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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL - 18ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 10 août 2015
 

FESTIBLUES 2015 FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL – 18ème EDITION
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
Du 6 au 9 aout 2015

http://www.festiblues.com

FestiBlues International de Montréal est devenu au fil des ans un de nos rendez-vous privilégiés et cette 18ème édition du festival coïncide avec notre dixième année consécutive sur place, faisant de nos amis Montréalais une des rencontres majeures de notre année musicale … Par bonheur, il plane cet été sur le Québec un vent de chaleur avec quelques rares et brèves averses, de quoi se mettre en condition pour un grand moment de musique dans une ambiance blues … Deux jours entiers d’installation de la scène et des infrastructures nous laisseront tout le loisir de rendre visite aux amis mais aussi et surtout de tester une version intermédiaire d’une des grandes attractions qui verra son apogée en 2016 puis en 2017 pour le 375ème anniversaire de la mégalopole ! En attendant le grand show et les présentations holographiques, on découvrira donc l’application « Montréal en Histoires » mis en service quelques jours plus tôt …   

Mardi 4 aout :

Le montage des infrastructures allant bon train, on quitte donc le Parc Ahuntsic pour rejoindre Le Vieux Montréal où, une tablette à la main et un casque à l’oreille, on se laisse aller à fouiller la carte géolocalisée où les curiosités touristiques sont indiquées … Certains lieux devant lesquels nous passions depuis des années se révèlent soudain à nous, jusqu’alors insoupçonnés ! Les classiques ne manquent pas, mais on découvre ce matin des trésors inattendus, souvent ponctués de photos d’époque et de commentaires brefs et clairs tantôt très détaillés, tantôt ponctués d’un trait d’humour. Les murs de la vieille ville en prennent un tout autre visage, mais mieux encore, une douzaine d’endroits stratégiques bénéficient d’une présentation en réalité augmentée. Placé face à la tablette, l’endroit revêt ses habits d’époque et on revit pour un instant quelques siècles plus tôt …

Parfois inattendue mais toujours convaincante, cette nouvelle manière de découvrir Le Vieux Montréal se révèle vite aussi distrayante qu’instructive, chacun pouvant gratuitement et en fonction de ses affinités découvrir le quartier dans le détail, de manière succincte ou plus approfondie, et apprendre une histoire tout en se divertissant. La seule contrainte, disposer d’une tablette ou d’un smartphone et y installer l’application gratuite sur le site www.montrealenhistoires.com ! Et ce n’est qu’un début puisque cette grande fresque historique évoluera dès les prochaines semaines. Une affaire à suivre de près donc !

Mercredi 5 aout :

A J-1, FestiBlues organise son ultime point presse dans le Parc Ahuntsic pour rappeler aux media le programme mais aussi pour leur permettre de présenter au public un lieu atypique où quatre soirs durant se dérouleront sur une terrasse naturelle des concerts de tous types avec du blues bien entendu, mais aussi avec quelques genres dérivés … c’est l’occasion de retrouver les amis photographes du cru mais aussi les confrères journalistes et d’échanger quelques bonnes impressions avec eux.

Quelques allocutions officielles et beaucoup de convivialité au programme, et comme un lancement de festival sans musique n’aurait pas tout à fait la même saveur, après les différents discours, c’est Angel Forrest qui se chargera de mettre de l’ambiance en interprétant quelques titres et en invitant au passage son ami harmoniciste Jim Zeller … Ça promet pour la suite de la manifestation puisque l’on retrouvera la chanteuse montréalaise au quart de siècle de carrière dans le Parc Ahuntsic dès demain soir pour un show complet ! En attendant, place aux derniers préparatifs …

Jeudi 6 aout :

Les artistes arrivent tranquillement sur le site qui a pris sa configuration définitive et on se plait à retrouver quelques amis du Québec et même des Français puisque Daniel Blanc et ses complices viennent d’arriver juste à temps pour assister dès 17 heures à une prestation inédite sur une nouvelle scène installée entre la console et la scène principale … On y remarque Shawn McPherson & The Jive Band qui nous sert un très bon blues ponctué de quelques standards pour le plus grand plaisir d’un public qui arrive à son rythme et qui apprécié à sa juste valeur la prestation d’un jeune groupe qui a de l’avenir, une formation qui nous avait été chaleureusement été recommandée par un grand musicien du cru et néanmoins ami, l’harmoniciste Rick L. Blues. Une belle révélation à confirmer dès demain à la même heure !

