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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 25 janvier 2015
IBC 2015
INTERNATIONAL
BLUES CHALLENGE
BEALE STREET –
MEMPHIS (USA)
Du 20 au 25 janvier 2015
http://www.blues.org
Quelques
jours passés dans le Mississippi auront suffi à
nous mettre en appétit
et c’est par la grande porte que nous rejoignons Memphis pour
y
retrouver non seulement les deux formations françaises, le
duo Pesqué /
Pignault et le groupe Pillac, mais aussi nombre d’amis
européens venus
montrer aux Américains de quoi les formations du vieux
continent sont
capables ! Si comme souvent tout commence pas des petits tracas, ils
seront très vite oubliés et remplacés
par du pur bonheur, c’est certain
!
Lundi 19 janvier :
Mauvaise
nouvelle à l’arrivée à
Memphis, la guitare de Mathieu Pesqué est restée
coincée entre l’escale de Chicago et la
destination finale … De quoi
s’offrir quelques heures d’inquiétude en
attendant le vol suivant mais
pas assez pour renoncer à un premier repas tous ensemble sur
Beale
Street en attendant l’instrument. A minuit
précises, il faut quand même
retourner à l’aéroport pour retrouver
la Guild tant espérée avant
d’aller enfin se coucher après plus de 36 heures
sans sommeil pour ceux
qui arrivent ! La nuit n’en sera forcément que
meilleure …
Mardi 20 janvier :
Les
traits sont tirés mais on retrouve tout le monde devant la
maison de
Memphis Slim qui a été reconstruite et
transformée en studio et où est
programmé ce matin un enregistrement …
Problème de timing, problème de
matériel et problèmes divers, il faudra
finalement se résoudre à
annuler purement et simplement cette expérience qui semblait
pourtant
intéressante pour célébrer avec un peu
d’avance le centenaire de ce
Parisien d’adoption qu’était Memphis
Slim. Ce n’est que partie remise,
même si pour cette année, les choses semblent bien
compromises.
Memphis
est une terre de rencontres et d’amitiés et
c’est par nos amis du Stax
Museum voisin que nous sommes invités à
expérimenter le son de
Soulsville USA et à découvrir le Stax Museum
… Un petit film pour
présenter l’endroit et les grands artistes qui y
ont joué et nous voilà
dans le Saint des Saints avec à la clef nombre de goodies et
de
souvenirs de Rufus Thomas, Booker T & The MG’s, Isaac
Hayes et tant
d’autres encore ! La visite est captivante et c’est
avec un réel
plaisir que les groupes en profiteront …
Chacun regagne son
hôtel à sa guise et pour l’anecdote,
nous faisons un tour dans les
environs pour retrouver l’emplacement des Royal Studios, lieu
mythique
d’enregistrement du label Hi Records et de Willie Mitchell
… Le hasard
le plus total fera que nous retrouverons Laurence
‘‘Boo’’ Mitchell, le
petit-fils du génie, devant la porte du studio et
qu’il nous
reconnaitra spontanément plus de deux ans après
notre dernier passage …
La proposition d’une visite ne tardera pas et c’est
sur quelques
anecdotes croustillantes et avec l’écoute du
dernier enregistrement de
Bobby Blue Bland que nous terminerons la matinée ! Quand on
vous dit
que Memphis n’est pas à une rencontre et
à surprise près …
Le
temps de passer saluer les amis au Visitors Center et il est
l’heure
d’aller déjeuner au Central BBQ, juste
derrière le Motel Lorraine, non
sans passer devant le chantier du Blues Hall Of Fame qui ouvrira ses
portes sur Main Street le 7 mai prochain ! Au menu du midi, des Ribs
bien entendu, et de la bière locale gouteuse à
souhait … De quoi se
mettre en conditions avant la première grande
soirée de l’IBC et le
très fameux International Blues Showcase au New Daisy
Theatre où la
foule est dense quand nous arrivons …
Le temps de s’installer
et voilà déjà les Glass Cherry
Breakers venus des Philippines qui nous
présentent leur vision du blues en quintet et avec une
chanteuse à la
voix forte ... Ça démarre en trombe et
ça surprend un peu, forcément,
par la puissance que ça développe ! Jay Sieleman,
le Directeur de la
Blues Foundation, nous annonce ensuite que Moondog J n’est
pas encore
arrivé d’Australie ... Pas de chance mais le
voyage est long et les
avions assez capricieux en ce moment !
On retrouve donc Honey B
& T-Bones de Finlande, mais cette fois en quartet et non plus
en
duo comme nous les avions vus à Riga en avril dernier
pendant
l'Assemblée Générale de
l’European Blues Union. Une belle prestation
bien en place de la part de ces anciens candidats à
l’European Blues
Challenge à Toulouse en 2013, avec en prime une chanteuse
charismatique, un guitariste qui donne le meilleur de
lui-même en slide
et un bassiste inspiré ... De quoi se régaler !
