Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 23 février 2015
Hypnotic Wheels
(Chantilly Negra
– 2014)
Durée
45’53 – 10 Titres
http://www.chantillynegra.fr
Si le projet Hypnotic Wheels ne manque pas
d’intérêt, c’est sans aucun
doute parce qu’il laisse libre cours à
l’imagination d’une artiste qui ne manque pas elle
non plus d’arguments et qui ose se mettre en
équilibre sur un fil pour nous faire découvrir un
genre à part, un electro blues teinté de
colorations roots et enregistré à force
d’instruments et de sonorités venues de France
mais aussi du Maghreb, de l’Afrique et du Mississippi.
L’artiste en question n’est autre que la
délicieuse Tia Gouttebel de Tia & The Patient
Wolves, et si elle met comme toujours sa voix pleine de
sensualité et sa guitare délurée au
service de la musique, c’est accompagnée de Gilles
Chabenal à la vielle électro-acoustique, de Marc
Glomeau à la calebasse et au microkorg et de Pierre Bianchi
au son qu’elle évolue cette fois dans ce projet
atypique qui pioche dans le répertoire de Nina Simone, de
Jimi Hendrix, de J.B. Lenoir, de R.L. Burnside ou encore de Willie
Dixon et qui le revisite d’une manière aussi
inattendue que réussie. Bien malin celui qui parviendra
à mettre une étiquette sur ce premier effort
éponyme, d’autant que pour mieux brouiller les
pistes, Hypnotic Wheels y apporte des cachets improbables qui vont du
rock progressif à la world malienne en passant par les
incantations vaudou, par des sonorités indiennes planantes
au possible, par des intonations qui font penser à Janis
Joplin, par des échanges dignes des marchands de la place
Jemaa El-Fna, par un blues rural qui sent à plein nez les
worksongs et les champs de coton et même à
l’occasion par des chants d’oiseaux qui peuvent
vous faire penser à votre dernière visite chez
Nature & Découvertes … De la musique
d’ascenseur, mais pas n’importe quel ascenseur
s’il vous plait, jusqu’à un blues
tellement contre nature qu’il en devient très vite
irrésistible, Tia et ses Hypnotic Wheels font bien plus que
bousculer les traditions, ils réinventent à leur
manière un blues formidablement ouvert sur son temps, une
musique qui ne manquera pas de combler tous ceux qui, en plus
d’avoir un cerveau entre les oreilles, on aussi et surtout un
cœur et une âme capables de ressentir toute
l’émotion que ces Artistes avec un grand A ont su
mettre dans leur album. Que celui qui a encore le moindre doute
commence par cette relecture époustouflante de «
Voodoo Child » tellement habitée que
l’on en finirait presque par penser que c’est le
guitariste gaucher du Club des 27 qui s’est mis à
la vielle à roue ! Des albums de cette trempe, on en
voudrait plus souvent …
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