18 heures sonne le début des festivités sur la grande scène du FestiBlues et c’est au groupe ReMain SoliD de lancer cette première soirée organisée en partenariat avec Oblic Salon Urbain. ReMain SoliD, c’est du bon gros rock teinté d’indie et de blues et c’est en se promenant des Doors jusqu’à Jimi Hendrix mais en passant aussi par ses propres compositions que le quintet va inviter le public à se presser devant la scène pour une prestation courte mais dense. Une paire de guitaristes qui se fait visiblement plaisir, des claviers subtilement dosés et une rythmique qui ne s’en laisse pas conter, il ne faudra pas plus d’une petite demi-heure pour que la messe soit dite, et bien dite en plus !

Le temps de pousser le matériel et c’est déjà Adam Karch qui s’installe au pied levé pour un concert de trois quarts d’heure. Virtuose du picking, le Québécois n’y va pas par quatre chemins quand il est question de séduire le public et de reprises convenues en reprises plus inattendues, c’est un véritable feu d’artifice blues et rock qui va de Ben E. King à Robert Johnson qu’il nous propose devant une assistance qui grossit petit à petit et qui délaisse un peu les stands alimentaires pour venir se régaler d’une gastronomie musicale d’un goût raffiné, celle que l’artiste a enregistré pour son album et son spectacle « Blueprints ». De retour pour la première fois à FestiBlues depuis la première édition, Adam Karch ne cache pas son plaisir d’être là et nous démontre par l’exemple qu’on peut convaincre avec une guitare, un footstomping simple mais efficace et une voix pleine de chaleur. Pari gagné donc !     

Elle a été il y a quelques années la réplique de Janis Joplin, revoilà la bouillonnante et troublante Angel Forrest dans un répertoire où elle revient vers le blues de ses premières années de carrière, celui qui lui a permis de rester vingt-six ans plus tard une des icônes du genre au Québec et plus loin encore. Débordante d’énergie, la chanteuse ne ménage ni sa voix ni ses effets de style et c’est portée merveilleusement bien par deux guitaristes de haut vol qu’elle revisite à sa manière quelques standards, piochant autant chez Robert Johnson et son « Walking Blues » que vers les Animals et leur « House Of The Rising Sun » ou encore vers Led Zep et son « Whole Lotta Love ». La voix rauque et gravillonneuse à la perfection finit de nous entrainer dans un style cher aux années 70, mais avec en prime quelques beaux accents qui rappellent en vrac des modèles comme Bonnie Raitt et autres Mavis Staples. En une heure trente de concert, Angel Forrest aura réussi à mettre le Parc Ahuntsic dans sa main, un tour de force qu’elle réussit régulièrement dans les plus grandes manifestations du pays ! Du bonheur à l’état brut, avec en prime une petite pointe d’insolence qui lui va très bien, un solo de basse à quatre mains et un final d’anthologie réunissant une version de « Me and Bobby McGee » des plus réussies et le « Hallelujah » de Leonard Cohen … Que peut-on décemment demander de plus ?

Difficile de succéder à Angel Forrest, et pourtant Michel Rivard va devoir relever le défi avec pour seules armes ses guitares et ses chansons. Une belle équipe pour l’accompagner avec chœurs et pedal steel guitar, de la poésie luxueuse pour un artiste qui a consacré une partie de sa vie à l’éducation, si l’artiste s’éloigne un peu du blues pour s’en aller regarder jusqu’à la chanson francophone à textes voire même pour déclamer de temps à autres ses poèmes, le public ne s’en plaint pas, loin de là, reprenant même avec une certaine gourmandise des chansons comme « Méfiez-vous du grand amour », « Roi de rien » ou « Le blues de la métropole » mais aussi un medley de quelques mélodies anglophones ou encore en chantant a-capella un couplet et le refrain tout entier de « La complainte du phoque en Alaska » … Pas évident de rester insensible au show de Michel Rivard quand on apprécie autant les autant les chansons de Felix Leclerc ou de Beau Dommage que le rock de Pagliaro, de Plume ou d’Offenbach et les quatre-vingt-dix dernières minutes de cette première soirée ne manqueront pas de bonnes choses à offrir à un public ouvert en grand sur ce que la musique en général a de mieux !    
 
