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EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2015 à BRUXELLES (BE)
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Ecrit par Fred Delforge |
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vendredi, 13 mars 2015
EBC 2015 BRUSSELS
EUROPEAN
BLUES CHALLENGE
ANCIENNE BELGIQUE
– BRUXELLES (BELGIQUE)
Du 12 au 14 mars 2015
http://www.europeanbluesunion.com
http://www.brusselsblues.eu
L’European Blues Challenge rassemble chaque année
les amateurs de blues de toute l’Europe, mais pas seulement
puisque c’est de manière
régulière que l’on y croise des
programmateurs, des journalistes ou plus simplement des fans venus
spécialement des Etats Unis ou encore du Canada. La
cinquième édition installée cette
année à Bruxelles ne dérogera pas
à la tradition et après Berlin, Toulouse et Riga,
c’est la capitale belge qui se retrouve promue «
Capitale du Blues Européen », pour trois jours
seulement, mais que de belles journées en perspective.
Jeudi 12 mars 2015 :
Jeudi soir, en attendant le début officiel du concours, nos
amis de Brussels Blues Society nous ont préparé
une soirée 100% belge avec trois des groupes qui ont
représenté le pays lors des
précédentes éditions. C’est
donc à Hideaway que l’on avait
découvert à Toulouse en 2013 qui vient chauffer
une salle de L’Ancienne Belgique copieusement garnie en nous
distillant un blues savoureux dans lequel on trouve à la
demande quelques parties d’accordéon. Le son est
fort et les lumières un peu agressives mais ce ne sont que
les premiers balbutiements de la première soirée
et on s’en contentera volontiers.
Le temps de changer de plateau et voilà un grand parmi les
grands, Howlin’ Bill, premier vainqueur de
l’European Blues Challenge à Berlin en 2011.
Chanteur et harmoniciste inspiré, Howlin’ Bill
s’appuie sur une section rythmique efficace, quand bien
même son bassiste est quelque peu handicapé ce
soir et doit jouer assis, et sur un guitariste qui se montre
à la fois très juste et très
délicat. Si là aussi le jeu est un peu fort, au
point d’en déranger quelques-uns, la
qualité des compos du quartet ne fait aucun doute et
c’est sous un déluge d’applaudissements
que le groupe régalera son public d’un jeu plein
de belles nuances avant de recevoir, avec quelques années de
retard, le trophée du 1er EBC qui lui avait fait
défaut au soir de sa victoire.
Troisième et dernier groupe du jour à
l’Ancienne Belgique, Fred & The Healers
célèbre à la fois les vingt ans du
groupe et le premier anniversaire de sa participation à
l’European Blues Challenge, c’était
à Riga l’an dernier. Puissant et très
rock dans l’âme, le groupe a
déplacé ses fans et c’est un parterre
bien garni qui accueille le guitariste et chanteur pour une prestation
très forte, pour ne pas dire trop forte. Il n’en
reste pas moins que le bad boy du blues
d’Outre-Quiévrain a de beaux arguments
à opposer à ceux qui le jugent trop rock voire
carrément hard rock et que tout bien pesé, sa
prestation du soir aura elle aussi recueilli un lot nourri et plus que
mérité d’applaudissements !
On aurait presque pu aller se coucher tout de suite,
c’était sans compter sur l’appel des
showcases de l’opening night, autant de bonnes occasions
d’aller déguster quelques bières
locales tout en découvrant d’autres groupes comme
par exemple The Blues Vision, un trio très jeune
emmené par un guitariste prolixe et virtuose totalement
inspiré par Stevie Ray Vaughan. Une bassiste à la
fois sobre et régulière et quelques covers
parfois un peu tirées par les cheveux et voilà un
groupe qui aura fait son effet dans un Café Kafka plein
à craquer.