Le Polonais
Romek Puchowski arrive ensuite en solo avec son résonateur
et sa voix
nasillarde juste ce qu'il faut ! Quelques longueurs pour trouver les
bons réglages, c'est dommage, mais finalement
l’artiste trouve son
rythme après quelques minutes et nous propose en lot de
consolation une
relecture du « Voodoo Chile » d’Hendrix
avec des boucles samplées assez
réussies ! Psychédélisme, quand tu
nous tiens …
Rolin Humes est
un quartet de Croatie qui a la particularité
d’avoir un chanteur et
claviériste, ce qui laisse quand même visuellement
un peu de vide au
milieu de la scène ... Le groupe est qui plus est un peu
borderline
mais n’en reste pas moins très bon dans un
registre installé quelque
part entre soul et pop-rock ! La suite du Challenge nous en dira sans
doute un peu plus à leur sujet …
Unique formation canadienne
de l’International Blues Showcase cette année,
Katfight Keys vient
d’Ontario ! C’est un duo féminin de
pianistes qui se montre assez
intéressant avec ses deux voix complémentaires
qui se promènent sur des
titres entre blues et boogie ... C'est carrément original et
la
présence des deux pianos est plus utilisée pour
créer une complicité
que pour se livrer à des battles ! Pas bête
…
On connait
bien le Latvian Blues Band et c’est assez impressionnant de
voir les
progrès réalisés par les Lettons
depuis notre première rencontre à
Toulouse pour l’European Blues Challenge en 2013. Revu cette
année sur
ses propres terres à Riga mais aussi en backing Band de Duke
Robillard
à Frederikshavn au Danemark, le groupe impressionne avec ses
cuivres,
ses guitares et sa rythmique bien tracée et nous offre une
bonne
présence sur scène appuyée par un
chanteur guitariste au charisme
impressionnant !
On en arrive à notre duo français Mathieu
Pesqué & Roll Pignault
présentés par un Jay Sieleman qui a
revêtu
pour l’occasion un T-Shirt « Je suis Charlie
» aux couleurs bleues de
la Blues Foundation … Une prestation très blues
pour nos deux Frenchys
qui iront de Robert Johnson et de son « Last Fair Deal
» jusqu’à leur
propre « If The River Was Whiskey » en passant par
le tittle track de
leur dernier effort en date, « Bring On The Bacon
», le tout sous l’œil
avisé de Nico Wayne Toussaint qui les connait bien et qui
les apprécie.
Un Mathieu calme et inspiré, un Roll qui se lâche
un peu à ses côtés …
la formule semble avoir fait mouche ce soir !
On passe
ensuite à PapaBlues venu d’Israël en
quintet avec des claviers ... La
prestation est plutôt bonne mais sans grande
originalité avec toutefois
un bon blues porté par une grosse voix ! On regrettera quand
même une
présence un peu étrange sur scène,
voire même un peu molle quand le
chanteur pose sa guitare après le premier titre ... On
terminera
toutefois sur un bon Chicago blues qui remontera de belle
façon le
niveau général du set !
Angela Esmeralda & Sebastiano
Lillo est un duo à problèmes venu du Sud de
l’Italie ... Un duo à
problèmes ? Tout au moins pour ce soir alors car
après un micro
récalcitrant pour Madame et un jack défectueux
pour Monsieur, la
chanteuse et le guitariste finissent par nous présenter une
voix
puissante et très changeante et un résonateur
précis sur un registre
plein d'humour qui tire parfois vers les années 20/30 ...
Une belle
preuve de professionnalisme avec Angela qui meuble en chantant a-capela
pendant que Sebastiano change de jack et voilà un groupe qui
ne se
laisse pas perturber par les évènements !
On file maintenant
vers la Colombie avec The Blue Turtles Band, un trio qui joue
très fort
un blues qui tire parfois vers le psyché ... Un bon
guitariste porte le
tout mais l’ensemble a quand même du mal
à sortir du lot, mis à part
avec un chant en Espagnol proposé par le bassiste dont la
voix est
assez difficile à cerner, même si elle
n’est pas désagréable, loin
s’en
faut. A revoir pour vraiment se faire une opinion !
On
retourne finalement vers l’Europe et la Suisse avec The Two,
un duo
comme son nom l'indique ! Une guitare et un résonateur ou
carrément
deux résonateurs et surtout une superbe voix,
voilà la formule qui nous
est proposée … Ça
déménage malgré des soucis de guitares
cassées dans
l'avion et on passe du blues au rock avec beaucoup de
générosité pour
finir avec un blues créole proposé par un
chanteur Mauricien qui n’aura
aucun mal à faire passer une émotion pendant le
morceau. La salle
apprécie, c’est certain !
On reste en terrain connu avec les
Travellin' Brothers qui viennent d’Espagne et que nous avions
déjà vus
auparavant bien entendu. Le sextet est dynamique et se teinte
d’un saxo
et de claviers pour nous offrir un set posé entre
rhythm’n’blues, blues
et même rock, le tout porté par une
très belle énergie et saupoudré
d’un très beau groove ! Beaucoup de
présence sur scène et une
prestation de qualité, il faudra se méfier des
Espagnols dans les jours
qui viennent, c’est certain …
Voilà une première soirée qui se
termine sur une note des plus positives et si sur Beale Street
ça joue
dans quelques clubs, nous nous rabattrons sur notre habituel Blues City
Café pour y déguster un de ces bons T-Bones dont
l’endroit a le secret
… Les choses sérieuses sont pour demain et ce
n’est pas pour nous
déplaire car tout le monde est impatient d’en
découdre, mais en toute
convivialité bien entendu !
Mercredi 21 janvier :
C’est une première dans l’histoire
commune de la Blues Foundation et de l’European Blues Union
puisque le 1st Floor du Club 152 accueille aujourd’hui un
showcase européen réunissant trois groupes qui
participent cette année à l’IBC et qui
seront ensuite à Bruxelles en mars pour le 5ème
European Blues Challenge ! Initialement prévu pour
compléter l’affiche, Howlin’ Bill qui
avait été le premier vainqueur de l’EBC
à Berlin en 2011 a été contraint de se
désister suite à de gros ennuis de
santé, toutes nos pensées et nos vœux
de rétablissement vont d’ailleurs vers lui, et il
a été remplacé au pied levé
par Veronica Sbergia qui pour sa part avait été
couronnée à Toulouse deux ans plus tard avec ses
Red Wine Serenaders de l’époque …
L’installation prend un peu de temps à se faire et
ce sont les Suisses de The Two qui chauffent bientôt les
amplis à l’heure de
l’apéritif avec un set
métissé de sonorités
créoles, un véritable régal dont on ne
se lasse pas mais qui mettra quand même un certain temps
à faire réagir un public qui, presque
méthodiquement, applaudit à tout rompre mais ne
se lève que très difficilement de sa chaise. Un
timing un peu matinal, une musique un peu inhabituelle, toujours est-il
que l’assistance parmi laquelle on remarque quelques
administrateurs de l’EBU a du mal à
démarrer, ce qui est bien dommage car la musique du tandem
helvético-mauricien a vraiment des arguments qui jouent en
sa faveur !