La soirée se continuera dans les bars du quartier pour les plus courageux qui pourront y retrouver quelques grands noms du blues québécois comme Outsiders Blues Band, Slim Dubois, The Ramblers ou encore Jim Zeller … La fin de semaine s’annonçant chargée, nous renoncerons pour notre part à faire le grand marathon des clubs pour aller gouter au sommeil du juste … Demain sera un autre jour qui sera marqué, entre autres, par les retrouvailles avec un artiste que nous apprécions tout particulièrement et que nous avions découvert ici même il y a quelques années avant de le faire venir en France, Bernard Adamus …

Vendredi 7 aout :

La journée a été longue et studieuse avec les traditionnelles balances durant tout l’après-midi et après un rapide tour de parc pour s’assurer que tout est bien en place, il est déjà l’heure de retrouver l’apéritif blues du jour avec Shawn McPherson & The Jive Band qui reviennent pour la seconde fois nous dégourdir les esprits avec leur blues soigné et croustillant ! De belles adaptations des classiques du blues portées par une guitare inventive et par un harmonica déluré, le tout avec un son fidèle et respectueux des modèles originaux, si le ciel est quelque peu couvert ce soir, le quartet va pourtant se charger de nous offrir une belle éclaircie fort bienvenue dans un parc Ahuntsic qui ménage encore un peu ses forces en prévision d’une très grosse et belle soirée présentée par Solotech. Entrés directement dans le feu de l’action par la grande porte, ceux qui ont fait l’effort de venir dès l’ouverture du festival n’ont pas eu à le regretter, et c’est en grande partie grâce à Shawn McPherson & The Jive Band qui nous gratifieront au passage d’un « Thrill Is Gone » plein de sensibilité !

Jouant son rôle de découvreur de nouveaux talents, FestiBlues a invité ce soir Raphaël Roberge à chauffer les planches de la grande scène et c’est avec ses propres armes que le jeune chanteur vient livrer bataille face à un public qui se montre réceptif aux reprises choisies que ce garçon qui est passé par différents groupes et concours lui sert avec son cœur et avec ses tripes, quitte parfois à se laisser prendre au piège d’une note marquée par le coup de l’émotion. Fort d’une tournée de quarante-cinq dates dans gout le pays, Raphaël Roberge s’appuie sur une section rythmique efficace mais aussi sur une équipe de charme où l’on croise une claviériste et une choriste et nous livre aussi bien des standards de la pop que des reprises issues de la soul et du rock, Elvis Presley inclus. Une vingtaine de minutes plus tard, l’affaire est pliée et bien rangée pour un jeune musicien qui peut être fier d’avoir ouvert la soirée devant quelques stars, et non des moindres !

Premier groupe français à se produire cette année sur la scène du FestiBlues, Foolish King nous arrive tout droit de Bordeaux et nous apporte une musique à la saveur très empreinte de la soul des seventies, du rhythm’n’blues et du funk, avec en prime un petit côté New Orleans pas désagréable du tout. Quand le son Stax rencontre celui des bayous de Gironde, ça donne quelque chose dans le genre de Foolish King et ça fonctionne plutôt bien auprès d’un public où l’on remarque quelques personnes venues spécialement de France pour voir le quintet. Emmené par sa chanteuse à la voix puissante et au charisme indiscutable, le groupe n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour réveiller les ardeurs d’un public encore un peu éparpillé dans le par cet qui arrive à son rythme, attiré par le groove d’un groupe qui ne manque pas d’arguments pour se mettre l’assistance dans la poche en un temps record. Il faut dire que de la guitare jusqu’aux claviers en passant par une section rythmique bondissante, il n’y a rien à jeter dans un groupe qui, comme le bon vin, est appelé à bonifier avec le temps !    

