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| MISSISSIPPI : A LA DECOUVERTE DU DEEP SOUTH – OXFORD – TUPELO …
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Ecrit par Fred Delforge |
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mardi, 20 janvier 2015
MISSISSIPPI OXFORD TUPELO
MISSISSIPPI
: A LA DECOUVERTE DU DEEP SOUTH – OXFORD – TUPELO
…
http://www.memphis-mississippi.fr/
http://www.memphistravel.com/
http://www.msbluestrail.org/
http://visitoxfordms.com/
http://visitoxfordms.com/
Si le Mississippi est un des états les plus pauvres des USA,
il est paradoxalement un de ceux les plus riches en matière
de culture et les amateurs de musique ne s’y trompent pas en
glissant généralement depuis Memphis vers les
attractions majeures du Delta comme Clarksdale bien entendu, mais aussi
Indianola et son fameux B.B. King Museum ou encore Greenwood et la
tombe de Robert Johnson, du moins celle qui a été
authentifiée comme telle puisque le père du blues
moderne n’en a pas moins de trois ! Après avoir
suivi le parcours « classique » l’an
dernier (voir
ICI), on vous emmène cette fois sur un autre
chemin, peut-être moins dédié
à la musique par elle-même, bien que …
Nos pérégrinations nous conduiront cette
année à Tupelo mais aussi à Oxford,
une ville de musique mais aussi et surtout de littérature.
Et tant qu’à faire, un petit tour sur la
Mississippi Blues Trail n’est pas interdit, loin de
là !
Le temps presse et deux jours pleins pour visiter Oxford et Tupelo ne
sont pas de trop, loin de là, alors même
après un long voyage transatlantique d’une
quinzaine d’heures, nous braverons tout de suite la nuit et
la route pour gagner Oxford en 90 minutes environ … Autant
dire que sept heures de décalage se font sentir, ce qui ne
nous empêchera en rien d’aller se faire un bon
repas chez City Grocery sur Courthouse Square !
L’étage fait office de bar et reçoit
accessoirement des musiciens tandis que le rez-de-chaussée
est un restaurant gastronomique avec quelques
spécialités du Sud en
général et de Louisiane en particulier, le tout
à prix très raisonnable. Un conseil
avisé, essayez le jambalaya aux crevettes, c’est
un des meilleurs qu’il m’ait
été donné de manger
jusqu’à maintenant ! Et puis tant
qu’à faire, vous aurez réussi
à éviter la « junk food » au
moins pour un soir … Les plus courageux pourront
même aller écouter de la musique sur Courthouse
Square où la foule est dense, ville universitaire oblige. La
famille Burnside étant originaire de la région,
il n’est pas rare de croiser les descendants de R.L. en train
de jouer dans les bars de la ville !
La nuit porte conseil et nul doute que si l’on tombe comme
une masse après une journée de voyage, on ne
s’en réveille pas moins de bonne heure le
lendemain matin … Alors comme on est dimanche et que rien ne
sera ouvert avant que la messe ne soit terminée, autant
aller faire un tour sur la Mississippi Blues Trail. Direction plein sud
avec une première étape à Water Valley
où se trouve un premier marker dédié
à Casey Jones, ingénieur ferroviaire mort en 1900
dans l’accident du Cannonball devenu
célèbre pour avoir été
cité en exemple pour ses exploits dans des chansons de Furry
Lewis et Mississippi John Hurt … A côté
du marker de trouve un musée ferroviaire
dédié à l’œuvre de
l’homme … fermé le dimanche
malheureusement ! On continue donc en direction de Grenada
où nous attendent trois markers de plus dont le premier est
tout simplement dédié au « Grenada
Blues » qui a été marqué par
nombre d’artistes.
