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GRANT LEE PHILLIPS & HOWE GELB au POINT EPHEMERE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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samedi, 14 février 2015
GRANT
LEE PHILLIPS – HOWE GELB
LE POINT EPHEMERE
– PARIS (75)
Le 22 janvier 2015
http://www.grantleephillips.com/
http://howegelb.com/
http://www.pointephemere.org/
Il va sans dire que le Point Ephémère, centre de
dynamisme artistique comme il se dénomme, nous offre souvent
une programmation riche en surprises et nous a plongé ce
soir-là dans les méandres d'un AntiFolk bon
enfant avec deux songwriters icônes de l'Americana dont la
pluralité artistique et les multiples facettes rythmiques
ont quand même sacrément
étonné un public conquis d'avance. Guitares
acoustiques sur un halo lumineux minimaliste, les compères
qui tournent d'ailleurs ensemble en Europe, n'ont pas failli
à leur réputation.
Grant Lee Phillips tout d'abord, rescapé des
années grunge avec son groupe éponyme Grant Lee
Buffalo qui au milieu des années 90 a fourni diverses
pépites dont les plus connues « Fuzzy »
et « Mockingbird » résonnent encore dans
toutes les têtes, airs sans âge qu'on fredonnera
encore longtemps. Soutenu uniquement par une six cordes qui a bien
vécu, c'est de sa voix magnifique, à la fois soul
et roots, alternant reprises de standards du Buffalo et de sa
période solo, qu'il emplit la salle, forçant le
silence et l'admiration. Il est de ces grands artistes cultes du
country folk aux côtés des Ryan Adams, Steve Earle
et autres Jeff Tweedy. En 1995, il est nominé «
Male vocalist of the Year » par Rolling Stone Magazine et Usa
Today lui invente un pseudo, « Soulful Baladeer »
Phillips. C'était cette grande période ou le
Buffalo tournait avec Smashing Pumpkins et Pearl Jam. Tout leur
était béni et la consécration est
internationale.
Mais l'aventure ne durera que quatre ans, Phillips s'envolant vers une
carrière solo qui n'a malheureusement pas
décollé malgré quelques hits. Il faut
retenir quand même un « Little Moon »
sorti chez Yep Records en 2009, enregistré en quatre jours
seulement, qui est certainement la pièce maitresse de ce
songwriter dont les textes très riches ont eu une grande
influence sur l'Americana nouvelle génération.
C'est après sept à huit morceaux solos du
californien - un magnifique « Fuzzy » acoustique,
« Same Blue Devils », « Raise The Spirit
», « Soft Asylum », « Mona Lisa
» (morceau lui aussi très attendu) – que
grimpe sur scène l'ami Howe Gelb pour une session de duos
enflammés, ponctuée de petits discours ou l'on se
moque de l'autre, et vice versa, d'un chapeau qui ne trouvera jamais sa
place sur une tête trop grosse, ou des problèmes
de "nourriture" de Grant Lee (l'homme a sacrément grossi).
L'ambiance est à la bonne humeur et aux rires surtout quand
Gelb râle contre un piano qui ne ressemble en rien
à un orgue, qu'il se bat avec les micros et tente une
version western baroque du « What a Wonderful World
» d'Armstrong. Gelb, c'est un peu le parrain de l'Americana.
Il a semble-t-il toujours été là
malgré un âge qui n'est certes pas canonique (il
aura soixante ans l'année prochaine). Giant Sand est
créé dans les années 70 à
Tucson, Arizona, et bouscule déjà tous les
standards du country rock. Gelb s'entoure de John Convertino (batterie)
et Joey Burns (basse) qui finiront par créer Calexico. Le
modèle est Neil Young mais ici et là on trouvera
des influences tant jazz que metal et surtout le groupe est
protéiforme et accueillera une foultitude
d'invités sur près de trente ans, autant dire
toute la scène alternative, de Steve Wynn à P.J
Harvey et de Neko Case à Vic Chestnutt. Très
apprécié, il est un groupe déterminant
de l'alternative country qui a su esquisser des terres
jusque-là arides et devient l'influence de
générations enfantées à sa
suite comme Whiskeytown, Wilco ou Tarnation. Les textes sont souvent
lourds et graves aux connotations sociales sur une mélodie
limpide et appuyé par une voix profonde et parfois
caverneuse ... "Un désert-rock tout sec qui ne voit que
rarement la pluie ..."
Par contre, sur scène, les comparses s'amusent, se relayent
en duos et solos. Un show bien rodé pourtant ou rien n'est
laissé au hasard, y compris une exceptionnelle reprise du
« Harvest » de Neil Young que Gelb assume seul au
piano et qui frise la perfection. Et même si les airs sont
parfois assez noirs, l'accablement mélancolique se faisant
avec subtilité, ce ne sera que le temps du morceau, les deux
amis en revenant toujours aux déconnades entre chaque. Ce
soir-là le plaisir était autant sur
scène que dans la salle. Un grand merci à ces
deux grandes figures, et qu'elles continuent à construire
leur légende, cela leur va si bien !
Fred Hamelin –
février2015
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