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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL - 18ème EDITION
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 10 août 2015
FESTIBLUES 2015
FESTIBLUES
INTERNATIONAL DE MONTREAL – 18ème EDITION
PARC AHUNTSIC –
MONTREAL (QUEBEC)
Du 6 au 9 aout 2015
http://www.festiblues.com
FestiBlues International de Montréal est devenu au fil des
ans un de nos rendez-vous privilégiés et cette
18ème édition du festival coïncide avec
notre dixième année consécutive sur
place, faisant de nos amis Montréalais une des rencontres
majeures de notre année musicale … Par bonheur,
il plane cet été sur le Québec un vent
de chaleur avec quelques rares et brèves averses, de quoi se
mettre en condition pour un grand moment de musique dans une ambiance
blues … Deux jours entiers d’installation de la
scène et des infrastructures nous laisseront tout le loisir
de rendre visite aux amis mais aussi et surtout de tester une version
intermédiaire d’une des grandes attractions qui
verra son apogée en 2016 puis en 2017 pour le
375ème
anniversaire de la mégalopole ! En attendant le grand show
et les présentations holographiques, on
découvrira donc l’application «
Montréal en Histoires » mis en service quelques
jours plus tôt …

Mardi 4 aout :
Le montage des infrastructures allant bon train, on quitte donc le Parc
Ahuntsic pour rejoindre Le Vieux Montréal où, une
tablette à la main et un casque à
l’oreille, on se laisse aller à fouiller la carte
géolocalisée où les
curiosités touristiques sont indiquées
… Certains lieux devant lesquels nous passions depuis des
années se révèlent soudain
à nous, jusqu’alors
insoupçonnés ! Les classiques ne manquent pas,
mais on découvre ce matin des trésors inattendus,
souvent ponctués de photos d’époque et
de commentaires brefs et clairs tantôt très
détaillés, tantôt ponctués
d’un trait d’humour. Les murs de la vieille ville
en prennent un tout autre visage, mais mieux encore, une douzaine
d’endroits stratégiques
bénéficient d’une
présentation en réalité
augmentée. Placé face à la tablette,
l’endroit revêt ses habits
d’époque et on revit pour un instant quelques
siècles plus tôt …

Parfois inattendue mais toujours convaincante, cette nouvelle
manière de découvrir Le Vieux Montréal
se révèle vite aussi distrayante
qu’instructive, chacun pouvant gratuitement et en fonction de
ses affinités découvrir le quartier dans le
détail, de manière succincte ou plus approfondie,
et apprendre une histoire tout en se divertissant. La seule contrainte,
disposer d’une tablette ou d’un smartphone et y
installer l’application gratuite sur le site www.montrealenhistoires.com
! Et ce n’est qu’un début puisque cette
grande fresque historique évoluera dès les
prochaines semaines. Une affaire à suivre de près
donc !

Mercredi 5 aout :
A J-1, FestiBlues organise son ultime point presse dans le Parc
Ahuntsic pour rappeler aux media le programme mais aussi pour leur
permettre de présenter au public un lieu atypique
où quatre soirs durant se dérouleront sur une
terrasse naturelle des concerts de tous types avec du blues bien
entendu, mais aussi avec quelques genres dérivés
… c’est l’occasion de retrouver les amis
photographes du cru mais aussi les confrères journalistes et
d’échanger quelques bonnes impressions avec eux.

Quelques allocutions officielles et beaucoup de convivialité
au programme, et comme un lancement de festival sans musique
n’aurait pas tout à fait la même saveur,
après les différents discours, c’est
Angel Forrest qui se chargera de mettre de l’ambiance en
interprétant quelques titres et en invitant au passage son
ami harmoniciste Jim Zeller … Ça
promet pour la suite de la manifestation puisque l’on
retrouvera la chanteuse montréalaise au quart de
siècle de carrière dans le Parc Ahuntsic
dès demain soir pour un show complet ! En attendant, place
aux derniers préparatifs …

