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LA DEFENSE JAZZ FESTIVAL 2015 (3/3)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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lundi, 12 octobre 2015
LA
DEFENSE JAZZ FESTIVAL
PARVIS DE LA DEFENSE (92)
Du 27 juin au 5 juillet
2015
http://faadafreddy.com/
http://www.georgebenson.com/
http://www.joshuaredman.com/
https://www.facebook.com/ladefensejazzfestival
Troisième partie : Faada Freddy – George Benson
– Joshua Redman & Bad Plus
En ce vendredi estival, place à Abdou Fatha Seck plus connu
sous le nom de Faada Freddy, ex-gamin des rues de Dakar qui
après un passage remarqué par le hip-hop s'est
trouvé une nouvelle voie vers la soul et le gospel, et c'est
un choix honnête et non négligeable pour une
carrière qui prend une toute autre tournure et le consacre.
Habitué des premières parties, prestigieuse
d'ailleurs (Tiken Jah Fakoly ou Lenny Kravitz), il devient en cette
année un artiste à part entière,
incontournable sur la scène blues world et inimitable, un
dandy soul à l'énergie communicative, chapeau
melon et costume trois pièces de rigueur.
Accompagné de sa troupe de chanteurs, il revisite des
chansons soul, r'n'b et folk grâce à un
répertoire où la voix et les corps remplacent les
instruments avec une précision bluffante et une
élégance rare.
Certainement l'Ovni du Défense Jazz festival, il en est le
chainon manquant entre jazz et blues, folk et soul, avec cette
prestation scénique totalement organique et
dénuée d'artifices. Et sur des reprises aussi
éclectiques d'artistes comme Bob Marley (« No
woman, no cry »), Aloe Blacc (« I need a dollar
») ou Sia et son « Little Black Sandals
», il se pose en dénominateur commun d'une musique
qui se veut sans frontières.
A-t-on encore besoin de présenter George Benson ?
Vraisemblablement pas puisque la tête d'affiche du festival
est attendue en ce samedi soir par une foule qui déborde
allègrement du parvis de la Défense. 20 000
spectateurs dans le public nous dira-t-on, ce qui équivaut
à la moitié de la fréquentation de ces
neuf jours de festival.
La star de la soul va entamer à plus de 70 ans un show de
près de 2 heures 30 et de 18 morceaux, qui s'articulera en
deux parties avec premièrement un hommage très
prononcé à Nat King Cole, l'artiste qui
vraisemblablement a pesé dans la carrière de
Benson et son orientation rythmique, et un pot-pourri de tubes dans un
second temps, ces canons d'un jazz funk, racé, et souple,
reconnaissables entre tous et qui ont fait non seulement la
notoriété de Benson, mais aussi un artiste rare
et unique.
A retenir donc des reprises du King Cole, « Unforgettable
», « That sunday, that summer » et
« Mona Lisa », magnifiés par un
orchestre à cuivres et à cordes, Benson
s'étant entouré pour l'occasion d'une bonne
quinzaine de musiciens dont le fidèle Stanley Banks et ses
mimiques à la basse.
De guitariste, initialement, Benson relègue peu à
peu son instrument au deuxième plan, grâce
à cette voix chaude oscillant entre Donnie Hathaway et
Stewie Wonder, assez proche de celle de son ami Al Jarreau. Sur
« Nature boy », hymne vieux de 40 ans, cette voix
n'a rien perdu de sa superbe. On lui doit malgré tout ces
phrasés de guitare imparables, gimmicks doigtés
funk dont la quintessence est le tube planétaire «
Gimme the Night ». Le public l'attend, et au son des premiers
accords, c'est toute la Défense qui va se mettra
à danser ...
Enfin, pour clôturer ce 38ème festival, rien de
mieux comme apothéose que d'inviter l'un des plus grands
saxophonistes actuels, le californien Joshua Redman,
accompagné du trio Bad Plus. En quartet comme en trio,
Redman s’est imposé album après album
comme une référence de la scène jazz
américaine. Acclamé au début des
années 90, le ténor du saxophone ne
s’est pas reposé sur ses succès et sort
en 2013 « Walking Shadow », produit par son acolyte
le pianiste Brad Mehldau qui fait sonner des ballades
envoûtantes et s’aventure sur des grooves
entraînants. Et c'est sous la lumière tombante de
la Défense, pour une performance où
l’improvisation est à l’honneur, que
Redman prouvera encore une fois l'étendue de son art.
Bad Plus, en l'occurrence Ethel Iverson (piano), Reid Anderson (basse)
et Dave King (batterie), est un trio de Minneapolis qui s'est
formé dans l'unique optique de faire cohabiter au sommet les
standards populaires pas forcément jazz (ils reprendront le
« Smell Like Teen Spirit » de Nirvana ou le
« Heart of Glass » de Blondie) avec leur
idée décloisonnée du jazz, une
déconstruction pensée proche du free jazz. Mettez
ces quatre iconoclastes ensemble et vous obtenez un mélange
des genres très créatif et qui offre une musique
périlleuse, empreinte d’un swing implicite, une
véritable aventure sonore.
On aimera plus particulièrement « City Folk
», balade colorée, révélant
une variété d'inspiration sous des couleurs
diaprées de ce début de soirée, et
« Aspirin » au tempo envoutant, voire hypnotique.
Redman avouera toujours cet amour profond de la musique, qu'il joue
avec honnêteté, fidélité et
créativité ... mais aussi bonne humeur.
Très expressif, il fait le bonheur des photographes, y
compris sur cette clôture de festival. Bref, du pur bonheur !
Fred Hamelin –
octobre 2015
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