L’heure est arrivée de débrancher les
alarmes incendie car le pyromane Pillac va venir mettre le feu
à un Club 152 qui pour le coup se lève comme un
seul homme, bouscule les chaises et se met à danser au son
d’un bon gros blues teinté de groove et de funk.
Si c’est encourageant pour la suite, c’est
également très bon sur le moment et le sextet ne
va pas retenir ses coups pour finalement nous mettre un genou
à terre après trente minutes d’une
prestation qui devrait rester dans les mémoires des
spectateurs présents ce midi. On sent que Pillac a
travaillé spécialement pour
l’évènement et que le groupe a envie de
donner le meilleur de lui-même pour aller le plus loin
possible dans la compétition !
On continue avec Leif de Leeuw Blues Band, un combo
néerlandais parfois un peu borderline qui alterne ses choix
musicaux entre le prog, la country et le rock, une attitude parfois un
peu déroutante pour le public qui se demande où
le groupe veut vraiment en venir. Le guitariste, patron du groupe
auquel il a donné son nom, tire le tout vers le haut avec
à ses côtés une équipe qui
donne ce qu’elle peut avec une chanteuse et guitariste qui
fait de son mieux pour assurer sa place et une section rythmique qui
donne au combo l’allure d’un (bon) groupe de
lycée, mais on sent quand même que la
relève du John F. Klaver Band que l’on a vu deux
fois ici même tarde un peu à arriver !
Après un petit mot pour expliquer l’absence de
Howlin’ Bill, on accueille enfin Veronica Sbergia &
The Red Wine Serenaders qui viendront nous offrir quelques titres
où la guitare, le dobro, la contrebasse et le washboard
n’en finissent plus de créer une ambiance
empreinte des couleurs du début du siècle
dernier. Un dernier titre avec en guest le duo français
Mathieu Pesqué et Roll Pignault et voilà un
showcase rondement mené qui aura su s’attirer les
faveurs d’un public de curieux dans lequel on compte des
personnes qui traverseront spécialement
l’Atlantique pour être à Bruxelles en
mars. Il faut dire que Bruxelles est cette semaine présente
dans toutes les mains puisque le dos du programme de l’IBC
cette année est aux couleurs de son prochain petit
frère européen. Un bon choix marketing
à mettre au crédit de nous amis de la Brussels
Blues Society !
Le temps de récupérer les programmes justement,
mais aussi de déjeuner et de prendre quelques minutes de
détente et il faut déjà partir pour la
compétition avec une première escale par le New
Daisy où BluesHammer, un groupe de Triangle Blues Society,
termine son set dans une harmonie de voix et d’instruments
qui n’est pas sans faire penser à New Orleans. A
peine la moitié d’un titre, ce sera trop peu
malheureusement pour se faire une véritable opinion mais
c’était toutefois très engageant.
Pas le temps de trainer, Pillac prend instantanément la
relève et les représentants de France Blues
montent très vite en régime avec un show dans
lequel rien ne pêche, ni la voix et la guitare, ni les
claviers, ni les cuivres et encore moins la rythmique. Difficile de
résister à l’appel du funky blues de
Pillac et si le public est encore un peu
disséminé, il ne s’en régale
pas moins avec un show construit et particulièrement bien
équilibré. Chez Pillac, on sait tout faire et on
ne se prive pas de le montrer dans le temps imparti en allant de la
soul jusqu’au blues en passant par le rock et le funk, le
tout pour un résultat qui sait fédérer
l’assistance. La belle scène un peu roots du New
Daisy se prête parfaitement à ce genre
d’exercice et on croise dans la salle des spectateurs qui
avaient déjà apprécié la
prestation du midi, signe que Pillac intéresse puisque au
même moment, vingt groupes se produisent dans vingt clubs,
sans compter tous les autres bars qui s’adonnent à
la programmation sauvage pour surfer sur la vague blues du moment
!
Le temps de remonter Beale Street et nous voilà cette fois
au Hard Rock Café où l’on retrouve le
Latvian Blues Band venu donner un show des plus explosifs dans une
salle surpeuplée et surtout surchauffée. Trop de
lumière tue la lumière et à balancer
des LED en pagaille vers le public,
l’établissement a réussi à
se trouver une atmosphère particulière peu
pratique pour les photos mais très propice à la
prestation d’un band qui met tout sur la table pour aller le
plus loin possible. Des cuivres qui envoient, un chanteur guitariste
qui sort de scène pour s’en aller tailler du riff
dans les allées et saluer au passage l’assistance,
les Lettons ont tout compris de l’art de se rendre attirants
pour combler l’assistance tout en séduisant les
juges … Bien joué car les dernières
éditions ont été remportées
par ce genre de groupes qui font le show !
Le temps de glisser vers Pig On Beale et on découvre, sur
fond de « Pork with an attitude », le duo Croate
Zack Dust & Jura Geci. Un guitariste aux allures
psychédéliques, un chanteur guitariste avec une
moustache à la Freddy Mercury, une coupe à la
Mireille Matthieu et un chapeau à la John Wayne, on se
demande bien à quelle sauce on va être
croqué mais la voix est agréable, le jeu
soigné, sans que pour autant l'étincelle soit
présente pour donner du corps au résultat.
