Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 03 août 2015
I don’t prefer
no blues
(Normandeep Blues
– 2015)
Durée
35’16 – 10 Titres
http://www.leobudwelch.com/
Il aura fallu attendre que Leo Bud Welch atteigne son quatre-vingt
unième anniversaire avant que ce grand homme ne se laisse
aller à enregistrer son premier album, la vie lui ayant
donné d’autres occupations avant que ce bluesman
jusqu’au bout des ongles ne comprenne qu’il se
devait de partager son art avec le public. Un premier opus
plutôt axé sur les voix et le gospel aura
tôt fait d’en faire une star jusqu’en
Europe et après avoir foulé les planches de
festivals roots comme celui de Crissier en Suisse, c’est vers
Cahors qu’il a pris ses marques et c’est
là qu’après avoir transmis une partie
de son savoir dans l’école de musique de la ville,
il dévoilait au printemps dernier son second effort,
dédié au blues cette fois. « I
Don’t Prefer No Blues », c’est une sorte
de témoignage, une ode pleine de charme et de feeling aux
douze mesures que Leo Bud Welch nous propose de ses doigts tremblants
mais toujours précis sur les cordes et de sa voix tellement
usée qu’elle donne instantanément le
frisson. Du haut de ses quatre-vingt-trois ans, c’est tout le
blues du Mississippi qui nous surplombe et c’est dans la plus
stricte intimité que celui qui fait partie des derniers
gardiens du temple blues nous offre une dizaine de pièces
tellement poignantes que l’on est forcément sous
le charme. Du « Poor Boy » qu’il a
longtemps été jusqu’au «
Sweet Black Angel » qu’il deviendra un jour, Leo
nous promène merveilleusement bien dans des chefs
d’œuvre de simplicité et de
spontanéité comme « I Don’t
Know Her Name », « Cadillac Baby »,
« Too Much Wine » et autres « So Many
Turnrows », des titres qui brillent de fort belle
manière dans la platine et qui prennent une toute autre
dimension lorsque l’artiste les joue sur scène,
lui qui bénit la vie de lui permettre de gagner
aujourd’hui de l’argent en faisant la seule chose
qu’il aime, jouer le blues. Deux heures de concerts sous un
soleil de plomb ne lui font pas peur, il nous l’a encore
démontré cet été, au point
même que l’on se demande si ce personnage au grand
cœur qui joue avec une guitare rose pour montrer son soutien
à la lutte contre le cancer du sein n’aurait pas
lui aussi fricoté avec le diable dans sa jeunesse
à un crossroads des environs de Sabougla dont il est
originaire … Après tout, qui sait ?
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