Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 29 avril 2015
2777
(Atlantide Music
– 2015)
Durée
58’38 – 12 Titres
https://www.facebook.com/countyjels
Prenez quatre bons copains aux faux airs de backing band de luxe,
quatre musiciens parmi les plus capés de
l’hexagone qui ont accompagné ensemble ou chacun
de leur côté tout ce que le pays compte de
chanteurs et qui ont fait résonner leurs instruments du
côté de la variété, de la
pop, du rock et bien évidemment du blues, leur
véritable dénominateur commun … Eric
Sauviat et Sébastien Chouard aux guitares et au chant,
Laurent Cokelaere à la basse et Julien Audigier à
la batterie ont à peu près joué avec
tout le monde, voire plus encore, mais le nouveau défi
qu’ils se sont imposé avec County Jels,
c’est de former leur propre groupe et de l’inscrire
dans un registre blues au sens le plus large du terme, un blues qui va
de Robert Johnson jusqu’à Johnny Winter en passant
par Bo Diddley, par John Lee Hooker, par Buddy Guy ou encore par Albert
King, et la liste est loin d’être exhaustive.
Traverser cent ans d’une histoire faite de joies et de peines
en à peine une heure, il fallait tout le talent de ces
quatre phénomènes pour y parvenir et
c’est sans se poser la moindre question qu’ils y
sont allé de bon cœur, installant une trame
rythmique solide et régulière sur laquelle les
deux guitaristes se plaisent à aller tricoter des
mélodies du plus bel effet et à les
agrémenter de quelques démonstrations pleines de
virtuosité sans pour autant sombrer dans la
démonstration prétentieuse,
préférant mettre leurs instruments au service du
morceau que le contraire. On n’évitera pas bien
évidemment l’avalanche de notes
dégoulinantes sur un superbe « Snake Feet Blues
» dédié comme il se doit à
Johnny Winter mais ce qui fait plus que tout le reste la force et le
charme des County Jels, c’est aussi et surtout la
manière que le groupe a de nous faire passer de ses
pièces instrumentales comme « Rumble »,
« Comme tu veux » ou « Scac One
» à des titres pleins de nuances comme «
Les Indiens de Boulleville », « Darkness Day
», « Silent Time » ou « So Real
Boogie » avec en prime deux covers pas piquées des
vers, le « Mercury Blues » rendu
célèbre entre autres par le Steve Miller Band,
par Alan Jackson et par Meat Loaf et le « I Wish I Knew How
It Would Be To Be Free » indissociable de
l’œuvre de Nina Simone. Dépositaires de
ce que l’on appelle traditionnellement le bon jeu, les County
Jels nous prouvent par l’exemple qu’ils sont
également capables de privilégier le feeling sur
l’enjeu et que non contents d’avoir du talent, ils
ont aussi de l’âme, le tout se retrouvant avec en
plus une petite pointe de magie dans un superbe digipack dont on doit
le superbe artwork à Jano. Ne pas avoir « 2777
» dans sa discothèque sera un jour
considéré comme une erreur, c’est
certain !
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