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ROLAND TCHAKOUNTE au NEW MORNING (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 03 octobre 2015
 

GAELLE BUSWEL – ROLAND TCHAKOUNTE
LE NEW MORNING – PARIS (75)
Le 1er octobre 2015

http://www.roland-tchakounte.com/
http://www.gaelle-buswel.fr/
http://www.newmorning.com/

C’est une journée on ne peut plus normale à Paris, avec son lot d’embouteillages, de cyclistes et de motards qui débouchent de nulle part, de piétons qui traversent en dehors des clous, de véhicules utilitaires garés en double file, d’automobilistes qui klaxonnent et d’agents de police qui, impuissants, assistent à tout ça en se demandant ce qu’ils peuvent bien faire dans cette galère … En ce qui nous concerne, on le sait puisque c’est ce soir Roland Tchakounté qui nous a invités à le rejoindre au New Morning pour fêter la sortie de son nouvel album, « Nguémé & Smiling Blues », un nouveau tournant dans sa carrière nous a-t-il dit il y a peu en nous dévoilant son projet. La foule se presse Rue des Petites Ecuries en attendant que les portes s’ouvrent, Radio New Morning pose ses dernières questions à un artiste visiblement pressé d’en découdre … Pas de doute possible, il va y avoir du grabuge ce soir !

Roland Tchakounté a décidé de nous faire des cadeaux en ce premier soir d’octobre et le plus beau qu’il puisse nous offrir, c’est la présence de Gaelle Buswel en première partie de son concert. Gaelle en acoustique et en duo avec Michaal Benjelloun , son complice, son frère de guitare … Tous les deux vont s’efforcer de nous faire entrer dans leur univers, celui de l’Americana, de la folk et du blues, parce que n’en déplaise à certains qui ne l’ont toujours pas compris, Gaelle Buswel joue aussi du blues, et carrément bien en plus ! Alors on y va franco, on se promène main dans la main et en plein milieu de la route, un peu comme les piétons évoqués plus haut, mis à part que cette route là nous fait traverser les plaines du Sud et de l’Ouest américain, quitte même parfois à remonter un peu vers le Nord et aller se balader du côté de Chicago. Deux guitares qui s’entrelacent, deux voix qui se réchauffent l’une et l’autre et un répertoire qui fait bien plus que tenir le haut du pavé … Si Gaelle Buswel n’existait pas, il aurait vraiment fallu l’inventer !

Le temps pour la jolie Parisienne de nous rappeler qu’elle sera une nouvelle fois au New Morning le 7 octobre en partenariat avec OÜI FM pour un concert en formation complète et c’est à Roland Tchakounté de s’y coller, un Roland qui nous fait une entrée à l’américaine puisque ce sont ses musiciens qui nous envoient une belle intro bien jazzy avant de finalement appeler le boss qui, lunettes noires, veste de costard et chapeau vissé sur la tête, viendra bientôt nous faire vibrer au son de sa musique pleine de nuances et de son chant si particulier, lui qui a choisi de partager ses émotions avec le public en Bamiléké, sa langue natale que personne ou presque ne comprend dans l’assistance et qui pourtant parvient sans mal à faire passer des messages.

On avait connu Roland en duo, puis en trio et même en quartet, c’est désormais en groupe qu’il se produit, un groupe qui a fière allure puisque aux côtés de l’indispensable et inégalable Mick Ravassat aux guitares, on trouve quelques pointures de la scène, n’ayons pas peur des mots, mondiale ! Jean Baptiste Gbadoe aux percussions, Damien Cornélis aux claviers, Kim Yarbrough à la basse et Larry Crockett à la batterie, si ce n’est pas la plus belle formation du moment, ça y ressemble à s’y méprendre … Et ils ne se privent pas de le faire savoir les bougres, se démenant comme des beaux diables derrière un frontman monté sur ressort qui ne se fait pas prier pour glisser du blues qui lui est cher vers le rock, ni plus, ni moins ! Le sobre et talentueux Dr Jekyll du blues que l’on connaissait se transforme par moments en Mr Hyde du rock et ce n’est pas pour nous déplaire, même si au premier abord ça peut paraitre violent !  

Une fois la surprise passée, on se laisse porter par une formation qui se fait visiblement plaisir à jouer et qui nous délivre une ordonnance plutôt bien préparée puisque l’on y trouve quelques nouvelles potions à peine sorties de l’éprouvette     « Nguémé & Smiling Blues », mais aussi divers extraits de tout ce que Roland Tchakounté avait pu nous proposer auparavant, des morceaux revus et corrigés pour se fondre dans le nouvel univers de l’artiste mais toujours aussi forts et toujours aussi sincères. La soirée file à un rythme soutenu mais Roland n’hésite pas à l’occasion à casser le mouvement et à marquer une pause pour nous raconter des histoires où il est question de l’Afrique, de sa famille, de ses amis … de tout ce qui compte pour lui en quelque sorte ! Etre un grand musicien ne l’empêche pas d’être un grand humain, et c’est aussi ce qui fait son charme …

Des amis, il y en aura, dans la salle bien entendu, mais aussi sur scène puisque c’est Christophe Dupeu qui sera le premier à figurer sur la liste des invités. Celui qui a enregistré et coproduit le nouvel album à l’honneur ce soir viendra rejoindre Roland (en attendant l’apéro bien sûr, parce qu’on ne vit qu’une fois …) et poser ses harmonicas sur « Oulen Nefa Fide », un titre que l’on retiendra plus facilement sous le nom de « Joli Cœur », des mots auxquels le refrain fait appel de manière récurrente. Viendront ensuite la saxophoniste japonaise Chika Asamoto venue braver le jet lag depuis Tokyo pour seulement quelques heures puisqu’elle jouera dans son pays dans moins de deux jours, et puis bien entendu le pianiste Leandro Aconcha qui avait été si précieux lors de la pré-production des nouveaux titres, autant de complices d’un instant qui apporteront leur propres couleurs et leurs propres saveurs sur un titre de Chika retravaillé pour l’occasion et chanté par Roland Tchakounté, en Bamiléké bien sûr !

Encore quelques morceaux, quelques soli individuels souvent pleins de malice, et forcément quelques moments partagés tous ensemble, de la scène à la salle, et il sera bientôt temps de se retrouver sur les coups de minuit pour un unique rappel, mais quel rappel puisqu’il se terminera en un superbe feu d’artifice avec tous les invités réunis autour d’une adaptation de « Dust My Broom » servie avec brio et à la sauce Tchakounté en l’honneur d’un modèle, Robert Johnson, qui pour le coup a sans doute dû se retourner dans une de ses trois tombes officiellement recensées du côté de Greenwood, Mississippi.     

Il ne reste plus qu’à saluer les amis présents dans la salle, des amis parmi lesquels on citera forcément Jeffrey Davis venu d’Omaha mais aussi quelques autres citoyens américains venus se joindre à nos complices correspondants de l’Office du Tourisme de Memphis et du Mississippi, ceux de France Blues bien entendu, et puis bien évidemment tous les autres venus de Disney Village, de Tremblay ou d’ailleurs pour partager une belle soirée pleine de chaleur humaine, de bonne humeur et de convivialité, une de ces soirées comme seuls Gaelle et Roland étaient capable d’imaginer. Il faudra ensuite affronter une nouvelle fois les joies de la circulation dans la capitale, car bien entendu Paris ne dort jamais, et surtout pas la nuit … Mais ça, c’est une autre histoire et elle ne nous pourra surement pas nous faire regretter d’avoir fait le déplacement ce soir !  

Fred Delforge – octobre 2015