Jeudi 6 aout :
Les artistes arrivent tranquillement sur le site qui a pris sa
configuration définitive et on se plait à
retrouver
quelques amis du Québec et même des
Français
puisque Daniel Blanc et ses complices viennent d’arriver
juste
à temps pour assister dès 17 heures à
une
prestation inédite sur une nouvelle scène
installée entre la console et la scène principale
… On y remarque Shawn McPherson & The Jive Band qui
nous
sert un très bon blues ponctué de quelques
standards pour
le plus grand plaisir d’un public qui arrive à son
rythme
et qui apprécié à sa juste valeur la
prestation
d’un jeune groupe qui a de l’avenir, une formation
qui nous
avait été chaleureusement
été
recommandée par un grand musicien du cru et
néanmoins
ami, l’harmoniciste Rick L. Blues. Une belle
révélation à confirmer dès
demain à
la même heure !

18 heures sonne le début des festivités sur la
grande
scène du FestiBlues et c’est au groupe ReMain
SoliD de
lancer cette première soirée organisée
en
partenariat avec Oblic Salon Urbain. ReMain SoliD, c’est du
bon
gros rock teinté d’indie et de blues et
c’est en se
promenant des Doors jusqu’à Jimi Hendrix mais en
passant
aussi par ses propres compositions que le quintet va inviter le public
à se presser devant la scène pour une prestation
courte
mais dense. Une paire de guitaristes qui se fait visiblement plaisir,
des claviers subtilement dosés et une rythmique qui ne
s’en laisse pas conter, il ne faudra pas plus d’une
petite
demi-heure pour que la messe soit dite, et bien dite en plus !

Le temps de pousser le matériel et c’est
déjà Adam Karch qui s’installe au pied
levé
pour un concert de trois quarts d’heure. Virtuose du picking,
le
Québécois n’y va pas par quatre chemins
quand il
est question de séduire le public et de reprises convenues
en
reprises plus inattendues, c’est un véritable feu
d’artifice blues et rock qui va de Ben E. King à
Robert
Johnson qu’il nous propose devant une assistance qui grossit
petit à petit et qui délaisse un peu les stands
alimentaires pour venir se régaler d’une
gastronomie
musicale d’un goût raffiné, celle que
l’artiste a enregistré pour son album et son
spectacle
« Blueprints ». De retour pour la
première fois
à FestiBlues depuis la première
édition, Adam
Karch ne cache pas son plaisir d’être là
et nous
démontre par l’exemple qu’on peut
convaincre avec
une guitare, un footstomping simple mais efficace et une voix pleine de
chaleur. Pari gagné donc
!

Elle a été il y a quelques années la
réplique de Janis Joplin, revoilà la
bouillonnante et
troublante Angel Forrest dans un répertoire où
elle
revient vers le blues de ses premières années de
carrière, celui qui lui a permis de rester vingt-six ans
plus
tard une des icônes du genre au Québec et plus
loin
encore. Débordante d’énergie, la
chanteuse ne
ménage ni sa voix ni ses effets de style et c’est
portée merveilleusement bien par deux guitaristes de haut
vol
qu’elle revisite à sa manière quelques
standards,
piochant autant chez Robert Johnson et son « Walking Blues
» que vers les Animals et leur « House Of The
Rising Sun
» ou encore vers Led Zep et son « Whole Lotta Love
».
La voix rauque et gravillonneuse à la perfection finit de
nous
entrainer dans un style cher aux années 70, mais avec en
prime
quelques beaux accents qui rappellent en vrac des modèles
comme
Bonnie Raitt et autres Mavis Staples. En une heure trente de concert,
Angel Forrest aura réussi à mettre le Parc
Ahuntsic dans
sa main, un tour de force qu’elle réussit
régulièrement dans les plus grandes
manifestations du
pays ! Du bonheur à l’état brut, avec
en prime une
petite pointe d’insolence qui lui va très bien, un
solo de
basse à quatre mains et un final d’anthologie
réunissant une version de « Me and Bobby McGee
» des
plus réussies et le « Hallelujah » de
Leonard Cohen
… Que peut-on décemment demander de plus ?

