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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 25 janvier 2015
 

IBC 2015 INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE
BEALE STREET – MEMPHIS (USA)
Du 20 au 25 janvier 2015

http://www.blues.org   

Quelques jours passés dans le Mississippi auront suffi à nous mettre en appétit et c’est par la grande porte que nous rejoignons Memphis pour y retrouver non seulement les deux formations françaises, le duo Pesqué / Pignault et le groupe Pillac, mais aussi nombre d’amis européens venus montrer aux Américains de quoi les formations du vieux continent sont capables ! Si comme souvent tout commence pas des petits tracas, ils seront très vite oubliés et remplacés par du pur bonheur, c’est certain !
 
Lundi 19 janvier :

Mauvaise nouvelle à l’arrivée à Memphis, la guitare de Mathieu Pesqué est restée coincée entre l’escale de Chicago et la destination finale … De quoi s’offrir quelques heures d’inquiétude en attendant le vol suivant mais pas assez pour renoncer à un premier repas tous ensemble sur Beale Street en attendant l’instrument. A minuit précises, il faut quand même retourner à l’aéroport pour retrouver la Guild tant espérée avant d’aller enfin se coucher après plus de 36 heures sans sommeil pour ceux qui arrivent ! La nuit n’en sera forcément que meilleure …

Mardi 20 janvier :

Les traits sont tirés mais on retrouve tout le monde devant la maison de Memphis Slim qui a été reconstruite et transformée en studio et où est programmé ce matin un enregistrement … Problème de timing, problème de matériel et problèmes divers, il faudra finalement se résoudre à annuler purement et simplement cette expérience qui semblait pourtant intéressante pour célébrer avec un peu d’avance le centenaire de ce Parisien d’adoption qu’était Memphis Slim. Ce n’est que partie remise, même si pour cette année, les choses semblent bien compromises.

Memphis est une terre de rencontres et d’amitiés et c’est par nos amis du Stax Museum voisin que nous sommes invités à expérimenter le son de Soulsville USA et à découvrir le Stax Museum … Un petit film pour présenter l’endroit et les grands artistes qui y ont joué et nous voilà dans le Saint des Saints avec à la clef nombre de goodies et de souvenirs de Rufus Thomas, Booker T & The MG’s, Isaac Hayes et tant d’autres encore ! La visite est captivante et c’est avec un réel plaisir que les groupes en profiteront …

Chacun regagne son hôtel à sa guise et pour l’anecdote, nous faisons un tour dans les environs pour retrouver l’emplacement des Royal Studios, lieu mythique d’enregistrement du label Hi Records et de Willie Mitchell … Le hasard le plus total fera que nous retrouverons Laurence ‘‘Boo’’ Mitchell, le petit-fils du génie, devant la porte du studio et qu’il nous reconnaitra spontanément plus de deux ans après notre dernier passage … La proposition d’une visite ne tardera pas et c’est sur quelques anecdotes croustillantes et avec l’écoute du dernier enregistrement de Bobby Blue Bland que nous terminerons la matinée ! Quand on vous dit que Memphis n’est pas à une rencontre et à surprise près …

Le temps de passer saluer les amis au Visitors Center et il est l’heure d’aller déjeuner au Central BBQ, juste derrière le Motel Lorraine, non sans passer devant le chantier du Blues Hall Of Fame qui ouvrira ses portes sur Main Street le 7 mai prochain ! Au menu du midi, des Ribs bien entendu, et de la bière locale gouteuse à souhait … De quoi se mettre en conditions avant la première grande soirée de l’IBC et le très fameux International Blues Showcase au New Daisy Theatre où la foule est dense quand nous arrivons …

Le temps de s’installer et voilà déjà les Glass Cherry Breakers venus des Philippines qui nous présentent leur vision du blues en quintet et avec une chanteuse à la voix forte ... Ça démarre en trombe et ça surprend un peu, forcément, par la puissance que ça développe ! Jay Sieleman, le Directeur de la Blues Foundation, nous annonce ensuite que Moondog J n’est pas encore arrivé d’Australie ... Pas de chance mais le voyage est long et les avions assez capricieux en ce moment !

On retrouve donc Honey B & T-Bones de Finlande, mais cette fois en quartet et non plus en duo comme nous les avions vus à Riga en avril dernier pendant l'Assemblée Générale de l’European Blues Union. Une belle prestation bien en place de la part de ces anciens candidats à l’European Blues Challenge à Toulouse en 2013, avec en prime une chanteuse charismatique, un guitariste qui donne le meilleur de lui-même en slide et un bassiste inspiré ... De quoi se régaler !

Le Polonais Romek Puchowski arrive ensuite en solo avec son résonateur et sa voix nasillarde juste ce qu'il faut ! Quelques longueurs pour trouver les bons réglages, c'est dommage, mais finalement l’artiste trouve son rythme après quelques minutes et nous propose en lot de consolation une relecture du « Voodoo Chile » d’Hendrix avec des boucles samplées assez réussies ! Psychédélisme, quand tu nous tiens …

Rolin Humes est un quartet de Croatie qui a la particularité d’avoir un chanteur et claviériste, ce qui laisse quand même visuellement un peu de vide au milieu de la scène ... Le groupe est qui plus est un peu borderline mais n’en reste pas moins très bon dans un registre installé quelque part entre soul et pop-rock ! La suite du Challenge nous en dira sans doute un peu plus à leur sujet …