Quelques titres entre folk et country blues et un « Champagne
& Reefer » un peu avant la fin du set et
voilà un groupe qui a fait le job proprement, ni plus, ni
moins ...
On en arrive maintenant à notre duo français,
Mathieu Pesqué et Roll Pignault, qui va très vite
trouver ses marques sur la scène du Pig On Beale et nous y
proposer un set très fort visuellement et très
riche musicalement. On sent une complicité entre les deux
musiciens et si comme à son habitude Mathieu est
précis par son jeu et séduisant par sa voix, Roll
n’oublie jamais de mettre la petite pointe de folie
indispensable pour que le tout s’envole très haut.
De Robert Johnson à Willie Dixon en passant par leurs
propres compositions, les deux compères auront
trouvé le très juste équilibre pour
montrer à nos amis américains de quoi ils sont
capables. Si l’on en juge par les applaudissements et les
commentaires entendus à la fin de la trentaine de minutes de
concert, on se dit que ces deux-là ont su mener leur barque
à bon port !
En route vers le Wet Willies qui a pris du retard et en attendant le
passage de Nico Wayne Toussaint, on découvre Nelson
& The New Breed Thing, un groupe présenté
par la Massachusetts Blues Society qui distille une musique
teintée de blues et de rhythm’n’blues
pour un résultat qui attire l’oreille sans pour
autant vraiment sortir du lot avec une musique des plus classiques
à laquelle le band ajoute quand même une certaine
touche de personnalité, mais encore un peu trop
légère. Le potentiel est toutefois là
pour tout ce qui est du Chicago Blues et le public répond
poliment aux invitations d’un chanteur qui ne
ménage pas ses effets de manche.
Que dire de Nico Wayne Toussaint et de son Mighty Quartet sans user ou
même abuser de superlatifs ? Non contents
d’être musicalement très au-dessus du
lot, les Français présentés par la
Southern California Blues Society sont de véritables showmen
et vont en faire des tonnes pour assommer la soirée en une
petite trentaine de minutes. Difficile de jouer après
ça tant le Serguei Boubka de l’harmonica a mis la
barre à un tel niveau qu’il faudra attendre bien
longtemps avant que quelqu’un ne passe par-dessus !
Impérial avec son instrument, convaincant au chant et
parfaitement soutenu par une bande de tueurs à gage du blues
dans laquelle on reconnait Florian Royo à la guitare,
Antoine Perrut à la basse et Guillaume Destarac à
la batterie, ce grand adepte de James Cotton nous a envoyé
ce soir un signal fort et nous a démontré
qu’il était prêt à tout pour
gagner et en possession des armes pour le faire. Rendez-vous samedi
pour la finale à l’Orpheum ?
On rejoint maintenant le Blues Hall qui a pris un certain retard dans
le planning puisque là où nous nous attendions
à retrouver The Two, c’est Ammons & Liu de
la Grafton Blues Association que nous découvrons sur
scène. Soyons clair, le club est roots au possible,
surpeuplé et bruyant, tant et si bien que les buveurs de
bière en arrivent pratiquement à couvrir la
musique au grand dam de ceux qui auraient voulu entendre quelque chose.
Le Fedex Forum qui vient de se vider à la fin du match de
basket a bien contribué à remplir
l’endroit et si ce que l’on a pu entendre ce soir
n’était certes pas ce qu’il y a de
mieux, cela méritait quand même un peu plus de
respect.
On reste quand même au Blues Hall avec Silvio Caldelari, le
Président de Sierre Blues Society, pour y retrouver ses
poulains de The Two que l’on ne quitte
décidément plus depuis hier soir ! La prestation
des Suisses est une fois encore très
élégante et ponctuée de passages en
Créole du plus bel effet et on ne peut que regretter que
l’on se sente un peu comme à l’abattoir
avec dans la salle des cris dignes d’une bande de porcs
qu’on égorge. On espère juste que tous
ces malpolis seront très vite transformés en BBQ
Ribs, histoire de dire qu’ils auront pu enfin servir
à quelque chose ! Heureusement mieux placé que
nous, on espère simplement que le jury aura
réussi à capter la sensibilité et la
force de The Two !
Les clubs commencent tranquillement à redevenir des bars et
si la musique cède peu à peu la place
à la fête, on se dit qu’il est
maintenant temps d’aller se sustenter, minuit approchant
lentement mais surement … Pas de Ribs ce soir, on a eu notre
compte au Blues Hall et on va laisser à la viande un peu de
temps pour mariner avant de la croquer ! La première
soirée de concours nous a réservé de
belles choses, demain sera un autre jour car il y a encore une foule de
groupes et d’amis à aller saluer. On pense entre
autres à Mark Telesca, à Tim Lothar, aux
Travellin’ Brothers, à Lil’ Red
& The Rooster, et on en oublie forcément
…
Jeudi 22 janvier 2015 :
Après une longue journée de détente
pour les uns,
de visites pour les autres, il faut bientôt se remettre dans
le
bain de quarts de finale et c’est au deuxième
étage
du Club 152 que l’on commence avec Bongo Joe & Little
Steve-O
de la Northeast Ohio Blues Association, un duo très fin et
très blues. L’ambiance est tamisée, le
silence
presque parfait et la lumière quasiment inexistante, comme
toujours ici ! Un guitariste et un chanteur harmoniciste à
la
voix très riche pour un bon blues bien roots,
c’est aussi
ça la classe et après quelques montées
en
régime, on finira de déguster cette musique tout
en
délicatesse. Une bonne entrée en
matière !