Difficile de succéder à Angel Forrest, et
pourtant Michel
Rivard va devoir relever le défi avec pour seules armes ses
guitares et ses chansons. Une belle équipe pour
l’accompagner avec chœurs et pedal steel guitar, de
la
poésie luxueuse pour un artiste qui a consacré
une partie
de sa vie à l’éducation, si
l’artiste
s’éloigne un peu du blues pour s’en
aller regarder
jusqu’à la chanson francophone à textes
voire
même pour déclamer de temps à autres
ses
poèmes, le public ne s’en plaint pas, loin de
là,
reprenant même avec une certaine gourmandise des chansons
comme
« Méfiez-vous du grand amour »,
« Roi de rien
» ou « Le blues de la métropole
» mais aussi
un medley de quelques mélodies anglophones ou encore en
chantant
a-capella un couplet et le refrain tout entier de « La
complainte
du phoque en Alaska » … Pas évident de
rester
insensible au show de Michel Rivard quand on apprécie autant
les
autant les chansons de Felix Leclerc ou de Beau Dommage que le rock de
Pagliaro, de Plume ou d’Offenbach et les quatre-vingt-dix
dernières minutes de cette première
soirée ne
manqueront pas de bonnes choses à offrir à un
public
ouvert en grand sur ce que la musique en général
a de
mieux !
La soirée se continuera dans les bars du quartier pour les
plus
courageux qui pourront y retrouver quelques grands noms du blues
québécois comme Outsiders Blues Band, Slim
Dubois, The
Ramblers ou encore Jim Zeller … La fin de semaine
s’annonçant chargée, nous renoncerons
pour notre
part à faire le grand marathon des clubs pour aller gouter
au
sommeil du juste … Demain sera un autre jour qui sera
marqué, entre autres, par les retrouvailles avec un artiste
que
nous apprécions tout particulièrement et que nous
avions
découvert ici même il y a quelques
années avant de
le faire venir en France, Bernard Adamus …

Vendredi 7 aout :
La journée a été longue et studieuse
avec les
traditionnelles balances durant tout l’après-midi
et
après un rapide tour de parc pour s’assurer que
tout est
bien en place, il est déjà l’heure de
retrouver
l’apéritif blues du jour avec Shawn McPherson
& The
Jive Band qui reviennent pour la seconde fois nous dégourdir
les
esprits avec leur blues soigné et croustillant ! De belles
adaptations des classiques du blues portées par une guitare
inventive et par un harmonica déluré, le tout
avec un son
fidèle et respectueux des modèles originaux, si
le ciel
est quelque peu couvert ce soir, le quartet va pourtant se charger de
nous offrir une belle éclaircie fort bienvenue dans un parc
Ahuntsic qui ménage encore un peu ses forces en
prévision
d’une très grosse et belle soirée
présentée par Solotech. Entrés
directement dans le
feu de l’action par la grande porte, ceux qui ont fait
l’effort de venir dès l’ouverture du
festival
n’ont pas eu à le regretter, et c’est en
grande
partie grâce à Shawn McPherson & The Jive
Band qui
nous gratifieront au passage d’un « Thrill Is Gone
»
plein de sensibilité !

Jouant son rôle de découvreur de nouveaux talents,
FestiBlues a invité ce soir Raphaël Roberge
à
chauffer les planches de la grande scène et c’est
avec ses
propres armes que le jeune chanteur vient livrer bataille face
à
un public qui se montre réceptif aux reprises choisies que
ce
garçon qui est passé par différents
groupes et
concours lui sert avec son cœur et avec ses tripes, quitte
parfois à se laisser prendre au piège
d’une note
marquée par le coup de l’émotion. Fort
d’une
tournée de quarante-cinq dates dans gout le pays,
Raphaël
Roberge s’appuie sur une section rythmique efficace mais
aussi
sur une équipe de charme où l’on croise
une
claviériste et une choriste et nous livre aussi bien des
standards de la pop que des reprises issues de la soul et du rock,
Elvis Presley inclus. Une vingtaine de minutes plus tard,
l’affaire est pliée et bien rangée pour
un jeune
musicien qui peut être fier d’avoir ouvert la
soirée
devant quelques stars, et non des moindres !