L’artiste suivant n’est autre que Bernard Adamus, une figure de proue de la nouvelle scène québécoise que nous avions eu la chance d’entrainer vers la France il y a quelques années, lorsqu’il avait brillamment remporté le Concours Relève en Blues du FestiBlues International de Montréal. Depuis, on l’a croisé à maintes reprises, ici ou là-bas, et si son répertoire s’est enrichi d’un deuxième album il y a trois ans et qu’il y en aura bientôt un troisième dans les bacs, on ne se lasse pas de retrouver les « Brun » et autres « Cauchemar de course » ou « Le cimetière » qui nous avaient séduits à l’époque. La formation a quelque peu évolué mais si les arrangements changent, l’essence même qui fait avancer la machine Adamus est restée la même, un folk blues roots teinté de chanson francophone et de fun avec une grosse dose de gouaille et énormément d’humour. Ça déménage, ça boit un peu, parfois trop, et plus on avance dans le set, plus on se régale d’un artiste tellement atypique qu’il en devient une norme, un peu comme Plume diront certains … Un florilège d’anciens titres, de nouveaux et même d’inédits comme « Hola les lolos », la traditionnelle reprise de « La foule » à la sauce bien cuivrée et du fun à n’en plus finir, nous aurons droit ce soir à un grand show Adamus venu en voisin et ami, lui qui chante si bien la « Rue Ontario » et qui sous ses vrais airs de se moquer de tout cache un véritable talent de songwriter de classe internationale ! L’ovation à la fin du concert sera naturellement marquée par un rappel dans ladite « Rue Ontario » mais aussi plus loin devant un Parc Ahuntsic qui n’avait jamais accueilli autant de personnes depuis que le FestiBlues s’y déroule … Un record qui sera difficile à enlever à Bernard Adamus !   

On va rester dans le gros calibre pour cette fin de deuxième soirée avec Lisa Leblanc qui arrive en formation réduite pour nous offrir une grosse débauche d’énergie et là où l’on se disait que succéder à Adamus allait être compliqué, l’Acadienne va nous prouver qu’il est encore possible, à défaut de monter le niveau d’un cran, de continuer à jouer sur le même tableau ! A la fois folk et rock, la chanteuse et guitariste y va de bon cœur pour faire monter le public dans les tours, quitte de temps à autres à faire un peu chauffer un moteur qui carbure au super depuis le début de l’après-midi. Les guitares changent de main, on passe du banjo à la mandoline, du folk roots au rock trash et de la Rickenbacker à la Danelectro, le tout sans aucun temps mort et en cheminant bon train au milieu des « Cowboy », en partant à la rencontre de « Katie Cruel », en découvrant l’artiste en mode « Rouspéteuse » ou encore en la suivant « Downtown » pour la voir nous offrir sa cover décoiffante du « Ace Of Spades » de Motörhead … Difficile de résister bien longtemps au talent et à la fougue d’une Lisa Leblanc plus forte et plus brillante que jamais, une artiste qui chante aussi maintenant en Anglais mais qui n’en a pas perdu sa véritable identité et qui nous le prouvera ce soir durant une heure trente d’un show en tous points mémorable avec deux rappels dont le dernier en solo avec une nouvelle chanson, « 5.748 Km », où il est question d’une relation amoureuse compliquée entre Moncton et Vancouver, d’où le titre. Il fallait oser cette soirée, FestiBlues l’a fait, et bien fait en plus, avec un parc plein comme un œuf où le public se compte en dizaines de milliers d’unités !     

Après une telle soirée, nous renoncerons une fois encore à faire la tournée des bars où l’atmosphère est sans doute plus purement blues au sens propre du terme mais où l’ambiance aura sans aucun doute du mal à être aussi impressionnante que ce soir … La magie du FestiBlues nous a une fois encore surpris aujourd’hui avec, mais cela reste subjectif et très personnel, la meilleure soirée et la plus populaire des ces dix dernières éditions ! Jusqu’à la prochaine puisque nous allons chaque année de surprise en surprise et de plaisir en plaisir …
  
Samedi 8 aout :

On se retrouve de bonne heure dans le parc pour y rencontrer les amis et pour partager un instant précieux, celui des balances qui nous réserveront un moment assez unique en son genre puisque après s’être réglés en quelques minutes seulement, Daniel Blanc et ses deux acolytes inviteront un grand guitariste québécois, J.D. Slim, à les rejoindre pour partager pas moins de trois titres devant des techniciens non seulement ravis d’avoir si rapidement fini leur ouvrage mais aussi enchantés par le blues du Français qui chante dans sa langue, un exercice pas mal apprécié dans la Belle Province ! Nos amis du Net Blues présents pour l’occasion ne manqueront pas eux non plus d’être convaincus par une prestation au pied levé pleine de feeling et de convivialité !