On reste au Club 152 pour y retrouver Lil’ Red & The
Rooster
alias Jennifer Milligan et Pascal Fouquet
présentés par
Columbus Blues Alliance et on se régale un moment de la
musique
séduisante du duo dans lequel Monsieur est à la
Les Paul
et Madame à la caisse claire et au chant ! Une belle
originalité, une réelle
élégance sur
scène, un jeu de guitare précis que
l’on ne
présente plus et bien entendu une voix chaude et enivrante,
voilà un cocktail des plus consistants servi à
l’heure de l’apéritif par un couple
attachant qui a
de plus tout compris à l’art délicat de
jouer le
blues !
On glisse très vite vers le King's Palace pour y retrouver
Tim
Lothar & Peter Nande de Baltic Blues et on se régale
un
moment du résonateur et de la guitare de Tim qui
à ses
côtés trouve le soutien d’un harmonica,
d’un
jug, ces fameuses bombonnes vides dans lesquelles on souffle pour
trouver un son, ou encore de percussions en tous genres. Difficile de
se faire une idée en seulement deux morceaux mais on
espère bien en découvrir un peu plus de ce duo
bien roots
dans les jours à venir !
Une pause restauration et nous voilà maintenant chez Flynn's
où les Italiens de Red Wine Serenaders emmenés
par la
superbe Veronica Sbergia peinent un peu à
démarrer
à cause de quelques petits ennuis techniques, le moindre
n’étant pas le micro récalcitrant et le
jack qui
craque de Max de Bernardi. Une fois tout ça
réglé,
c’est parti pour un show à la fois vintage et
artisanal
durant lequel Veronica pourra sans difficulté
séduire
l’assistance de sa voix si particulière et
d’un jeu
à la fois précis et plein de détails.
Ukulélé, guitare, contrebasse, washboard
… Rien ne
manque chez nos amis transalpins et c’est aussi pour cela
qu’on les aime tant !
Miracle, le Blues Hall est bien plus calme ce soir et on peut enfin
pleinement profiter de The Two qui nous propose cette fois encore un
set dans lequel le blues créole et le blues roots se
teintent
parfois de sonorités plus musclées et plus rock.
Le duo
suisse n’a pas grand mal à se mettre en valeur
avec une
musique de qualité qui fait plaisir à entendre et
qui,
même après plusieurs rencontres cette semaine, ne
finit
pas par nous lasser …
On traverse désormais Beale Street pour rejoindre Pig On
Beale
où nos Frenchys se produiront dans une quarantaine de
minutes et
en attendant, on assiste à la fin de la prestation de Tim
Williams de Calgary Blues Music Association, un artiste finaliste
l’an dernier que l’on retrouve cette fois seul avec
sa
mandoline et qui parvient à nous donner une bonne
idée de
ce qu’il propose en seulement deux titres plutôt
convaincants soutenus par un instrument original et par une voix
attachante.
On reste sur place avec Rob Europe de Long Island Blues Society qui
démarre sur un folk blues plutôt sympathique avant
de
monter d’un cran et de nous présenter des covers
intéressantes et très bien adaptées de
titres
comme « Nobody Knows You » ou encore un «
Trouble In
Mind » pas mal du tout ! Les oreilles sont mises à
rude
épreuve depuis trois jours de musique quasiment non-stop et
on
apprécie pleinement ce moment un peu soft en milieu de
soirée pour refaire le plein de vigueur avant une suite qui
s’annonce dense !
Il est 21 heures quand Mathieu Pesqué & Roll
Pignault
montent sur les planches du Pig On Beale et on sent une fois encore que
ces deux-là ont envie d’en découdre !
La set list
ne change pas mais à la jouer depuis trois jours, le duo
l’a quelque peu adaptée et
améliorée et va
ce soir nous délivrer un show parfait, une ordonnance bien
équilibrée dans laquelle on trouve de quoi se
détendre un peu mais aussi de quoi se mettre un bon coup de
fouet et faire le plein d’énergie. Mathieu se
lâche
totalement et à ses côtés, Roll nous
sort le grand
jeu pour proposer une chorégraphie qui colle parfaitement
à l’ambiance recherchée. Le public
apprécie
et le fait savoir non seulement pendant le show mais aussi
après, en venant féliciter le groupe …
C’est Pillac qui va refermer cette deuxième
soirée
et c’est au New Daisy que ça se passe ! On y
retrouve un
Pillac gonflé à bloc qui semble avoir
mangé du
lion et qui met tout dans la balance pour la faire pencher du bon
côté. Les cuivres ne jouent pas simplement un
rôle
au niveau des arrangements, ils contribuent
énormément
à la stabilité des morceaux et d’un
« Nervous
Breakdown » servi en début de set à un
hommage
à BB King pour le refermer, rien ne pêche, tant et
si bien
que pour la seconde fois cette semaine, c’est la salle toute
entière qui se retrouvera debout à danser devant
la
scène, de quoi donner encore plus de grain à
moudre
à un guitar hero qui se lâche et qui en met des
palettes
entières pour mieux enfoncer le clou. C’est ce qui
s’appelle terminer en fanfare !
En attendant l’annonce des résultats,
c’est
maintenant une grande jam qui attend le public du New Daisy et
forcément, ça arrive de tous les clubs du
quartier pour
écouter ou participer à ce florilège
de standards
du blues emmené de main de maître par une paire
d’artificiers hors norme, Sean Carney et Jonn Del Toro
Richardson
… A leurs côtés, on remarquera tout le
restant de
la soirée une foule de musiciens particulièrement
bien
fournie avec entre autres Cash McCall, Nico Wayne Toussaint, Lionel
Young, Bart Walker, les cuivres du Latvian Blues Band et nombre
d’autres encore !