Premier groupe français à se produire cette
année
sur la scène du FestiBlues, Foolish King nous arrive tout
droit
de Bordeaux et nous apporte une musique à la saveur
très
empreinte de la soul des seventies, du
rhythm’n’blues et du
funk, avec en prime un petit côté New Orleans pas
désagréable du tout. Quand le son Stax rencontre
celui
des bayous de Gironde, ça donne quelque chose dans le genre
de
Foolish King et ça fonctionne plutôt bien
auprès
d’un public où l’on remarque quelques
personnes
venues spécialement de France pour voir le quintet.
Emmené par sa chanteuse à la voix puissante et au
charisme indiscutable, le groupe n’aura pas besoin de
beaucoup de
temps pour réveiller les ardeurs d’un public
encore un peu
éparpillé dans le par cet qui arrive à
son rythme,
attiré par le groove d’un groupe qui ne manque pas
d’arguments pour se mettre l’assistance dans la
poche en un
temps record. Il faut dire que de la guitare jusqu’aux
claviers
en passant par une section rythmique bondissante, il n’y a
rien
à jeter dans un groupe qui, comme le bon vin, est
appelé
à bonifier avec le temps
!

L’artiste suivant n’est autre que Bernard Adamus,
une
figure de proue de la nouvelle scène
québécoise
que nous avions eu la chance d’entrainer vers la France il y
a
quelques années, lorsqu’il avait brillamment
remporté le Concours Relève en Blues du
FestiBlues
International de Montréal. Depuis, on l’a
croisé
à maintes reprises, ici ou là-bas, et si son
répertoire s’est enrichi d’un
deuxième album
il y a trois ans et qu’il y en aura bientôt un
troisième dans les bacs, on ne se lasse pas de retrouver les
« Brun » et autres « Cauchemar de course
» ou
« Le cimetière » qui nous avaient
séduits
à l’époque. La formation a quelque peu
évolué mais si les arrangements changent,
l’essence
même qui fait avancer la machine Adamus est restée
la
même, un folk blues roots teinté de chanson
francophone et
de fun avec une grosse dose de gouaille et
énormément
d’humour. Ça déménage,
ça boit un
peu, parfois trop, et plus on avance dans le set, plus on se
régale d’un artiste tellement atypique
qu’il en
devient une norme, un peu comme Plume diront certains … Un
florilège d’anciens titres, de nouveaux et
même
d’inédits comme « Hola les lolos
», la
traditionnelle reprise de « La foule » à
la sauce
bien cuivrée et du fun à n’en plus
finir, nous
aurons droit ce soir à un grand show Adamus venu en voisin
et
ami, lui qui chante si bien la « Rue Ontario » et
qui sous
ses vrais airs de se moquer de tout cache un véritable
talent de
songwriter de classe internationale ! L’ovation à
la fin
du concert sera naturellement marquée par un rappel dans
ladite
« Rue Ontario » mais aussi plus loin devant un Parc
Ahuntsic qui n’avait jamais accueilli autant de personnes
depuis
que le FestiBlues s’y déroule … Un
record qui sera
difficile à enlever à Bernard Adamus
!