Un détour par le Café Bizon où Vintage
Vince nous fait le coup du blues roots en solo et où la
aussi on se bouscule pour assister au concert et c’est
finalement du côté du Café Merlo que
l’on terminera la soirée en compagnie de Drop
D’S feat. Big Dave Reniers, une formation plutôt
agréable à l’oreille avec ses
sonorités à ranger quelque part entre Awek et
Nico Duportal, les Français ont vu pire. Un couple qui danse
devant la scène, un bar qui tourne à plein
régime … A plus d’une heure du matin,
les amateurs de blues et les fêtards sont loin
d’avoir fini la première de leurs trois
soirées !
Vendredi 13 mars 2015 :
C’est sous un soleil radieux que Bruxelles se
réveille ce
matin, l’occasion parfaite pour aller faire un tour en ville
après quelques réunions d’usages et de
déguster quelques huitres avant d’aller
découvrir
l’European Blues Expo et les expositions photo de nos amis
Pertti
Nurmi et Aigars Lapsa aux Halles Saint-Géry, à
seulement
quelques dizaines de mètres de l’Ancienne
Belgique. La
soirée va être longue et après
d’autres
retrouvailles, c’est un diner qui nous attend avant le
début du concours ! C’est parti pour deux grandes
soirées de blues européen …
C’est au Marius Dobra Band qu’échoit la
difficile
tâche d’essuyer les plâtres et
c’est avec un
certain brio que le frontman du trio roumain
s’échine
à la force de sa Gibson Explorer à faire monter
la
pression dans une salle déjà bien garnie qui
répond plutôt bien aux invectives d’une
formation
qui démarre sur un tempo plutôt rock et qui
resserre un
peu plus ouvertement sur le blues dès le second morceau.
Après un départ un peu brouillon, les choses
rentrent
très rapidement dans la normale et finissent par donner une
opinion plutôt engageante de ce qui se fait de bien sur la
scène roumaine ! Un territoire à fouiller,
c’est
certain !
Le temps de laisser Ian Siegal, le maître de
cérémonie de la soirée, faire son
office, et on
repart de plus belle avec les Danois de Bound By The Law, un quintet
qui se présente dans un répertoire navigant
quelque part
entre le country blues et le folk blues pour un résultat pas
désagréable du tout, même si te tempo
un peu lourd
peut parfois donner l’impression de plomber
l’atmosphère. Un harmoniciste qui n’en
finit plus
d’inonder la salle de ses envolées toujours
très
inspirées, une paire de guitares qui se partage
l’électrique et l’acoustique et nous
voilà
partis de fort belle manière dans un remake country western
du
type « il était une fois … »
dans le Grand
Nord !
On glisse rapidement vers la Croatie avec Delta Blues Gang, un quartet
piloté par une chanteuse qui nous emmène dans un
registre
très empreint de Texas Blues mais qui se présente
avec un
volume beaucoup trop élevé qui rend la prestation
totalement inaudible, même sur les passages paradoxalement
plus
calmes. Un choix d’autant plus regrettable que le groupe peut
compter sur les services d’un guitariste véloce et
particulièrement à son aise quand il est question
de
partir en slide. A revoir dans d’autres conditions pour
apprécier comme il se doit des qualités qui ne
manquent
pas et un jeu de scène plutôt
intéressant !
Représentant le Royaume Uni, Laurence Jones est
très
jeune mais n’est déjà plus un
débutant et le
blues rock qu’il propose, il le maitrise sur le bout des
doigts.