Pas très loin de ce marker
généraliste, on trouve celui de Magic Slim proche
d’une maison des plus simples où le chanteur et
guitariste décédé en 2013 a
vécu … Bien connu en France où il a
joué régulièrement dans sa
carrière, Magic Slim a entre autre transmis la flamme
à son fils, Shawn Holt, qui marche à grandes
enjambées dans les pas de son illustre père et
qui n’en finit plus de nous régaler sur
scène. Pour avoir eu la chance et l’honneur de
croiser Magic Slim et de partager quelques bons moments avec lui, cette
étape hommage était forcément
incontournable. Et tant qu’à faire, restons Magic
jusqu’au bout avec le marker de Magic Sam installé
à quelques kilomètres de là, sur
Holmes Drive … Mort à 32 ans, le guitariste et
chanteur ne Samuel James Maghett n’en reste pas moins dans
les mémoires pour son jeu rugueux et son style puissant et
c’est une fois encore à côté
d’une maison modeste que ce souvenir posthume est
installé.
Le temps est clément et le thermomètre flirte
avec les 20 degrés, pas mal pour un mois de janvier, alors
on profite du soleil et du carburant bon marché pour pousser
jusqu’à Greenwood pour aller saluer
l’âme de Robert Johnson, devoir
impérieux de tout fan qui se respecte … La Little
Zion Church qui jouxte le cimetière fait le plein de
fidèles à l’heure de la messe et on
retrouve avec toujours la même émotion, et avec en
prime les saluts cordiaux et enjoués des pêcheurs
venus se repentir, la tombe du bluesman mort à 27 ans
empoisonné par un mari jaloux. L’occasion de se
remettre quelques très belles images en tête
après la lecture de l’excellente BD «
Love In Vain » de Mezzo et Dupont sortie en fin
d’année dernière chez
Glénat, un must à posséder absolument
!
Il est encore tôt grâce à
l’effet combiné du jet lag, du réveil
matinal et des routes larges et dégagées du
Mississippi, pourquoi donc ne pas s’écarter un
instant sur la route du retour pour aller saluer le souvenir
d’un autre grand bluesman, Mississippi John Hurt, du
côté d’Avalon où un marker
installé à côté
d’une épicerie en ruine rappelle sa vie
passée dans la région … Il va de soi
que la liste des markers ne se limite pas à
ceux-là et que Greenwood en compte à elle seule
quelques-uns à ne pas manquer, une bonne raison pour le
vacancier de prendre son temps de de s’y arrêter au
moins une journée entière.
Retour à Oxford cette fois avec une foule de choses
à découvrir encore, à commencer par
l’Université du Mississippi et la foule de
bâtiments qu’elle rassemble sur un campus ouvert !
Du Musée de l’Université
jusqu’aux complexes sportifs, tout est voué
à la culture et à
l’éducation et les amateurs de blues remarqueront
même un marker « Documenting The Blues »
rendant hommage aux recherches sur le genre effectuées par
les membres de l’Université du Mississippi ! Quand
on vous dit que la musique est omniprésente dans la
région …
Direction Rowan Oak maintenant, avec au programme la visite de la
propriété de William Faulkner, une belle
bâtisse blanche entourée d’un jardin
où il fait bon se promener … Pas de
décor tape à l’œil, la maison
est grande mais simple et on peut même la visiter moyennant
un petit droit d’entrée de 5$. La visite est
rapide mais assez instructive sur la vie de son propriétaire
grâce à des tableaux sur lesquels les faits
marquants sont expliqués … Quelques effets
personnels, des bouteilles de whiskey vides, une machine à
écrire et un piano, les die hard fans de Faulkner se
régaleront et les autres se diront que les quelques dollars
qu’ils ont laissé à
l’entrée serviront à
l’entretien et à la conservation d’une
maison qui a besoin d’un coup de pouce pour continuer
à exister et à rester en bon état !
En sortant de Rowan Oak, on peut décider de boucler la
boucle en se rendant à deux kilomètres de
là au St. Peters Cemetery où
l’écrivain repose en famille au milieu des autres
citoyens de la ville … La tombe est clairement
indiquée et très facile à trouver ! Au
passage, sur la route, vous aurez pu apercevoir la maison des parents
de Faulkner, pas franchement de quoi faire de vous un érudit
ou même un spécialiste du sujet mais peut
être une bonne raison d’avoir envie de se fendre de
l’achat d’un de ses livres, et pourquoi pas en
Anglais d’ailleurs ?