On va rester dans le gros calibre pour cette fin de deuxième
soirée avec Lisa Leblanc qui arrive en formation
réduite
pour nous offrir une grosse débauche
d’énergie et
là où l’on se disait que
succéder à
Adamus allait être compliqué,
l’Acadienne va nous
prouver qu’il est encore possible, à
défaut de
monter le niveau d’un cran, de continuer à jouer
sur le
même tableau ! A la fois folk et rock, la chanteuse et
guitariste
y va de bon cœur pour faire monter le public dans les tours,
quitte de temps à autres à faire un peu chauffer
un
moteur qui carbure au super depuis le début de
l’après-midi. Les guitares changent de main, on
passe du
banjo à la mandoline, du folk roots au rock trash et de la
Rickenbacker à la Danelectro, le tout sans aucun temps mort
et en
cheminant bon train au milieu des « Cowboy », en
partant
à la rencontre de « Katie Cruel », en
découvrant l’artiste en mode «
Rouspéteuse
» ou encore en la suivant « Downtown »
pour la voir
nous offrir sa cover décoiffante du « Ace Of
Spades
» de Motörhead … Difficile de
résister bien
longtemps au talent et à la fougue d’une Lisa
Leblanc plus
forte et plus brillante que jamais, une artiste qui chante aussi
maintenant en Anglais mais qui n’en a pas perdu sa
véritable identité et qui nous le prouvera ce
soir durant
une heure trente d’un show en tous points
mémorable avec deux rappels dont le dernier en solo avec une
nouvelle chanson, « 5.748 Km », où il
est question d’une relation amoureuse compliquée
entre Moncton et Vancouver, d’où le titre. Il
fallait oser cette soirée, FestiBlues l’a fait, et
bien fait en plus, avec un
parc plein comme un œuf où le public se compte en
dizaines
de milliers d’unités
!

Après une telle soirée, nous renoncerons une fois
encore
à faire la tournée des bars où
l’atmosphère est sans doute plus purement blues au
sens
propre du terme mais où l’ambiance aura sans aucun
doute
du mal à être aussi impressionnante que ce soir
…
La magie du FestiBlues nous a une fois encore surpris
aujourd’hui
avec, mais cela reste subjectif et très personnel, la
meilleure
soirée et la plus populaire des ces dix dernières
éditions ! Jusqu’à la prochaine puisque
nous allons
chaque année de surprise en surprise et de plaisir en
plaisir
…
Samedi 8 aout :
On se retrouve de bonne heure dans le parc pour y rencontrer les amis
et pour partager un instant précieux, celui des balances qui
nous réserveront un moment assez unique en son genre puisque
après s’être
réglés en quelques
minutes seulement, Daniel Blanc et ses deux acolytes inviteront un
grand guitariste québécois, J.D. Slim,
à les
rejoindre pour partager pas moins de trois titres devant des
techniciens non seulement ravis d’avoir si rapidement fini
leur
ouvrage mais aussi enchantés par le blues du
Français qui
chante dans sa langue, un exercice pas mal
apprécié dans
la Belle Province ! Nos amis du Net Blues présents pour
l’occasion ne manqueront pas eux non plus
d’être
convaincus par une prestation au pied levé pleine de feeling
et
de convivialité !

C’est ce soir le duo féminin Lady Rouge qui
accueille les
spectateurs dans le Parc Ahuntsic et c’est en installant une
ambiance soul, blues et jazz que la pianiste et sa complice chanteuse
nous délivrent quelques standards comme «
Ain’t No
Sunshine », « Sunny », « Hey
Jude » et
autres « Sittin' On The Dock Of The Bay » qui
n’auront pas grand mal à convaincre ceux qui
auront fait
le déplacement de bonne heure pour être aux
premières places dans la « section des chaises
». On
regrettera juste que certains spectateurs, ceux-là
même
qui se plaignent en général d’avoir des
gens debout
devant eux dans le pit, n’aient pour beaucoup
d’entre-eux
même pas eu la politesse de retourner leur siège
un
instant pour se présenter face à deux jeunes
femmes non
seulement charmantes, mais en plus brillantes ! La courtoisie
n’est pas une science exacte malheureusement
…

Ce sont aujourd’hui les Caisses Desjardins qui
présentent
la soirée et c’est avec le Martin Hury Blues Combo
que
l’on commence sur la scène principale. Guitariste
et
chanteur de blues argentin installé au Canada, Martin Hury
s’est inspiré d’artistes comme Freddie
King, Albert
King, Stevie Ray Vaughan, ou encore Ronnie Earl pour se forger un style
auquel on ne résiste que très difficilement et
c’est en interprétant ses morceaux en Anglais mais
aussi
en Espagnol et en s’installant entre le blues et le rock que
le
trio va nous proposer une petite demi-heure brève mais
indiscutablement pleine de bonnes vibrations et nappée de
notes
habilement servies. De quoi faire rapidement monter la pression dans
l’assistance et la convaincre de délaisser un
temps les
stands de restauration pour s’approcher au plus vite de la
scène et y prendre une première grande
gorgée de
bon blues bien corsé avec en bonus un « Sky Is
Crying
» pour refermer le set !