L’annonce des résultats donnera lieu comme
toujours
à un lot de joies et de déception avec en ce qui
nous
concerne la satisfaction de retrouver quelques amis en demi-finale,
Pillac et Nico Wayne Toussaint bien entendu, mais aussi les
Travellin’ Brothers, les Red Wine Serenaders, le Latvian
Blues
Band, The Two, Tim Lothar & Peter Nande … Pour
d’autres c’est comme toujours plus difficile
d’encaisser le coup mais c’est malheureusement le
lot
commun de ces compétitions et il faut bien se
résoudre
à l’accepter ! La suite
s’annonce quoi
qu’il arrive captivante …
Vendredi 23 janvier :
Le vendredi est traditionnellement un grand jour à
l’International Blues Challenge puisque ce sont les
demi-finales
le soir pour les concurrents, mais aussi parce que c’est la
journée des showcases donnés par les groupes de
moins de
21 ans et enfin parce que le matin a lieu la
cérémonie de
remise des Keeping The Blues Alive Awards, la plus haute
récompense décernée aux gens de
l’ombre,
ceux qui œuvrent la plupart du temps derrière la
scène. Quinze prix seront distribués cette
année,
dont sept à des européens, signe que le travail
effectué sur le Vieux Continent et notamment au sin de
l’European Blues Union porte ses fruits …
Le gratin de la profession s’est donc rassemblé
dans le
salon de conférence du Doubletree et après un
rapide
brunch, la longue litanie des présentations et des
remerciements
commencera avec quelques moments forts en ce qui nous concerne puisque
des amis comme les Frères Malles de l’Asociacion
Musical
Blues Hondaribia, Helge Nickel du Bluesfest Eutin ou encore Pertti
Nurmi décrocheront respectivement des prix dans les
catégories « Association affiliée
», «
Festival international » et « Photographie
». Une
belle récompense pour des gens qui investissent leur temps,
leur
talent et leur argent pour que le dynamisme de la scène
blues
perdure !
Après avoir fait l’impasse sur le fameux
« Youth
Showcase » pour se donner les moyens de reprendre quelques
forces, il est temps de foncer vers le Club 152 où Tim
Lothar
vient de céder la place aux Suisses de The Two. Pas de grand
changement dans le show proposé par les deux
garçons et
si ça reste sacrément efficace, cela nous
autorise aussi
à nous éclipser après trois titres
pour aller
à la rencontre d’autres artistes que nous
n’avons
pas encore eu l’occasion de croiser, ou même de
s’arrêter discuter avec les amis qui profitent du
week-end
qui commence pour arriver en ville et découvrir ce
qu’il
reste après le premier tour de sélection.
Direction Alfred’s pour y retrouver Mark Telesca que
l’on
connait bien en Europe dans son rôle de sideman de luxe mais
que
l’on retrouve ce soir avec son trio pour une
démonstration
de blues qui passe allégrement des shuffles
rapportés de
Chicago aux sonorités qui évoquent les bayous
…
Rompu à l’exercice du blues, le bassiste prolixe
au
charisme de tous les instants n’oubliera pas de faire le show
pour que le bonheur soit total … Et en plus, ça
marche,
surtout face à des fans remontés comme des
coucous
suisses !
Le temps de retourner vers Flynn’s et on se pose pour enfin
assister au show des Red Wine Serenaders dans son
intégralité. Pas de mal à se faire du
bien, on y
retrouve la diva Veronica Sbergia qui nous sort le grand jeu et qui
donne des ailes à ses deux complices pour emmener tout le
monde
dans un univers où l’entre-deux guerres et sa
musique sont
omniprésents. Une musique datée de
près d’un
siècle mais servie avec une attitude et un dynamisme qui
n’en finissent plus de toucher l’assistance et qui
mettent
tout le monde d’accord sur la question avec rien de plus
qu’un kazoo, un washboard, un ukulélé,
un
résonateur et une contrebasse … Il faut le faire !
On en arrive à nos Français et c’est
une fois
encore au New Daisy que Pillac se produit ce soir, adaptant son jeu
à la situation et n’hésitant pas
à en donner
pour son compte à une assistance qui visiblement se
régale des notes bluesy-funky d’un groupe qui en
avait
gardé en réserve, à l’image
de son frontman
qui va aujourd’hui aller jouer dans la salle et offrir un
solo
personnalisé et les yeux dans les yeux à une
spectatrice
qui n’en espérait pas tant. Un final
époustouflant
avec les cuivres qui invitent la foule à remuer et
voilà
une de ces prestations comme on les aime qui se finira sous les
acclamations méritées de la salle. Le job a
été fait, et très bien fait en plus
!
On reste un moment au New Daisy pour y assister à la
prestation
de Big N Tasty, le candidat de Grafton Blues Association qui nous en
met plein les yeux et plein les oreilles avec une chanteuse et
saxophoniste puissante, une paire de guitaristes explosive et un
harmonica dévastateur. Si la musique du big band
n’est pas
la plus originale, elle produit toutefois son effet sur une assistance
qui danse sans retenue devant la scène ! Avec un nom comme
ça, ça semble normal au pays des hamburgers
…
Pas vraiment passionné par ce qui s’entend au New
Daisy en
ce moment, on file chez Alfred’s où Nico Wayne
Toussaint,
en avance sur le timing, a déjà
commencé son set.