C’est ce soir le duo féminin Lady Rouge qui accueille les spectateurs dans le Parc Ahuntsic et c’est en installant une ambiance soul, blues et jazz que la pianiste et sa complice chanteuse nous délivrent quelques standards comme « Ain’t No Sunshine », « Sunny », « Hey Jude » et autres « Sittin' On The Dock Of The Bay » qui n’auront pas grand mal à convaincre ceux qui auront fait le déplacement de bonne heure pour être aux premières places dans la « section des chaises ». On regrettera juste que certains spectateurs, ceux-là même qui se plaignent en général d’avoir des gens debout devant eux dans le pit, n’aient pour beaucoup d’entre-eux même pas eu la politesse de retourner leur siège un instant pour se présenter face à deux jeunes femmes non seulement charmantes, mais en plus brillantes ! La courtoisie n’est pas une science exacte malheureusement …    

Ce sont aujourd’hui les Caisses Desjardins qui présentent la soirée et c’est avec le Martin Hury Blues Combo que l’on commence sur la scène principale. Guitariste et chanteur de blues argentin installé au Canada, Martin Hury s’est inspiré d’artistes comme Freddie King, Albert King, Stevie Ray Vaughan, ou encore Ronnie Earl pour se forger un style auquel on ne résiste que très difficilement et c’est en interprétant ses morceaux en Anglais mais aussi en Espagnol et en s’installant entre le blues et le rock que le trio va nous proposer une petite demi-heure brève mais indiscutablement pleine de bonnes vibrations et nappée de notes habilement servies. De quoi faire rapidement monter la pression dans l’assistance et la convaincre de délaisser un temps les stands de restauration pour s’approcher au plus vite de la scène et y prendre une première grande gorgée de bon blues bien corsé avec en bonus un « Sky Is Crying » pour refermer le set !

On poursuit avec Daniel Blanc qui a délaissé un temps sa Camargue pour venir se promener du côté des Rives du Saint-Laurent et nous y déverser des seaux entiers de bons blues en Français comme ce songwriter héritier commun de Claude Nougaro et de Muddy Waters sait si bien nous les composer. Un grand vent de francophonie souffle sur l’assistance qui non seulement apprécie les chansons que le bluesman lui interprète mais qui n’hésite pas non plus à les reprendre quand on l’y invite. On l’avait deviné lors des balances, J.D. Slim rejoindra une première fois le trio de Daniel Blanc pour deux titres dont le classique « Chante en Français », puis une seconde fois en fin de set pour en remettre une couche avec « Le blues du cuisinier » à un public qui apprécie au moins autant l’instant que le groupe lui-même, ce dernier se faisant manifestement plaisir à être là ce soir et à servir ses blues à des gens qui l’apprécient à sa juste valeur. Du plaisir et rien que du plaisir, le tout servi sur un rythme impeccable et avec un mélange de feeling et de technique superbement bien dosé … Il y a quelques festivals français qui seraient bien inspirés d’y penser à leur tour, et pas seulement parce que Daniel Blanc a « Le blues de la métropole » !

D’héritage il va encore être question avec le show proposé par Sylvie Desgroseilliers qui a choisi ce soir d’inviter Melissa Bel pour nous emmener dans un voyage au cœur de la soul, une escapade de quatre-vingt-dix minutes durant laquelle les deux chanteuses s’en iront, seules ou réunies pour le final, à la rencontre de de grandes dames comme Mahalia Jackson, Etta James, Billie Holiday, Aretha Franklin, Gladys Knight, Tina Turner et autres Whitney Houston. Un black band pour emmener le mouvement, un guitariste virtuose et une paire de choristes, il ne faut rien de plus que beaucoup de foi et d’envie pour entrainer le public dans des chansons qui parlent autant à l’âme qu’au cœur et qui plongent le Parc Ahuntsic dans un mélange de mélancolie positive et d’espoir. L’expérience et le talent de Sylvie Desgroseilliers conjugués à la puissance et au versant très soul de la voix de Melissa Bel qui nous présentera au passage un de ses nouveaux titres finiront de mettre tout le monde d’accord et nous transporteront le temps d’un concert du côté de Memphis et de Stax mais aussi vers Detroit et la Motown … Sacré expédition au cœur des musiques noires américaines offerte par deux femmes exceptionnelles qui n’auront pas manqué ce soir de bousculer l’ordre établi en mettant les chanteuses à l’honneur !