Unique formation canadienne de l’International Blues Showcase cette année, Katfight Keys vient d’Ontario ! C’est un duo féminin de pianistes qui se montre assez intéressant avec ses deux voix complémentaires qui se promènent sur des titres entre blues et boogie ... C'est carrément original et la présence des deux pianos est plus utilisée pour créer une complicité que pour se livrer à des battles ! Pas bête …

On connait bien le Latvian Blues Band et c’est assez impressionnant de voir les progrès réalisés par les Lettons depuis notre première rencontre à Toulouse pour l’European Blues Challenge en 2013. Revu cette année sur ses propres terres à Riga mais aussi en backing Band de Duke Robillard à Frederikshavn au Danemark, le groupe impressionne avec ses cuivres, ses guitares et sa rythmique bien tracée et nous offre une bonne présence sur scène appuyée par un chanteur guitariste au charisme impressionnant !

On en arrive à notre duo français Mathieu Pesqué & Roll Pignault présentés par un Jay Sieleman qui a revêtu pour l’occasion un T-Shirt « Je suis Charlie » aux couleurs bleues de la Blues Foundation … Une prestation très blues pour nos deux Frenchys qui iront de Robert Johnson et de son « Last Fair Deal » jusqu’à leur propre « If The River Was Whiskey » en passant par le tittle track de leur dernier effort en date, « Bring On The Bacon », le tout sous l’œil avisé de Nico Wayne Toussaint qui les connait bien et qui les apprécie. Un Mathieu calme et inspiré, un Roll qui se lâche un peu à ses côtés … la formule semble avoir fait mouche ce soir !

On passe ensuite à PapaBlues venu d’Israël en quintet avec des claviers ... La prestation est plutôt bonne mais sans grande originalité avec toutefois un bon blues porté par une grosse voix ! On regrettera quand même une présence un peu étrange sur scène, voire même un peu molle quand le chanteur pose sa guitare après le premier titre ... On terminera toutefois sur un bon Chicago blues qui remontera de belle façon le niveau général du set !

Angela Esmeralda & Sebastiano Lillo est un duo à problèmes venu du Sud de l’Italie ... Un duo à problèmes ? Tout au moins pour ce soir alors car après un micro récalcitrant pour Madame et un jack défectueux pour Monsieur, la chanteuse et le guitariste finissent par nous présenter une voix puissante et très changeante et un résonateur précis sur un registre plein d'humour qui tire parfois vers les années 20/30 ... Une belle preuve de professionnalisme avec Angela qui meuble en chantant a-capela pendant que Sebastiano change de jack et voilà un groupe qui ne se laisse pas perturber par les évènements !  

On file maintenant vers la Colombie avec The Blue Turtles Band, un trio qui joue très fort un blues qui tire parfois vers le psyché ... Un bon guitariste porte le tout mais l’ensemble a quand même du mal à sortir du lot, mis à part avec un chant en Espagnol proposé par le bassiste dont la voix est assez difficile à cerner, même si elle n’est pas désagréable, loin s’en faut. A revoir pour vraiment se faire une opinion !

On retourne finalement vers l’Europe et la Suisse avec The Two, un duo comme son nom l'indique ! Une guitare et un résonateur ou carrément deux résonateurs et surtout une superbe voix, voilà la formule qui nous est proposée … Ça déménage malgré des soucis de guitares cassées dans l'avion et on passe du blues au rock avec beaucoup de générosité pour finir avec un blues créole proposé par un chanteur Mauricien qui n’aura aucun mal à faire passer une émotion pendant le morceau. La salle apprécie, c’est certain !

On reste en terrain connu avec les Travellin' Brothers qui viennent d’Espagne et que nous avions déjà vus auparavant bien entendu. Le sextet est dynamique et se teinte d’un saxo et de claviers pour nous offrir un set posé entre rhythm’n’blues, blues et même rock, le tout porté par une très belle énergie et saupoudré d’un très beau groove ! Beaucoup de présence sur scène et une prestation de qualité, il faudra se méfier des Espagnols dans les jours qui viennent, c’est certain …

Voilà une première soirée qui se termine sur une note des plus positives et si sur Beale Street ça joue dans quelques clubs, nous nous rabattrons sur notre habituel Blues City Café pour y déguster un de ces bons T-Bones dont l’endroit a le secret … Les choses sérieuses sont pour demain et ce n’est pas pour nous déplaire car tout le monde est impatient d’en découdre, mais en toute convivialité bien entendu !    

Mercredi 21 janvier :

C’est une première dans l’histoire commune de la Blues Foundation et de l’European Blues Union puisque le 1st Floor du Club 152 accueille aujourd’hui un showcase européen réunissant trois groupes qui participent cette année à l’IBC et qui seront ensuite à Bruxelles en mars pour le 5ème European Blues Challenge ! Initialement prévu pour compléter l’affiche, Howlin’ Bill qui avait été le premier vainqueur de l’EBC à Berlin en 2011 a été contraint de se désister suite à de gros ennuis de santé, toutes nos pensées et nos vœux de rétablissement vont d’ailleurs vers lui, et il a été remplacé au pied levé par Veronica Sbergia qui pour sa part avait été couronnée à Toulouse deux ans plus tard avec ses Red Wine Serenaders de l’époque …

L’installation prend un peu de temps à se faire et ce sont les Suisses de The Two qui chauffent bientôt les amplis à l’heure de l’apéritif avec un set métissé de sonorités créoles, un véritable régal dont on ne se lasse pas mais qui mettra quand même un certain temps à faire réagir un public qui, presque méthodiquement, applaudit à tout rompre mais ne se lève que très difficilement de sa chaise. Un timing un peu matinal, une musique un peu inhabituelle, toujours est-il que l’assistance parmi laquelle on remarque quelques administrateurs de l’EBU a du mal à démarrer, ce qui est bien dommage car la musique du tandem helvético-mauricien a vraiment des arguments qui jouent en sa faveur !