Une voix qui se tient pour finir d’enjoliver le tout et un
vrai
charisme font que le jeune guitar hero est de taille à tenir
l’affrontement avec les meilleurs et il le
démontre ce
soir avec une prestation calibrée au millimètre
près pour faire l’étalage de ses toutes
capacités sans pour autant entrer dans la
démonstration
à bon marché. Ca ne trompe personne et
l’Ancienne
Belgique se régale et le montre avec une certaine
démonstrativité. Une Strat ou une Les Paul,
c’est
selon l’humeur du moment et surtout selon le morceau choisi,
mais
une chose est certaine, à chaque fois le feeling et le fun
sont
au rendez-vous ! Joe Bonamassa n’a qu’à
bien se
tenir, la relève est juste derrière et Laurence
Jones se
charge de la représenter …
Place à l’Allemagne et c’est une fois
encore une
chanteuse qui s’y colle, avec à la clef quelques
belles
prestations dont un « I Don’t Need No Doctor
» servi
dans une version à la fois saignante, velue et
appuyée.
Capable de passer du slow blues à des choses plus
musclées, le Jesse Martens Band ne manque pas son
rendez-vous
avec l’European Blues Challenge et nous fait faire un tour
assez
bien détaillé de toutes les bonnes choses dont il
dispose
pour séduire les juges. Un petit manque
d’inspiration sur
le final ne devrait pas faire revenir le jury sur son
appréciation d’un set qui, il faut bien le
reconnaitre, ne
manquait pas d’arguments pour séduire !
Il est temps pour Pillac de venir représenter la France et
c’est en slide que ceux qui sont arrivés en
demi-finale
à Memphis attaquent leur prestation avec un beat plein de
peps
et une section de cuivres qui pousse le tout vers le haut. Pleine de
soul, de groove et de blues, la prestation de nos frenchys ne laisse
personne indifférent et c’est soutenu par son
orgue
Hammond des plus inspirés et par ses cuivres pleins de
sensualité que le sextet monte tranquillement mais surement
en
intensité pour nous délivrer un set
à la
hauteur de son talent et de son inspiration. Un dernier clin
d’œil à BB King pour mieux refermer la
copie avant
de la rendre et voilà Pillac qui s’inscrit sans
contestation possible parmi les tous meilleurs groupes de la
soirée ! Il faut bien reconnaitre que le
professionnalisme
et l’expérience de ses membres contribue
à la
qualité d’ensemble de la musique qu’il
propose !
Dont acte …
On reste dans la série des belles rencontres faites
à
Memphis avec les Néerlandais de The Leif de Leeuw Band et
avec
la troisième chanteuse de la soirée pour une
prestation
où la guitare sera à l’honneur mais
où le
feeling ne sera jamais laissé sur la touche. Du blues
psychédélique, du slow blues et surtout plein de
bonnes
vibrations pour emmener le tout vers le haut et voilà une
fois
encore un groupe qui aura su nous réjouir, beaucoup plus
qu’il ne l’avait fait à l’IBC
d’ailleurs, mais il faut bien reconnaitre que les voisins du
pays
hôte jouent un peu ce soir comme s’ils
étaient
à la maison. Tout en nuance et en en finesse, le show des
Hollandais a vraiment réussi à nous bluffer et ce
n’est pas pour nous déplaire, loin de
là !
On reste là encore en terrain connu avec les amis Suisse de
The
Two et avec leur blues tellement contre nature qu’il en
devient
une nouvelle règle non écrite mais tellement
légitime que l’on signe sans retenue en bas de la
page.
Des plages du Léman à celles de Maurice, il
n’y a
que quelques brasses que les deux complices franchissent avec un tel
talent qu’elles les font passer sans que l’on ne
s’en
rende compte par les eaux boueuses du Mississippi. A en juger par la
réaction du public, la recette fonctionne et les alternances
entre les moments apaisés et les accès de
colère
ne font qu’accentuer le capital charme d’un duo qui
réussit ce soir à emmener l’assistance
dans son
voyage au cœur du blues qui se finira comme toujours dans un
blues créole à vous retourner les tripes.
Difficile de ne
pas être fan de ces deux gars là
!