Le temps de débarrasser la scène et de préparer la suite et ce sera au tour de David Goudreault de venir nous donner un avant-goût de ce que sera son programme Slam en Blues demain en tout début d’après-midi et c’est en déclamant deux textes que celui qui est désormais connu en France pour ses collaborations avec Grand Corps Malade réjouira les plus jeunes tout en séduisant les plus âgés grâce à un verbe habile et à une diction précise. Habitué depuis quelques années à le voir sur scène, le public du FestiBlues apprécie aujourd’hui David Goudreault à sa juste valeur et celui-ci le lui rend bien en donnant le meilleur de lui-même !

L’heure est venue de retrouver Bobby Bazini qui nous présente ce soir un second album qu’il a enregistré à la manière d’un rite initiatique, en se rendant de Montréal jusqu’à Los Angeles pour y marcher sur les traces de ses idoles, de Marvin Gaye à Bob Dylan en passant par Johnny Cash, et pour y enregistrer en compagnie de quelques grands noms du genre un effort entre folk et americana. Crooner à la voix pleine de relief, le jeune homme revient à FestiBlues devant un parterre de fans bien garni et lui sert un concentré de ses plus belles chansons mais aussi de celles des autres comme « To Love Somebody » ou encore « La vie en rose » pour en arriver à un spectacle qui durant une heure trente ne souffrira d’aucun temps mort et d’aucune longueur avec ses titres bien remuants et ses passages plus calmes mais tout aussi soigneusement interprétés. Quelques centaines de milliers d’albums écoulées et un concert gratuit devant soixante milliers de spectateurs à la Cité des Arts pour le Festival de Jazz de Montréal n’ont pas émoussé le plaisir et l’envie de l’artiste qui donne sans compter pour un public multigénérationnel qui l’aime et qui sait lui faire clairement savoir en chantant ses chansons, en l’acclamant et hurlant à l’occasion son nom. Un sacré personnage que ce Bobby Bazini qui affiche de temps en temps des côtés typiquement empruntés à Sinatra et d’autres fois un timbre de voix à la Rod Stewart !

Le fait d’avoir à peine moins de spectateurs qu’hier soir dans le parc Ahuntsic ne gâchera en rien la bonne humeur de l’organisation qui pourra ce soir encore se réjouir de nous avoir joué un bon tour en nous proposant une soirée marquée par du très bon blues, de la soul et de la country-folk. C’est ça aussi l’ouverture et comme chaque fois, FestiBlues ne s’y trompe pas en jouant carrément la carte de la diversité ! Une bonne nuit de sommeil là-dessus et nous serons en pleine forme demain pour (déjà) la dernière journée d’un festival qui fête dignement sa majorité !  

Dimanche 10 aout :

On zappera aujourd’hui la première partie de journée pour aller vaquer à quelques saines occupations et c’est juste après la prestation du jeune Raphael Roberge que nous arriverons pour assister au spectacle « Slam en Blues » proposé par l’excellent David Goudreault. Dédié aux nouveaux talents du genre qui se succéderont durant une trentaine de minutes, le concert nous fera gouter aux spoken words, un exercice alliant poésie et musicalité avec une certaine fortune. Entre poésie et rap, le slam st un de ces exercices qui donnent une nouvelle dimension au blues en partageant les mêmes valeurs, quand bien même la manière de le présenter diffère un peu … Et pourtant …