L’heure est arrivée de débrancher les alarmes incendie car le pyromane Pillac va venir mettre le feu à un Club 152 qui pour le coup se lève comme un seul homme, bouscule les chaises et se met à danser au son d’un bon gros blues teinté de groove et de funk. Si c’est encourageant pour la suite, c’est également très bon sur le moment et le sextet ne va pas retenir ses coups pour finalement nous mettre un genou à terre après trente minutes d’une prestation qui devrait rester dans les mémoires des spectateurs présents ce midi. On sent que Pillac a travaillé spécialement pour l’évènement et que le groupe a envie de donner le meilleur de lui-même pour aller le plus loin possible dans la compétition !

On continue avec Leif de Leeuw Blues Band, un combo néerlandais parfois un peu borderline qui alterne ses choix musicaux entre le prog, la country et le rock, une attitude parfois un peu déroutante pour le public qui se demande où le groupe veut vraiment en venir. Le guitariste, patron du groupe auquel il a donné son nom, tire le tout vers le haut avec à ses côtés une équipe qui donne ce qu’elle peut avec une chanteuse et guitariste qui fait de son mieux pour assurer sa place et une section rythmique qui donne au combo l’allure d’un (bon) groupe de lycée, mais on sent quand même que la relève du John F. Klaver Band que l’on a vu deux fois ici même tarde un peu à arriver !

Après un petit mot pour expliquer l’absence de Howlin’ Bill, on accueille enfin Veronica Sbergia & The Red Wine Serenaders qui viendront nous offrir quelques titres où la guitare, le dobro, la contrebasse et le washboard n’en finissent plus de créer une ambiance empreinte des couleurs du début du siècle dernier. Un dernier titre avec en guest le duo français Mathieu Pesqué et Roll Pignault et voilà un showcase rondement mené qui aura su s’attirer les faveurs d’un public de curieux dans lequel on compte des personnes qui traverseront spécialement l’Atlantique pour être à Bruxelles en mars. Il faut dire que Bruxelles est cette semaine présente dans toutes les mains puisque le dos du programme de l’IBC cette année est aux couleurs de son prochain petit frère européen. Un bon choix marketing à mettre au crédit de nous amis de la Brussels Blues Society !

Le temps de récupérer les programmes justement, mais aussi de déjeuner et de prendre quelques minutes de détente et il faut déjà partir pour la compétition avec une première escale par le New Daisy où BluesHammer, un groupe de Triangle Blues Society, termine son set dans une harmonie de voix et d’instruments qui n’est pas sans faire penser à New Orleans. A peine la moitié d’un titre, ce sera trop peu malheureusement pour se faire une véritable opinion mais c’était toutefois très engageant.

Pas le temps de trainer, Pillac prend instantanément la relève et les représentants de France Blues montent très vite en régime avec un show dans lequel rien ne pêche, ni la voix et la guitare, ni les claviers, ni les cuivres et encore moins la rythmique. Difficile de résister à l’appel du funky blues de Pillac et si le public est encore un peu disséminé, il ne s’en régale pas moins avec un show construit et particulièrement bien équilibré. Chez Pillac, on sait tout faire et on ne se prive pas de le montrer dans le temps imparti en allant de la soul jusqu’au blues en passant par le rock et le funk, le tout pour un résultat qui sait fédérer l’assistance. La belle scène un peu roots du New Daisy se prête parfaitement à ce genre d’exercice et on croise dans la salle des spectateurs qui avaient déjà apprécié la prestation du midi, signe que Pillac intéresse puisque au même moment, vingt groupes se produisent dans vingt clubs, sans compter tous les autres bars qui s’adonnent à la programmation sauvage pour surfer sur la vague blues du moment !  

Le temps de remonter Beale Street et nous voilà cette fois au Hard Rock Café où l’on retrouve le Latvian Blues Band venu donner un show des plus explosifs dans une salle surpeuplée et surtout surchauffée. Trop de lumière tue la lumière et à balancer des LED en pagaille vers le public, l’établissement a réussi à se trouver une atmosphère particulière peu pratique pour les photos mais très propice à la prestation d’un band qui met tout sur la table pour aller le plus loin possible. Des cuivres qui envoient, un chanteur guitariste qui sort de scène pour s’en aller tailler du riff dans les allées et saluer au passage l’assistance, les Lettons ont tout compris de l’art de se rendre attirants pour combler l’assistance tout en séduisant les juges … Bien joué car les dernières éditions ont été remportées par ce genre de groupes qui font le show ! 

Le temps de glisser vers Pig On Beale et on découvre, sur fond de « Pork with an attitude », le duo Croate Zack Dust & Jura Geci. Un guitariste aux allures psychédéliques, un chanteur guitariste avec une moustache à la Freddy Mercury, une coupe à la Mireille Matthieu et un chapeau à la John Wayne, on se demande bien à quelle sauce on va être croqué mais la voix est agréable, le jeu soigné, sans que pour autant l'étincelle soit présente pour donner du corps au résultat. Quelques titres entre folk et country blues et un « Champagne & Reefer » un peu avant la fin du set et voilà un groupe qui a fait le job proprement, ni plus, ni moins ...

