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RICHARD THOMPSON au NEW MORNING (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mercredi, 21 octobre 2015
 

FRÄNK – RICHARD THOMPSON
LE NEW MORNING – PARIS (75)
Le 23 septembre 2015

http://www.richardthompson-music.com/
https://www.facebook.com/ConnectWithFrank
http://www.newmorning.com/

Remerciements à Aude Sabarly de Gérard Drouot Productions

Fränk - avec un tréma qu'on n'oubliera pas - ouvrira au New Morning la première partie de Richard Thompson, et il va sans dire que le choix était plus que judicieux. Jeune talent découvert récemment par la RATP, Fränk enchaine les scènes, les premières parties prestigieuses (Keziah Jones ou Ziggy Marley) et les festivals (Solidays cet été), aussi bien qu'il séduit le public grâce non seulement à sa maitrise de la guitare et de la fougue qu'il s'applique à communiquer des cordes, mais aussi par son assurance, son énergie propre et sa richesse d'écriture.

De l'alliance mesurée du folk et du groove en ressort un style affirmé, surtout pas éculé. Se démarquant ainsi de la scène française électro qui gomme ses gerçures et maquille ses bosses, Fränk rejoint celle qui, de Tété à Ben Mazué, réunit les artistes généreux, sincères et donc forcément poignants.

A 66 ans, Richard Thompson fait partie de ces guitar-heroes britanniques intouchables tant ils sont ancrés dans le paysage musical de ce fier pays d'Albion. Une carrière qui couvre près de cinq décennies désormais, des débuts au sein de la formation folk progressive Fairport Convention dont il fut le leader et principal chanteur à cette expérience en duo avec femme Linda ou en solo, qui fut souvent acclamée.

Thompson nous revient pour une unique date parisienne en territoire réellement conquis et dans un New Morning bondé à l' extrême, ceci pour nous présenter son seizième album solo (finalement le quarantième toutes formations confondues). « Still » a été produit essentiellement par Jeff Tweedy de Wilco, en neuf jours seulement, dans son loft de Chicago, une prouesse pour autant de pépites enregistrées.

Dans la veine des précédentes galettes, « Still » prouve que Thompson peux toujours innover et se renouveler tout en gardant l'essence même d'un style propre et garder l’étincelle de ses débuts. Un folk très agréablement appuyé rock grâce aux variations de guitares qu'on lui connaît et surtout un bel ensemble de textes riches, mordants et emplis d’esprit.

Thompson en formation trio (guitare, basse, batterie) va nous offrir avec cette générosité qu' on lui connait un set relativement complet et homogène avec pas moins de vingt morceaux joués, y compris sur deux rappels, incluant donc ceux du dernier opus mais aussi ces morceaux intemporels qui ont jalonnés cette carrière prolifique, « Hard on Me » , l’atmosphérique « Guitar Hero » (hommage autobiographique a ses idoles : Les Paul, Django Reinhardt, Chuck Berry, James Burton ou Hank Marvin), « 1952 Vincent Black Lightning » et son défilé d'arpèges dévoilant tout le talent du maitre, ou encore le magnifique « I'll Never Give It Up » .

Un seul titre pourtant crédité au Fairport Convention, comme s'il fallait malgré tout l'évoquer, mais comme lointain souvenir. Ce sera le classique « Meet In The Ledge », de 1968, qui est certainement devenu l'hymne officiel du combo de folk électrique. Pas sûr par contre d'une autre période ...

Les puristes l'auront certainement remarqué, mais les trois titres issus des duos avec Linda Thompson, figurent sur le dernier album d'avant séparation du couple en 82. La tentation est grande d'y voir la chronique d'un divorce douloureux dont il n'a pas toujours fait son deuil. Le terrible « Wall Of Death » est une dérive effrayante, dépouillée, nue ... Sans la voix tremblante de Linda, et chanté par Thompson, il reste sombre et poignant ... Et c'est aussi d'une froide colère aux éclairs incendiaires de guitare que Thompson interprètera « Did She Jump Or Was She Pushed », autre morceau de ce dernier opus commun ...

Du dernier album, trois perles à retenir : un « All Buttoned Up » qui ouvre le bal tout en finesse et en soubresauts électriques, un déchirant « Broken Doll » presque gothique et le « Beatnick Walking », road movie musical sur les traces de Kerouac et des hobos célestes. Le trio finira son deuxième rappel par une reprise assez freakbeat des Sorrows, « Take A Heart », pour un retour magique sur les trottoirs de Picadilly, année 1965 et sous une nuée d'applaudissements.

Un concert dans son ensemble très dense à grands renforts de chorus mélodiques, de soli hérissés et d’accords acoustiques pointus. Et malgré sa longueur, aucune routine ne s'y est vraiment installée, car Thompson en vieux briscard a su tenir en haleine son public. Thompson sur ce live prouve qu'il n'a lui-même ... plus rien à prouver. Chapeau !!!

Fred Hamelin – octobre 2015