Le hasard fait bien les choses, en rentrant vers le centre-ville, ne
manquez surtout pas de faire un arrêt au Square Books, sur
Courthouse Square ! Véritable institution, la librairie a
été créée en 1979 par
Richard Howorth et est installée à sa place
actuelle depuis 1986, une branche « jeunesse »
ayant même été
créée un peu plus loin au début des
années 2000. Dans un amoncellement de livres en tous genres,
le propriétaire vous reçoit avec beaucoup de
gentillesse et partage avec vous les souvenirs d’une vie
dédiée aux livres et à la lecture mais
aussi aux artistes puisque dans le magasin, on peut
également acheter des ouvrages
dédicacés par leurs auteurs … A
l’étage, on peut déguster un
café et manger quelques cookies tout en
découvrant une superbe collection d’ouvrages
dédiés à la musique ! Et
c’est ouvert qui plus est chaque dimanche
après-midi … Un bon point de chute et
l’occasion de compléter sa bibliothèque
avec des livres de qualité !
Profitez enfin de votre passage sur Courthouse Square pour
découvrir le vieux centre historique d’Oxford avec
entre autres The Thompson House, le premier hôtel construit
dans la ville après la Guerre de Sécession, ou
encore le J.E. Neilson Co, un « Departement Store »
fondé en 1839 et toujours en activité
après 175 ans d’existence … Il ne vous
restera plus ensuite qu’à vous préparer
pour le repas du soir, chez Ravine par exemple, sur Pea Ridge Road,
où les meilleurs plats de la région vous seront
proposés dans une atmosphère soignée,
jeune et détendue ! Rebuté par
l’idée de vous rendre à une dizaine de
kilomètres du centre-ville ? Le jeu en vaut pourtant la
chandelle avec une formule trois plats particulièrement
raisonnable et avec une cuisine de qualité qui vous aura une
fois encore fait garder l’option junk food pour le reste de
votre voyage … C’est toujours ça de
gagné !
La nuit a finalement permis de se remettre le corps et les
idées d’aplomb et vous voilà
prêt à tenter la grande expérience du
King Presley en allant découvrir Tupelo, « The
Birthplace » … En cours de route ne manquez pas
Pontotoc et son marker de la Mississippi Blues Trail
dédié au Pontotoc County Blues sur lequel on
raconte entre autres les exploits de notre ami Terry
‘‘Harmonica’’ Bean, bien connu
du public français, ou encore de Baby Face Leroy Foster
… Un coup d’œil à la jolie
bourgade où l’on trouve entre autres quelques
repaires à mi-chemin entre la brocante et le bric
à brac et l’affaire sera bientôt dans le
sac !
Voilà enfin Tupelo, une ville qui grandit grâce
à son industrie et dans laquelle les souvenirs
d’Elvis Presley sont omniprésents, des plus
infimes aux plus intimes ! Visiter la maison natale du King et les
curiosités qui l’entourent est un excellent
préambule, d’autant qu’un petit
musée y rassemble quelques renseignements et divers objets
ayant appartenu à la famille de l’artiste et
à l’artiste lui-même … La
maison n’a rien de prestigieux, on s’en doute, mais
on y découvre dans les deux pièces
qu’elle regroupe un mobilier rudimentaire avec un lit, une
table, une machine à coudre, un
réfrigérateur antique et bien entendu une bassine
et une planche à laver … De quoi couler des jours
heureux en toute modestie avant de filer vers Memphis où la
gloire et la fortune arriveront plus tard. Assise à
côté du lit, une hôtesse qui aurait pu
être la maitresse de maison raconte les anecdotes
liées à l’endroit et à
l’époque.
En sortant de la maisonnette par l’arrière, on
découvre les environs proches qui ont
été organisés en forme de
mémorial avec une pièce
dédiée au recueillement et au gospel, une des
activités préférées du
jeune Presley, mais aussi avec une église où
l’on vous présente une messe traditionnelle
blanche en multimédia et enfin le musée par
lui-même où quelques costumes et quelques objets
usuels non pas à la gloire du chanteur mais tout simplement
lui ayant appartenu où ayant accompagné sa
jeunesse trônent fièrement … Une petite
salle de spectacle au fond du bâtiment permet à
ceux qui le désirent d’organiser de petits
évènements et diverses réceptions. A
l’image de la société d’Elvis
Presley et de son acronyme T.C.B. pour « Take Care Of
Business », ici aussi on prend soin des affaires !