On en arrive maintenant à notre duo français, Mathieu Pesqué et Roll Pignault, qui va très vite trouver ses marques sur la scène du Pig On Beale et nous y proposer un set très fort visuellement et très riche musicalement. On sent une complicité entre les deux musiciens et si comme à son habitude Mathieu est précis par son jeu et séduisant par sa voix, Roll n’oublie jamais de mettre la petite pointe de folie indispensable pour que le tout s’envole très haut. De Robert Johnson à Willie Dixon en passant par leurs propres compositions, les deux compères auront trouvé le très juste équilibre pour montrer à nos amis américains de quoi ils sont capables. Si l’on en juge par les applaudissements et les commentaires entendus à la fin de la trentaine de minutes de concert, on se dit que ces deux-là ont su mener leur barque à bon port ! 

En route vers le Wet Willies qui a pris du retard et en attendant le passage de Nico Wayne Toussaint, on découvre Nelson & The New Breed Thing, un groupe présenté par la Massachusetts Blues Society qui distille une musique teintée de blues et de rhythm’n’blues pour un résultat qui attire l’oreille sans pour autant vraiment sortir du lot avec une musique des plus classiques à laquelle le band ajoute quand même une certaine touche de personnalité, mais encore un peu trop légère. Le potentiel est toutefois là pour tout ce qui est du Chicago Blues et le public répond poliment aux invitations d’un chanteur qui ne ménage pas ses effets de manche.

Que dire de Nico Wayne Toussaint et de son Mighty Quartet sans user ou même abuser de superlatifs ? Non contents d’être musicalement très au-dessus du lot, les Français présentés par la Southern California Blues Society sont de véritables showmen et vont en faire des tonnes pour assommer la soirée en une petite trentaine de minutes. Difficile de jouer après ça tant le Serguei Boubka de l’harmonica a mis la barre à un tel niveau qu’il faudra attendre bien longtemps avant que quelqu’un ne passe par-dessus ! Impérial avec son instrument, convaincant au chant et parfaitement soutenu par une bande de tueurs à gage du blues dans laquelle on reconnait Florian Royo à la guitare, Antoine Perrut à la basse et Guillaume Destarac à la batterie, ce grand adepte de James Cotton nous a envoyé ce soir un signal fort et nous a démontré qu’il était prêt à tout pour gagner et en possession des armes pour le faire. Rendez-vous samedi pour la finale à l’Orpheum ?

On rejoint maintenant le Blues Hall qui a pris un certain retard dans le planning puisque là où nous nous attendions à retrouver The Two, c’est Ammons & Liu de la Grafton Blues Association que nous découvrons sur scène. Soyons clair, le club est roots au possible, surpeuplé et bruyant, tant et si bien que les buveurs de bière en arrivent pratiquement à couvrir la musique au grand dam de ceux qui auraient voulu entendre quelque chose. Le Fedex Forum qui vient de se vider à la fin du match de basket a bien contribué à remplir l’endroit et si ce que l’on a pu entendre ce soir n’était certes pas ce qu’il y a de mieux, cela méritait quand même un peu plus de respect.      

On reste quand même au Blues Hall avec Silvio Caldelari, le Président de Sierre Blues Society, pour y retrouver ses poulains de The Two que l’on ne quitte décidément plus depuis hier soir ! La prestation des Suisses est une fois encore très élégante et ponctuée de passages en Créole du plus bel effet et on ne peut que regretter que l’on se sente un peu comme à l’abattoir avec dans la salle des cris dignes d’une bande de porcs qu’on égorge. On espère juste que tous ces malpolis seront très vite transformés en BBQ Ribs, histoire de dire qu’ils auront pu enfin servir à quelque chose ! Heureusement mieux placé que nous, on espère simplement que le jury aura réussi à capter la sensibilité et la force de The Two !

Les clubs commencent tranquillement à redevenir des bars et si la musique cède peu à peu la place à la fête, on se dit qu’il est maintenant temps d’aller se sustenter, minuit approchant lentement mais surement … Pas de Ribs ce soir, on a eu notre compte au Blues Hall et on va laisser à la viande un peu de temps pour mariner avant de la croquer ! La première soirée de concours nous a réservé de belles choses, demain sera un autre jour car il y a encore une foule de groupes et d’amis à aller saluer. On pense entre autres à Mark Telesca, à Tim Lothar, aux Travellin’ Brothers, à Lil’ Red & The Rooster, et on en oublie forcément …  

Jeudi 22 janvier 2015 :

Après une longue journée de détente pour les uns, de visites pour les autres, il faut bientôt se remettre dans le bain de quarts de finale et c’est au deuxième étage du Club 152 que l’on commence avec Bongo Joe & Little Steve-O de la Northeast Ohio Blues Association, un duo très fin et très blues. L’ambiance est tamisée, le silence presque parfait et la lumière quasiment inexistante, comme toujours ici ! Un guitariste et un chanteur harmoniciste à la voix très riche pour un bon blues bien roots, c’est aussi ça la classe et après quelques montées en régime, on finira de déguster cette musique tout en délicatesse. Une bonne entrée en matière ! 