Porté par un band impérial, le Zébulon
de
l’harmonica n’en finit plus de sortir de sa boite
et de
tournicoter avec en face de lui un public en partie assis mais
globalement très motivé. Si Nico a du talent, il
a
également de l’expérience et il sait
mener son show
de manière à le faire monter tranquillement en
puissance
avant de le faire littéralement exploser lors du final et ce
qu’il parvient à faire chaque soir sur un concert
de deux
heures, il réussira à la faire
aujourd’hui en
quatre fois moins de temps ! C’est ce que l’on
appelle
être pro …
Des pros, on en retrouve encore au New Daisy avec les
Travellin’
Brothers de l’Asociacion Musical Blues Hondarribia qui,
à
l’instar de Pillac, vont mettre le feu à la salle
avec
là aussi un show explosif et une énergie
phénoménale. Un chanteur à la fois
puissant et
survolté qui part se produire à-capela au milieu
de la
salle au son d’une guitare qui lui installe un tapis
rythmique
délicat et confortable, un retour sur scène
ponctué d’un déluge de sax et
d’un ouragan de
blues auquel il est difficile de résister … Les
Travellin’ Brothers n’économisent pas
leurs efforts
et une fois encore Memphis s’enflamme ce soir, nous laissant
clairement entendre qu’il va falloir du temps pour
arrêter
l’incendie !
Le froid a ce soir succédé à la
douceur ambiante
et il faut bien se résoudre à rentrer
prématurément pour aller se mettre à
l’abri
au chaud et pour aider un début d’angine/otite
à ne
pas trop se développer … Demain, ce sera la
finale avec
pas moins de seize groupes qui se produiront dans le superbe Orpheum
Theater, de quoi s’offrir un dernier baroud
d’honneur pour
des formations bien décidées à aller
conquérir le Graal … La nuit nous apprendra que
Pillac
est resté devant la porte du théâtre,
battu
seulement d’une courte tête par des
Travellin’
Brothers décidément redoutables, mais aussi que
Nico
Wayne Toussaint s’en est sorti d’un club pas
évident
à maitriser et qu’il sera, avec son Mighty
Quartet, le
second représentant européen du dernier tour de
piste !
Avec des groupes de ce calibre, tous les espoirs sont permis, et quoi
qu’il advienne la journée de demain sera belle
…
Samedi 24 janvier :
Sept à huit heure de finale, c’est ce qui attend
les amateurs de blues qui se pressent devant l’Orpheum
Theater en ce samedi midi froid mais ensoleillé …
Un dernier tour sur Beale Street pour se prendre une
dernière bouffée de ce qu’il y reste de
blues depuis la fin des concerts hier soir et il est temps
d’aller s’enfermer pour ce qui ressemble autant
à une grand-messe qu’à un marathon du
blues. L’ouverture de cette 31ème finale est
proclamée conjointement par Jay Sieleman et Joe Whitmer et
c’est parti pour un des évènements
majeurs du blues mondial de l’année !
On attaque avec les Travellin' Brothers de l’Asociacion
Musical Blues Hondarribia et on se prend de plein fouet un
début de concert en acoustique très surprenant
mais très réussi ! On passe ensuite à
l'électrique avec un tour du chanteur dans la salle puis on
se délecte d’une prestation qui va crescendo pour
le plus grand bonheur d'un public qui est directement jeté
dans le grand bain, et sans bouée en plus ! Difficile de
résister au charisme de ces Espagnols qui font comme
toujours le show.
On continue avec Ben Rice & Lucy Hammond de Ashland Blues
Society, un duo très fin ! On dirait la mère et
son fils dans un registre qui rappelle un peu les spirituals avec un
résonateur délicat et une grosse voix bien chaude
et puissante ! Ça monte tranquillement en régime
vers un blues plus pur et c'est intéressant de voir que le
jeune homme a lui aussi une voix puissante et
équilibrée ! Le niveau s'annonce assez
relevé d'entrée de jeu ce soir ...
Brat Pack de Blues Asia Network est un quartet des Philippines qui
présente la particularité de ne pas avoir de
guitare … Déjà remarqués en
finale l’an dernier, ces jeunes gens bourrés
d’énergie en font des kilos avec malheureusement
une basse trop forte qui sature dans l’ampli et qui rend le
tout insupportable. La chanteuse est dynamique et le pianiste est
monté sur ressorts mais musicalement ... ça
manque vraiment de guitare et de blues pour un résultat
parfois boogie, parfois jazzy !
On découvre maintenant Randy McQuay de Cape Fear Blues
Society, un one man band qui démarre tranquillement avec des
grelots et a capella pour nous présenter un worksong avant
de passer à la cigar box puis finalement à la
guitare pour nous servir quelques bons blues dont il a le secret
! On vire parfois au folk ou au rag et le public s'amuse
à répondre aux invectives de l'artiste par des
« Hey » répétés !
La grande classe ce The Good, The Bad & The Blues de Columbus
Blues Alliance ! Le quartet black dédie
spontanément son show à B.B. King et nous sert
dans la foulée un bon blues dans le même genre que
le Maître avec une guitare transcendante portée
efficacement par un clavier efficace ... Un petit coup de guitare
derrière la tête, un grand tour dans le public ...
Ces quatre gars font le show et ça marche, comme toujours ...
Retour vers un artiste solo, Chris Yakopcic de Cleveland Blues Society.
Pas vesoin de plus qu’une guitare et un résonateur
pour ce Croate de l'Ohio qui nous montre que son blues peut se teinter
de folk quand le besoin s'en fait sentir ! La voix est un peu trop
"propre" parfois mais ça reste très
agréable et très équilibré.
Décidément cette finale commence bien !
Ne vous fiez pas au gabarit faussement fragile de Noah Wotherspoon de
Dayton Blues Society, son trio puissant est emmené par un
chanteur et guitariste au jeu particulièrement solide qui
nous délivre un bon mélange entre blues et blues
rock dans la lignée des King mais aussi de Buddy Guy, de SRV
et consorts ! Un titre en slide et un petit gimmick devant la
scène et le tour est joué, voilà un
artiste qui a marqué les esprits …
Brian Keith Wallen de Dayton Blues Society s’installe ensuite
seul avec sa guitare et son imposant footstomp ... Son blues est
solide, parfois teinté de folk, et sa voix est
véritablement intéressante ! Quelques
plaisanteries d’usage, un passage par Son House
intelligemment présenté en fin de set et enfin un
final instrumental pour enfoncer le clou ... L’artiste a tout
compris et sa musique tient la route, c'est certain !