On continue avec Les Gars D’la Cave qui viennent nous proposer leur blues rock plein d’énergie autour d’un band qui se fait plaisir et qui tire profit de ses deux choristes mais aussi à l’occasion de ses cuivres pour nous servir quelques classiques nationaux et internationaux, n’hésitant pas une seconde à passer d’un « Câline De Blues » à un « Sweet Home Alabama » revu et corrigé dans une sauce rapportée de leur propre cave ! Une excursion vers le reggae, quelques pièces plus funk dans l’âme, beaucoup de rock et une grosse dose d’énergie pour pimenter, voilà un band qui ne se fait pas prier pour donner le meilleur de lui-même et le public, encore un peu timide avec l’heure un peu précoce, ne se prive déjà pas de lui faire savoir qu’il l’apprécie ! Une bonne entrée en matière pour une soirée qui devrait aller crescendo grâce un groupe qui a su terminer en beauté sa prestation en beauté en nous servant une cover débridée de « Bobépine », un des standards de Plume qu’il a combiné avec beaucoup de sagesse à un titre plus soul et aux cachets directement rapportés de chez Stax ! Il fallait y penser … 

Maintes fois présent sur la scène du FestiBlues par le passé, le Blues Berry Jam signe ce soir son grand retour dans le Parc Ahuntsic et ne se fait pas prier pour donner le meilleur de lui-même au travers d’un set où l’on se régale des arrangements subtils au niveau des percussions mais aussi des cuivres et même des vents puisque la flûte traversière est de sortie à l’occasion, et sur des standards du blues s’il vous plait ! On laisse donc le bon temps rouler avec un sextet qui ne ménage pas ses ardeurs et qui nous sert quelques-uns des classiques les plus incontournables du genre, à commencer par un turbulent « Thrill Is Gone » proposé à la manière d’un hommage à B.B. King ou encore un vibrant « Me and Bobby McGee » en l’honneur de Janis Joplin voire carrément le célèbre « Câline de Blues » d’Offenbach dans une version aussi personnelle qu’intéressante. Une chanteuse pleine de charisme et dotée d’une voix à la fois puissante et juste, un groupe qui ne se fait pas prier pour l’accompagner jusque très haut dans les gammes, voilà une formation qui a su tirer profit de ses diverses évolutions et qui ne se pose pas de question quand il s’agit aujourd’hui de jouer un blues plaisir, un blues plein de feeling et de fun. Vous en rêviez ? Blues Berry Jam l’a encore fait à FestiBlues !    

Invité à refermer l’édition, Alex Nevsky débarque dans un parc une fois encore bien rempli pour nous y proposer un show teinté de chanson, de pop, de rock et d’une pointe non négligeable d’humour, de quoi motiver un public qui réagit plutôt bien à chacune de ses facéties et qui se prête au jeu quand il est question de chambrer un peu ses musiciens. Des invités comme le Sénégalais Karim Ouellet qui apportera à son tour sa touche d’humour personnelle ou encore comme le folk-singer Patrice Michaud, un tour du côté d’« Himalaya mon amour » pour afficher ses nouvelles couleurs et voilà un artiste qui nous conduira un pied dans la marge du blues et au fil de ses chansons que le public reprend en chœur jusqu’à une soirée réussie devant une assistance qui a bien décidé de battre tous les records de fréquentation puisque de la scène jusqu’au bar en haut de la colline, on ne voit plus un brin de pelouse libre ou presque pour y poser un coussin ! En bon entertainer, Alex Nevsky poussera tout ce joli monde vers un final en apothéose dont les personnes présentes dans le Parc Ahuntsic se souviendront longtemps, c’est certain … Et si le blues s’en est allé avec The Blues Berry Jam un peu plus tôt, la qualité n’en restera pas moins au rendez-vous !       

A l’heure de prendre congé des amis du FestiBlues on aura une pensée toute particulière pour ceux qui ont créé l’évènement, les deux Martin, Georges, Gilles et Jacques, pour tous ceux qui le font vivre au quotidien, Celya, Roxanne et Mélissa, pour les amis de toujours et même parfois plus encore, Jipi, François, Jean-François et leurs indispensables « Cabochons », pour Sylvain et Gilles et pour tous les autres, pour la technique et la régie avec les inénarrables Stan et Hugo, pour les collègues photographes Yvon, Serge et Alain … et enfin pour tous les amis de la lumière et de l’ombre sans lesquels rien ne serait pareil à Montréal, Réjean et Louise, Normand et Francine, Pierre et Barbara, J.D. et Christiane, Marie-Sophie et L’Homme, Etienne et Catherine … Merci pour ce 18ème FestiBlues qui aura été mon dixième, merci pour ce record d’affluence et une fois encore : Bravo !

Fred Delforge – aout 2015