On poursuit avec Daniel Blanc qui a délaissé un
temps sa
Camargue pour venir se promener du côté des Rives
du
Saint-Laurent et nous y déverser des seaux entiers de bons
blues
en Français comme ce songwriter héritier commun
de Claude
Nougaro et de Muddy Waters sait si bien nous les composer. Un grand
vent de francophonie souffle sur l’assistance qui non
seulement
apprécie les chansons que le bluesman lui
interprète mais
qui n’hésite pas non plus à les
reprendre quand on
l’y invite. On l’avait deviné lors des
balances,
J.D. Slim rejoindra une première fois le trio de Daniel
Blanc
pour deux titres dont le classique « Chante en
Français
», puis une seconde fois en fin de set pour en remettre une
couche avec « Le blues du cuisinier » à
un public
qui apprécie au moins autant l’instant que le
groupe
lui-même, ce dernier se faisant manifestement plaisir
à
être là ce soir et à servir ses blues
à des
gens qui l’apprécient à sa juste
valeur. Du plaisir
et rien que du plaisir, le tout servi sur un rythme impeccable et avec
un mélange de feeling et de technique superbement bien
dosé … Il y a quelques festivals
français qui
seraient bien inspirés d’y penser à
leur tour, et
pas seulement parce que Daniel Blanc a « Le blues de la
métropole » !

D’héritage il va encore être question
avec le show
proposé par Sylvie Desgroseilliers qui a choisi ce soir
d’inviter Melissa Bel pour nous emmener dans un voyage au
cœur de la soul, une escapade de quatre-vingt-dix minutes
durant
laquelle les deux chanteuses s’en iront, seules ou
réunies
pour le final, à la rencontre de de grandes dames comme
Mahalia
Jackson, Etta James, Billie Holiday, Aretha Franklin, Gladys Knight,
Tina Turner et autres Whitney Houston. Un black band pour emmener le
mouvement, un guitariste virtuose et une paire de choristes, il ne faut
rien de plus que beaucoup de foi et d’envie pour entrainer le
public dans des chansons qui parlent autant à
l’âme
qu’au cœur et qui plongent le Parc Ahuntsic dans un
mélange de mélancolie positive et
d’espoir.
L’expérience et le talent de Sylvie
Desgroseilliers
conjugués à la puissance et au versant
très soul
de la voix de Melissa Bel qui nous présentera au passage un
de
ses nouveaux titres finiront de mettre tout le monde d’accord
et
nous transporteront le temps d’un concert du
côté de
Memphis et de Stax mais aussi vers Detroit et la Motown …
Sacré expédition au cœur des musiques
noires
américaines offerte par deux femmes exceptionnelles qui
n’auront pas manqué ce soir de bousculer
l’ordre
établi en mettant les chanteuses à
l’honneur !

Le temps de débarrasser la scène et de
préparer la
suite et ce sera au tour de David Goudreault de venir nous donner un
avant-goût de ce que sera son programme Slam en Blues demain
en
tout début d’après-midi et
c’est en
déclamant deux textes que celui qui est désormais
connu
en France pour ses collaborations avec Grand Corps Malade
réjouira les plus jeunes tout en séduisant les
plus
âgés grâce à un verbe habile
et à une
diction précise. Habitué depuis quelques
années
à le voir sur scène, le public du FestiBlues
apprécie aujourd’hui David Goudreault à
sa juste
valeur et celui-ci le lui rend bien en donnant le meilleur de
lui-même !