On reste au Club 152 pour y retrouver Lil’ Red & The Rooster alias Jennifer Milligan et Pascal Fouquet présentés par Columbus Blues Alliance et on se régale un moment de la musique séduisante du duo dans lequel Monsieur est à la Les Paul et Madame à la caisse claire et au chant ! Une belle originalité, une réelle élégance sur scène, un jeu de guitare précis que l’on ne présente plus et bien entendu une voix chaude et enivrante, voilà un cocktail des plus consistants servi à l’heure de l’apéritif par un couple attachant qui a de plus tout compris à l’art délicat de jouer le blues !    

On glisse très vite vers le King's Palace pour y retrouver Tim Lothar & Peter Nande de Baltic Blues et on se régale un moment du résonateur et de la guitare de Tim qui à ses côtés trouve le soutien d’un harmonica, d’un jug, ces fameuses bombonnes vides dans lesquelles on souffle pour trouver un son, ou encore de percussions en tous genres. Difficile de se faire une idée en seulement deux morceaux mais on espère bien en découvrir un peu plus de ce duo bien roots dans les jours à venir !

Une pause restauration et nous voilà maintenant chez Flynn's où les Italiens de Red Wine Serenaders emmenés par la superbe Veronica Sbergia peinent un peu à démarrer à cause de quelques petits ennuis techniques, le moindre n’étant pas le micro récalcitrant et le jack qui craque de Max de Bernardi. Une fois tout ça réglé, c’est parti pour un show à la fois vintage et artisanal durant lequel Veronica pourra sans difficulté séduire l’assistance de sa voix si particulière et d’un jeu à la fois précis et plein de détails. Ukulélé, guitare, contrebasse, washboard … Rien ne manque chez nos amis transalpins et c’est aussi pour cela qu’on les aime tant !

Miracle, le Blues Hall est bien plus calme ce soir et on peut enfin pleinement profiter de The Two qui nous propose cette fois encore un set dans lequel le blues créole et le blues roots se teintent parfois de sonorités plus musclées et plus rock. Le duo suisse n’a pas grand mal à se mettre en valeur avec une musique de qualité qui fait plaisir à entendre et qui, même après plusieurs rencontres cette semaine, ne finit pas par nous lasser … 

On traverse désormais Beale Street pour rejoindre Pig On Beale où nos Frenchys se produiront dans une quarantaine de minutes et en attendant, on assiste à la fin de la prestation de Tim Williams de Calgary Blues Music Association, un artiste finaliste l’an dernier que l’on retrouve cette fois seul avec sa mandoline et qui parvient à nous donner une bonne idée de ce qu’il propose en seulement deux titres plutôt convaincants soutenus par un instrument original et par une voix attachante.

On reste sur place avec Rob Europe de Long Island Blues Society qui démarre sur un folk blues plutôt sympathique avant de monter d’un cran et de nous présenter des covers intéressantes et très bien adaptées de titres comme « Nobody Knows You » ou encore un « Trouble In Mind » pas mal du tout ! Les oreilles sont mises à rude épreuve depuis trois jours de musique quasiment non-stop et on apprécie pleinement ce moment un peu soft en milieu de soirée pour refaire le plein de vigueur avant une suite qui s’annonce dense !

Il est 21 heures quand Mathieu Pesqué & Roll Pignault montent sur les planches du Pig On Beale et on sent une fois encore que ces deux-là ont envie d’en découdre ! La set list ne change pas mais à la jouer depuis trois jours, le duo l’a quelque peu adaptée et améliorée et va ce soir nous délivrer un show parfait, une ordonnance bien équilibrée dans laquelle on trouve de quoi se détendre un peu mais aussi de quoi se mettre un bon coup de fouet et faire le plein d’énergie. Mathieu se lâche totalement et à ses côtés, Roll nous sort le grand jeu pour proposer une chorégraphie qui colle parfaitement à l’ambiance recherchée. Le public apprécie et le fait savoir non seulement pendant le show mais aussi après, en venant féliciter le groupe …
    
C’est Pillac qui va refermer cette deuxième soirée et c’est au New Daisy que ça se passe ! On y retrouve un Pillac gonflé à bloc qui semble avoir mangé du lion et qui met tout dans la balance pour la faire pencher du bon côté. Les cuivres ne jouent pas simplement un rôle au niveau des arrangements, ils contribuent énormément à la stabilité des morceaux et d’un « Nervous Breakdown » servi en début de set à un hommage à BB King pour le refermer, rien ne pêche, tant et si bien que pour la seconde fois cette semaine, c’est la salle toute entière qui se retrouvera debout à danser devant la scène, de quoi donner encore plus de grain à moudre à un guitar hero qui se lâche et qui en met des palettes entières pour mieux enfoncer le clou. C’est ce qui s’appelle terminer en fanfare !

En attendant l’annonce des résultats, c’est maintenant une grande jam qui attend le public du New Daisy et forcément, ça arrive de tous les clubs du quartier pour écouter ou participer à ce florilège de standards du blues emmené de main de maître par une paire d’artificiers hors norme, Sean Carney et Jonn Del Toro Richardson … A leurs côtés, on remarquera tout le restant de la soirée une foule de musiciens particulièrement bien fournie avec entre autres Cash McCall, Nico Wayne Toussaint, Lionel Young, Bart Walker, les cuivres du Latvian Blues Band et nombre d’autres encore !

