à la présence de la
plantureuse chanteuse ! Quelques titres plus tard, c’est en
duo que Lurrie Belle et Diunna Greenleaf refermeront le concert avec un
final où, assis sur des chaises, elle racontera entre deux
morceaux qu'elle chantait jadis aux côtés de Carey
Bell, le père de Lurrie, au sein du groupe de Muddy Waters
… Le public, qui comprend que la fin est proche,
s’éclipse discrètement et va se
désaltérer avant une suite qui
s’annonce elle aussi prometteuse.
On retrouve très vite Lil' Jimmy Reed & Bob Hall a
l'étage et on découvre ce super duo devant
très peu de monde au début, mais ça se
remplira peu à peu pour finir avec le plein dans la salle !
La guitare et l’harmonica précis, la voix
convaincante, c’est une prestation au top qui nous est
offerte par un artiste qui a de la bouteille et qui a dû en
vivre quelques belles en Alabama d'où il est originaire ! A
ses côtés, Bob Hall est lui aussi très
précis aux claviers et ne manque pas de nous livrer quelques
anecdotes, Lil’ Jimmy Reed n’étant pour
sa part pas très bavard et reconnaissant
préférer chanter que parler. Au bout du compte,
c’est un set très agréable qui nous
aura été offert avec en prime quelques traits
d'humour non négligeables ...
Décidément, il n’y a rien à
jeter de cette première journée de festival !
Dernière formation de la soirée Lil' Ed &
the Blues Imperials ne mettent pas longtemps à
s’installer et à démarrer leur set ...
Déjà vu cet été
à Cahors, cela reste comme toujours un plaisir de retrouver
le neveu du grand J.B. Hutto dans ses œuvres avec son
inimitable sourire omniprésent et son jeu de guitare
particulièrement précis. A ces
côtés, le groupe se donne sans compter et
c’est une fois encore à du grand art que
l’on peut goûter avec une formation qui
n’usurpe pas son nom de Blues Imperials et qui se montre
particulièrement à son aise dans un
répertoire où les classiques succèdent
aux compositions avec beaucoup de fluidité et avec une
homogénéité parfaite !
Un
peu longue quand même, mais tellement réussie, la
soirée en aura laissé quelques-uns sur les
rotules, et ce n’est pas fini car demain s’annonce
encore plus fou avec pas moins de neuf groupes, et non des moindres !
Samedi 7 novembre :
On se retrouve en début d’après-midi
pour la suite du Frederikshavn Blues Festival et avant de passer
à la musique, ce sont le Norvégien Jostein
Forsberg du Notodden Blues Festival et le Suisse Silvio Caldelari du
Sierre Blues estival qui viennent présenter les
activités de l’European Blues Union et remercier
nos hôtes pour leur accueil et leur hospitalité
… L’occasion parfaite pour annoncer la tenue du
prochain European Blues Challenge à Torrita di Siena en
Italie du 7 au 9 avril 2016 mais aussi les
évènements à venir pour tous les
amateurs de blues du Vieux Continent !
Il est un peu plus de 16 heures quand la journée
démarre officiellement en musique et c’est avec
les Travellin’ Brothers que l’on va commencer la
fête … Très chaud et très
énergique, le set des Basques finalistes de
l’International Blues Challenge et vainqueurs de
l’European Blues Challenge en 2015 ne manque pas de
consistance et du blues jusqu’au mambo, il n'y a que la route
à traverser pour se servir, les Espagnols le faisant sans
hésiter durant un set plein de saveur et de
sensualité ! De Leadbelly à Ray Charles, ces
gars-là ont de la culture et ils le montrent en collant
même un peu de funk par-dessus tout ça pour mieux
enfoncer le clou ! Un tour dans le public comme c’est souvent
le cas avec les Travellin’ Brothers et voilà un
public carrément conquis par un des tous meilleur groupes
européens, et tous genres confondus en plus !
Dehors, la pluie redouble de violence et la tempête approche
mais on monte quand même vers la Mississippi Acoustic Stage
où Big Creek Slim, candidat danois à
l’European Blues Challenge en 2014, accompagne ce soir Diunna
Greenleaf. Un « Rollin’ And Tumblin’
» en quartet et tout en slide pour attendre la grande dame et
voilà la vedette du concert qui s’installe aux
côtés de ses complices du soir pour un spectacle
un peu long à démarrer mais plein de bonnes
choses à l’arrivée avec des voyages
à la frontière du gospel et du blues. La voix
assurée de Diunna est parfaitement soutenue par un groupe
qui sait s’adapter et qui fait tout son possible pour trouver
à chaque fois la note juste pour coller à des
morceaux qui, manifestement, n’ont pas
été préparés à
l’avance mais qui sonnent à chaque fois juste et
sincère ! Un bon moment partagé de part
et d’autre de la scène.
Encore des retrouvailles avec des anciens participants à
l’European Blues Challenge puisque ce sont maintenant les
Boogie Boys, ceux-là même qui avaient
remporté la seconde place lors de la toute
première édition à Berlin, qui
viennent se produire sur la Chicago Main Stage … Non
seulement le groupe polonais s’est quelque peu
étoffé et a pris de la maturité mais
il se paie en prime le luxe d’accueillir des
invités avec pour commencer le guitariste virtuose Scott
Abeya bientôt rejoint par le chanteur et harmoniciste John
Clifton. Presque discrets tant qu’ils seront en compagnie de
leurs guests, les deux pianistes et leur section rythmique nous
proposeront un bon gros boogie bien en place qui ne laissera personne
indifférent avant de donner congé à
leurs amis pour se lancer dans un final … explosif !
C’est bien connu, les Boogie Boys en font des
caisses là où des boites pourraient suffire et
c’est en mettant les petits plats dans les grands que le
quartet va monter crescendo jusqu’à un «
Great Balls Of Fire » monumental durant lequel les pianistes
joueront à quatre mains, multipliant les facéties
tandis que face à eux, le contrebassiste en fait lui aussi
des tonnes en surfant sur son instrument où en faisant mine
de se rouler par terre … Du gros show donc, on aime ou on
n’aime pas, mais toujours est-il que dans
l’assistance la mayonnaise prend et que le public en
redemande, et avec la bénédiction de
l’organisateur qui a à pallier à
quelques annulations de dernière minute dues à la
météo et aux problèmes
d’avion …
Difficile de rester plus longtemps, et on le regrette bien
entendu puisque dans tout ce qui suivait, il y avait encore de
très bons concerts en perspective … On renoncera
donc entre autres à Junior Watson et à Walter
Trout pour aller préparer un retour qui s’annonce
pour le moins mouvementé ou tout simplement
perturbé. Les années se suivent sans se
ressembler mais si une chose est certaine, c’est que Peter
Astrup et toute son équipe ont une fois encore
réussi à nous concocter une très belle
édition du Frederikshavn Blues Festival ! Un grand merci et
rendez-vous est d’ores et déjà pris
pour 2016 …
Fred Delforge
– novembre 2015
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