Avant dernier groupe de cette première soirée de
concours, les Hongrois de Eles Gabor Trio viennent nous servir un set
entre blues pop et blues rock et le public qui commence à
fatiguer ne s’y trompe pas, délaissant quelque peu
la
salle au profit du bar pour aller reprendre un peu de forces
…
Il faut reconnaitre que les douze coups de minuit approchent
à
grand pas, que l’on en est déjà au
neuvième
groupe de la soirée et qu’à part une
relecture de
« Purple Haze », les Hongrois n’auront
pas eu
grand-chose de bien consistant à nous proposer ce soir.
Dommage
car il semblait y avoir du potentiel dans ce groupe qui n’a
pas
eu le temps de trouver ses repères …
On termine la soirée avec une autre chanteuse, la
Suédoise Lisa Lystam et son Family Band, pour un set remuant
et
bien calibré qui parviendra rapidement à ramener
tout le
monde dans la salle. Entre blues et rhythm’n’blues,
le
sextet n’aura pas grand mal à rallier
l’assistance
à sa cause et à aider les dernières
bières
à descendre dans les verres grâce à une
musique qui
donne chaud et qui se veut communicative. Quelques effets de voix, des
guitares qui se répondent plutôt bien, une
rythmique
efficace et un harmonica pas avare de ses effets de style, quelques
plans arabisants pour refermer le set et voilà un groupe qui
aura su tenter la transition musicale, histoire de ne pas laisser le
blues sur la touche dans les années à venir bien
sûr ! Et si tout n’est pas forcément
bon, rien
n’est jamais vraiment mauvais
!
L’heure est au repos car la journée de demain sera
encore
longue mais une chose est certaine, cette première
soirée
de challenge aura tenu toutes ses promesses …
Samedi 14 mars 2015 :
C’est une longue journée qui attend les membres de
l’EBU avec pour commencer la sempiternelle
assemblée générale qui
décidera de l’endroit de l’European
Blues Challenge 2016, Torrita di Siena, en Toscane, puis ensuite avec
le superbe Blues Market réunissant une cinquantaine
d’exposants représentant les forces vives du blues
européen … De la musique mais aussi plein de
belles choses comme ces festivals associant blues et gastronomie ou
encore ce fabricant de disques en chocolat que l’on
écoute environ 25 fois sur sa platine vinyle avant de finir
par les croquer, il y avait de quoi se rendre compte que si le blues
est une musique vieille de plus de cent ans, elle continue de susciter
des vocations et de générer de belles
idées !
On se replonge tout de suite dans le grand bain du blues rock avec les
Luxembourgeois du Remo Cavalini Band et si le départ est
plutôt tranquille, on monte rapidement dans les watts avec un
groupe où la guitare est puissante, la voix
assurée et les cuivres plutôt discrets. Des
descentes de manche vertigineuses et des plans rapportés de
chez Stevie Ray Vaughan, si les représentants du
Grand-Duché qui termineront leur show par un «
Everyday I Have The Blues » ne sont pas les plus originaux du
week-end, au moins ont-ils l’avantage de jouer leur musique
avec une grande part de talent et au moins autant d’envie et
de feeling ! Voilà une soirée qui commence
plutôt bien …
On sait que les formations italiennes sont redoutables à
l’European Blues Challenge et celle que nous
découvrons ce soir ne l’est pas moins que les
précédentes puisque Dave Moretti Blues Revue nous
fait passer très rapidement dans une autre dimension avec un
blues qui se teinte à la demande d’une pointe de
funk et d’une autre de fun pour un résultat un peu
déséquilibré au niveau du son mais
plutôt agréable au niveau de l’ensemble,
d’autant que le band fait preuve d’un certain
charisme et de beaucoup de joie de vivre. Ajoutez-y la petite touche
vintage qui va si bien aux formations transalpines et vous avez
là un groupe qui se présente comme une des
valeurs sures européennes avec lesquelles il faudra compter
à l’avenir.