Michael Schatte de Great Lakes Blues Society dirige un trio canadien
qui commence sa prestation en country pour bientôt virer au
rock avant de nous jouer un blues improbable, plutôt folk et
rhythm'n'blues, et de mettre finalement au passage un doigt dans le
blues, et de belle manière en plus ! Intéressant
au résonateur, prolixe à la guitare, le bonhomme
à plus d'une corde à son arc et ça
prend plutôt bien ! Un final à fond les ballons
pour encore mettre l’accent sur toutes ses
diversités et l’affaire est bientôt
réglée.
Arthur James de Granite State Blues Society arrive seul avec ses
guitares et son chapeau mais aussi avec un bottleneck et un poulet
posés sur un tabouret à côté
de lui ... Ça joue comme pour beaucoup de solos/duos entre
folk blues et blues et ça passe assez bien, même
si on sent que le public se lasse un peu après dix groupes
et pas moins de quatre heures de concert déjà !
Il faudrait un électrochoc pour redynamiser
l’assistance ...
Avec Nico Wayne Toussaint de Southern California Blues Society, le
voilà l'électrochoc espéré
! Entre élégance et puissance, Nico nous la joue
virtuose, connait quelques soucis avec son micro et continue unplugged
devant la scène pendant qu’on lui change
… Le public apprécie ! Le set du Mighty Quartet
est très équilibré et
entraînant avec des accélérations, des
cassures, des effets de style ... Voilà un blues de grande
classe qui se nourrit au talent mais aussi au feeling et à
l’énergie !
Muskett & Carnes d’Indiana Blues Society est un duo
guitare et harmonica qui distille un bon blues délicatement
persillé au folk, mais sans jamais trop en mettre. Le chant
tient bien la route, l'harmoniciste le relève un peu en
faisant les chœurs dans son greenbullet et ça
passe finalement comme une lettre à la poste ! Si ce
n’est pas le duo le plus charismatique du moment, ils
assurent le set et tiennent plutôt bien leur scène
…
Betty Fox de Suncoast Blues Society se présente maintenant
à nous en quartet. La chanteuse, blonde et
court-vêtue, fait le show avec sa voix puissante et son style
qui cherche à se promener entre Janis Joplin et les vieilles
légendes du blues féminin ! Un
côté très rock et beaucoup de charisme,
et pas seulement avec des cuisses dont elle use comme d’un
argument supplémentaire, voilà un show qui virera
finalement au blues et à la soul avec en prime un guitariste
doué pour emballer le tout pour proposer un show qui aura
quelque peu dépassé les limites du visuel.
Place à Bongo Joe & Little Steve-O de Northeast Ohio
Blues Association, un duo chant et harmonica plus guitare qui se veut
très blues, mais dans des styles complémentaires
qui vont du Delta jusqu’au Chicago blues. Ça joue
bien et fort et même si ce n'est pas très
original, c'est le blues acoustique que les gens aiment ! Les deux
comparses feront malheureusement un gros dépassement de
timing et finissant sur un titre d’Otis Redding
joué … les yeux fermés ! Pas facile
pour voir les panneaux annonçant le temps restant.
Voilà désormais Eddie Cotton de Vicksburg Blues
Society qui nous offre un bon gros blues bien carré avec un
son de folie et un orgue Hammond qui habille bien les grilles. Eddie
Cotton est un guitariste virtuose porté par un harmoniciste
qui n’aura joué que trois notes ce soir et par une
section rythmique efficace comprenant un bassiste handicapé
présentant une main droite à laquelle il ne reste
plus que le pouce et l’annulaire ... Ca ne
l’empêche en rien de contribuer à ce que
le groupe propose un blues à son top !
On attendra un temps Dalannah & Owen de White Rock Blues
Society mais malheureusement pour lui, le duo ne s’est pas
présenté et nous en arriverons directement
à la cérémonie des
récompenses avec pour commencer le Best Self-Produced CD of
the Year qui tombera dans l’escarcelle de Grafton Blues
Association et des Altered Five Blues Band avec « Cryin Mercy
» ! Le titre d’harmoniciste « Lee Oskar
» de l’année sera
décerné à Nico Wayne Toussaint tandis
que les prix des guitaristes « Gibson » et
« St. Blues » seront respectivement remis
à Noah Wotherspoon et à Ben Rice …
De ce 31ème International Blues Challenge, on retiendra
enfin le palmarès qui accorde dans l’ordre les
trois premières places le ca catégorie
« Groupes » à Eddie Cotton (Vicksburg
Blues Society), Noah Wotherspoon (Dayton Blues Society) et
Nico Wayne Toussaint (Southern California Blues Society). Les deux
lauréats de la catégorie « Solo/Duo
» sont Brian Keith Wallen (Dayton Blues Society) en
première position suivi par Randy McQuay (Cape Fear Blues
Society).
Voilà un beau résultat somme toute
très logique et c’est désormais du
côté de Beale Street que les amateurs se
dirigeront pour les dernières jams de cette
édition … Un ultime diner avec quelques bons amis
au très fameux restaurant Itta Bena situé au
deuxième étage du B.B. King’s et
voilà une dernière journée
à Memphis durant laquelle le blues et la gastronomie auront
été à l’honneur ! On ne
pouvait espérer mieux … Le 32ème
International Blues Challenge se déroulera au même
endroit du 26 au 30 janvier 2016, les noms des participants
français seront connus le 14 juillet prochain à
Cahors, voilà une bonne raison de commencer à
planifier une visite dans la capitale mondiale du blues qui est
également le berceau du rock
!
Fred Delforge - janvier
2015
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