L’heure est venue de retrouver Bobby Bazini qui nous
présente ce soir un second album qu’il a
enregistré
à la manière d’un rite initiatique, en
se rendant
de Montréal jusqu’à Los Angeles pour y
marcher sur
les traces de ses idoles, de Marvin Gaye à Bob Dylan en
passant
par Johnny Cash, et pour y enregistrer en compagnie de quelques grands
noms du genre un effort entre folk et americana. Crooner à
la
voix pleine de relief, le jeune homme revient à FestiBlues
devant un parterre de fans bien garni et lui sert un
concentré
de ses plus belles chansons mais aussi de celles des autres comme
« To Love Somebody » ou encore « La vie
en rose
» pour en arriver à un spectacle qui durant une
heure
trente ne souffrira d’aucun temps mort et d’aucune
longueur
avec ses titres bien remuants et ses passages plus calmes mais tout
aussi soigneusement interprétés. Quelques
centaines de
milliers d’albums écoulées et un
concert gratuit
devant soixante milliers de spectateurs à la Cité
des
Arts pour le Festival de Jazz de Montréal n’ont
pas
émoussé le plaisir et l’envie de
l’artiste
qui donne sans compter pour un public
multigénérationnel
qui l’aime et qui sait lui faire clairement savoir en
chantant
ses chansons, en l’acclamant et hurlant à
l’occasion
son nom. Un sacré personnage que ce Bobby Bazini qui affiche
de
temps en temps des côtés typiquement
empruntés
à Sinatra et d’autres fois un timbre de voix
à la
Rod Stewart !

Le fait d’avoir à peine moins de spectateurs
qu’hier
soir dans le parc Ahuntsic ne gâchera en rien la bonne humeur
de
l’organisation qui pourra ce soir encore se
réjouir de
nous avoir joué un bon tour en nous proposant une
soirée
marquée par du très bon blues, de la soul et de
la
country-folk. C’est ça aussi l’ouverture
et comme
chaque fois, FestiBlues ne s’y trompe pas en jouant
carrément la carte de la diversité ! Une bonne
nuit de
sommeil là-dessus et nous serons en pleine forme demain pour
(déjà) la dernière journée
d’un
festival qui fête dignement sa majorité
!

Dimanche 10 aout :
On zappera aujourd’hui la première partie de
journée pour aller vaquer à quelques saines
occupations et c’est juste après la prestation du
jeune Raphael Roberge que nous arriverons pour assister au spectacle
« Slam en Blues » proposé par
l’excellent David Goudreault. Dédié aux
nouveaux talents du genre qui se succéderont durant une
trentaine de minutes, le concert nous fera gouter aux spoken words, un
exercice alliant poésie et musicalité avec une
certaine fortune. Entre poésie et rap, le slam st un de ces
exercices qui donnent une nouvelle dimension au blues en partageant les
mêmes valeurs, quand bien même la
manière de le présenter diffère un peu
… Et pourtant …

On continue avec Les Gars D’la Cave qui viennent nous
proposer leur blues rock plein d’énergie autour
d’un band qui se fait plaisir et qui tire profit de ses deux
choristes mais aussi à l’occasion de ses cuivres
pour nous servir quelques classiques nationaux et internationaux,
n’hésitant pas une seconde à passer
d’un « Câline De Blues »
à un « Sweet Home Alabama » revu et
corrigé dans une sauce rapportée de leur propre
cave ! Une excursion vers le reggae, quelques pièces plus
funk dans l’âme, beaucoup de rock et une grosse
dose d’énergie pour pimenter, voilà un
band qui ne se fait pas prier pour donner le meilleur de
lui-même et le public, encore un peu timide avec
l’heure un peu précoce, ne se prive
déjà pas de lui faire savoir qu’il
l’apprécie ! Une bonne entrée en
matière pour une soirée qui devrait aller
crescendo grâce un groupe qui a su terminer en
beauté sa prestation en beauté en nous servant
une cover débridée de «
Bobépine », un des standards de Plume
qu’il a combiné avec beaucoup de sagesse
à un titre plus soul et aux cachets directement
rapportés de chez Stax ! Il fallait y penser
…