L’annonce des résultats donnera lieu comme toujours à un lot de joies et de déception avec en ce qui nous concerne la satisfaction de retrouver quelques amis en demi-finale, Pillac et Nico Wayne Toussaint bien entendu, mais aussi les Travellin’ Brothers, les Red Wine Serenaders, le Latvian Blues Band, The Two, Tim Lothar & Peter Nande … Pour d’autres c’est comme toujours plus difficile d’encaisser le coup mais c’est malheureusement le lot commun de ces compétitions et il faut bien se résoudre à l’accepter !  La suite s’annonce quoi qu’il arrive captivante …

Vendredi 23 janvier :

Le vendredi est traditionnellement un grand jour à l’International Blues Challenge puisque ce sont les demi-finales le soir pour les concurrents, mais aussi parce que c’est la journée des showcases donnés par les groupes de moins de 21 ans et enfin parce que le matin a lieu la cérémonie de remise des Keeping The Blues Alive Awards, la plus haute récompense décernée aux gens de l’ombre, ceux qui œuvrent la plupart du temps derrière la scène. Quinze prix seront distribués cette année, dont sept à des européens, signe que le travail effectué sur le Vieux Continent et notamment au sin de l’European Blues Union porte ses fruits …

Le gratin de la profession s’est donc rassemblé dans le salon de conférence du Doubletree et après un rapide brunch, la longue litanie des présentations et des remerciements commencera avec quelques moments forts en ce qui nous concerne puisque des amis comme les Frères Malles de l’Asociacion Musical Blues Hondaribia, Helge Nickel du Bluesfest Eutin ou encore Pertti Nurmi décrocheront respectivement des prix dans les catégories « Association affiliée », « Festival international » et « Photographie ». Une belle récompense pour des gens qui investissent leur temps, leur talent et leur argent pour que le dynamisme de la scène blues perdure !

Après avoir fait l’impasse sur le fameux « Youth Showcase » pour se donner les moyens de reprendre quelques forces, il est temps de foncer vers le Club 152 où Tim Lothar vient de céder la place aux Suisses de The Two. Pas de grand changement dans le show proposé par les deux garçons et si ça reste sacrément efficace, cela nous autorise aussi à nous éclipser après trois titres pour aller à la rencontre d’autres artistes que nous n’avons pas encore eu l’occasion de croiser, ou même de s’arrêter discuter avec les amis qui profitent du week-end qui commence pour arriver en ville et découvrir ce qu’il reste après le premier tour de sélection.

Direction Alfred’s pour y retrouver Mark Telesca que l’on connait bien en Europe dans son rôle de sideman de luxe mais que l’on retrouve ce soir avec son trio pour une démonstration de blues qui passe allégrement des shuffles rapportés de Chicago aux sonorités qui évoquent les bayous … Rompu à l’exercice du blues, le bassiste prolixe au charisme de tous les instants n’oubliera pas de faire le show pour que le bonheur soit total … Et en plus, ça marche, surtout face à des fans remontés comme des coucous suisses !

Le temps de retourner vers Flynn’s et on se pose pour enfin assister au show des Red Wine Serenaders dans son intégralité. Pas de mal à se faire du bien, on y retrouve la diva Veronica Sbergia qui nous sort le grand jeu et qui donne des ailes à ses deux complices pour emmener tout le monde dans un univers où l’entre-deux guerres et sa musique sont omniprésents. Une musique datée de près d’un siècle mais servie avec une attitude et un dynamisme qui n’en finissent plus de toucher l’assistance et qui mettent tout le monde d’accord sur la question avec rien de plus qu’un kazoo, un washboard, un ukulélé, un résonateur et une contrebasse … Il faut le faire !

On en arrive à nos Français et c’est une fois encore au New Daisy que Pillac se produit ce soir, adaptant son jeu à la situation et n’hésitant pas à en donner pour son compte à une assistance qui visiblement se régale des notes bluesy-funky d’un groupe qui en avait gardé en réserve, à l’image de son frontman qui va aujourd’hui aller jouer dans la salle et offrir un solo personnalisé et les yeux dans les yeux à une spectatrice qui n’en espérait pas tant. Un final époustouflant avec les cuivres qui invitent la foule à remuer et voilà une de ces prestations comme on les aime qui se finira sous les acclamations méritées de la salle. Le job a été fait, et très bien fait en plus !  

On reste un moment au New Daisy pour y assister à la prestation de Big N Tasty, le candidat de Grafton Blues Association qui nous en met plein les yeux et plein les oreilles avec une chanteuse et saxophoniste puissante, une paire de guitaristes explosive et un harmonica dévastateur. Si la musique du big band n’est pas la plus originale, elle produit toutefois son effet sur une assistance qui danse sans retenue devant la scène ! Avec un nom comme ça, ça semble normal au pays des hamburgers …

Pas vraiment passionné par ce qui s’entend au New Daisy en ce moment, on file chez Alfred’s où Nico Wayne Toussaint, en avance sur le timing, a déjà commencé son set. Porté par un band impérial, le Zébulon de l’harmonica n’en finit plus de sortir de sa boite et de tournicoter avec en face de lui un public en partie assis mais globalement très motivé. Si Nico a du talent, il a également de l’expérience et il sait mener son show de manière à le faire monter tranquillement en puissance avant de le faire littéralement exploser lors du final et ce qu’il parvient à faire chaque soir sur un concert de deux heures, il réussira à la faire aujourd’hui en quatre fois moins de temps ! C’est ce que l’on appelle être pro …

Des pros, on en retrouve encore au New Daisy avec les Travellin’ Brothers de l’Asociacion Musical Blues Hondarribia qui, à l’instar de Pillac, vont mettre le feu à la salle avec là aussi un show explosif et une énergie phénoménale. Un chanteur à la fois puissant et survolté qui part se produire à-capela au milieu de la salle au son d’une guitare qui lui installe un tapis rythmique délicat et confortable, un retour sur scène ponctué d’un déluge de sax et d’un ouragan de blues auquel il est difficile de résister … Les Travellin’ Brothers n’économisent pas leurs efforts et une fois encore Memphis s’enflamme ce soir, nous laissant clairement entendre qu’il va falloir du temps pour arrêter l’incendie !