On remonte tranquillement vers l’Autriche avec Herman Posch
Duo qui nous propose son blues roots avec une association assez bien
dosée de guitare et de résonateur mais aussi de
chant et d’harmonica. Pleine de classe et de nuances, la
musique des Autrichiens a trouvé le très juste
équilibre entre le feeling et la technique et ça
se ressent forcément tout au long d’une prestation
partagée entre titres lents et pièces bien plus
enlevées dans le genre de ce « Blues Is Allright
» qui refermera la vingtaine de minutes dévolue au
duo. Salué par une belle salve d’applaudissements,
le passage du tandem aura indiscutablement laissé dans
traces dans l’assistance et c’est amplement
mérité !
Le temps d’enfiler un blouson et on continue
l’ascension pour arriver en Finlande et y
découvrir Micke Bjorklof & Blue Strip, un combo dans
lequel le frontman à la fois chanteur et harmoniciste est
porté par un guitariste gaucher très habile en
slide mais aussi par une section rythmique dans laquelle la batterie
est soutenue par un set de percussions. Parfois plein de
délicatesse, parfois plus véloce, le quintet nous
fera découvrir une palette assez large de ses
capacités et donnera une très bonne opinion de ce
qu’il est capable de proposer.
L’intensité vient encore de monter d’un
cran et ce n’est pas pour déplaire à un
public qui sait se montrer démonstratif
!
S’il est un groupe qu’il ne faut pas manquer quand
il est dans les parages, c’est bien des Travellin’
Brothers dont il s’agit puisque les Espagnols que
l’on connait sur le bout des doigts ont mangé du
lion et qu’ils sont bien décidés
à en recracher tous les os ce soir avec un set explosif de
ses premiers ébats en acoustique
jusqu’à ses délires les plus profonds,
ceux où les cuivres se lâchent et ceux
où le chanteur se jette dans le public pour partager une
énergie débordante qui caractérise la
formation ibérique. Un « Sweet Little Angel
» d’anthologie pour faire monter la pression et
c’est parti pour du très grand
Travellin’ Brothers avec des claviers qui
pétillent, une guitare qui déménage et
un leader qui n’en finit plus d’être
charismatique, avec en plus une belle grosse voix qui colle bien
à l’esprit du groupe et un répertoire
qui papillonne du gospel au rock avec une petite pointe indispensable,
l’envie !
Direction la Slovaquie avec un trio qui nous dévoile des
choses plutôt intéressantes et qui ne se prive pas
d’aller droit à l’essentiel avec un set
bien construit dans lequel on passe du slow-blues au blues rock avec un
naturel accrocheur et avec une énergie communicative.
Quelques erreurs de jeunesse et des dérapages pas toujours
très bien contrôlés pour le Jergus
Gravec Trio, mais au bout du compte un groupe qui retombe à
chaque sur ses pattes avec une musique au spectre très large
qui sait profiter de l’aide bénéfique
de classiques comme « Hey Joe » dans une version
suffisamment engageante pour permettre de pardonner tous les petits
détails. Un talent à travailler pour devenir un
des bons groupes de demain !
On reste à l’Est avec Drunk Lamb, le groupe
appelé à représenter la Pologne cette
année, et on démarre très rock avec un
chanteur aux faux airs de Michel Polnareff, capillairement parlant
seulement puisque musicalement, on flirte plus avec un Led Zep dans une
version revue et corrigée à base d’OGM
et d’amphétamines. Visiblement,
l’assistance apprécie et le fait savoir de
manière un peu musclée, mais il faut bien savoir
s’adapter les uns aux autres et c’est
plutôt de bonne guerre. Plus hard blues que blues, les
Polonais auront su ce soir trouver leur public.