Direction maintenant la Tupelo Hardware Co où
l’histoire raconte que la mère d’Elvis
lui a offert sa première guitare …
Installé devant le comptoir de cet édifice qui
est encore et toujours une quincaillerie et un bazar, le gamin avait
jeté son dévolu sur un fusil et sa
mère était parvenue à lui donner
l’envie de se rabattre sur l’instrument, une bonne
idée car le jeune Presley ne serait sans doute pas
entré dans l’histoire en tant que chasseur ! Une
croix au sol marque encore l’emplacement du gamin, une
guitare dédicacée et un fusil restent encore sur
les rayons et dans le fond du magasin, au milieu des pelles de
chantier, des bouilloires, des glacières et des
insecticides, on vend même encore forcément des
guitares et des T-Shirts à l’effigie
d’un magasin tenu depuis cinq
générations par la même famille
… Entre les fans et les clients, les raisons qui conduisent
les gens ici sont totalement différentes et c’est
un peu ce qui contribue au charme d’un endroit que les
adeptes des vieilles drogueries d’antan
apprécieront forcément !
S’il vous reste du temps avant de déjeuner,
rendez-vous sans hésiter une seconde vers le superbe
Musée Automobile de Tupelo où sont
rassemblées plus de cent cinquante voitures de toutes
époques avec des ancêtres du début du
siècle dernier mais aussi avec des pièces rares
et de toute beauté qui servent encore aujourd’hui
dans le tournage de divers films … Des voitures du monde
entier avec même une 2 CV Charleston ou encore deux VW
Coccinelles, des limousines à faire pâlir les
amateurs de belles américaines, de la Pontiac, de la
Corvette, de la Cadillac à ne plus savoir qu’en
faire, deux voitures de B.B. King dont sa Rolls Royce et bien entendu
une des luxueuses voitures d’Elvis Presley
présentée devant un mur à son honneur,
que l’on soit un néophyte, un simple amateur de
belles bagnoles ou un expert avisé de la
mécanique, il y a forcément de quoi
s’en prendre plein les yeux ici !
Durant la promenade en ville, on croisera de temps en temps une
« Elvis Trail » qui, sur les bornes
qu’elle propose, offre même une interface
interactive pour les possesseurs de smartphones … Et bien
entendu, outre les divers markers installés devant la maison
natale du King, on trouve un second marker de la Mississippi Blues
Trail dédié à la communauté
Shake Rag dont l’influence sur le style d’Elvis
Presley n’a pas été neutre ! Avant de
quitter la ville, il vous faudra absolument aller manger un hamburger
au Johnnie’s Drive In, petite gargote
d’époque dans laquelle un jeune gosse du quartier
aimait à venir en manger lui aussi avant de devenir une star
mondiale … Attention, la pratique de la plastic money
n’est pas arrivée jusque-là et ici, on
paie cash !
L’heure est maintenant venue de rentrer vers Memphis mais en
cours de route, on fera une rapide pause à New Albany
où l’on peut voir la maison natale de Faulkner
dont on a salué la gloire et la dépouille hier
mais aussi un petit musée et enfin deux markers, un premier
mettant à l’honneur Sam Mosley et Bob Johnson et
un second dévolu à Roma Wilson et au Reverend
Leon Pinson, quatre gloires du gospel ayant officié dans la
ville …
En arrivant dans Memphis et comme il nous reste un peu de temps avant
d’aller retrouver les participants français
à l’International Blues Challenge, on ira faire un
tour sur un quartier branché de la ville, Copper Young, du
nom des deux rues qui s’y croisent … Les musiciens
y trouvent divers magasins dédiés à
leur art dont un voué à la batterie mais aussi
quelques studios d’enregistrement et quelques bars et clubs
où jeunes et moins jeunes aiment à se retrouver.
Moins typique que Beale Street où les touristes se pressent
mais aussi plus authentique, la population se retrouve
désormais ici le soir pour y passer du bon temps
… Mais pour nous maintenant, l’heure est au
31ème International Blues Challenge !
Fred Delforge
– janvier 2015
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