Le froid a ce soir succédé à la douceur ambiante et il faut bien se résoudre à rentrer prématurément pour aller se mettre à l’abri au chaud et pour aider un début d’angine/otite à ne pas trop se développer … Demain, ce sera la finale avec pas moins de seize groupes qui se produiront dans le superbe Orpheum Theater, de quoi s’offrir un dernier baroud d’honneur pour des formations bien décidées à aller conquérir le Graal … La nuit nous apprendra que Pillac est resté devant la porte du théâtre, battu seulement d’une courte tête par des Travellin’ Brothers décidément redoutables, mais aussi que Nico Wayne Toussaint s’en est sorti d’un club pas évident à maitriser et qu’il sera, avec son Mighty Quartet, le second représentant européen du dernier tour de piste ! Avec des groupes de ce calibre, tous les espoirs sont permis, et quoi qu’il advienne la journée de demain sera belle …

Samedi 24 janvier :

Sept à huit heure de finale, c’est ce qui attend les amateurs de blues qui se pressent devant l’Orpheum Theater en ce samedi midi froid mais ensoleillé … Un dernier tour sur Beale Street pour se prendre une dernière bouffée de ce qu’il y reste de blues depuis la fin des concerts hier soir et il est temps d’aller s’enfermer pour ce qui ressemble autant à une grand-messe qu’à un marathon du blues. L’ouverture de cette 31ème finale est proclamée conjointement par Jay Sieleman et Joe Whitmer et c’est parti pour un des évènements majeurs du blues mondial de l’année !

On attaque avec les Travellin' Brothers de l’Asociacion Musical Blues Hondarribia et on se prend de plein fouet un début de concert en acoustique très surprenant mais très réussi ! On passe ensuite à l'électrique avec un tour du chanteur dans la salle puis on se délecte d’une prestation qui va crescendo pour le plus grand bonheur d'un public qui est directement jeté dans le grand bain, et sans bouée en plus ! Difficile de résister au charisme de ces Espagnols qui font comme toujours le show.

On continue avec Ben Rice & Lucy Hammond de Ashland Blues Society, un duo très fin ! On dirait la mère et son fils dans un registre qui rappelle un peu les spirituals avec un résonateur délicat et une grosse voix bien chaude et puissante ! Ça monte tranquillement en régime vers un blues plus pur et c'est intéressant de voir que le jeune homme a lui aussi une voix puissante et équilibrée ! Le niveau s'annonce assez relevé d'entrée de jeu ce soir ...

Brat Pack de Blues Asia Network est un quartet des Philippines qui présente la particularité de ne pas avoir de guitare … Déjà remarqués en finale l’an dernier, ces jeunes gens bourrés d’énergie en font des kilos avec malheureusement une basse trop forte qui sature dans l’ampli et qui rend le tout insupportable. La chanteuse est dynamique et le pianiste est monté sur ressorts mais musicalement ... ça manque vraiment de guitare et de blues pour un résultat parfois boogie, parfois jazzy !

On découvre maintenant Randy McQuay de Cape Fear Blues Society, un one man band qui démarre tranquillement avec des grelots et a capella pour nous présenter un worksong avant de passer à la cigar box puis finalement à la guitare pour nous servir quelques bons blues dont il a le secret !  On vire parfois au folk ou au rag et le public s'amuse à répondre aux invectives de l'artiste par des « Hey » répétés !

La grande classe ce The Good, The Bad & The Blues de Columbus Blues Alliance ! Le quartet black dédie spontanément son show à B.B. King et nous sert dans la foulée un bon blues dans le même genre que le Maître avec une guitare transcendante portée efficacement par un clavier efficace ... Un petit coup de guitare derrière la tête, un grand tour dans le public ... Ces quatre gars font le show et ça marche, comme toujours ...

Retour vers un artiste solo, Chris Yakopcic de Cleveland Blues Society. Pas vesoin de plus qu’une guitare et un résonateur pour ce Croate de l'Ohio qui nous montre que son blues peut se teinter de folk quand le besoin s'en fait sentir ! La voix est un peu trop "propre" parfois mais ça reste très agréable et très équilibré. Décidément cette finale commence bien !

Ne vous fiez pas au gabarit faussement fragile de Noah Wotherspoon de Dayton Blues Society, son trio puissant est emmené par un chanteur et guitariste au jeu particulièrement solide qui nous délivre un bon mélange entre blues et blues rock dans la lignée des King mais aussi de Buddy Guy, de SRV et consorts ! Un titre en slide et un petit gimmick devant la scène et le tour est joué, voilà un artiste qui a marqué les esprits …

Brian Keith Wallen de Dayton Blues Society s’installe ensuite seul avec sa guitare et son imposant footstomp ... Son blues est solide, parfois teinté de folk, et sa voix est véritablement intéressante ! Quelques plaisanteries d’usage, un passage par Son House intelligemment présenté en fin de set et enfin un final instrumental pour enfoncer le clou ... L’artiste a tout compris et sa musique tient la route, c'est certain !

