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TONY ALLEN à GUYANCOURT (78) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
samedi, 28 mars 2015
 

TONY ALLEN
LA BATTERIE – GUYANCOURT (78)
Le 7 février 2015

http://www.tonyallenafrobeat.com/
http://www.labatteriedeguyancourt.fr/
 
Pionnier de l'afrobeat qu'il a créé au début des années 70 avec le chanteur et saxophoniste Fela Anikulapo Kuti, et peut-être même le plus grand batteur qui ait jamais vécu, enfin j'extrapole surement ... subjectivité de fan, le nigérian Tony Allen nous a fait l'honneur d'un concert d'exception à La Batterie de Guyancourt.

A 74 ans, l'homme est une figure mythique, a tout vu, tout vécu, de Malcolm X au Black Panther, l'Afrobeat comme radicalisation politique et chantre du panafricanisme. Il collabore aussi avec un paquet d'artistes tous horizons confondus, de Brian Eno à Paul Simon, des Clash et de Beck à Charlotte Gainsbourg, et dernièrement avec Damon Albarn de Blur qui produit son dernier opus.
 
En bon maître de cérémonie, Allen a installé sa batterie au beau milieu de la scène et en hauteur. Et il dirigera tel un chef d'orchestre ses musiciens pendant près d'une heure et demie, donnant le coup d'envoi de chaque morceau avec ce sérieux qu'on lui connait. Peu de sourires, tout doit être carré.
 
Le combo est composé de César Anot (basse), impressionnant de maitrise en picking, d’Indy Dibongue (guitare rythmique) qui officie aussi chez Manu Dibongo, du Guyanais Jean Phi Dary aux claviers et au chant (il interprétera deux des morceaux, dont « Go Back », un morceau écrit par Damon Albarn), de Patrick Gorce aux percussions (Tino Gonzalez, Karim Albert Kook) et d'une session cuivre à laquelle Allen donnera la part belle sur ce concert, en la personne de Nicolas Giraud (trompette) et Yann Jankielewicz (sax ténor).
 
Même si Allen préfère explorer des champs musicaux plus expérimentaux (il a été précurseur dans pas mal de domaines), ce concert sera plus accessible, tourné et vers l'Afrique (« Koko Dance ») mais aussi vers le funk ( Ire Omo"), et lorgnent parfois vers la soul (« Go Back ») et le free jazz (« Boat Journey »). Une atmosphère très fluide qu'Allen transcende par ce jeu de cymbales qui lui propre et que nul autre ne peux égaler. Un public fasciné, qui ondulera tout au long du set, tel une transe suppliée au dieu groove. Après le rappel, Tony Allen posera sa voix rauque et reconnaissable entre toutes sur « Kindness » issu d'un de ses grands albums, « Homecooking ».
 
Bien sûr, on attendra « Ewa » avec grande impatience (le public ne démentira pas), parce que ce morceau, non content de nous faire revenir quarante ans en arrière, époque Fela et Africa 70, a une force, une légende et un rythme qui a fait les grands jours du son East Coast seventies, version black Harlem et Blaxploitation. Avec « Ewa », on entend Foxy Brown. Les premières mesures font penser au « Shaft » d'Isaac Hayes. On s'apprêterait presque à croiser un « Superfly », un « Huggy les bons tuyaux » ou un « Serpico ».

Une invitation au voyage temporel, surtout qu'Allen ce soir-là, le traine en longueur. Pas moins de deux solos de batterie pour un morceau qui durera bien un quart d'heure. Du Grand Toni Oladipo Allen à la batterie, éblouissant de maitrise. Et égal à lui-même, il est malgré son grand âge, cet artiste qui invente, qui recherche constamment s'inscrivant toujours dans l'actuel. Un Leitmotiv ? Résistance ! Au temps qui passe et à son érosion.
 
Fred Hamelin – mars 2015