Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 20 mai 2015
Se nou ki la !
(Buda Records –
Universal – 2015)
Durée
59’19 – 15 Titres
http://choukbwalibete.info/
Groupe de « Mizik Rasin » originaire
d’Haïti, Chouk Bwa Libète associe avec un
naturel évident les rythmes et les chants du Vaudou pour
donner naissance à une musique dans laquelle toutes les
racines de l’Afrique et toutes ses traditions se retrouvent.
Des tambours arrachés de force à leur terre pour
être replantés dans la Caraïbe, une voix
qui porte en elle le poids des douleurs de l’exil et de la
souffrance quotidienne mais aussi et surtout l’espoir de tout
un peuple, tout cela se retrouve autour du chanteur Sambaton Dorvil,
des tambours de Riscot Cedieu, Tiayè Figaro, Sadrack Merzier
et Jean-Rigaud Aimable mais aussi des danses et des chœurs
d’Edele Joseph et de Maloune Prévaly,
l’ensemble donnant naissance à une sorte de
polyrythmie ou de polyphonie ethnique du plus bel effet transcrite de
fort belle manière sur un premier album empreint
d’un mélange de spiritualité, de
spontanéité et de force. En une heure, on
parvient à se faire une idée assez
précise de ce que le Vaudou signifie pour toute une
population qui met toute sa foi et tous ses espoirs dans le surnaturel,
souvent par tradition mais aussi par perte de confiance en ce qui
n’est que naturel. Portés par un Créole
plein de vigueur et plein d’accents chantants, des titres
comme « Idantifikasyon », «
Véronèse chante », « Kouzen
Zaka », « Olicha Legba » ou «
Lapriyè » dépassent très
largement le stade du folklore tribal pour s’ouvrir en grand
sur une musicalité construite à base
d’objets usuels mais véhiculée par une
véritable âme et par une foi qui pousse les voix
à se faire plus fortes que les tambours et à se
placer juste au-dessus d’eux, histoire sans doute de rappeler
à qui de droit que l’homme peut et doit rester
maître de ce qu’il désire. Tout en se
démarquant du reste de la production haïtienne,
« Se nou ki la ! » nous propose un
véritable retour en profondeur vers les racines africaines
les plus profondes d’un peuple, une démarche qui
est aussi riche en enseignements qu’en émotions
pour l’auditeur. A découvrir
impérativement sur la scène du Studio de
l’Ermitage le 7 juillet prochain !
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