Michael Schatte de Great Lakes Blues Society dirige un trio canadien qui commence sa prestation en country pour bientôt virer au rock avant de nous jouer un blues improbable, plutôt folk et rhythm'n'blues, et de mettre finalement au passage un doigt dans le blues, et de belle manière en plus ! Intéressant au résonateur, prolixe à la guitare, le bonhomme à plus d'une corde à son arc et ça prend plutôt bien ! Un final à fond les ballons pour encore mettre l’accent sur toutes ses diversités et l’affaire est bientôt réglée.

Arthur James de Granite State Blues Society arrive seul avec ses guitares et son chapeau mais aussi avec un bottleneck et un poulet posés sur un tabouret à côté de lui ... Ça joue comme pour beaucoup de solos/duos entre folk blues et blues et ça passe assez bien, même si on sent que le public se lasse un peu après dix groupes et pas moins de quatre heures de concert déjà ! Il faudrait un électrochoc pour redynamiser l’assistance ...

Avec Nico Wayne Toussaint de Southern California Blues Society, le voilà l'électrochoc espéré ! Entre élégance et puissance, Nico nous la joue virtuose, connait quelques soucis avec son micro et continue unplugged devant la scène pendant qu’on lui change … Le public apprécie ! Le set du Mighty Quartet est très équilibré et entraînant avec des accélérations, des cassures, des effets de style ... Voilà un blues de grande classe qui se nourrit au talent mais aussi au feeling et à l’énergie !

Muskett & Carnes d’Indiana Blues Society est un duo guitare et harmonica qui distille un bon blues délicatement persillé au folk, mais sans jamais trop en mettre. Le chant tient bien la route, l'harmoniciste le relève un peu en faisant les chœurs dans son greenbullet et ça passe finalement comme une lettre à la poste ! Si ce n’est pas le duo le plus charismatique du moment, ils assurent le set et tiennent plutôt bien leur scène …

Betty Fox de Suncoast Blues Society se présente maintenant à nous en quartet. La chanteuse, blonde et court-vêtue, fait le show avec sa voix puissante et son style qui cherche à se promener entre Janis Joplin et les vieilles légendes du blues féminin ! Un côté très rock et beaucoup de charisme, et pas seulement avec des cuisses dont elle use comme d’un argument supplémentaire, voilà un show qui virera finalement au blues et à la soul avec en prime un guitariste doué pour emballer le tout pour proposer un show qui aura quelque peu dépassé les limites du visuel.

Place à Bongo Joe & Little Steve-O de Northeast Ohio Blues Association, un duo chant et harmonica plus guitare qui se veut très blues, mais dans des styles complémentaires qui vont du Delta jusqu’au Chicago blues. Ça joue bien et fort et même si ce n'est pas très original, c'est le blues acoustique que les gens aiment ! Les deux comparses feront malheureusement un gros dépassement de timing et finissant sur un titre d’Otis Redding joué … les yeux fermés ! Pas facile pour voir les panneaux annonçant le temps restant.

Voilà désormais Eddie Cotton de Vicksburg Blues Society qui nous offre un bon gros blues bien carré avec un son de folie et un orgue Hammond qui habille bien les grilles. Eddie Cotton est un guitariste virtuose porté par un harmoniciste qui n’aura joué que trois notes ce soir et par une section rythmique efficace comprenant un bassiste handicapé présentant une main droite à laquelle il ne reste plus que le pouce et l’annulaire ... Ca ne l’empêche en rien de contribuer à ce que le groupe propose un blues à son top !

On attendra un temps Dalannah & Owen de White Rock Blues Society mais malheureusement pour lui, le duo ne s’est pas présenté et nous en arriverons directement à la cérémonie des récompenses avec pour commencer le Best Self-Produced CD of the Year qui tombera dans l’escarcelle de Grafton Blues Association et des Altered Five Blues Band avec « Cryin Mercy » ! Le titre d’harmoniciste « Lee Oskar » de l’année sera décerné à Nico Wayne Toussaint tandis que les prix des guitaristes « Gibson » et « St. Blues » seront respectivement remis à Noah Wotherspoon et à Ben Rice …

De ce 31ème International Blues Challenge, on retiendra enfin le palmarès qui accorde dans l’ordre les trois premières places le ca catégorie « Groupes » à Eddie Cotton (Vicksburg Blues Society),  Noah Wotherspoon (Dayton Blues Society) et Nico Wayne Toussaint (Southern California Blues Society). Les deux lauréats de la catégorie « Solo/Duo » sont Brian Keith Wallen (Dayton Blues Society) en première position suivi par Randy McQuay (Cape Fear Blues Society).

Voilà un beau résultat somme toute très logique et c’est désormais du côté de Beale Street que les amateurs se dirigeront pour les dernières jams de cette édition … Un ultime diner avec quelques bons amis au très fameux restaurant Itta Bena situé au deuxième étage du B.B. King’s et voilà une dernière journée à Memphis durant laquelle le blues et la gastronomie auront été à l’honneur ! On ne pouvait espérer mieux … Le 32ème International Blues Challenge se déroulera au même endroit du 26 au 30 janvier 2016, les noms des participants français seront connus le 14 juillet prochain à Cahors, voilà une bonne raison de commencer à planifier une visite dans la capitale mondiale du blues qui est également le berceau du rock !     

Fred Delforge - janvier 2015