Maintes fois présent sur la scène du FestiBlues
par le passé, le Blues Berry Jam signe ce soir son grand
retour dans le Parc Ahuntsic et ne se fait pas prier pour donner le
meilleur de lui-même au travers d’un set
où l’on se régale des arrangements
subtils au niveau des percussions mais aussi des cuivres et
même des vents puisque la flûte
traversière est de sortie à l’occasion,
et sur des standards du blues s’il vous plait ! On laisse
donc le bon temps rouler avec un sextet qui ne ménage pas
ses ardeurs et qui nous sert quelques-uns des classiques les plus
incontournables du genre, à commencer par un turbulent
« Thrill Is Gone » proposé à
la manière d’un hommage à B.B. King ou
encore un vibrant « Me and Bobby McGee » en
l’honneur de Janis Joplin voire carrément le
célèbre « Câline de Blues
» d’Offenbach dans une version aussi personnelle
qu’intéressante. Une chanteuse pleine de charisme
et dotée d’une voix à la fois puissante
et juste, un groupe qui ne se fait pas prier pour
l’accompagner jusque très haut dans les gammes,
voilà une formation qui a su tirer profit de ses diverses
évolutions et qui ne se pose pas de question quand il
s’agit aujourd’hui de jouer un blues plaisir, un
blues plein de feeling et de fun. Vous en rêviez ? Blues
Berry Jam l’a encore fait à FestiBlues
!

Invité à refermer l’édition,
Alex Nevsky débarque dans un parc une fois encore bien
rempli pour nous y proposer un show teinté de chanson, de
pop, de rock et d’une pointe non négligeable
d’humour, de quoi motiver un public qui réagit
plutôt bien à chacune de ses facéties
et qui se prête au jeu quand il est question de chambrer un
peu ses musiciens. Des invités comme le
Sénégalais Karim Ouellet qui apportera
à son tour sa touche d’humour personnelle ou
encore comme le folk-singer Patrice Michaud, un tour du
côté d’« Himalaya mon amour
» pour afficher ses nouvelles couleurs et voilà un
artiste qui nous conduira un pied dans la marge du blues et au fil de
ses chansons que le public reprend en chœur
jusqu’à une soirée réussie
devant une assistance qui a bien décidé de battre
tous les records de fréquentation puisque de la
scène jusqu’au bar en haut de la colline, on ne
voit plus un brin de pelouse libre ou presque pour y poser un coussin !
En bon entertainer, Alex Nevsky poussera tout ce joli monde vers un
final en apothéose dont les personnes présentes
dans le Parc Ahuntsic se souviendront longtemps, c’est
certain … Et si le blues s’en est allé
avec The Blues Berry Jam un peu plus tôt, la
qualité n’en restera pas moins au rendez-vous
!

A l’heure de prendre congé des amis du FestiBlues
on aura une pensée toute particulière pour ceux
qui ont créé
l’évènement, les deux Martin, Georges,
Gilles et Jacques, pour tous ceux qui le font vivre au quotidien,
Celya, Roxanne et Mélissa, pour les amis de toujours et
même parfois plus encore, Jipi, François,
Jean-François et leurs indispensables « Cabochons
», pour Sylvain et Gilles et pour tous les autres, pour la
technique et la régie avec les inénarrables Stan
et Hugo, pour les collègues photographes Yvon, Serge et
Alain … et enfin pour tous les amis de la lumière
et de l’ombre sans lesquels rien ne serait pareil
à Montréal, Réjean et Louise, Normand
et Francine, Pierre et Barbara, J.D. et Christiane, Marie-Sophie et
L’Homme, Etienne et Catherine … Merci pour ce
18ème FestiBlues qui aura été mon
dixième, merci pour ce record d’affluence et une
fois encore : Bravo !
Fred Delforge
– aout 2015

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