On en arrive aux régionaux de l’étape
et ce sont Doghouse Sam & His Magnatones qui s’y
collent pour la Belgique et qui nous proposent un set où la
contrebasse apporte parfois une petite couleur rockabilly pas
désagréable du tout. Avec l’avantage du
terrain mais surtout avec beaucoup de talent, nos amis belges vont
venir nous dévoiler une musique des plus
intéressantes dans laquelle les standards ne sont pas
laissés sur la touche puisque nous aurons droit à
un « Baby Please Don’t Go » pas
piqué des vers. Avec une prestation très
enlevée, le trio viendra laisser son empreinte dans une
salle qui n’en attendait pas moins et qui saura
apprécier à sa juste valeur un ultime morceau
joué à la Kellogg’s guitar, et en slide
bien entendu, comme il se doit avec ce genre d’instruments
« bricolés ».
Dernier groupe de cette dernière soirée, JT
Lauritsen & The Buckshot Hunters représente la
Norvège et nous allume d’entrée de jeu
avec un titre très rock avant de quitter les fjords pour le
bayou et nous offrir un titre joué à
l’accordéon, et avec un vrai talent il faut bien
le reconnaitre. Les traits sont tendus dans l’assistance
après deux soirées de concours mais on
s’appuie encore un moment sur un groupe qui tient
plutôt bien la route et qui ne se prive plus de nous le faire
savoir avec au passage quelques belles démonstrations de
blues dans un style à la fois respectueux et largement
ouvert sur le monde … Quelques drapeaux
norvégiens qui flottent dans l’assistance et
voilà un 5ème EBC qui se referme sur une note
où qualité et originalité se
rejoignent !
L’heure est aux délibérations et
pendant ce temps, on distribue les Blues Behind The Scene Awards, la
récompense saluant dorénavant les acteurs de
l’ombre, ceux qui œuvrent chaque jour pour que le
blues reste vivant et qu’il continue à
évoluer. Pour cette première édition,
trois personnes et leurs trois organisations seront
récompensées, Joan Ventosa de Bad Music Blues qui
filme et conserve les mémoires de l’EBU depuis ses
premiers balbutiements, Robert Mauriés du Cahors Blues
Festival qui anime l’un des plus gros festivals de blues
européen et sans le moindre doute le plus engagé
de France et enfin Alfie Falckenbach de Blues Boulevard / Music Avenue
qui est des labels majeurs européens.
Un Blues Behind The Scene Award exceptionnel sera également
remis à Jay Sieleman, Président et CEO de la
Blues Foundation sans qui l’European Blues Union
n’existerait peut-être cas puisque c’est
lui qui en a insufflé l’idée
à ses membres fondateurs … A quelques semaines
d’inaugurer le Blues Hall Of Fame à Memphis et de
prendre ensuite sa retraite, il convenait de récompenser
l’homme qui a su donner une énorme impulsion au
blues Outre-Atlantique mais aussi en Europe. Et comme un cadeau
n’arrive que rarement seul, c’est une photo de
Pertti Nurmi qui lui sera également offerte.
L’heure des résultats a sonnée et
après deux titres interprétés, par Ian
Siegal, on appelle sur la scène les gagnants du
3ème prix, les Norvégiens JT Lauritsen &
The Buckshot Hunters, puis les Belges Doghouse Sam & His
Magnatones qui reçoivent le 2ème prix et enfin
les gagnants de l’édition 2015, les Espagnols de
Travellin’ Brothers qui offrent à
l’Espagne sa seconde victoire successive dans la
compétition ! Pas de fleurs cette année, en
Belgique on offre de la bière et c’est donc un
magnum de Duvel, sponsor de l’édition, que chacun
des trois gagnants recevra en cadeau.
A l’heure de prendre congé de nos amis Belges, on
félicitera chaleureusement les membres de Brussels Blues
Society qui ont réalisé un travail de
très grande qualité, et avec le sourire
à chaque instant en plus. Deux années
d’un projet pharaonique prennent fin ce soir et
après tant de belles et bonnes choses, on ne peut dire que
deux mots : Merci, et Bravo ! Etre ami avec de telles personnes est un
honneur et une fierté que l’on se doit de
reconnaître à chaque instant.
Fred Delforge
– mars 2015
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